Ce qui m'y oblige, c'est que je me sens obligé de porter des jugements, bien ou mal, sur telle ou telle chose, et que ça repose forcément sur des croyances ou, et je préfère, des paris, positifs ou négatifs...
Amha, le seul moment où l'on
doit porter un jugement sur une opinion où une croyance prends une place importante est quand on doit agir. La nécessité d'agir prends le pas sur la certitude de ne pas se tromper. Intuition, sentiments, opinions, impressions, habitudes, probabilités évaluées à la louche deviennent alors légitimes parce qu'incontournables. On fait avec ce qu'on a.
Si je dois traverser une rue, je suis obligé de
croire que la voiture qui arrive va s'arrêter au feu qui vient de passer au rouge. Je n'ai pas d'autre option. La nécessité d'agir me fait accepter une faible probabilité de me tromper.
On peut prendre une option différente quand il s'agit d'élaborer un
savoir* et décider que "bien faire" prends le pas sur "faire vite". La méthode scientifique construit un corpus de connaissances objectives qui contient en elle même la possibilité de les améliorer en faisant de la contradiction à ce qu'elle produit une partie intégrante de son activité. Elle refuse l'urgence d'avoir à statuer sur tout et n'importe quoi où semble se cantonner la Métaphysique.
Il n'y a, amha qu'un seul savoir : celui de la connaissance objective élaboré par la méthode scientifique. Tout le reste n'est qu'approximations, rêveries et aux pires charlatanismes.
Tant pis, je préfère Pyrrhon.
On peut effectivement préférer une vision du monde complètement stérile et inutilisable pour faire quoi que ce soit. Dont acte.
Disons par exemple Popper, Kuhn, Lakatos, Feyerabend, Chalmers... on peut ajouter ou retrancher qui on voudra, j'attends de savoir sur quoi ils sont d'accord... et le rasoir d'Occam, la falsifiabilité, les paradigmes, etc. ce sont de bons outils mais qui ont tous leurs limites.
A part le relativiste Feyerabend qui fourre dans le même sac toute activité humaine, il y a peu de contradictions entre les autres qui mettent l'accent sur tel ou tel l'aspect de la méthode. Ce qu'ils proposent ne sont pas des alternatives exclusives mais des éclairages différents sur un sujet où ils sont en gros d'accord.
Tu mélanges tout dans ta dernière phrase car si effectivement le rasoir d'Occam est bien un
outil qui permet de gagner du temps et des efforts, les deux autres n'en sont pas. La falsifiabilité des propositions est la base fondamentale de la méthode, pas un tournevis. La progression par changement de paradigmes de Kuhn rend compte de la difficulté d'usage constant de la falsifiabilité dans l'organisation humaine qu'est la communauté scientifique, conservatrice et présentant une certaine inertie par construction. Il ne la remet cependant pas en question.
Je suis perplexe devant l'accumulation de notions aussi disparates dans une même liste. De même que ta liste d'épistémologues, tu donnes l'impression de l'avoir écrite pour nous dire : mettez-vous d'abord d'accord, après je me prononcerai. De différences minimes et non fondamentales, tu en fais une bonne raison pour arrêter le débat.
Que dirais-tu si je mettais dans le même sac, Anaxagore, Pyrrhon, Pascal, Spinoza et Sartre ?
*Le scepticisme méthodologique ne concerne d'ailleurs que ce domaine : il n'a rien à dire sur l'Art, par exemple.