Salut Dave,
Dave a écrit :il n'avait à peine que 23 ans quand il a entièrement composé cette pièce
Le rock progressif, il faut le dire, était, malgré les apparences, une musique de jeunes.
La précocité, cela dit, n'est pas rare en musique. C'est peut-être parce que…
« avant de savoir parler, on sait déjà fredonner », comme disait
Enrico (j'ai mis un lien, mais on n'est pas forcé d'écouter - si on m'avait dit que je citerais Enrico Macias en parlant de rock progressif et de musique classique…).
Une œuvre musicale se déroule dans le temps. La musique est donc un mode d'expression par nature dynamique.
Alors qu'une œuvre picturale, qui se contente d'occuper un espace, en outre soigneusement délimité, exprime peut-être une créativité plus
« statique » (d'ailleurs ne dit-on pas
installer une exposition).
Cette distinction, cependant, n'est pas toujours pertinente…
Vidéo au bon soin de SooCurious! sur un swing gentillet de Matteo Negrin
La musique est ainsi l'art qui, de façon privilégiée, accompagne le mouvement : danse, théâtre, gymnastique, voire patinage…
Et donc, bien sûr, cinéma.
Pendant longtemps, les musiques de film furent d'inspiration essentiellement classique.
Les maîtres, d'ailleurs, ont mis eux-mêmes la main à la pâte.
Richard Strauss, par exemple, à adapté en 1925 la partition de son opéra
Le Chevalier à la Rose, pour accompagner le film muet éponyme de Robert Wiene. Il l'a d'ailleurs dirigé en personne pour la première, à Dresde.
En voici
un extrait, avec, justement, l'orchestre de Dresde.
Pour voir le film entier, reconstituer le saucisson à partir des tranches de YouTube:
La référence musicale reste ici quand même très XIX
e siècle (pour une histoire se déroulant au XVIII
e). Mais avec le parlant, c'est le style symphonique du XX
e siècle qui s'imposera à Hollywood, jusque dans les années 50.
Exemple : le thème de
Laura composé par
David Raksin pour le film mythique d'Otto Preminger (1944) :
- Thème principal illustrant un condensé de toute l'histoire en 4 mn 25 (LQ).
- Suite originale, comportant les diverses variations, du tragique au léger, dirigée par Alfred Newman.
- Étonnant mixage mêlant l'œuvre avec le Daphnis et Chloé de Ravel (1912 - pour retrouver le passage de Ravel intact, c'est ici).
Dans un style assez proche,
Franz Waxman apporta en 1951 son sixième Oscar au film
A Place In The Sun de George Stevens, grâce à sa partition d'un lyrisme échevelé, bien mise en valeur dans
ce montage (qui sera sans doute, celui-ci, particulièrement apprécié des dames).
Cette fois, c'est avec
Shostakovich qu'une communauté d'inspiration a été trouvée, plus exactement sa
11e symphonie, composée en 1957, soit six ans après la sortie du film.
Romantisme, drame, suspens…
Pour le paroxysme de la tension, le maître reste cependant, bien sûr,
Bernard Herrmann, immortalisé grâce à ses compositions pour Alfred Hitchcock. Exemple :
Vertigo (1958).
C'est avec un autre russe que l'on peut déceler ici une parenté, en l’occurrence
Prokofiev, et sa
Danse des Chevaliers (ballet Roméo Et Juliette, 1935).
Les années soixante sont le point de rencontre d'une multitude d'influences. Les plus classiques ne manquent pas, comme en témoigne le thème de
Camille composé par
George Delerue, pour
Le Mépris de Godard (1963 - certaines images peuvent heurter la sensibilité du spectateur)
Passons donc à quelque-chose de plus gai : au début des années soixante-dix, sort une bluette cinématographique de légende :
Peau d'Âne.
On connaît les chansons de
Michel Legrand, mais elles font oublier l'arrière-plan musical, on ne peut plus classique, comme en témoigne le
générique (suivi des scènes du prologue).
En laissant aller la bande on retrouve tous les airs connus, mais en zappant on peut (re)découvrir d'abord quelques instrumentaux, comme la
Fugue du Prince à
21:13, suivie du medley
Loin du Château Bleu et suivants.
Petit aparté sur les interprètes :
Comme on le sait, ce ne sont pas Jacques Perrin et Catherine Deneuve qui chantent dans les films de Jacques Demy, mais
Jacques Revaux et
Anne Germain.
On peut entendre la voix cristalline de celle-ci dans un nombre considérable de films, séries, émissions, et publicités de ces années-là.
Quant à Jacques Revaux, après avoir échoué à s'imposer sur le devant de la scène, il s'est rattrapé en composant la musique d'une multitude de tubes pour les plus grands chanteurs, dont une bonne part des standards de Michel Sardou. Mais également, avec Claude François, la rente éternelle et plus grosse recette de la Sacem :
Comme d'habitude (My Way).
Bonne pioche.
Malheureux en amour ? Heureux au jeu…
Huguette Duflos, Gene Tierney, Liz Taylor, Kim Novak, Brigitte bardot, Catherine Deneuve… cela méritait bien quelques envolées romantiques.
Mais même sans pin-up à illustrer, les adeptes de « la fusion » sont nombreux parmi les compositeurs contemporains. Parmi eux, bien sûr, le moindre n'est pas
Ennio Morricone. Pour preuve, par exemple, le film
Mission de Roland Joffé (1986).
On pourrait évoquer aussi
Vladimir Cosma,
Alexandre Desplat,
Howard Shore,
Steve Jablonsky, et tant d'autres, mais l'ambiance n'étant déjà pas très folichonne dans l'ensemble, et en attendant peut-être une chronique spéciale sur les classiques rigolos…
Après avoir parlé de classique tout court, de classique dans la pop, de classique dans le cinéma…
Abordons donc le classique dans le cinéma pop.
Un bel exemple :
Pepperland, une des images musicales du film Yellow Submarine composées par
George Martin, le producteur et arrangeur des Beatles.
Et puisqu'on est là, terminons donc par ce revigorant épilogue :
Yellow Submarine in Pepperland