L'Histoire a montré que les grands royaumes finissaient toujours par imploser et se morceller en de nombreux plus petits. L'Urss récemment, avant il y avait les empires coloniaux, l'empire de ROme, celui d'Alexandre le Grand etc...
Qu'en sera t'il de la Chine et de l'Inde, lorsque leurs habitants auront suffisament augmenté leur niveau de vie pour avoir accès à l'information, pour avoir les moyens de s'opposer aux dirigeants.
Question compliquée et légitime, d'autant que la Chine n'en est pas à sa première "implosion". Ca va dépendre fortement de la capacité de ses élites à faire de la place à la classe moyenne en devenir et qui va augmenter en nombre rapidement.
Je pense que les chinois sont capable de surmonter ça, même si ça ne se fera pas forcement sans casse et qu'il y a peu de chance que la Chine reste un pays parfaitement maîtrisé par ses dirigeants vu sa taille et les traditions culturelles diverses qui la composent.
Il ne faut pas oublier que la Chine est capable d'évoluer très rapidement s'il le faut et que sa société a pour le moment bien moins d'inertie que les sociétés européenne, par exemple, moins facilement réformable.
Par contre, le nombre de chinois va poser un problème croissant parce que l'inertie vient de ceux qui ont à perdre à l'évolution d'un système, à savoir, les classes riches (qui s'accommode cependant des réformes par leur capacité financière plus importante pour amortir les coups dur), mais surtout les classes moyennes (qui n'ont généralement pas les moyens d'assurer au mieux une transition en cas de réforme trop défavorable) et comme celles-ci vont augmenter, la société va devenir de plus en plus monolithique.
Ca va être un des grands défis chinois des 30 ou 40 prochaines années: concilier la sédimentation de leur société avec l'impossibilité matérielle croissante d'assurer l'ensemble des désirs de la population, par manque de ressource suffisante dans le monde et donc l'obligation de réformer certains mécanismes économiques et sociaux très rapidement.
La Chine semble quand même avoir l'intention d'un massif développement en Europe Occidentale.
Ca va nous faire mal.
Il n'y a pas forcement de raison que ça nous fasse mal, ce qu'il faudrait surtout c'est que l'Europe occidentale, justement, arrête d'avoir 100 politiques chinoises différentes (1 par pays et souvent même plus selon les mois de l'année) et adopte une seule stratégie cohérente de coopération/concurrence (mais vu les crétins nationalistes actuels qui espèrent avec naïveté que sortir de l'UE permettra à leur pays de retrouver sa puissance à l'heure où la Chine, forte de 1.5M d'habitant s'élève, c'est pas gagné)
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La Chine actuellement, investi en Europe occidentale moins qu'au USA, mais le fait pour plusieurs raisons:
-D'abord parce que la Chine a très bien compris que son principal débouché c'est l'Europe (UE et partenaires) et plus précisément l'Eurozone et que c'est dans son intérêt que la zone reste prospère et continue à acheter chinois.
-Ensuite parce qu'elle a aussi bien compris que c'était dans son intérêt d'investir et donc de prendre du poids économique, donc politique, en Europe pour décrocher progressivement l'Europe des USA et créer le monde multipolaire qui lui sera profitable (la Chine ne cherchant pas l'hégémonie mondiale, mais préférant éviter l'hégémonie d'une autre puissance pour qu'on lui fiche la paix)
-Enfin parce que la Chine sait qu'elle se prépare à un affrontement économique rude avec les USA et qu'elle préfère ne pas avoir l'UE dans le dos, d'autant qu'elle sait que si l'UE s'aligne sur les USA, les autres
BRIC ne seront pas forcement enclin à la soutenir (La Russie fournissant des ressources autant à l'UE qu'à la Chine, n'aura pas forcement intérêt à se facher avec l'un des deux, idem pour le Brésil qui produit autant pour l'UE que pour les USA ou la Chine et l'Inde, elle, est diplomatiquement hostile à la Chine.)
C'est un peu diviser pour mieux régner, sauf que le but n'est pas tant de régner que d'empêcher une guerre commercial aussi fatale pour l'un des blocs que l'autre.
D'une manière générale, comme le dit Ildefonse, la Chine, comme l'Europe occidentale et la Russie ont tout intérêt à la coopération et au développement d'un ensemble d'échange étroit Eurasiatique. Que ce soit militairement, politiquement, diplomatiquement, économiquement, chacun de ses trois ensembles partagent en fait les mêmes types de problème, seulement ils ne sont malheureusement pas dans le même camps et aurait en fait intérêt à l'être ou au moins à ne pas s'affronter directement.
En effet, chacun des trois ensembles à intérêt à voir la situation au moyen-orient et au proche-orient se stabiliser, que ce soit la Chine ou l'Europe pour les matières premières qui s'y trouve ou la Russie pour rétablir l'influence dans cette région et sa facilité d'accès aux mers du Sud, ainsi que pour la protection de son immense frontière sud (leitmotiv de la politique Russe dans la région depuis la formation de l'Empire, c'est dire...)
De la même façon, chacun des ensembles à intérêt à voir la situation Israëlo-Palestinienne se régler. L'Europe parce que même si elle est plus Israélienne que Palestinienne, n'a pas le même enjeu stratégique que les USA dans la région et préfèrera stabiliser l'endroit qui est très proche stratégiquement. D'autant que plus Israël est vindicatif, plus la région s'islamise et, par ricochet, plus la Turquie se tourne vers l'Islam et c'est un cauchemar pour les occidentaux que ce pays deviennent réellement islamique. A mon avis, l'UE préfèrera 100 fois un Israël affaibli à qui ont a forcé la main pour la paix, voir même une destruction d'Israël plutôt que de risquer l'Islamisation complète de la région parce que ce pays hatise les tensions.
La Chine a le même type de raison, en partie parce que ce conflit se répercute sur l'Iran et que par ricochet ça touche le Pakistan, l'Afghanistan et les provinces musulmanes de Chine et d'Inde.
La Russie aussi, qui a plus intérêt à une Turquie occidentalisée ou qui veut faire pont entre occident et orient et qui ne pose pas trop de problème pour les détroits entre mer noire et méditerranée, mais aussi à un calme du coté de l'Afghanistan et de l'Iran, ce que n'aide pas le conflit Israëlo-palestinien (non que l'Afghanistan s'occupe de ce problème directement, mais c'est comme des domino, Israël et les USA font peur à l'Iran, qui met en œuvre ses pions dans la région et déstabilise celle-ci, ce qui touche l'Afghanistan, le Pakistan, la Syrie, le Liban...)
Et ont pourrait multiplier les exemples de convergences (ce qui ne supprime pas aussi un grand nombre de divergence, le monde n'étant évidement pas parfait...)
Le grand perdant de tout ça serait évidement les USA, qui se démène pour que ça n'arrive pas (notamment en hésitant à inclure la Russie dans l'Otan ou du moins à collaborer avec elle, ou en s'assurant que continue les divisions en Europe occidentale), qui d'une manière général est, selon moi, un facteur bien plus inquiétant que la Chine a moyen terme, parce que si l'Angleterre, après la PGM et la 2GM, a fait preuve d'un pragmatisme ancré dans sa culture et a bien su prendre acte de son effacement comme 1ère puissance du monde, dictant, avec la France et l'Allemagne, les règles du jeu diplomatique et économique, j'ai des doutes sur la capacité des USA a faire de même, alors que le pays vit aussi la fin du monde où il était seul maître des règles du jeu.
J'ai beaucoup de mal à croire qu'un pays qui a certes été une puissance mondiale plutôt bienveillante (son nombre de conflit reste réduit et son impérialisme, au final, a été peu violent, même si certain épisode sont moins bien que d'autre) mais centré quand même sur ses intérêts se révèle un facteur de stabilité quand justement ses intérêts vont se retrouver menacés par la perte de son statut d'hyperpuissance au profit de celui de grande puissance d'un monde multipolaire.
Ca m'étonnerait que les américains fasse passer la pilule aussi facilement que ça a pu l'être pour les Anglais, qui eux n'étaient pas tout seul comme maître du monde et avait vécu deux guerres mondiales avant d'en arriver là, donc avait déjà fortement connus l'adversité.