Les avances de l'armée ukrainienne sont impressionnantes, de vitesse, d'étendues et d'efficacité.
+ de 8000 km2 pris aux russes en une semaine dans le nord-est.
+ de 500 km2 dans la province de Kherson.
Voir
Phillips O'Brien ou
Thomas C. Theiner (liens twitter) pour un suivi régulier de la situation.
Je ne parlerai pas des réussites et des remarquables organisations des ukrainiens, mais davantage des lacunes considérables des russes.
Ces avances sont marquées par plusieurs points significatifs:
- Très pauvre efficacité des renseignements russes.
- Très pauvre efficacité générale de l'armée russe.
- Très pauvre mobilité de l'armée russe.
- Absence de réaction notable de la part des russes : par ou très peu de renforts, pas ou très peu d'interventions aériennes.
- Quantité impressionnante de matériels abandonnés (voir
Ukraine Weapons Tracker pour plus de détails et d'images)
Ceci pour plusieurs raisons déjà évoquées:
- Corruption généralisée de l'appareil militaire russe (voir
cette série de 4 threads twitter de ChrisO. Très détaillé, instructif et... terrifiant).
- Incompétence du commandement.
- Efficacité et disponibilité très faible des armes "de pointe" des russes (aviation en particulier).
- Moral très faible dans l'armée russe.
- Capacités de maintenance très faible. Une bonne partie du matériel est abandonné pour des pannes somme toute assez minimes.
- Gros problèmes logistiques. Les troupes sont mal approvisionnées. ceci dus au problèmes d'organisation logistique systémiques de l'armée russe et aux bombardements précis des Ukrainiens détruisant systématiquement les dépôts de munition et axes logistiques depuis mi juillet.
Ce qui reste le plus problématique est l'absence de réaction militaire, en dehors des bombardements d'infrastructures civiles un peu partout en Ukraine. (infrastructures en général remises en fonctionnement dans la journée).
Cela ne sent pas bon du tout pour la Russie.
Si on rajoute d'autres nouvelles :
- La Russie n'arrive pas à incorporer / entraîner de nouvelles troupes. Sa fameuse
3eme armée reste complètement invisible.
- Le budget russe passe en négatif, du aux réductions d'export d'hydrocarbures :
Russia’s budget surplus evaporates as energy revenues shrink (Financial Time du 12/09).
- L'industrie militaire russe ne suit pas :
As Ukraine counterattacks, Russia’s military facing steep artillery, resupply challenges (Breaking Defense 11/09)
À tel point que la Russie se voit contrainte d'acheter des drones en Iran et des munitions en Corée du Nord et (tente) de remettre en service du matériel des années 50/60.
- Les tarifs internationaux du gaz sont en baisse, malgré les menaces et coupures de gazoducs (
prévision de baisse de moitié des tarifs)
Cela devient particulièrement critique.
À tel point que la possibilité de l’effondrement général des forces russes devient une hypothèse crédible :
Ukrainian Successes Raise Russian Collapse to Realm of Possibility (Bloomberg 12/09).
Mais en Russie, le pouvoir s'accroche, nie toute difficulté et les contestation internes reprochent au pouvoir d'avoir été trop tendre en Ukraine.
Le meilleur (et seul) moyen d’arrêter cette guerre rapidement et d'éviter au maximum les pertes humaines est de fournir les armes nécessaires à l'Ukraine qui réglera le problème en moins d'un an (y.c. la Crimée)
Note : concernant le risque nucléaire, à part des menaces on ne voit rien. Encore un fois, la Russie brille par ces menaces qui ne s'appuient sur rien.
Intérêt pour la Russie d'employer des armes nucléaires tactiques en Ukraine : Aucun.
- Aucun intérêt militaire, il n'y a pas de concentration de troupes suffisantes.
- Réaction forcément négatives de tous (sauf p.e. de la Corée de Nord), y.c. de la Chine qui n’appréciera pas du tout. La Russie sera mise au ban des nations.
- Réaction (conventionnelle) des US et de l'Otan (sinon ça pourrait donner des idées à certains) : interdiction aérienne sur l'est de l'Europe et l'Ouest de la Russie. Destruction d'objectifs militaires en Russie.
(et vu l’échec de l'aviation et des systèmes anti-aériens ruses, ça ne posera pas beaucoup de soucis)
Mais bon, qui sait ce que peut faire un Poutine acculé...