Jodie a écrit : 24 juil. 2024, 15:10Pouvez-vous me donner un exemple de ce qui se passe dans l'inconscient quand je décide en pensée de faire autrement que ce que me suggère une première pensée m'indiquant par voie d'expérience de faire une certaine action ?
Comment voulez-vous que je sache ce qui se passe dans votre tête, ou plus généralement dans votre corps? De plus, je ne prends pas votre description des choses pour une description objective mais comme votre manière d'interpréter vos pensées.
Sinon, je ne pense pas qu'il y ait "un inconscient". Il y a des processus neuronaux qui résultent en des pensées/"images" conscientes et d'autres, plus nombreux, qui ne résultent pas ou beaucoup plus indirectement en de telles pensées. Par exemple, pour qu'il y ait un mouvement volontaire comme une extension d'un bras, il faut que les cellules (neurones surtout) de certaines régions de l'aire motrice primaire (une région du cortex télencéphalique) soient activées. Cette activation peut se faire de différentes manière mais, pour qu'il y ait véritablement une intentionnalité au mouvement, cela demande l'activation de cellules dans des régions qu'on appelle aires pré-motrices; le rôle de ces cellules est de préparer et contrôler la manière dont les cellules de l'aire motrice primaire vont s'activer. Maintenant, toujours dans l'optique d'un mouvement intentionnel, l'activation des cellules des aires pré-motrices dépend de celles de diverses autres régions du cerveau, principalement des aires d'association qui centralisent les informations provenant de plusieurs aires, notamment sensorielles. Enfin, pour que l'on soit motivé à faire le mouvement, cela prend aussi des signaux provenant de différentes régions sous-corticales, particulièrement au niveau du diencéphale (dans des régions appelées hypothalamus et thalamus dorsal). Et toutes ces aires, sauf possiblement l'aire motrice primaire, peuvent participer à la genèse des "pensées" en activant des réseaux qui placent l'attention sur certaines l'activité de certaines régions plutôt que d'autres.
Donc, si vous pensez, par exemple prendre un pot sur une étagère, cela voudra dire qu'il y a eu activation plus forte de certains réseaux parmi les aires d'association et pré-motrices. Mais cela n'empêche pas l'activation d'autres réseaux, particulièrement au niveau sous-cortical. Si vous changez d'idée et prenez plutôt un pot sur une table avant que le mouvement soit effectué, c'est que d'autres réseaux seront devenus plus actifs que les premiers. Et pour savoir ce qui vous a fait changé d'idée, c'est difficile à déterminer: peut-être que votre cerveau a inconsciemment décodé "suc" sur une étiquette du pot sur l'étagère alors que vous recherchiez de la farine? Peut-être que des douleurs inconscientes au bras ont influencé le traitement des informations au niveau thalamique et hypothalamique et fait en sorte que vous ayez choisi un mouvement moins complexe?
Je simplifie évidemment beaucoup. L'idée principale est que la complexité de l'encéphale fait en sorte qu'il y a de très nombreux réseaux neuronaux qui fonctionnent en série et en parallèle. On peut voir la conscience comme l'"attention" portée à tel ou tel réseau, en fonction de l'intensité de leur activation, au détriment des réseaux qui sont plus faiblement actifs. De plus, certains réseaux - particulièrement aux niveaux sous-corticaux - ne déclenchent pas les mécanismes qui attirent l'attention. Toute l'importante activité qui n'attire pas l'attention est inconsciente.
Jean-François