L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Ce n’est en tout cas pas en promettant la lune que la gauche gagnera !
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- Dominique18
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Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Les participants dans l'émission évoquée n'ont pas indiqué de contre-pouvoir fort ou d'alternative possible dans le déroulement futur des événements.Lambert85 a écrit : 21 juin 2024, 09:07 Ce n’est en tout cas pas en promettant la lune que la gauche gagnera !
Ce n'est qu'une émission, avec des points de vue convergents qui donne un aperçu.
A suivre...
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
La dette publique est très différente de la dette privée, dans son fonctionnement mais aussi et surtout dans sa finalité.shisha a écrit : 20 juin 2024, 10:21 Alors autant concernant la dette publique, je te rejoins car il me semble difficile de comprendre l'intérêt général de s'endetter de manière constante. Vivre au dessus de nos moyens à court terme mais en contrepartie laisser les générations futures rembourser ce mode de vie passé + les intérêts, c'est pas ouf. C'est à se demander si parfois ceci n'est pas réalisé dans un autre but.
Il y a une théorie qui soutient l'idée qu'un état peut augmenter éternellement sa dette publique. Elle est critiquable, comme toute théorie économique, mais elle est tout à fait rationnelle.
Quand un particulier s'endette, il acquière un bien et n'en tire par la suite plus qu'une valeur d'usage. C'est bénéfique pour l'économie (bénéfique dans le sens de générateur de croissance, pas dans le sens d'un bénéfice moral) en ce sens que ça augmente le volume monétaire en circulation, la consommation, et la demande. Par contre pour la personne qui s'endette c'est économiquement négatif car il se retrouve avec un bien qui ne lui rapporte rien (hors de sa valeur d'usage) et qu'il doit rembourser avec intérêts.
Quand un état s'endette c'est très différent, car il n'immobilise pas l'argent emprunté en achetant par exemple des biens matériels.
L'argent emprunté va servir à payer des fonctionnaires, investir dans des entreprises ou financer des grands projets. Cet argent est directement injecté dans l'économie et circule, est redépensé, réinvesti, etc. Ce faisant il augmente mécaniquement le PIB et les recettes fiscales.
L'idée est donc que lorsqu'on mène une politique d'endettement "saine", les dépenses d'intérêts dues à la dette nouvelle seront inférieures à la croissance générée par l'injection de cet argent dans l'économie du pays.
C'est plus ou moins ce qu'il se passe en pratique, mais ce n'est pas sans danger. Le marché de la dette peut être problématique dans certaines situations, comme lors de la crise de la dette de 2009. Si les créanciers augmentent les taux d'intérêts sur la dette d'un état, la charge de la dette devient insurmontable pour des raisons purement financières, alors qu'a priori la santé économique de l'état n'a pas changé (en réalité, les taux augmentent quand l'économie va mal, il y a un risque de cercle vicieux). Par contre à l'inverse, les banques centrales dictant les taux dits "directeurs" peuvent intervenir pour alléger le poids des dettes publiques au risque d'une augmentation de l'inflation (mais qui est bénéfique aussi pour diminuer le poids de la dette).
En pratique, ça fonctionne plutôt bien, et si on s'émeut beaucoup de voir les dettes publiques augmenter c'est qu'on ne regarde pas les bons graphiques.
Un état peut augmenter éternellement sa dette sans que cela n'impacte négativement son économie. Au contraire, ça va souvent de paire avec une croissance économique supérieure à l'augmentation de la dette et qui compense donc celle-ci par l'augmentation des rentrées fiscales.

Par contre, on peut légitimement se demander si ce modèle basé sur la croissance est souhaitable dans le monde actuel.
Le problème de la dette publique est plus éthique qu'économique. Si on veut de la croissance, c'est plutôt une bonne idée pour les états de s'endetter. Si on veut limiter la croissance alors il ne faut plus s'endetter, voire commencer à rembourser les dettes.
"Assurons nous bien du fait, avant de nous inquiéter de la cause." Bernard Le Bouyer de Fontenelle
"Plus un fait est extraordinaire, plus il a besoin d'être appuyé de fortes preuves." Pierre Simon Laplace
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Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Première chose comprendre que les Français qui votent RN ne votent pas contre eux-mêmes ainsi oui ils veulent moins d'immigration, ils veulent que leur pays demeure culturellement français, et ils ont raisons car c'est dans leur intérêt. Maintenant pour faire en sorte qu'ils ne votent pas RN, c'est simple il faudrait régler le problème de l'immigration, mais aussi du laxisme judiciaire, bref régler des problèmes qui ne l'ont pas été par les gouvernements successifs et qui ont été laissé au RN. À titre d'exemple Lambert85 et moi-même, avons rappelé qu'au Danemark lorsque le gouvernement de centre gauche a mis en place une politique migratoire stricte tout en s'attaquant au problème des enclaves culturelles étrangères, les parti populistes dits d'extrême-droite ont été totalement marginalisé politiquement. L'idée est simple stopper cette négation des problèmes migratoires, culturelles et sécuritaires, arrêter également de diaboliser ceux qui les nomment, et enfin régler les dits problèmes en question.Gwanelle a écrit : 21 juin 2024, 08:47Au lieu d'ironiser sur ce qui marche pas (comme si on ne s'en rendait pas compte), essayes de trouver une solution.
Qu'as tu de mieux ? Comment empêches tu les gens de voter contre eux même ? C'est quoi TA solution ?
Dernière modification par uno le 21 juin 2024, 13:30, modifié 2 fois.
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Sauf que là ce n'est pas le cas. L'augmentation de la dette est bonne lorsqu'elle est augmenté en vue d'un investissement, pas lorsqu'elle est augmenté pour financer des coûts de fonctionnement de plus en plus grand. En France comme aux États-Unis, la dette augmente massivement sans retour sur investissement, c'est littéralement une course à l'abime. Aux États-Unis le remboursement des intérêts de la dette vient même de dépasser le budget de la défense, c'est pour dire l'ampleur du désastre à venir. La dette américaine ne survit que parce que les États-Unis continuent d'exporter leur dette via le statut de monnaie d'échange international du dollars ainsi que de leur puissance militaire. Mais ça ne peut pas durer éternellement, même si apparemment ils sont capables de prolonger le bousin sur des décennies avec une augmentation virtuellement illimitée de leur dette publique. Leur dette publique est même tellement massive que ça en devient comique.thewild a écrit : 21 juin 2024, 09:44Un état peut augmenter éternellement sa dette sans que cela n'impacte négativement son économie. Au contraire, ça va souvent de paire avec une croissance économique supérieure à l'augmentation de la dette et qui compense donc celle-ci par l'augmentation des rentrées fiscales.
Sans croissance on ne remboursera jamais les dettes actuelles. Franchement on ignore comment cela finira, mais je pense que la plupart des gens sentent bien que cela ne va pas bien se terminer.thewild a écrit : 21 juin 2024, 09:44Le problème de la dette publique est plus éthique qu'économique. Si on veut de la croissance, c'est plutôt une bonne idée pour les états de s'endetter. Si on veut limiter la croissance alors il ne faut plus s'endetter, voire commencer à rembourser les dettes.
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Non c'est faux. La dette, quelle que soit la façon dont elle est utilisée, est injectée dans l'économie et génère de la croissance.uno a écrit : 21 juin 2024, 10:26Sauf que là ce n'est pas le cas. L'augmentation de la dette est bonne lorsqu'elle est augmenté en vue d'un investissement, pas lorsqu'elle est augmenté pour financer des coûts de fonctionnement de plus en plus grand.
Si les états l'utilisaient pour acheter des lingots d'or pour les stocker dans leurs banques centrales ce serait différent, mais ce serait particulièrement stupide de faire cela.
C'est faux aussi. La dette augmente massivement avec un retour sur investissement très clair qui est la croissance du PIB.En France comme aux États-Unis, la dette augmente massivement sans retour sur investissement, c'est littéralement une course à l'abime. Aux États-Unis le remboursement des intérêts de la dette vient même de dépasser le budget de la défense, c'est pour dire l'ampleur du désastre à venir.
Dans la plupart des pays le poids de la dette est relativement stable sur le long terme, avec quelques exceptions notables comme le Japon par exemple.

Edit : Désolé je n'ai pas mis de légende au graph, il s'agit du coût de la dette (= montant des intérêts) en pourcentages du PIB.
En fait, tu n'as même pas lu mon message ? Si tu penses que la dette publique est une dette qu'il faudrait rembourser, c'est que tu ne l'as pas fait.Leur dette publique est même tellement massive que ça en devient comique.[...]
Sans croissance on ne remboursera jamais les dettes actuelles. Franchement on ignore comment cela finira, mais je pense que la plupart des gens sentent bien que cela ne va pas bien se terminer.
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Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Non c'est un non-sens, et tu le reconnais toi-même avec l'exemple d'un État qui s'endetterait pour acheter de l'or à stocker. La dette est une dépense, si l'argent dépensé n'est pas pour investir en vue de produire de nouvelles richesses, alors celle-ci in fine, n'est pas bénéfique au pays. Pire lorsque la dette ne sert qu'à financer la consommation, notamment une consommation de bien dont on a délocalisé la production à l'étranger comme c'est le cas de la France, c'est juste maintenir une illusion de croissance par l'entretien de la consommation et masquer l'appauvrissement réel du pays. Pour ce qui est du PIB c'est un indicateur boiteux et je pèse mes mots, ainsi avoir un PIB qui augmente grâce à la seule consommation et une population en augmentation alimentant la dite consommation ,alors que l'on a une balance commerciale extrêmement négative, c'est mauvais, très mauvaise et masque encore et toujours un appauvrissement réel.thewild a écrit : 21 juin 2024, 10:52Non c'est faux. La dette, quelle que soit la façon dont elle est utilisée, est injectée dans l'économie et génère de la croissance.
J'ai bien lu simplement faire défaut et ne pas rembourser la dette, ce qui arrivera, ne se passera pas sans une grosse crise économique de derrière les fagots. Quand à revoir le modèle économique de la croissance, je veux bien mais il faudrait être concret. Car certains secteurs, notamment technologiques et énergétiques doivent impérativement demeurer en croissance. Je pense au nucléaire, car qu'on se le dise, vivre dans une utopie de type «Solar Punk», ce n'est pas crédible, il faut que les productions d'énergies et de bien vitaux augmentent au niveau national et local afin justement d'éviter un appauvrissement général, or la dépendance croissante de la France pour des biens produits à l'étranger est déjà un appauvrissement, un appauvrissement masqué par la dette finançant la consommation de biens produits à l'étranger.thewild a écrit : 21 juin 2024, 10:52En fait, tu n'as même pas lu mon message ? Si tu penses que la dette publique est une dette qu'il faudrait rembourser, c'est que tu ne l'as pas fait.
Dernière modification par uno le 21 juin 2024, 12:16, modifié 2 fois.
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Et au fait, pendant près d'un millénaire les rois de France se sont périodiquement débarrassés de leurs créanciers (les templiers, les banquiers juifs ou lombards, Jacques Coeur...), donc de leurs dettes, par des moyens ni légaux ni éthiques.uno a écrit : 21 juin 2024, 11:32 J'ai bien lu simplement faire défaut et ne pas rembourser la dette, ce qui arrivera, ne se passera pas sans une grosse crise économique de derrière les fagots.
Et puis il y en a eu un qui s'est trouvé en situation de le faire mais ne l'a pas fait. Louis XVI.
Demander du paranormal ou psi répétable, conforme aux critères scientifiques les plus courants, c'est demander les villes à la campagne.
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
En fait tu n'y entends absolument rien mais tu te dis que c'est un sujet de polémique intéressant ?uno a écrit : 21 juin 2024, 11:32Non c'est un non-sens, et tu le reconnais toi-même avec l'exemple d'un État qui s'endetterait pour acheter de l'or à stocker. La dette est une dépense, si l'argent dépensé n'est pas pour investir en vue de produire de nouvelles richesses, alors celle-ci in fine, n'est pas bénéfique au pays. Pire lorsque la dette ne sert qu'à financer la consommation, notamment une consommation de bien dont on a délocalisé la production à l'étranger comme c'est le cas de la France, c'est juste maintenir une illusion de croissance par l'entretien de la consommation et masquer l'appauvrissement réel du pays. Pour ce qui est du PIB c'est un indicateur boiteux et je pèse mes mots, ainsi avoir un PIB qui augmente grâce à la seule consommation et une population en augmentation alimentant la dite consommation ,alors que l'on a une balance commerciale extrêmement négative, c'est mauvais, très mauvaise et masque encore et toujours un appauvrissement réel.thewild a écrit : 21 juin 2024, 10:52Non c'est faux. La dette, quelle que soit la façon dont elle est utilisée, est injectée dans l'économie et génère de la croissance.
Soit tu n'a pas compris les données que j'ai postées sur le coût de la dette rapportée au PIB, soit tu es de mauvaise foi en omettant sciemment de les reprendre dans ta réponse.
Toute ta réponse est hors sujet car elle est en contradiction avec les éléments factuels que j'ai présentés.
Alors tu ne l'as pas compris. La dette n'a pas pour vocation d'être remboursée.J'ai bien lu simplement faire défaut et ne pas rembourser la dette, ce qui arrivera, ne se passera pas sans une grosse crise économique de derrière les fagots.thewild a écrit : 21 juin 2024, 10:52En fait, tu n'as même pas lu mon message ? Si tu penses que la dette publique est une dette qu'il faudrait rembourser, c'est que tu ne l'as pas fait.
Mais si tu n'y connais rien en économie politique, ce qui semble être le cas, je n'ai pas très envie de poursuivre cette discussion.
J'ai répondu à shisha pour expliquer en quoi la dette publique était très différente de la dette privée, je n'ai pas grand chose à ajouter.
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Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Puisque tu es conscient de celà, j'ai une question : Pourquoi n'avons nous pas profité de l'embellie de croissance 2001-2007 pour nous désendetter ?uno a écrit : 21 juin 2024, 10:26 Sans croissance on ne remboursera jamais les dettes actuelles. Franchement on ignore comment cela finira, mais je pense que la plupart des gens sentent bien que cela ne va pas bien se terminer.
graphe du PIB :
https://www.google.com/search?q=PIB+france
graphe de la dette :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_ ... %C3%A7aise
on voit que, en proportion du PIB, il y a désendettement entre 1997 et 2001, mais pas entre 2001 et 2007, pourtant la croissance y est bien meilleure ! Bizarre non ?
Par conséquent , réfléchis à ceci : Quels électeurs sont responsables du fait que ce qui a été amorcé de 1997 à 2001 n'a pas perduré entre 2001 et 2007 ?
Ôte-toi de mon soleil !
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Croissance artificielle par un endettement massif finançant la consommation mais pas la production. La désindustrialisation continuait son chemin. Chercher des coupables chez les électeurs n'a aucun sens et je vois donc mal la porté de ta question. Quand on désendettement de 1997 à 2001 celui-ci a probablement été rendu possible en raison entre autres choses d'une balance commerciale qui fut brièvement positive.Gwanelle a écrit : 21 juin 2024, 12:40Par conséquent , réfléchis à ceci : Quels électeurs sont responsables du fait que ce qui a été amorcé de 1997 à 2001 n'a pas perduré entre 2001 et 2007 ?

Car il faut remettre les graphes de l'endettement en perspective avec la production et la balance commerciale de la France et je te le donne dans le mille aujourd'hui c'est une catastrophe.

Bref actuellement la dette ne fait que financer à perte une consommation de produits importé de l'étranger.
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Si je décrypte bien, le mal serait venu de la présence complètement inattendue de JMLP au deuxième tour en 2002. Autrement on aurait eu Lionel Jospin président. Donc la faute aux électeurs de JMLP (dont très probablement les islamistes et leurs consignes au dernier moment, autrement ça ne s'explique pas). Mais s'est-il trouvé quelqu'un pour leur dire : "Attention, vous aurez encore Chirac mais il fera tout le contraire de son premier mandat..." ? C'est facile de rétro-prédire.Gwanelle a écrit : 21 juin 2024, 12:40 Par conséquent , réfléchis à ceci : Quels électeurs sont responsables du fait que ce qui a été amorcé de 1997 à 2001 n'a pas perduré entre 2001 et 2007 ?

Quant à savoir si Jospin aurait fait mieux... sauf erreur c'est à lui en tant que ministre qu'on doit la catastrophe du bac pour tout le monde, qui fait que le bac ne vaut plus rien, que les facs sont engorgées, et que les filières d'apprentissage sont délaissées.
Demander du paranormal ou psi répétable, conforme aux critères scientifiques les plus courants, c'est demander les villes à la campagne.
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Tu n'es pas dans le factuel tu es dans l'abstrait et le parcellaire le plus débridé. Tu ignores que la dette d'un État peut également être une mauvaise dette c'est-à-dire une dette visant à soutenir purement la consommation, ici la consommation de biens importés comme le montre la balance commerciale française. De la même manière la dette d'un ménage peut également être parfois une bonne dette, si celle-ci est un investissement qui rapportera à terme davantage que la dette en question. Une dette publique n'est pas par essence forcément bonne ou souhaitable, elle doit également être limitée et ne peut pas s'accroitre infiniment. Mais surtout tout dépend de ce que la dite dette publique finance, si elle finance des investissement d'accroître la production de richesse du pays (infrastructures énergétiques, recherche scientifique, ingénierie, etc, etc...) alors oui elle est positive. Si elle vise simplement à financer la consommation de bien produits essentiellement à l'étranger, cela n'amène aucun retour sur investissement et creuse un déficit visant à masquer l'appauvrissement du pays. Appauvrissement concret qui est celui de la désindustrialisation.thewild a écrit : 21 juin 2024, 12:31Toute ta réponse est hors sujet car elle est en contradiction avec les éléments factuels que j'ai présentés.
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Le XXIe siècle a plus de douze ans.uno a écrit : 21 juin 2024, 07:19 Parce qu'on est pas dans les heures sombres du bruit des bottes on est dans la France du 21ème siècle.
Non, tu ne nommes pas le réel, mais ce que tu as cueilli du cerisier.Ne change rien continue à balancer des accusations de racisme à tous ceux qui nomment le réel, cela a tellement bien marché pour lutter contre le RN.
As-tu lu l'article ?Chiche je prend le pari, je te paye une maxi-pizza de ton choix, une glace italienne artisanale, un excellent café et un voyage en train en première classe vers le camp de concentration de ton choix, si les grands méchants fachos font plus violents que les islamistes, une fois que le RN prend le pouvoir.
Je ne t’ai pas attendu pour savoir que le FN n’est pas Pétain mais qu’il est truffé de pétainistes, entre autres.Sinon l'historien Fabrice d'Almeida rappelle que non le RN, ce n'est pas Pétain, Vichy ou les heures sombres du bruits des bottes de la bête immonde. Mais bon certainement que si celui-ci contextualise dans la France contemporaine c'est pour dissimulé son racisme.
Sauf que cette gauchisation est un leurre.C'est justement entre autres choses grâce à ce discours et plus généralement à la gauchisation du RN que celui-ci a conquit les classes populaires de la France périphériques.![]()
Je ne suis pas ton chien.Aller relance moi sur les incompatibilités culturelles qui selon toi n'existent pas. Ainsi les cultures qui pratiquent les mariages forcés entre cousins, sont-elles compatibles avec la nôtre ? Réponds simplement à cette question.
L’homme descend du singe, or l’homme est fait à l’image de Dieu. Donc Dieu est King Kong.
-+- Cavanna, François -+-
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Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
C'est toujours la faute aux électeurs , pas seulement ceux du FN , mais aussi aux électeurs de gauche car le pouvoir des électeurs est réel.jroche a écrit : 21 juin 2024, 12:57Si je décrypte bien, le mal serait venu de la présence complètement inattendue de JMLP au deuxième tour en 2002. Autrement on aurait eu Lionel Jospin président. Donc la faute aux électeurs de JMLP (dont très probablement les islamistes et leurs consignes au dernier moment, autrement ça ne s'explique pas). Mais s'est-il trouvé quelqu'un pour leur dire : "Attention, vous aurez encore Chirac mais il fera tout le contraire de son premier mandat..." ? C'est facile de rétro-prédire.Gwanelle a écrit : 21 juin 2024, 12:40 Par conséquent , réfléchis à ceci : Quels électeurs sont responsables du fait que ce qui a été amorcé de 1997 à 2001 n'a pas perduré entre 2001 et 2007 ?![]()
En effet on ne peut pas prédire ce qu'aurait fait Jospin de la croissance 2001-2007, cependant on sait ce qu'il a fait de celle de 1997-2001 en faveur de la France périphérique dont parle uno et que celà s'est terminé en 2001 alors que la croissance a continué jusqu'en 2007, du sucroit le désendettement n'a pas été poursuivi alors que c'était une période où on pouvait ( aprés on a eu la crise de 2008 puis les cadeaux de sarko, puis l'inaction de Holllande (avec aubry , ça aurait été très différent mais les électeurs ont préféré hollande ... bon) puis le "quoiqu'il en coute" du covid et la crise énergétique..
Bref je répondais à la remarque de uno qui disait qu'il faut de la croissance, mais on a eu cette croissance ! sauf que les électeurs de la France périphérique (gauche et droite) on décidé de ne pas en profiter en votant contre eux même.
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Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Pas vraiment.Gwanelle a écrit : 21 juin 2024, 13:53 C'est toujours la faute aux électeurs, pas seulement ceux du FN, mais aussi aux électeurs de gauche car le pouvoir des électeurs est réel.
Ils ont voté en 2005 et en 2008, les députés ont voté comme un seul homme ou presque le traité de Lisbonne qui avait été refusé trois ans plut tôt.
Ils ont voté à gauche puis à droite puis à gauche puis à droite puis à gauche puis à droite mais la politique est la même : surtout ne pas inquiéter les marchés et le patronat donc leur faire les poches en leur disant que c’est pour leur plus grand bien.
L’homme descend du singe, or l’homme est fait à l’image de Dieu. Donc Dieu est King Kong.
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Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Tu as raison, décomptes des morts d'attentats de l'extrême-droite versus attentats islamistes en France de 2000 à 2024, vas-y j'attends ton décompte.

C'est claire, il faut répéter au Français que s'inquiéter de l'immigration et de l'insécurité c'est cueillir des cerises, voilà qui devrait mettre le RN en échec.nikola a écrit : 21 juin 2024, 13:42Non, tu ne nommes pas le réel, mais ce que tu as cueilli du cerisier.

Oui bien sûr et la proportion de pétainistes est de combien? Sinon tu devrais l'expliquer à Serge Klarsfeld je crois qu'il a compris que ce n'est pas du côté du RN qu'on trouve une véritable menace antisémite pour la sécurité des juifs. En revanche laisser venir s'installer, et se reproduire, en France, des sociétés où règne un antisémitisme virulent voilà qui menace assez concrètement la sécurité des juifs. D'ailleurs pas si longtemps on a eu un réitération du bousin. Les juifs se rendent de plus en plus compte d'où vient la vraie menace et devine quelle parti est de fait l'allié objectif des porteurs de ce nouvel antisémitisme? Serge Klarsfeld connait la réponse.nikola a écrit : 21 juin 2024, 13:42Je ne t’ai pas attendu pour savoir que le FN n’est pas Pétain mais qu’il est truffé de pétainistes, entre autres.
Tu n'as même pas ce mérite je confirme. De toute manière tu sais que les cultures ne sont pas toutes compatibles, tu nies ce fait ou refuses de l'aborder par pure obscurantisme idéologique.

Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Attends un peu que le FN arrive au pouvoir.uno a écrit : 21 juin 2024, 14:09 Tu as raison, décomptes des morts d'attentats de l'extrême-droite versus attentats islamistes en France de 2000 à 2024, vas-y j'attends ton décompte.![]()
Non, c’est surtout ne voir qu’une demi-raison du vote pour le FN.C'est claire, il faut répéter au Français que s'inquiéter de l'immigration et de l'insécurité c'est cueillir des cerises, voilà qui devrait mettre le RN en échec.
Par ailleurs, ce n’est pas mon propos, c’est plutôt toi qui ramène tout aux vilains estrangers qui sont pas d’cheu nous, qui mangent nos grand-mères et violent notre pain.
Demande plutôt à tes potes du FN, ils feront eux-mêmes le décompte.Oui bien sûr et la proportion de pétainistes est de combien ?
As-tu lu l’article de Franc-tireur ?Tu n'as même pas ce mérite je confirme.
Dernière modification par nikola le 21 juin 2024, 14:39, modifié 1 fois.
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Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Il est clair que certains sont passés maîtres à ce jeu en tout cas.uno a écrit : 21 juin 2024, 14:09C'est claire, il faut répéter au Français que s'inquiéter de l'immigration et de l'insécurité c'est cueillir des cerises, voilà qui devrait mettre le RN en échec.![]()
Blague à part, il faut pouvoir loger tous ces gens aussi, et le prix des loyers augmente pour tout le monde (la demande est trop forte comparé à l'offre). On parle de pouvoir d'achat qui diminue. Et s'il y a plus de pauvreté, on parle de criminalité alors aussi, et donc d'insécurité.
Et qu'est-ce qui arrive quand les nouveaux arrivants sont pauvres? Ils se tournent vers la religion et il devient encore plus difficile de les intégrer (c'est un cercle vicieux).
On s'en va vers une guerre civile en Occident, et cela va donner le champ libre à des dictatures pour envahir certains pays comme l'Ukraine et Taïwan, possiblement la Corée du Sud aussi (c'est géostratégique, l'idée est de foutre le bordel en Occident).
On est face au même genre de déni que pour celui des changements climatiques.
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Encore une fois je prends le pari, problème c'est tout ce que tu as une spéculation sans autre forme d'argument.

Oui, oui énième éouvantail trollesque pour ne pas adresser les propos. Mais comme d'habitude ne change rien la stratégie consistant à ainsi tenter de ridiculiser les inquiétudes des Français vis-à-vis de l'immigration et de l'insécurité, a été tellement efficace jusqu'ici pour stopper la hausse du RN.nikola a écrit : 21 juin 2024, 14:25Par ailleurs, ce n’est pas mon propos, c’est plutôt toi qui ramène tout aux vilains estrangers qui sont pas d’cheu nous, qui mangent nos grand-mères et violent notre pain.

Réservé aux abonnés. Pour le reste ça ne change pas le bilan humain de la dite ultra-droite en comparaison de l'islamisme durant le dernier quart de siècle en France. L'islamisme tient le haut du pavé, et c'est un secret de polichinelle qu'il est l'allié objectif de LFI, encore une fois on sait d'où vient l'antisémitisme qui menace aujourd'hui physiquement les juifs.
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Il suffit de voir ce qui se passe alors que le FN n’a même pas de premier ministre.uno a écrit : 21 juin 2024, 16:20 Encore une fois je prends le pari, problème c'est tout ce que tu as une spéculation sans autre forme d'argument.![]()
Encore une fois, c’est la moitié d’une des raisons de sa hausse mais tu ne vois que ça.Oui, oui énième épouvantail trollesque pour ne pas adresser les propos. Mais comme d'habitude ne change rien la stratégie consistant à ainsi tenter de ridiculiser les inquiétudes des Français vis-à-vis de l'immigration et de l'insécurité, a été tellement efficace jusqu'ici pour stopper la hausse du RN.
Moi non plus mais le début de l’article est très clair.Réservé aux abonnés.
Et puisque tu es abonné à Marianne, le numéro d’hier dit la même chose (sur moins de signes).
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Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Article complet de Franc-tireur: l'ultra-droite a le vent en poupe.
Dans le numéro de la semaine dernière, le débat au sujet de la fin de vie, désormais bloqué, une aubaine pour les réacs de tout poil. Merci monsieur le président! Les petits copains du RN sont aux anges, ils n'en attendaient pas tant....
Être abonné à Marianne et être sensible à certaines sirènes, c'est de la dissonance cognitive. Il faut oser.
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L’ultra-droite ne se cache plus. Elle défile dans les rues de Paris et des grandes métropoles, affiche d’une façon décomplexée son racisme et sa xénophobie. Néonazis, catholiques intégristes, royalistes, identitaires, ils sont environ 4 000 militants, dont 1 300 fichés S, obsédés par l’idée de « pureté de la race ». Leur violence, en hausse, représente une nouvelle menace terroriste. Depuis 2017, treize attentats ont été déjoués. Immersion chez ces nouveaux suprémacistes blancs.
« Vivement dans trois semaines, on pourra casser du pédé autant qu’on veut. » Ce 10 juin à Paris, vers 1 heure 30 du matin, quatre hommes, la vingtaine, fêtent la victoire de Jordan Bardella aux européennes. Ils sont éméchés et commencent à insulter une femme – « gare ton vélo, salope », puis ils s’en prennent à un homme d’origine maghrébine : « Toi, sale pédé, t’es un trans ! » Ils le suivent et le provoquent encore. L’un a un bâton, l’autre sa ceinture de pantalon à la main. Un coup part. Le jeune homme est frappé au visage, devant un témoin. Un membre du groupe se vante alors dans un message d’avoir « fumé un gay ». L’auteur de ces propos homophobes s’appelle Gabriel Loustau, leader du GUD (Groupe union défense), une organisation étudiante d’extrême droite violente. Ce militant de 23 ans, connu des services de police, n’est autre que le fils d’Axel Loustau, ancien cadre du Rassemblement national et proche de Marine Le Pen. Gabriel a de qui tenir : son père est l’ancien trésorier de Jeanne (le micro-parti de la fille Le Pen), un membre historique du GUD, un proche de l’antisémite Alain Soral, aux prises de position ultra-violentes contre le mariage pour tous. Les quatre jeunes, cheveux courts, musclés, sont interpellés. Sûrs d’eux, ils arrivent au commissariat en entonnant des chants militaires. Les policiers se font alors menacer : « Vous verrez quand Bardella sera au pouvoir, quand Hitler reviendra […], vous verrez demain ce qui va vous arriver, je vais faire sauter vos postes de police. » Dans leurs téléphones, les policiers découvrent des conversations criblées d’insultes racistes : « Tu as vu la négresse qui nous a emmerdés », et un surnom pour l’un d’eux : « Hitler ». Marion Ngo, une avocate présente dans la salle d’audience, se dit étonnée par l’arrogance des militants : « Quand la présidente demande à l’un d’eux pourquoi il se fait appeler Hitler, en rappelant la Seconde Guerre mondiale, le militant lève les yeux au ciel et soupire d’un air las. » Pas un mot de regret ni d’excuse pour la victime. L’avocate est indignée : « Ils nient les faits alors qu’ils ont été confondus par les caméras de vidéosurveillance. » Deux des agresseurs sont condamnés à cinq et sept mois de prison ferme pour agression transphobe, les deux autres, dont Gabriel Loustau, à six mois avec sursis pour non-assistance à personne en danger. Une condamnation qui est loin de faire honte à son père. Lors du procès, la présidente a lu le témoignage, édifiant, donné par Axel Lousteau à propos de son rejeton : « Je suis fier de mon fils. Il a un fort tempérament et c’est un bon patriote. »
À l’heure où le RN est aux portes du pouvoir, les militants d’ultra-droite affichent un discours décomplexé et un sentiment de surpuissance. Dans les rues de Paris, ils se montrent. Un mois auparavant, le même Gabriel Loustau mène le cortège du Comité du 9 mai : un rassemblement de 800 militants d’ultra-droite en hommage à l’un des leurs, Sébastien Deyzieu, militant du mouvement antisémite l’Oeuvre française. Marchant en rangs, masqués, exhibant des symboles nazis…
À Lyon, vendredi soir dernier, alors que la dissolution est annoncée et que des habitants descendent dans la rue pour manifester contre le RN, une cinquantaine de crânes rasés en tee-shirts noirs organisent une descente dans la ville pour lever le bras et scander : « Bleu, blanc, rouge, la France aux Français ! » Armés et cagoulés, ils s’en prennent aux passants et agressent quatre personnes à la sortie d’un bar.
En janvier, dans le Ve arrondissement de Paris, même spectacle, les tabassages en moins. Des hommes en majorité, moins de 25 ans, blancs, crient des slogans haineux : « Parisien, défends-toi, tu es ici chez toi ! » « Nous sommes les derniers remparts de notre civilisation ! » Pendant deux heures, les 400 militants arpentent les rues, flambeau à la main. « On est chez nous ! » Depuis vingt ans, cette marche se répète chaque année en hommage à sainte Geneviève, la « sainte patronne » de Paris, que les suprémacistes admirent pour avoir résisté aux Huns en 451. Antoine, 25 ans, mène la manifestation. Il est le fondateur des Natifs, un groupe identitaire créé en 2021 qui se présente comme « le dernier mouvement underground des jeunes Blancs ».
UN SYNDICAT DE “PETITS BLANCS”
Qui sont ces jeunes d’ultra-droite qui s’affichent à Paris et dans toute la France ? Ils sont néonazis, identitaires, nationalistes-révolutionnaires, catholiques intégristes, royalistes, et constituent une nébuleuse de plus en plus violente qui inquiète les autorités. C’est la deuxième menace terroriste en France derrière l’islamisme. Selon un rapport parlementaire de novembre 2023, ils seraient 4 000 militants sur le territoire, dont 1 300 fichés S. Des centaines de petits groupes disséminés. Pour Nicolas Lebourg, spécialiste de l’extrême droite, ces groupuscules ont en commun « l’obsession de la survie de la race blanche ». Ils sont unis vers un même ennemi : l’immigré musulman, arabe ou subsaharien. Les attentats de 2015, la hausse des flux migratoires ont cristallisé leur haine xénophobe. « Selon eux, souligne l’historien, nous sommes à la fin des temps, le génocide de la race blanche est entamé, l’affrontement est inévitable. »
Antoine, le juriste de 25 ans qui éructait ses slogans haineux lors de l’hommage à sainte Geneviève, définit son mouvement, les Natifs, comme un « syndicat de petits Blancs parisien, français et européen », se rêvant en « Greenpeace de l’extrême droite ». Son but : organiser des actions coup de poing pour « placer le curseur plus loin et occuper l’espace public ». C’est lui qui, en mars, avec dix autres militants, déployait sur l’île Saint-Louis à Paris une banderole contre la chanteuse franco-malienne Aya Nakamura : « Y’a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako. » Ils protestaient contre sa participation à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Le Pôle national de lutte contre la haine en ligne a ouvert une enquête pour insulte raciste. Les Natifs assument leur xénophobie jusqu’à organiser des maraudes… ciblées. De la distribution alimentaire exclusivement pour les Blancs. Une méthode inspirée par un groupe frère, Luminis Paris, qui en a fait son mode d’action favori « car ils sont plus cathos », explique Antoine. Ils se présentent comme des « nationalistes-révolutionnaires ». En clair, des néofascistes.
Nous avons infiltré, le temps d’une soirée, une de leurs actions de « charité » bien ordonnée : ils évitent systématiquement les Gitans, les « pires des pires », disent-ils, ainsi que « les Pakistanais, les Malgaches, les Noirs, bien sûr, et les Arabes ». La stratégie est simple : distribuer de la nourriture à base de porc. « On ne donne qu’aux Blancs, on ne va pas s’agenouiller pour donner à manger aux profiteurs », revendique un participant. Les membres de Luminis sont étudiants et en majorité issus de la bourgeoisie catholique parisienne et versaillaise. Pendant cette maraude, nous apprenons qu’une de leurs militantes était, il y a encore quelques semaines, assistante parlementaire du député RN du Var Philippe Schreck. Ces militants assument leur racisme : « On est centrés sur nous-mêmes, entre Blancs, entre Français. » Avec une nostalgie à peine voilée pour le Troisième Reich : « Des valeurs que la France devrait chercher à comprendre car ce sont aussi les siennes », explique une étudiante de 19 ans qui avoue être « néonazie » et admire « l’amour de la patrie, et une certaine rigidité de vie qui a été relancée pendant le Troisième Reich, une esthétique européenne et… la pureté de la race ». Dans cette galaxie de l’ultra-droite, ils sont nombreux à partager ces théories racialistes et nazies tout en se gardant bien de les assumer publiquement. Pour preuve, ce groupe lyonnais, les Remparts, que nous avons infiltré. C’est l’un des plus surveillés de France, et le successeur de Génération identitaire, dissous en 2021 pour provocation à la haine.
DES MABOULES À LA TRABOULE
Quand nous rencontrons officiellement le porte-parole des Remparts et deux de ses militants dans leur QG du vieux Lyon, la Traboule, leur discours est presque… attendu. Le premier travaille dans la communication politique – mais se refuse à plus de précisions, quand ses seconds sont étudiants en géographie et en gestion. Ils pointent l’insécurité des rues de Lyon, l’immigration massive – même s’ils disent « ne rien avoir contre les personnes de couleur » – et promeuvent l’autodéfense. Ils restent prudents, mais ont du mal à éviter le dérapage quand ils évoquent les dangers d’une « nouvelle espèce » en parlant de l’homosexualité, ou lorsqu’ils peinent à accepter le métissage. Tous trois se donnent des airs de « gendre idéal » et expliquent qu’il faut être « sportif et sain » pour montrer l’exemple. Les soupçonner d’antisémitisme, d’homophobie et de racisme ? Injuste, osent-ils : « Ce sont des personnes qui ne nous connaissent pas. »
Quant à leurs liens avec les partis politiques, ils restent vagues et prétendent n’être qu’une simple « boîte à idées, un think tank » pour ces formations. Pourtant, les contacts semblent étroits : en mars 2023, le sénateur Reconquête ! Stéphane Ravier est invité à donner une conférence à la Traboule sur la « défense de l’identité locale ». Le parti d’Éric Zemmour semble apprécier la compagnie des anciens militants identitaires, comme Philippe Vardon, cadre d’un groupe niçois, et Damien Rieu, cofondateur de Génération identitaire. Ils ont tous deux rejoint Reconquête ! après être passés par le RN. Pour ce qui est de l’ex-porte-parole des Remparts, Sinisha Milinov, il se présentait il y a quatre ans sur une liste RN à Villeurbanne. Des liens on ne peut plus clairs.
MOTIVATION RACISTE
Rien de tel qu’une session de recrutement pour se mêler aux militants et découvrir le fond de leur pensée. Ce jour-là, à la Traboule, a lieu une conférence sur « l’assimilationnisme » : deux formateurs d’une vingtaine d’années font face à une petite assemblée. Le premier, Jean*, est employé de nuit dans un hôpital lyonnais et ex-cadre de Génération identitaire. Le second, Pierre*, est étudiant à l’École normale supérieure de Lyon. Devant eux, une quinzaine de militants aguerris et cinq nouveaux, aux profils sociologiques plus modestes. Ils sont chômeurs, intérimaires, ouvriers du bâtiment. Jean leur explique en quoi l’assimilationnisme est incompatible avec leur idéologie : « On n’est pas là pour dire qu’on n’aime pas les Noirs et les Arabes, on le sait. » Gloussements dans la salle. Puis un quiz : « Si un Noir entre dans votre famille, savez-vous pourquoi l’enfant qui va naître, même s’il a la moitié de ton sang, n’aura pas la même identité que toi ? » Réponse d’une nouvelle recrue : « Il sera clairement sali par une autre identité. » Nouveaux rires. L’autre formateur poursuit : « En métissant, on supprime quelqu’un qui appartient à notre peuple. C’est comme un cochon qui va dans une écurie, ça ne fait pas un cheval, ça reste un cochon. » S’ensuivent alors des explications pseudo-scientifiques sur l’importance de vivre chacun chez soi : « Les Noirs sont de bons survivants dans leur état naturel : leurs narines plus amples sont faites pour respirer de l’air chaud. […] Ils ont une masse musculaire 25 % supérieure à celle des Européens […] et ont une capacité à être plus agressifs. » Puis les cadres des Remparts convoquent le ségrégationnisme et Jared Taylor, un suprémaciste américain fervent soutien de Trump. Ce défenseur d’un « nationalisme blanc » prétend que les races auraient une existence scientifique. Érigé en modèle – « il parle d’une façon très posée sans s’énerver », vante un cadre –, il est l’exemple à suivre pour convaincre : « Même dans votre famille politique vous allez choquer. Ne vous laissez pas impressionner. » Un militant abonde : « Il faut être un facho, mais un facho sympa. Tu assumes, tu poses tes couilles sur la table et ça passe comme une lettre à la poste. » Génération Bardella ? Tous ont des anecdotes sur des copains ou des collègues qui ont fini par s’ouvrir et discuter de leur haine des immigrés ou de leur homophobie. « C’est notre travail dans notre entourage de décomplexer les gens », conclut l’un d’eux.
« Il faut être un facho, mais un facho sympa. Tu assumes, tu poses tes couilles sur la table et ça passe »
Pourquoi rejoindre ces groupes ? Parmi ceux que nous avons rencontrés, beaucoup sont issus de familles qui votent depuis longtemps à l’extrême droite. Souvent, aussi, une histoire personnelle a été le déclencheur : certains disent avoir été agressés par des « étrangers » ou se sentir « le seul Blanc ». Chez les cadres, le discours est plus politique. Marc B., ancien de Génération identitaire, condamné en décembre à un an de prison dont six mois ferme pour violences racistes, explique à notre infiltré que sa motivation est de droitiser le RN ou Reconquête !, « trop mous » à ses yeux. Sa grande réussite est d’avoir imposé le concept de remigration. « Même Édouard Philippe l’emploie », fanfaronne-t-il. Son but ? Rendre tolérables des idées autrefois discutables. Élargir la fameuse « fenêtre d’Overton ». « Ça veut dire qu’à l’époque on était tombé juste, explique Marc B. À vous maintenant, les nouveaux, de trouver les trucs qui feront que dans cinq ans on dira “c’est le sujet”. Il faut, je pense, un sujet plus proche des jeunes, travailler sur l’insécurité. » Et pour se former, on conseille aux recrues de fréquenter l’Issep : l’Institut de sciences sociales, économiques et politiques, fondé à Lyon par Marion Maréchal…
À l’image de ce militant condamné pour agression raciste, les activistes ne se contentent pas de mots : ils passent à l’action. En France, les violences imputées à l’ultra-droite ont augmenté de 17 % entre 2018 et 2022. Au cours de notre enquête à Lyon, quatre attaques racistes ont eu lieu en quatre mois. Deux membres des Remparts ont été condamnés à de la prison ferme pour avoir poignardé trois jeunes hommes d’origine algérienne et antillaise. L’un des agresseurs, qui n’est autre que l’ex-porte-parole des Remparts, un temps candidat RN, s’est vanté dans une boucle Telegram d’avoir cogné « des bougnes ». Un autre exulte : « Crépol, la revanche ». Le 11 novembre 2023, des militants d’ultra-droite ont envahi le quartier Saint-Georges à Lyon : munis de bâtons et de mortiers, quarante hommes cagoulés s’en sont pris à des participants d’une conférence sur Gaza. Résultat : sept blessés, dont trois graves. Une enquête est en cours, dix-huit personnes ont été interpellées. Preuve de leur volonté d’en découdre, les cadres demandent à leurs recrues de pratiquer des sports de combat. Et ce n’est pas que pour « l’autodéfense ». Ailleurs en France, des élus sont pris pour cible. Comme Yannick Morez, l’édile de Saint-Brévin (Loire-Atlantique), dont la maison a été incendiée par des groupes d’ultra-droite. Ou André Mondange, le maire de Péage-de-Roussillon (Isère), agressé par des nationalistes. Pire : en mars 2022, un rugbyman argentin, Federico Martín Aramburú, est tué par balles à Paris. L’assassin présumé est un ex-membre du GUD, Loïk Le Priol. Il sera jugé dans quelques mois.
Eliot Bertin, le chef du groupe néofasciste Lyon Populaire, assume cette violence : « Nos vies ne comptent pas au regard de nos idéaux. » Lui-même sort de quatre mois de prison. Le renseignement territorial redoute un scénario à l’américaine, comme l’assaut du Capitole en 2021. Qu’un jour en France des groupes d’ultra-droite s’en prennent aux institutions, ou qu’un militant radicalisé commette un acte terroriste. Un « fascisme d’atmosphère » que le succès électoral de l’extrême droite ne peut que conforter.
*Les prénoms ont été changés
‘‘Asphyxier les associations de l’ultra-droite’’
Depuis 2012, 47 groupes ont été dissous, dont près de la moitié d’ultra-droite. Au ministère de l’Intérieur, Pascale Léglise, directrice des libertés publiques et des affaires juridiques, est chargée d’instruire les dossiers des associations les plus dangereuses, celles qui menacent la République. Pour convaincre le ministre de l’Intérieur puis le chef de l’État de dissoudre, par décret, cette juriste s’appuie sur les « notes blanches » des services de renseignement. Un travail de terrain pour accumuler les preuves et prouver les implications des militants dans des actions violentes. Quid de l’efficacité de la mesure ? Pour Pascale Léglise, elle « asphyxie et désorganise ces associations » et signe « leur mort civile ». Et pas question de se reformer à l’identique : la reconstitution de ligue dissoute est punie de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. À Lyon, cela n’a pas empêché Génération identitaire de donner naissance aux Remparts, ou au mouvement Lyon Populaire de succéder au Bastion social, dissous en 2019. Les militants d’ultradroite perdent du temps, de l’énergie, mais se vantent de ne pas les craindre. « On peut dissoudre une association, on ne peut dissoudre des idées. Un jour, un autre projet aboutira », a lancé Aurélien Verhassel, de la Citadelle, groupe xénophobe dissous en février. Un tonneau des Danaïdes. Un combat permanent.
« Vivement dans trois semaines, on pourra casser du pédé autant qu’on veut. » Ce 10 juin à Paris, vers 1 heure 30 du matin, quatre hommes, la vingtaine, fêtent la victoire de Jordan Bardella aux européennes. Ils sont éméchés et commencent à insulter une femme – « gare ton vélo, salope », puis ils s’en prennent à un homme d’origine maghrébine : « Toi, sale pédé, t’es un trans ! » Ils le suivent et le provoquent encore. L’un a un bâton, l’autre sa ceinture de pantalon à la main. Un coup part. Le jeune homme est frappé au visage, devant un témoin. Un membre du groupe se vante alors dans un message d’avoir « fumé un gay ». L’auteur de ces propos homophobes s’appelle Gabriel Loustau, leader du GUD (Groupe union défense), une organisation étudiante d’extrême droite violente. Ce militant de 23 ans, connu des services de police, n’est autre que le fils d’Axel Loustau, ancien cadre du Rassemblement national et proche de Marine Le Pen. Gabriel a de qui tenir : son père est l’ancien trésorier de Jeanne (le micro-parti de la fille Le Pen), un membre historique du GUD, un proche de l’antisémite Alain Soral, aux prises de position ultra-violentes contre le mariage pour tous. Les quatre jeunes, cheveux courts, musclés, sont interpellés. Sûrs d’eux, ils arrivent au commissariat en entonnant des chants militaires. Les policiers se font alors menacer : « Vous verrez quand Bardella sera au pouvoir, quand Hitler reviendra […], vous verrez demain ce qui va vous arriver, je vais faire sauter vos postes de police. » Dans leurs téléphones, les policiers découvrent des conversations criblées d’insultes racistes : « Tu as vu la négresse qui nous a emmerdés », et un surnom pour l’un d’eux : « Hitler ». Marion Ngo, une avocate présente dans la salle d’audience, se dit étonnée par l’arrogance des militants : « Quand la présidente demande à l’un d’eux pourquoi il se fait appeler Hitler, en rappelant la Seconde Guerre mondiale, le militant lève les yeux au ciel et soupire d’un air las. » Pas un mot de regret ni d’excuse pour la victime. L’avocate est indignée : « Ils nient les faits alors qu’ils ont été confondus par les caméras de vidéosurveillance. » Deux des agresseurs sont condamnés à cinq et sept mois de prison ferme pour agression transphobe, les deux autres, dont Gabriel Loustau, à six mois avec sursis pour non-assistance à personne en danger. Une condamnation qui est loin de faire honte à son père. Lors du procès, la présidente a lu le témoignage, édifiant, donné par Axel Lousteau à propos de son rejeton : « Je suis fier de mon fils. Il a un fort tempérament et c’est un bon patriote. »
À l’heure où le RN est aux portes du pouvoir, les militants d’ultra-droite affichent un discours décomplexé et un sentiment de surpuissance. Dans les rues de Paris, ils se montrent. Un mois auparavant, le même Gabriel Loustau mène le cortège du Comité du 9 mai : un rassemblement de 800 militants d’ultra-droite en hommage à l’un des leurs, Sébastien Deyzieu, militant du mouvement antisémite l’Oeuvre française. Marchant en rangs, masqués, exhibant des symboles nazis…
À Lyon, vendredi soir dernier, alors que la dissolution est annoncée et que des habitants descendent dans la rue pour manifester contre le RN, une cinquantaine de crânes rasés en tee-shirts noirs organisent une descente dans la ville pour lever le bras et scander : « Bleu, blanc, rouge, la France aux Français ! » Armés et cagoulés, ils s’en prennent aux passants et agressent quatre personnes à la sortie d’un bar.
En janvier, dans le Ve arrondissement de Paris, même spectacle, les tabassages en moins. Des hommes en majorité, moins de 25 ans, blancs, crient des slogans haineux : « Parisien, défends-toi, tu es ici chez toi ! » « Nous sommes les derniers remparts de notre civilisation ! » Pendant deux heures, les 400 militants arpentent les rues, flambeau à la main. « On est chez nous ! » Depuis vingt ans, cette marche se répète chaque année en hommage à sainte Geneviève, la « sainte patronne » de Paris, que les suprémacistes admirent pour avoir résisté aux Huns en 451. Antoine, 25 ans, mène la manifestation. Il est le fondateur des Natifs, un groupe identitaire créé en 2021 qui se présente comme « le dernier mouvement underground des jeunes Blancs ».
UN SYNDICAT DE “PETITS BLANCS”
Qui sont ces jeunes d’ultra-droite qui s’affichent à Paris et dans toute la France ? Ils sont néonazis, identitaires, nationalistes-révolutionnaires, catholiques intégristes, royalistes, et constituent une nébuleuse de plus en plus violente qui inquiète les autorités. C’est la deuxième menace terroriste en France derrière l’islamisme. Selon un rapport parlementaire de novembre 2023, ils seraient 4 000 militants sur le territoire, dont 1 300 fichés S. Des centaines de petits groupes disséminés. Pour Nicolas Lebourg, spécialiste de l’extrême droite, ces groupuscules ont en commun « l’obsession de la survie de la race blanche ». Ils sont unis vers un même ennemi : l’immigré musulman, arabe ou subsaharien. Les attentats de 2015, la hausse des flux migratoires ont cristallisé leur haine xénophobe. « Selon eux, souligne l’historien, nous sommes à la fin des temps, le génocide de la race blanche est entamé, l’affrontement est inévitable. »
Antoine, le juriste de 25 ans qui éructait ses slogans haineux lors de l’hommage à sainte Geneviève, définit son mouvement, les Natifs, comme un « syndicat de petits Blancs parisien, français et européen », se rêvant en « Greenpeace de l’extrême droite ». Son but : organiser des actions coup de poing pour « placer le curseur plus loin et occuper l’espace public ». C’est lui qui, en mars, avec dix autres militants, déployait sur l’île Saint-Louis à Paris une banderole contre la chanteuse franco-malienne Aya Nakamura : « Y’a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako. » Ils protestaient contre sa participation à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Le Pôle national de lutte contre la haine en ligne a ouvert une enquête pour insulte raciste. Les Natifs assument leur xénophobie jusqu’à organiser des maraudes… ciblées. De la distribution alimentaire exclusivement pour les Blancs. Une méthode inspirée par un groupe frère, Luminis Paris, qui en a fait son mode d’action favori « car ils sont plus cathos », explique Antoine. Ils se présentent comme des « nationalistes-révolutionnaires ». En clair, des néofascistes.
Nous avons infiltré, le temps d’une soirée, une de leurs actions de « charité » bien ordonnée : ils évitent systématiquement les Gitans, les « pires des pires », disent-ils, ainsi que « les Pakistanais, les Malgaches, les Noirs, bien sûr, et les Arabes ». La stratégie est simple : distribuer de la nourriture à base de porc. « On ne donne qu’aux Blancs, on ne va pas s’agenouiller pour donner à manger aux profiteurs », revendique un participant. Les membres de Luminis sont étudiants et en majorité issus de la bourgeoisie catholique parisienne et versaillaise. Pendant cette maraude, nous apprenons qu’une de leurs militantes était, il y a encore quelques semaines, assistante parlementaire du député RN du Var Philippe Schreck. Ces militants assument leur racisme : « On est centrés sur nous-mêmes, entre Blancs, entre Français. » Avec une nostalgie à peine voilée pour le Troisième Reich : « Des valeurs que la France devrait chercher à comprendre car ce sont aussi les siennes », explique une étudiante de 19 ans qui avoue être « néonazie » et admire « l’amour de la patrie, et une certaine rigidité de vie qui a été relancée pendant le Troisième Reich, une esthétique européenne et… la pureté de la race ». Dans cette galaxie de l’ultra-droite, ils sont nombreux à partager ces théories racialistes et nazies tout en se gardant bien de les assumer publiquement. Pour preuve, ce groupe lyonnais, les Remparts, que nous avons infiltré. C’est l’un des plus surveillés de France, et le successeur de Génération identitaire, dissous en 2021 pour provocation à la haine.
DES MABOULES À LA TRABOULE
Quand nous rencontrons officiellement le porte-parole des Remparts et deux de ses militants dans leur QG du vieux Lyon, la Traboule, leur discours est presque… attendu. Le premier travaille dans la communication politique – mais se refuse à plus de précisions, quand ses seconds sont étudiants en géographie et en gestion. Ils pointent l’insécurité des rues de Lyon, l’immigration massive – même s’ils disent « ne rien avoir contre les personnes de couleur » – et promeuvent l’autodéfense. Ils restent prudents, mais ont du mal à éviter le dérapage quand ils évoquent les dangers d’une « nouvelle espèce » en parlant de l’homosexualité, ou lorsqu’ils peinent à accepter le métissage. Tous trois se donnent des airs de « gendre idéal » et expliquent qu’il faut être « sportif et sain » pour montrer l’exemple. Les soupçonner d’antisémitisme, d’homophobie et de racisme ? Injuste, osent-ils : « Ce sont des personnes qui ne nous connaissent pas. »
Quant à leurs liens avec les partis politiques, ils restent vagues et prétendent n’être qu’une simple « boîte à idées, un think tank » pour ces formations. Pourtant, les contacts semblent étroits : en mars 2023, le sénateur Reconquête ! Stéphane Ravier est invité à donner une conférence à la Traboule sur la « défense de l’identité locale ». Le parti d’Éric Zemmour semble apprécier la compagnie des anciens militants identitaires, comme Philippe Vardon, cadre d’un groupe niçois, et Damien Rieu, cofondateur de Génération identitaire. Ils ont tous deux rejoint Reconquête ! après être passés par le RN. Pour ce qui est de l’ex-porte-parole des Remparts, Sinisha Milinov, il se présentait il y a quatre ans sur une liste RN à Villeurbanne. Des liens on ne peut plus clairs.
MOTIVATION RACISTE
Rien de tel qu’une session de recrutement pour se mêler aux militants et découvrir le fond de leur pensée. Ce jour-là, à la Traboule, a lieu une conférence sur « l’assimilationnisme » : deux formateurs d’une vingtaine d’années font face à une petite assemblée. Le premier, Jean*, est employé de nuit dans un hôpital lyonnais et ex-cadre de Génération identitaire. Le second, Pierre*, est étudiant à l’École normale supérieure de Lyon. Devant eux, une quinzaine de militants aguerris et cinq nouveaux, aux profils sociologiques plus modestes. Ils sont chômeurs, intérimaires, ouvriers du bâtiment. Jean leur explique en quoi l’assimilationnisme est incompatible avec leur idéologie : « On n’est pas là pour dire qu’on n’aime pas les Noirs et les Arabes, on le sait. » Gloussements dans la salle. Puis un quiz : « Si un Noir entre dans votre famille, savez-vous pourquoi l’enfant qui va naître, même s’il a la moitié de ton sang, n’aura pas la même identité que toi ? » Réponse d’une nouvelle recrue : « Il sera clairement sali par une autre identité. » Nouveaux rires. L’autre formateur poursuit : « En métissant, on supprime quelqu’un qui appartient à notre peuple. C’est comme un cochon qui va dans une écurie, ça ne fait pas un cheval, ça reste un cochon. » S’ensuivent alors des explications pseudo-scientifiques sur l’importance de vivre chacun chez soi : « Les Noirs sont de bons survivants dans leur état naturel : leurs narines plus amples sont faites pour respirer de l’air chaud. […] Ils ont une masse musculaire 25 % supérieure à celle des Européens […] et ont une capacité à être plus agressifs. » Puis les cadres des Remparts convoquent le ségrégationnisme et Jared Taylor, un suprémaciste américain fervent soutien de Trump. Ce défenseur d’un « nationalisme blanc » prétend que les races auraient une existence scientifique. Érigé en modèle – « il parle d’une façon très posée sans s’énerver », vante un cadre –, il est l’exemple à suivre pour convaincre : « Même dans votre famille politique vous allez choquer. Ne vous laissez pas impressionner. » Un militant abonde : « Il faut être un facho, mais un facho sympa. Tu assumes, tu poses tes couilles sur la table et ça passe comme une lettre à la poste. » Génération Bardella ? Tous ont des anecdotes sur des copains ou des collègues qui ont fini par s’ouvrir et discuter de leur haine des immigrés ou de leur homophobie. « C’est notre travail dans notre entourage de décomplexer les gens », conclut l’un d’eux.
« Il faut être un facho, mais un facho sympa. Tu assumes, tu poses tes couilles sur la table et ça passe »
Pourquoi rejoindre ces groupes ? Parmi ceux que nous avons rencontrés, beaucoup sont issus de familles qui votent depuis longtemps à l’extrême droite. Souvent, aussi, une histoire personnelle a été le déclencheur : certains disent avoir été agressés par des « étrangers » ou se sentir « le seul Blanc ». Chez les cadres, le discours est plus politique. Marc B., ancien de Génération identitaire, condamné en décembre à un an de prison dont six mois ferme pour violences racistes, explique à notre infiltré que sa motivation est de droitiser le RN ou Reconquête !, « trop mous » à ses yeux. Sa grande réussite est d’avoir imposé le concept de remigration. « Même Édouard Philippe l’emploie », fanfaronne-t-il. Son but ? Rendre tolérables des idées autrefois discutables. Élargir la fameuse « fenêtre d’Overton ». « Ça veut dire qu’à l’époque on était tombé juste, explique Marc B. À vous maintenant, les nouveaux, de trouver les trucs qui feront que dans cinq ans on dira “c’est le sujet”. Il faut, je pense, un sujet plus proche des jeunes, travailler sur l’insécurité. » Et pour se former, on conseille aux recrues de fréquenter l’Issep : l’Institut de sciences sociales, économiques et politiques, fondé à Lyon par Marion Maréchal…
À l’image de ce militant condamné pour agression raciste, les activistes ne se contentent pas de mots : ils passent à l’action. En France, les violences imputées à l’ultra-droite ont augmenté de 17 % entre 2018 et 2022. Au cours de notre enquête à Lyon, quatre attaques racistes ont eu lieu en quatre mois. Deux membres des Remparts ont été condamnés à de la prison ferme pour avoir poignardé trois jeunes hommes d’origine algérienne et antillaise. L’un des agresseurs, qui n’est autre que l’ex-porte-parole des Remparts, un temps candidat RN, s’est vanté dans une boucle Telegram d’avoir cogné « des bougnes ». Un autre exulte : « Crépol, la revanche ». Le 11 novembre 2023, des militants d’ultra-droite ont envahi le quartier Saint-Georges à Lyon : munis de bâtons et de mortiers, quarante hommes cagoulés s’en sont pris à des participants d’une conférence sur Gaza. Résultat : sept blessés, dont trois graves. Une enquête est en cours, dix-huit personnes ont été interpellées. Preuve de leur volonté d’en découdre, les cadres demandent à leurs recrues de pratiquer des sports de combat. Et ce n’est pas que pour « l’autodéfense ». Ailleurs en France, des élus sont pris pour cible. Comme Yannick Morez, l’édile de Saint-Brévin (Loire-Atlantique), dont la maison a été incendiée par des groupes d’ultra-droite. Ou André Mondange, le maire de Péage-de-Roussillon (Isère), agressé par des nationalistes. Pire : en mars 2022, un rugbyman argentin, Federico Martín Aramburú, est tué par balles à Paris. L’assassin présumé est un ex-membre du GUD, Loïk Le Priol. Il sera jugé dans quelques mois.
Eliot Bertin, le chef du groupe néofasciste Lyon Populaire, assume cette violence : « Nos vies ne comptent pas au regard de nos idéaux. » Lui-même sort de quatre mois de prison. Le renseignement territorial redoute un scénario à l’américaine, comme l’assaut du Capitole en 2021. Qu’un jour en France des groupes d’ultra-droite s’en prennent aux institutions, ou qu’un militant radicalisé commette un acte terroriste. Un « fascisme d’atmosphère » que le succès électoral de l’extrême droite ne peut que conforter.
*Les prénoms ont été changés
‘‘Asphyxier les associations de l’ultra-droite’’
Depuis 2012, 47 groupes ont été dissous, dont près de la moitié d’ultra-droite. Au ministère de l’Intérieur, Pascale Léglise, directrice des libertés publiques et des affaires juridiques, est chargée d’instruire les dossiers des associations les plus dangereuses, celles qui menacent la République. Pour convaincre le ministre de l’Intérieur puis le chef de l’État de dissoudre, par décret, cette juriste s’appuie sur les « notes blanches » des services de renseignement. Un travail de terrain pour accumuler les preuves et prouver les implications des militants dans des actions violentes. Quid de l’efficacité de la mesure ? Pour Pascale Léglise, elle « asphyxie et désorganise ces associations » et signe « leur mort civile ». Et pas question de se reformer à l’identique : la reconstitution de ligue dissoute est punie de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. À Lyon, cela n’a pas empêché Génération identitaire de donner naissance aux Remparts, ou au mouvement Lyon Populaire de succéder au Bastion social, dissous en 2019. Les militants d’ultradroite perdent du temps, de l’énergie, mais se vantent de ne pas les craindre. « On peut dissoudre une association, on ne peut dissoudre des idées. Un jour, un autre projet aboutira », a lancé Aurélien Verhassel, de la Citadelle, groupe xénophobe dissous en février. Un tonneau des Danaïdes. Un combat permanent.
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Fin de vie : les réacs contre-attaquent
par Angèle Delbecq
par Mark Lee Hunter
La dissolution vient de mettre un coup d’arrêt à l’examen du projet de loi sur la fin de vie. De quoi réjouir les ultra-catholiques qui s’y opposent en France, et tentent de peser sur l’Union européenne, appuyés par la Pologne ou la Hongrie. Anti-avortement, anti-euthanasie, anti-féministes, ils reçoivent le soutien de puissants mouvements américains pour placer des droites religieuses partout au pouvoir. Plongée au cœur d’un lobby réac qui tient peut-être sa victoire.
Neuf Français sur dix sont favorables à l’aide active à mourir, selon un sondage réalisé en mai*. Les députés s’apprêtaient à les écouter et à voter un projet de loi sur la fin de vie. Mais la dissolution a tout figé, et le texte est peut-être moribond. Ce serait un vrai gâchis. Car les travaux de l’Assemblée nationale ont même permis d’aboutir à un projet plus progressiste que celui proposé par le gouvernement.
La notion de « pronostic vital engagé », que même les médecins peinent à définir avec précision et qui exposerait à de nombreux contentieux, a ainsi laissé place à une condition de maladie « en phase avancée ou terminale » pour prétendre à l’aide médicale à mourir. Une évolution bienvenue au regard de certaines affections, telle la maladie de Charcot, dont la rapidité de progression est souvent imprévisible, mais qui a fait bondir l’association « pro-vie » Alliance Vita marrainée par Christine Boutin. Le 27 mai, ses troupes se rassemblaient devant le Palais-Bourbon, au premier jour de l’examen du projet de loi, pour protester contre ce texte « lourdement aggravé », comme l’a clamé son porte-parole, Tugdual Derville. Lors de son audition par la commission spéciale, en avril, l’ancien porte-parole de la Manif pour tous s’était déjà opposé à la version initiale et critiquait un texte « contraire à la liberté, comme à la fraternité ». Entendu également, le président de la Fondation Jérôme-Lejeune, Jean-Marie Le Méné, ne disait pas autre chose en le qualifiant de « texte de résignation ». Ces deux figures du militantisme pro-vie en France, traitées avec égards par les institutions politiques, comme en témoigne cette audition, ont été invitées à l’Élysée comme consultants sur tous les sujets bioéthiques. Une mansuétude qui étonne, tant l’opposition catholique conservatrice fait peu de cas des faits, voire diffuse de fausses informations au service de son idéologie. Elle clame, par exemple, que « 800 000 soignants » sont opposés à l’aide active à mourir. Un argument massue. Sauf que ce chiffre est une fiction. Il est issu d’une déclaration commune de treize organisations médicales opposées à l’euthanasie (et pas au suicide assisté, par lequel le patient réalise lui-même le geste létal) dont l’opposition a additionné le nombre d’adhérents, 800 000 au total. Excepté les représentants des organisations, aucun soignant n’a signé le document de sa main…
Lors d’un précédent rassemblement, le 21 janvier dernier, lors de leur traditionnelle « Marche pour la vie » à Paris, ils étaient quelques milliers, majoritairement des jeunes, à protester à la fois contre la constitutionnalisation de l’IVG et la légalisation de l’aide active à mourir. Après Jean-Marie Le Méné, acclamé par la foule, le président de la Marche, Nicolas Tardy-Joubert, résumait le sens de la mobilisation : « Protéger la vie, de sa conception à sa fin naturelle. » Un noyau dur de militants, peu nombreux et minoritaires, qui ne sont que la face visible et bruyante de réseaux dont la stratégie la plus efficiente est l’infiltration des hautes sphères publiques. D’où un pouvoir d’influence bien réel.
L’entrisme a permis à ces organisations pro- vie de siéger au Parlement européen.
La Fondation Jérôme-Lejeune, connue pour sa mission, essentielle, d’aide aux personnes atteintes de maladies génétiques affectant les capacités cérébrales, telle la trisomie 21, est ainsi un puissant acteur du lobby catholique conservateur en France. Avec un budget annuel d’environ 16 millions d’euros, la Fondation poursuit la mission du généticien éponyme, ami du pape Jean-Paul II et militant anti-avortement décédé en 1994. Elle a élargi son champ d’action à tous les sujets bioéthiques et pratique un militantisme légaliste. En la matière, elle n’a rien inventé. Son modèle se situe de l’autre côté de l’Atlantique, à Washington, et s’appelle l’American Center for Law and Justice (Centre américain pour le droit et la justice). Créé aux États-Unis en 1990, il promeut une idéologie pro-vie à travers des actions en justice, au moyen d’une importante manne financière. À l’origine de cette organisation, Pat Robertson, un célèbre télévangéliste, architecte de la transformation du Parti républicain américain en véhicule de l’agenda de la droite chrétienne évangélique. Un pasteur baptiste animé des décennies durant par sa lutte acharnée contre les minorités sexuelles et le féminisme, qu’il considère comme « un mouvement politique socialiste et antifamilial qui encourage les femmes à quitter leur mari, à tuer leurs enfants, à pratiquer la sorcellerie, à détruire le capitalisme et à devenir lesbiennes », écrit-il en 1992. Une influence restée intacte jusqu’à sa disparition il y a un an, à 93 ans, et qui perdure par-delà la mort… L’American Center for Law and Justice et la droite américaine n’ont pas dénoué leurs liens : l’actuel président de l’organisation, Jay Sekulow, n’est autre qu’un ancien avocat de Donald Trump, qu’il a notamment représenté lors de l’enquête sur l’ingérence de la Russie dans les élections américaines de 2016 et au cours de sa première procédure de destitution en 2020. Avec d’autres évangélistes radicaux, il a milité pour que Trump leur livre une Cour suprême qui mettrait fin au droit d’avorter aux États-Unis, puis pour faire passer des lois interdisant tout recours à l’IVG au niveau des États. L’euthanasie figure elle aussi parmi leurs cibles. Un lobbying puissant, qui fait école et dépasse les frontières. Notamment les nôtres.
Sa branche européenne, le Centre européen pour le droit et la justice, est en effet particulièrement active et dotée. Entre 2011 et 2021, elle a reçu près de 12 millions d’euros de sa maison mère américaine. La France lui doit en partie l’une de ses affaires les plus médiatiques des dix dernières années : le cas Vincent Lambert.
FRONT COMMUN FONDAMENTALISTE
C’est autour de cet homme de 32 ans, en état végétatif à la suite d’un accident de la route, et du déchirement familial au sujet de l’arrêt des soins que va se nouer l’alliance des conservateurs radicaux américains et français. Lorsque, après cinq ans de stimulations et de traitements infructueux, l’équipe médicale conclut à un acharnement thérapeutique envers son patient déclaré « en état de conscience minimale » et décide de le débrancher, les parents de Vincent, catholiques traditionalistes et militants anti-avortement, s’insurgent. Ils portent plainte et parviennent à faire rebrancher leur fils le 11 mai 2013. Dans leur combat, ils ne sont pas seuls : Jean-Marie Le Méné, le président de la Fondation Jérôme-Lejeune, les soutient.
Cette bataille judiciaire sera rythmée par de multiples arrêts et reprises du traitement, jusqu’au décès de Vincent Lambert, le 11 juillet 2019. Six ans de combat au cours desquels la Fondation Jérôme-Lejeune aura été déterminante, fournissant un soutien idéologique, mais aussi sonnant et trébuchant : « une grosse partie » des frais de justice de Viviane et Pierre Lambert, soit environ 100 000 euros par an, est prise en charge par la fondation, confie à l’époque Le Méné à l’AFP. Pour les assister, elle leur fournit aussi deux avocats, des ténors du catholicisme traditionaliste devant les tribunaux. Maîtres Jean Paillot, discret spécialiste du droit de la santé, et Jérôme Triomphe, connu pour avoir défendu le journal d’extrême droite Rivarol, des militants de la Manif pour tous ou encore Anne-Sophie Leclère, ex-candidate du Front national, condamnée pour avoir comparé Christiane Taubira à un singe.
En parallèle, le Centre européen pour le droit et la justice a permis de porter l’affaire Lambert devant les plus hautes cours d’Europe. Sur leur conseil, les parents de Vincent Lambert ont engagé des recours, en avril 2019, auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et du Comité international des droits des personnes handicapées, une instance de l’ONU. La première rejette le recours. Le second, lui, demande aux pouvoirs publics français de reprendre les traitements de Vincent Lambert, le temps de pouvoir trancher. La jubilation des militants anti-euthanasie s’arrête un mois plus tard, lorsque la Cour de cassation annule cette décision. Pour la cinquième et dernière fois, l’arrêt des traitements est autorisé.
Un échec pour le Centre européen pour le droit et la justice, mais un échec relatif. Grâce à l’affaire Vincent Lambert, l’opposition catholique conservatrice française a démontré sa capacité à faire front commun avec les franges les plus fondamentalistes des chrétiens américains. Remettre au centre du jeu politique leur idéologie signifie lutter contre le progressisme sur tous les sujets bioéthiques, à l’échelle européenne notamment.
UN JOLI PACTOLE
Et les forces pro-vie américaines, ce n’est pas ce qui manque du côté de Strasbourg… À quelque dix minutes à pied des bureaux du Centre européen pour le droit et la justice, on trouve le siège de l’Alliance Defending Freedom International (ADF), succursale d’une fondation ultra-conservatrice. Leur proximité n’est pas seulement géographique : leurs combats ne sont pas plus distants. Quand l’une tire sa devise de la Bible – « Justice et Droit sont l’appui de ton trône, Amour et Vérité marchent devant ta face » – et s’acharne à promouvoir le conservatisme chrétien, l’autre souhaite « restaurer la robustesse de la chrétienté des IIIe, IVe et Ve siècles », qui constitue « l’orthodoxie catholique universelle, désespérément cruciale pour le renouveau culturel ». Une période bénie… où le christianisme devint religion impériale ! Cette seconde organisation est l’une des plus influentes forces de l’extrême droite américaine. Elle est même classée comme groupement de haine par le Southern Poverty Law Center, chargé de traquer les courants extrémistes sévissant aux États-Unis. Parmi les nombreux griefs qui lui sont faits, citons son soutien à la recriminalisation des actes sexuels entre adultes LGBTQ consentants aux États-Unis et à l’étranger, sa défense de la pénalisation des personnes transsexuelles, le fait d’avoir affirmé que les personnes LGBTQ étaient plus enclines à la pédophilie, ou encore qu’un programme homosexuel détruirait la chrétienté et la société.
En 2021, selon ses déclarations au fisc américain, le budget d’ADF International s’élevait à 6 millions d’euros, six fois plus que le Centre européen pour le droit et la justice, soit 7 millions d’euros cumulés, envoyés par leurs maisons mères. Les filiales européennes représentent ainsi 90 % de leur activité internationale. Un joli pactole qui sert à financer leurs actions… en Europe, leur terrain de jeu de prédilection hors des États-Unis. Leur but ? Mettre la religion au pouvoir. Leur stratégie ? Infiltrer les institutions, puis nouer des liens d’information, d’intention et d’influence.
Tandis que l’ADF s’occupe de la formation de juristes, le Centre européen pour le droit et la justice profite de l’attachement du système libéral à la diversité des points de vue pour infiltrer les institutions européennes et internationales, et attaquer les progressistes devant les tribunaux. Il intervient auprès du Conseil de l’Europe – particulièrement à la CEDH – auprès du Parlement européen et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. En 2007, l’ONG obtient un statut consultatif spécial à l’ONU, avec le soutien du gouvernement conservateur de George W. Bush. Il y rejoint la Fondation Jérôme-Lejeune, qui bénéficie également d’un statut officiel au Parlement européen en raison de son expertise sur la trisomie 21.
C’est ainsi que le directeur de le Centre européen pour le droit et la justice, Grégor Puppinck, s’est offert une tribune au Sommet transatlantique de Budapest, le 27 mai 2022, où il a déclaré, devant des représentants des gouvernements conservateurs du monde entier et des membres d’organisations catholiques partenaires : « Nous, chers conservateurs, sommes les seuls à pouvoir sauver les droits de l’homme de l’autodestruction. Parce que nous acceptons que Dieu existe, et qu’il a établi une loi naturelle en nous et au-dessus de nous qui est véritablement universelle et bonne. » L’événement était soutenu par le puissant think tank conservateur Heritage Foundation, et plusieurs autres émanations de MAGA (Make America Great Again, bannière des pro-Trump).
Autrefois marginalisés, ces acteurs réactionnaires bénéficient aujourd’hui du soutien d’États conservateurs de l’Union européenne, favorables à leur intégration. Parmi eux figurent notamment la Hongrie et la Pologne, où le Centre européen pour le droit et la justice est influent. Il s’agit là d’une évolution notable, selon Laurence Burgorgue-Larsen, professeur de droit public à la Sorbonne : « Historiquement, ce sont les ONG libérales qui ont toujours été ultra-puissantes [à la CEDH], intellectuellement et quantitativement. Maintenant, peut-être ont-elles toujours l’avantage quantitatif, mais l’avantage qualitatif, tout doucement, est en train de changer de bord. » C’est ainsi que le Centre européen pour le droit et la justice a la possibilité d’alerter l’ONU sur les « violations des droits de l’homme » en France, comme il l’a fait dans des observations publiées en 2022. Cette année-là, le délai pour une IVG était passé de douze à quatorze semaines. Un pas dans le mauvais sens pour ces opposants, tout comme « la volonté affichée de la France de légaliser l’euthanasie », qui préoccupe l’organisation.
Peu à peu, l’entrisme a permis à ces organisations pro-vie de siéger au Parlement européen. L’un des membres du Centre européen pour le droit et la justice, Christophe Joseph Foltzenlogel, est ainsi le secrétaire de la Fondation Sallux, issue de la Fondation politique chrétienne européenne, un parti politique diffusant les valeurs chrétiennes, produit d’une coalition de partis nationaux. Son représentant français n’est autre que Jean-Frédéric Poisson, président du parti Via, la voie du peuple, créé par Christine Boutin sous le nom de Forum des républicains sociaux, et rebaptisé en 2020. C’est à l’ex-ministre du Logement de Nicolas Sarkozy, présidente d’honneur de Via, que l’on doit également Alliance Vita. Quant à Jean-Frédéric Poisson, il se situe en troisième position sur la liste des Patriotes, menée par Florian Philippot aux européennes.
Pour contrer la Convention citoyenne sur la fin de vie – une initiative d’Emmanuel Macron qui a réuni 184 citoyens pour réfléchir aux potentielles évolutions de la loi, entre décembre 2022 et avril 2023 –, Via s’est associé à Reconquête ! et au Mouvement conservateur, parti né de la Manif pour tous. Ils ont formé alors la Convention des droites contre la légalisation de l’euthanasie, constituée des « trois seuls partis qui défendent une ligne claire et unie » contre l’aide active à mourir, s’est vantée la présidente du Mouvement conservateur, Laurence Trochu. Parmi leurs intervenants figuraient des représentants d’ADF et du Centre européen pour le droit et la justice Le président de ce dernier, Grégor Puppinck, était également intervenu deux mois plus tôt à un colloque du sénateur Reconquête ! Stéphane Ravier (condamné récemment pour prise illégale d’intérêts), où Laurence Trochu était présente également. Le monde est petit. 3 500 amendements Jean-Frédéric Poisson a rallié Florian Philippot, lequel ne totalise que 1 % des voix. Pas de quoi envoyer un député à Strasbourg. Laurence Trochu, elle, a rejoint Marion Maréchal : elle obtient le cinquième et dernier siège de Reconquête ! au Parlement européen. Le programme de son Mouvement conservateur pour les élections est clair : « Prohiber toute promotion de l’euthanasie et du suicide à l’échelle européenne. »
Quelque 3 500 amendements ont été déposés depuis le début de l’examen du projet de loi « relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie ». Progressistes et conservateurs ont bataillé ferme. Les derniers s’évertuant à compliquer la procédure d’aide médicale à mourir pour la rendre difficile à mettre en œuvre. Le Rassemblement national a même souhaité interdire l’intervention du personnel médical dans l’administration de la substance car « la vocation des médecins et du personnel soignant : soigner et non tuer » (amendements 3347 et 3348). Logique : pour la droite dure et ses alliés américains, un médecin qui accomplit une IVG ou qui aide à mourir dignement est un assassin... C’est dire si ce projet, qu’attendaient les Français, sera bien sûr enterré en cas de victoire aux législatives anticipées du RN. Un parti historiquement défavorable au droit de mourir dans la dignité, et qui n’a pas changé.
* Sondage Ifop pour l’Association pour le droit de mourir dans la dignité.
BIO EXPRESS
Mark Lee Hunter est un journaliste d’investigation américain. Il est membre fondateur du Global Investigative Journalism Network. En 2023, il publie avec la journaliste Angèle Delbecq et le professeur de médecine et député honoraire Jean-Louis Touraine « Pour Sophie et tous les autres, enquêtes pour le droit de choisir sa mort », dédié à sa femme, morte de la maladie de Charcot en 2021.
par Angèle Delbecq
par Mark Lee Hunter
La dissolution vient de mettre un coup d’arrêt à l’examen du projet de loi sur la fin de vie. De quoi réjouir les ultra-catholiques qui s’y opposent en France, et tentent de peser sur l’Union européenne, appuyés par la Pologne ou la Hongrie. Anti-avortement, anti-euthanasie, anti-féministes, ils reçoivent le soutien de puissants mouvements américains pour placer des droites religieuses partout au pouvoir. Plongée au cœur d’un lobby réac qui tient peut-être sa victoire.
Neuf Français sur dix sont favorables à l’aide active à mourir, selon un sondage réalisé en mai*. Les députés s’apprêtaient à les écouter et à voter un projet de loi sur la fin de vie. Mais la dissolution a tout figé, et le texte est peut-être moribond. Ce serait un vrai gâchis. Car les travaux de l’Assemblée nationale ont même permis d’aboutir à un projet plus progressiste que celui proposé par le gouvernement.
La notion de « pronostic vital engagé », que même les médecins peinent à définir avec précision et qui exposerait à de nombreux contentieux, a ainsi laissé place à une condition de maladie « en phase avancée ou terminale » pour prétendre à l’aide médicale à mourir. Une évolution bienvenue au regard de certaines affections, telle la maladie de Charcot, dont la rapidité de progression est souvent imprévisible, mais qui a fait bondir l’association « pro-vie » Alliance Vita marrainée par Christine Boutin. Le 27 mai, ses troupes se rassemblaient devant le Palais-Bourbon, au premier jour de l’examen du projet de loi, pour protester contre ce texte « lourdement aggravé », comme l’a clamé son porte-parole, Tugdual Derville. Lors de son audition par la commission spéciale, en avril, l’ancien porte-parole de la Manif pour tous s’était déjà opposé à la version initiale et critiquait un texte « contraire à la liberté, comme à la fraternité ». Entendu également, le président de la Fondation Jérôme-Lejeune, Jean-Marie Le Méné, ne disait pas autre chose en le qualifiant de « texte de résignation ». Ces deux figures du militantisme pro-vie en France, traitées avec égards par les institutions politiques, comme en témoigne cette audition, ont été invitées à l’Élysée comme consultants sur tous les sujets bioéthiques. Une mansuétude qui étonne, tant l’opposition catholique conservatrice fait peu de cas des faits, voire diffuse de fausses informations au service de son idéologie. Elle clame, par exemple, que « 800 000 soignants » sont opposés à l’aide active à mourir. Un argument massue. Sauf que ce chiffre est une fiction. Il est issu d’une déclaration commune de treize organisations médicales opposées à l’euthanasie (et pas au suicide assisté, par lequel le patient réalise lui-même le geste létal) dont l’opposition a additionné le nombre d’adhérents, 800 000 au total. Excepté les représentants des organisations, aucun soignant n’a signé le document de sa main…
Lors d’un précédent rassemblement, le 21 janvier dernier, lors de leur traditionnelle « Marche pour la vie » à Paris, ils étaient quelques milliers, majoritairement des jeunes, à protester à la fois contre la constitutionnalisation de l’IVG et la légalisation de l’aide active à mourir. Après Jean-Marie Le Méné, acclamé par la foule, le président de la Marche, Nicolas Tardy-Joubert, résumait le sens de la mobilisation : « Protéger la vie, de sa conception à sa fin naturelle. » Un noyau dur de militants, peu nombreux et minoritaires, qui ne sont que la face visible et bruyante de réseaux dont la stratégie la plus efficiente est l’infiltration des hautes sphères publiques. D’où un pouvoir d’influence bien réel.
L’entrisme a permis à ces organisations pro- vie de siéger au Parlement européen.
La Fondation Jérôme-Lejeune, connue pour sa mission, essentielle, d’aide aux personnes atteintes de maladies génétiques affectant les capacités cérébrales, telle la trisomie 21, est ainsi un puissant acteur du lobby catholique conservateur en France. Avec un budget annuel d’environ 16 millions d’euros, la Fondation poursuit la mission du généticien éponyme, ami du pape Jean-Paul II et militant anti-avortement décédé en 1994. Elle a élargi son champ d’action à tous les sujets bioéthiques et pratique un militantisme légaliste. En la matière, elle n’a rien inventé. Son modèle se situe de l’autre côté de l’Atlantique, à Washington, et s’appelle l’American Center for Law and Justice (Centre américain pour le droit et la justice). Créé aux États-Unis en 1990, il promeut une idéologie pro-vie à travers des actions en justice, au moyen d’une importante manne financière. À l’origine de cette organisation, Pat Robertson, un célèbre télévangéliste, architecte de la transformation du Parti républicain américain en véhicule de l’agenda de la droite chrétienne évangélique. Un pasteur baptiste animé des décennies durant par sa lutte acharnée contre les minorités sexuelles et le féminisme, qu’il considère comme « un mouvement politique socialiste et antifamilial qui encourage les femmes à quitter leur mari, à tuer leurs enfants, à pratiquer la sorcellerie, à détruire le capitalisme et à devenir lesbiennes », écrit-il en 1992. Une influence restée intacte jusqu’à sa disparition il y a un an, à 93 ans, et qui perdure par-delà la mort… L’American Center for Law and Justice et la droite américaine n’ont pas dénoué leurs liens : l’actuel président de l’organisation, Jay Sekulow, n’est autre qu’un ancien avocat de Donald Trump, qu’il a notamment représenté lors de l’enquête sur l’ingérence de la Russie dans les élections américaines de 2016 et au cours de sa première procédure de destitution en 2020. Avec d’autres évangélistes radicaux, il a milité pour que Trump leur livre une Cour suprême qui mettrait fin au droit d’avorter aux États-Unis, puis pour faire passer des lois interdisant tout recours à l’IVG au niveau des États. L’euthanasie figure elle aussi parmi leurs cibles. Un lobbying puissant, qui fait école et dépasse les frontières. Notamment les nôtres.
Sa branche européenne, le Centre européen pour le droit et la justice, est en effet particulièrement active et dotée. Entre 2011 et 2021, elle a reçu près de 12 millions d’euros de sa maison mère américaine. La France lui doit en partie l’une de ses affaires les plus médiatiques des dix dernières années : le cas Vincent Lambert.
FRONT COMMUN FONDAMENTALISTE
C’est autour de cet homme de 32 ans, en état végétatif à la suite d’un accident de la route, et du déchirement familial au sujet de l’arrêt des soins que va se nouer l’alliance des conservateurs radicaux américains et français. Lorsque, après cinq ans de stimulations et de traitements infructueux, l’équipe médicale conclut à un acharnement thérapeutique envers son patient déclaré « en état de conscience minimale » et décide de le débrancher, les parents de Vincent, catholiques traditionalistes et militants anti-avortement, s’insurgent. Ils portent plainte et parviennent à faire rebrancher leur fils le 11 mai 2013. Dans leur combat, ils ne sont pas seuls : Jean-Marie Le Méné, le président de la Fondation Jérôme-Lejeune, les soutient.
Cette bataille judiciaire sera rythmée par de multiples arrêts et reprises du traitement, jusqu’au décès de Vincent Lambert, le 11 juillet 2019. Six ans de combat au cours desquels la Fondation Jérôme-Lejeune aura été déterminante, fournissant un soutien idéologique, mais aussi sonnant et trébuchant : « une grosse partie » des frais de justice de Viviane et Pierre Lambert, soit environ 100 000 euros par an, est prise en charge par la fondation, confie à l’époque Le Méné à l’AFP. Pour les assister, elle leur fournit aussi deux avocats, des ténors du catholicisme traditionaliste devant les tribunaux. Maîtres Jean Paillot, discret spécialiste du droit de la santé, et Jérôme Triomphe, connu pour avoir défendu le journal d’extrême droite Rivarol, des militants de la Manif pour tous ou encore Anne-Sophie Leclère, ex-candidate du Front national, condamnée pour avoir comparé Christiane Taubira à un singe.
En parallèle, le Centre européen pour le droit et la justice a permis de porter l’affaire Lambert devant les plus hautes cours d’Europe. Sur leur conseil, les parents de Vincent Lambert ont engagé des recours, en avril 2019, auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et du Comité international des droits des personnes handicapées, une instance de l’ONU. La première rejette le recours. Le second, lui, demande aux pouvoirs publics français de reprendre les traitements de Vincent Lambert, le temps de pouvoir trancher. La jubilation des militants anti-euthanasie s’arrête un mois plus tard, lorsque la Cour de cassation annule cette décision. Pour la cinquième et dernière fois, l’arrêt des traitements est autorisé.
Un échec pour le Centre européen pour le droit et la justice, mais un échec relatif. Grâce à l’affaire Vincent Lambert, l’opposition catholique conservatrice française a démontré sa capacité à faire front commun avec les franges les plus fondamentalistes des chrétiens américains. Remettre au centre du jeu politique leur idéologie signifie lutter contre le progressisme sur tous les sujets bioéthiques, à l’échelle européenne notamment.
UN JOLI PACTOLE
Et les forces pro-vie américaines, ce n’est pas ce qui manque du côté de Strasbourg… À quelque dix minutes à pied des bureaux du Centre européen pour le droit et la justice, on trouve le siège de l’Alliance Defending Freedom International (ADF), succursale d’une fondation ultra-conservatrice. Leur proximité n’est pas seulement géographique : leurs combats ne sont pas plus distants. Quand l’une tire sa devise de la Bible – « Justice et Droit sont l’appui de ton trône, Amour et Vérité marchent devant ta face » – et s’acharne à promouvoir le conservatisme chrétien, l’autre souhaite « restaurer la robustesse de la chrétienté des IIIe, IVe et Ve siècles », qui constitue « l’orthodoxie catholique universelle, désespérément cruciale pour le renouveau culturel ». Une période bénie… où le christianisme devint religion impériale ! Cette seconde organisation est l’une des plus influentes forces de l’extrême droite américaine. Elle est même classée comme groupement de haine par le Southern Poverty Law Center, chargé de traquer les courants extrémistes sévissant aux États-Unis. Parmi les nombreux griefs qui lui sont faits, citons son soutien à la recriminalisation des actes sexuels entre adultes LGBTQ consentants aux États-Unis et à l’étranger, sa défense de la pénalisation des personnes transsexuelles, le fait d’avoir affirmé que les personnes LGBTQ étaient plus enclines à la pédophilie, ou encore qu’un programme homosexuel détruirait la chrétienté et la société.
En 2021, selon ses déclarations au fisc américain, le budget d’ADF International s’élevait à 6 millions d’euros, six fois plus que le Centre européen pour le droit et la justice, soit 7 millions d’euros cumulés, envoyés par leurs maisons mères. Les filiales européennes représentent ainsi 90 % de leur activité internationale. Un joli pactole qui sert à financer leurs actions… en Europe, leur terrain de jeu de prédilection hors des États-Unis. Leur but ? Mettre la religion au pouvoir. Leur stratégie ? Infiltrer les institutions, puis nouer des liens d’information, d’intention et d’influence.
Tandis que l’ADF s’occupe de la formation de juristes, le Centre européen pour le droit et la justice profite de l’attachement du système libéral à la diversité des points de vue pour infiltrer les institutions européennes et internationales, et attaquer les progressistes devant les tribunaux. Il intervient auprès du Conseil de l’Europe – particulièrement à la CEDH – auprès du Parlement européen et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. En 2007, l’ONG obtient un statut consultatif spécial à l’ONU, avec le soutien du gouvernement conservateur de George W. Bush. Il y rejoint la Fondation Jérôme-Lejeune, qui bénéficie également d’un statut officiel au Parlement européen en raison de son expertise sur la trisomie 21.
C’est ainsi que le directeur de le Centre européen pour le droit et la justice, Grégor Puppinck, s’est offert une tribune au Sommet transatlantique de Budapest, le 27 mai 2022, où il a déclaré, devant des représentants des gouvernements conservateurs du monde entier et des membres d’organisations catholiques partenaires : « Nous, chers conservateurs, sommes les seuls à pouvoir sauver les droits de l’homme de l’autodestruction. Parce que nous acceptons que Dieu existe, et qu’il a établi une loi naturelle en nous et au-dessus de nous qui est véritablement universelle et bonne. » L’événement était soutenu par le puissant think tank conservateur Heritage Foundation, et plusieurs autres émanations de MAGA (Make America Great Again, bannière des pro-Trump).
Autrefois marginalisés, ces acteurs réactionnaires bénéficient aujourd’hui du soutien d’États conservateurs de l’Union européenne, favorables à leur intégration. Parmi eux figurent notamment la Hongrie et la Pologne, où le Centre européen pour le droit et la justice est influent. Il s’agit là d’une évolution notable, selon Laurence Burgorgue-Larsen, professeur de droit public à la Sorbonne : « Historiquement, ce sont les ONG libérales qui ont toujours été ultra-puissantes [à la CEDH], intellectuellement et quantitativement. Maintenant, peut-être ont-elles toujours l’avantage quantitatif, mais l’avantage qualitatif, tout doucement, est en train de changer de bord. » C’est ainsi que le Centre européen pour le droit et la justice a la possibilité d’alerter l’ONU sur les « violations des droits de l’homme » en France, comme il l’a fait dans des observations publiées en 2022. Cette année-là, le délai pour une IVG était passé de douze à quatorze semaines. Un pas dans le mauvais sens pour ces opposants, tout comme « la volonté affichée de la France de légaliser l’euthanasie », qui préoccupe l’organisation.
Peu à peu, l’entrisme a permis à ces organisations pro-vie de siéger au Parlement européen. L’un des membres du Centre européen pour le droit et la justice, Christophe Joseph Foltzenlogel, est ainsi le secrétaire de la Fondation Sallux, issue de la Fondation politique chrétienne européenne, un parti politique diffusant les valeurs chrétiennes, produit d’une coalition de partis nationaux. Son représentant français n’est autre que Jean-Frédéric Poisson, président du parti Via, la voie du peuple, créé par Christine Boutin sous le nom de Forum des républicains sociaux, et rebaptisé en 2020. C’est à l’ex-ministre du Logement de Nicolas Sarkozy, présidente d’honneur de Via, que l’on doit également Alliance Vita. Quant à Jean-Frédéric Poisson, il se situe en troisième position sur la liste des Patriotes, menée par Florian Philippot aux européennes.
Pour contrer la Convention citoyenne sur la fin de vie – une initiative d’Emmanuel Macron qui a réuni 184 citoyens pour réfléchir aux potentielles évolutions de la loi, entre décembre 2022 et avril 2023 –, Via s’est associé à Reconquête ! et au Mouvement conservateur, parti né de la Manif pour tous. Ils ont formé alors la Convention des droites contre la légalisation de l’euthanasie, constituée des « trois seuls partis qui défendent une ligne claire et unie » contre l’aide active à mourir, s’est vantée la présidente du Mouvement conservateur, Laurence Trochu. Parmi leurs intervenants figuraient des représentants d’ADF et du Centre européen pour le droit et la justice Le président de ce dernier, Grégor Puppinck, était également intervenu deux mois plus tôt à un colloque du sénateur Reconquête ! Stéphane Ravier (condamné récemment pour prise illégale d’intérêts), où Laurence Trochu était présente également. Le monde est petit. 3 500 amendements Jean-Frédéric Poisson a rallié Florian Philippot, lequel ne totalise que 1 % des voix. Pas de quoi envoyer un député à Strasbourg. Laurence Trochu, elle, a rejoint Marion Maréchal : elle obtient le cinquième et dernier siège de Reconquête ! au Parlement européen. Le programme de son Mouvement conservateur pour les élections est clair : « Prohiber toute promotion de l’euthanasie et du suicide à l’échelle européenne. »
Quelque 3 500 amendements ont été déposés depuis le début de l’examen du projet de loi « relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie ». Progressistes et conservateurs ont bataillé ferme. Les derniers s’évertuant à compliquer la procédure d’aide médicale à mourir pour la rendre difficile à mettre en œuvre. Le Rassemblement national a même souhaité interdire l’intervention du personnel médical dans l’administration de la substance car « la vocation des médecins et du personnel soignant : soigner et non tuer » (amendements 3347 et 3348). Logique : pour la droite dure et ses alliés américains, un médecin qui accomplit une IVG ou qui aide à mourir dignement est un assassin... C’est dire si ce projet, qu’attendaient les Français, sera bien sûr enterré en cas de victoire aux législatives anticipées du RN. Un parti historiquement défavorable au droit de mourir dans la dignité, et qui n’a pas changé.
* Sondage Ifop pour l’Association pour le droit de mourir dans la dignité.
BIO EXPRESS
Mark Lee Hunter est un journaliste d’investigation américain. Il est membre fondateur du Global Investigative Journalism Network. En 2023, il publie avec la journaliste Angèle Delbecq et le professeur de médecine et député honoraire Jean-Louis Touraine « Pour Sophie et tous les autres, enquêtes pour le droit de choisir sa mort », dédié à sa femme, morte de la maladie de Charcot en 2021.
Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Oui sans doute que la gamine juive violé l'a été en raison du succès du RN aux Européennes. Non sérieusement c'est vrai qu'avant la victoire du RN aux européennes les agressions physiques, parfois mortelles, n'étaient pas du tout monnaie courante et la France était un havre de paix.nikola a écrit : 21 juin 2024, 17:17Il suffit de voir ce qui se passe alors que le FN n’a même pas de premier ministre.

Une moitié très importante, aussi importante que la moitié économique. De mon côté je prend en compte les deux, la deuxième moitié celle économique, étant la désindustrialisation. Le problème ce qu'on ne peut minimiser ni l'un, ni l'autre. Or autant je ne minimise pas la catastrophe de la désindustrialisation, autant tu cherches à minimiser celle provoquée par l'immigration. Minimiser et surtout diaboliser voir même nazifier, via l'usage de divers épouvantails, ceux qui osent l'adresser sans tabou.nikola a écrit : 21 juin 2024, 17:17Encore une fois, c’est la moitié d’une des raisons de sa hausse mais tu ne vois que ça.

Or c'est bien joli mais justement tenter de diaboliser le RN car celui-ci s'appuie également sur la question migratoire et sécuritaire comme tu le fais mordicus ici, c'est justement la stratégie débile qui ne marche plus, donc comme toujours ne change rien, il faut continuer avec les références des heures sombres du bruit des bottes.

Le début de l'article échoue car factuellement on en revient toujours à le menace qui a réellement tuer massivement, la menace qui mener à butter des gamins juifs en bas âge à bout portant.
Lien vers l'article j'ai la flemme de chercher. Mais comme déjà dit sûr que dans un contexte d'insécurité en augmentation des groupuscules d'ultra-droite vont avoir le vent en poupe, et cela était le cas bien avant la victoire du RN aux européennes, car cela est la conséquence du laxisme des gouvernement successifs en matière d'immigration et de sécurité. On transforme la France en coupe gorge, on la libanise, et après on chouine parce que dans tout ce bordel et identitaire et sécuritaire des autochtones se radicalisent et alimentent diverses milices extrêmes anciennes ou nouvelles. Devine quoi si on adresserait les problèmes migratoires et sécuritaires jamais ces groupuscules n'auraient le vent en poupe, mais si la balkanisation se poursuit leur succès sera inévitable.nikola a écrit : 21 juin 2024, 17:17Et puisque tu es abonné à Marianne, le numéro d’hier dit la même chose (sur moins de signes).

Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Si vous croyez que ça changera quoi que ce soit...Attention, mille malheurs vont s’abattre sur la France !![]()
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Re: L'extreme-droite au pouvoir aux prochaines éléctions présidentielles françaises ?
Ca devient répétitif. Tu devrais cesser d'instrumentaliser cette pauvre gamine pour ta cause, cela devient indécent.
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