Kraepelin a écrit : 15 juin 2020, 19:24
Je vous crois sur parole. Il est très possible que des organisations policières aient pris les problèmes de discrimination en main plus tôt qu'ici et soient parvenue à circonscrire le racisme jusqu'à l'éteindre ou le rendre invisible. Mais, reconnaissez que votre expérience est très "localisée" et, d'aussi loin de Montréal, je vous trouve bien téméraire de défendre aveuglément le SPVM contre mes affirmations en les qualifiant de "diffamatoires".
Personnellement, je suis très indulgent avec les policiers. Ils ont un travail difficile à faire et, à la fois confrontés à la violence et obligés eux-mêmes d'en faire usage, ils ne peuvent pas éviter complètement les débordements. Aussi, lorsque je parle "racisme grossier" des policiers du SPVM, c'est parce qu'il n'y a pas d'autres mots pour le décrire.
Bien sûr, tous les policiers du SPVM ne sont pas racistes. Il faut cependant parler d'une "culture" qui favorise le racisme parce que, contrairement à votre équipe, les policiers de Montréal peuvent impunément afficher leur racisme devant leurs collègues sans risquer d'être dénoncés ou même désaprouvés par ceux qui ne partageraient pas ces préjugés et cette étroitesse d'esprit.
Je ne parle effectivement que de la police belge.
Néanmoins, pour avoir rencontré des policiers de beaucoup d'horizons, je ne pense pas que la mentalité de la police diffère de celle de la population d'un pays.
J'ai donc réagis à votre affirmation.
Kraepelin a écrit : 13 juin 2020, 21:00
La société québécoise n'est pas "raciste" ou xénophobe, mais certaines institutions (la police) entretiennent une culture qui conduit au racisme et à la xénophobie à une échelle qui fait peur.
Parce que j'ai rencontré du racisme et de la xénophobie au Québec aussi.
Je ne vais pas faire la comparaison historique entre nos deux sociétés, je laisse ça à plus compétent que moi. Mais je suis persuadé que nos histoires respectives influent évidemment sur notre culture.
Et je ne défend pas spécifiquement les services de police canadien que je connais mal, je réagissais parce que "la Police" ne peut à elle seule entretenir une culture raciste dans un pays. Elle peut éventuellement, selon moi, être le reflet, par l'agissement de certains de ses membres de la culture du territoire dans lequel elle évolue.
Si un sociologue se penchait sur nos deux sociétés, peut être y trouverait il la raison des différences entre les services de police de celles ci. Et autour de moi, je vois des différences de philosophie avec la police française, luxembourgeoise, allemande, néerlandaise, qui sont nos proches voisins.
Et déjà, dans mon propre pays, le comportement et la mentalité de la police divergent certainement de villes en villes. Parce qu'il est laissé aux états majors des différentes zones de police le choix des moyens de gérer la police de proximité. S'adaptant à chaque population, un policier de Gand ou Charleroi aura une autre vision que moi travaillant à Bruxelles.
Et je précise que le racisme existe en Belgique, et donc forcément au sein de nos services. Essayer de l'éradiquer est peine perdue à mon avis. On peut le sanctionner, et informer / éduquer le personnel. C'est ce qui est fait. C'est déjà bien, et j'espère qu'on fera encore mieux dans le futur.
Kraepelin a écrit : 15 juin 2020, 19:24
Herwingen a écrit : 15 juin 2020, 09:53
Nous sommes appelés lorsque quelqu'un à besoin d'aide, est témoin d'une situation délictueuse, subit un conflit de voisinage, etc...
Bref nous sommes en contact avec la population dans des situations problématiques.
Notre vision de la population est biaisée, nous ne rencontrons pas assez la population qui ne pose ou ne subit aucun problème. on peut vite conclure que rien ne va dans la société.
Je partage votre intuition. Il n'y a probablement pas plus de policiers racistes à l'embauche. C'est la confrontation avec des éléments criminalisés des communautés visibles qui alimente un racisme "réflexe" chez des individus mal préparés.
Je ne parlerai pas d'un racisme réflexe systématiquement.
Il y a de mes collègues qui gèrent le stress d'une intervention peut être moins bien, ou différemment à cause de leur caractère, vécu,...
L'insulte envers un civil, est plus courante qu'un racisme réflexe.
Et je pense selon mon expérience, que l'insulte porte sur les différences visibles.
Cela commence dans les cours de récréation, ou les enfants insultent un camarade de classe par rapport à ses vêtements, sa coiffure, son apparence en général, ses origines, son élocution, ses résultats scolaires, bref, il y a mille façons d'insulter, mais dans l'insulte je pense que le but est de blesser.
Je pense que lorsqu'un policier, pour l'avoir vu, mais ce n'est pas une généralisation, juste un témoignage qui n'a aucune valeur, insulte un suspect sur son origine c'est d'abords pour le blesser. Et peut être est ce à cause d'un besoin de défoulement dû au stress de l'intervention. Ce qui reste inacceptable, entendons nous.
Pour ma part, et personne n'est obligé de me croire, j'essaie de rester correct avec tout le monde. Il m'est pourtant arrivé d'insulter des gens. Passer deux heures avec un détenu qui vous hurle dessus, pour l'emmener voir un médecin avant une mise en cellule tape assez sur les nerfs. Parfois on est pas d'humeur, et des mots sont lâchés. Nous restons humain, avec des faiblesses. Ça ne m'est pas arrivé souvent heureusement. Moi je perds plus facilement mes nerfs avec des gens en état d'ivresse. Mais je me soigne.
Et pour le seul qui ait porté plainte contre moi; qui avait eu un accident en état d'ivresse; j'avais gardé mon calme durant l'intervention, et tout était clairement explicite dans les différents Procès Verbaux dressés contre lui. Je n'ai pas été inquiété.
C'était un officier de gendarmerie pensionné qui avait juré de me faire virer.
A la lutte contre toute forme de discrimination au sein de nos services, s'ajoutent des formations pour conscientiser les membres au stress et à sa gestion. Avec les formations continuées en technique d'intervention, elles tendent à lutter contre la violence réflexe des policiers dans certaines interventions. Ce qui selon moi arrive plus souvent que l'expression d'un racisme.
Dans mon vécu de terrain, les cas où des collègues se comportaient "mal" (de l'insulte à la violence) étaient en majorité une "violence réflexe".
Et on ne s'en rends pas toujours compte.
En formation, nous devions réagir à une attaque de couteau, et dans l'élan j'ai traité mon formateur de connard. Alors que je n'avais aucune certitude à ce sujet
Depuis je fais mieux attention à ça.
Cordialement