Pakete a écrit :
Plus précisément, il prend racine lors de la Renaissance, porté par des intellectuels (croyants ou non) redécouvrant... L'antiquité...
Non, l'antiquité est redécouverte bien avant la renaissance. Le retour des textes de philosophies grecs se fait dès la fin du XIIème siècle, notamment avec le début des croisades et le développement du commerce méditerranéen, qui crée une zone de contact entre nord chrétien et sud musulman via l'Italie, l'Espagne... qui n'est plus rendus hermétiques par la difficulté de circulation du savoir inhérente à la société rurale du haut moyen-âge.
C'est surtout le XIIIème siècle lors de l’expansion de l'occident chrétien, qui empiète sur l'est de l’Europe et notamment la sphère byzantine qui verra le retour de manuscrit grec en occident.
Cela dit, c'est faux de dire que le moyen-âge ne connaissait pas l'antiquité. La plupart des connaissances médiévales sont le fait de commentaire de textes anciens et plusieurs idéologies médiévales sont le fait d'évolution de pensées antiques. Certaines figures héroïque de l'antiquité avait encore audience au moyen-âge (voir la symbolique de Constantin, César, Alexandre, Néron...)
Simplement la plupart sont issus de l'occident romain et non de l'orient grec, si bien qu'il n'y a pas perpétuation d'une partie de la connaissance, hors des murs des monastères et des Eglises, au contraire de l'empire byzantin qui perpétue cette part de l'empire (qui d'ailleurs conserveront une partie de ce savoir que les laïcs, quittant la sphère urbaine et l'élite intellectuelle pour laisser la place à la sphère rurale et l'élite militaire et terrienne, abandonnera).
Il y a aussi une utilisation par le politique de la religion. Que ce soit les princes ou le pape, tous privilégieront les monastères et les vassaux ecclésiastique qui font contrepoids aux vassaux nobles dont la fidélité est plus incertaine et l'indépendance, un problème pour la stabilité des royaumes. De ce fait, la principale source de rayonnement culturelle sera religieuse, mettant en exergue l'étude de la Bible et des textes sacrés sur l'étude d'autres sujet.
Après le XIIème, l’opulence des moines choquent la population et le développement des villes donnent un contrepoids aux princes sur les féodaux qui ne les obligent plus à dépendre du Pape, dont le pouvoir s'affirme. De ce fait, on assiste à la fois à une apparition d'ordre mendiant, qui oeuvrent dans le prêche et par la suite dans les universités et d'une élite urbaine en réseaux plus dense. Le changement de la société entraine aussi celui de l'ordre féodale qui amène la noblesse à être surtout terrienne et moins militaire (on a tout un système de perversion du système de vassalité au profit des vassaux qui maximisent les fiefs en jurant fidélité plusieurs fois, compliquant les guerres et augmentant l'utilisation de mercenaire) et à se tourner aussi vers d'autres occupations.
La redécouverte de la philosophie et de la science grecque commence d'abord dans les monastères (lisez par exemple les commentaires de François d'Assise sur la philosophie d'Aristote à partir des commentaires qu'en avait fait les arabes.) et les universités qui sont des lieux affiliés à l'Eglise. Elle est d'ailleurs l'objet de très vive controverse (Occam, par exemple, qui soutenait la raison face à la foi alors que François d'Assise faisait de la foi l'élément supérieur à la raison.)
C'est de ce climat d'effervescence, parce que la structure de la société change pour se ré-urbaniser et se centraliser et permet donc la résurgence d'une élite urbaine d'officiers et de bourgeois (dans le sens d'élu des bourgs) qui, parce que proche géographiquement, échange des idées, parce que les universités crée l'interface entre la connaissance détenue par les ecclésiastiques qui la préserve et les laïcs, que la renaissance arrive.
La renaissance n'est pas arrivée d'un coup d'un seul comme un coup de baguette magique pour remplacer l'obscurantisme médiéval. C'est un ensemble de processus liée au transformation de la société permettant le retour d'élite urbaine capable de créer des réseaux de connaissances et un renouveau dans la représentation de l'élite et les codes qui font la noblesse qui permette la diffusion des débats qui, quelques siècles auparavant, n'animait que l'Eglise.
L'humanisme hérite des débats religieux du XIIème et XIIIème siècle qui se rependront dans la société (ou du moins son élite) via les universités, les villes (ou les monastères ne sont plus isolés du monde)... les humanistes héritent de l'exégèse qu'on fait les clercs de la philosophie antique, tout comme les clerc ont hérité des commentaires arabes et byzantins.
Mais encore une fois, le fait qu'il y ait héritage ne veut pas dire que tout vient de la même source ou qu'il y a transfert. C'est un mécanisme avec évolution progressive: on ne passe pas d'une société où la théologie est reine et la philosophie le fait quasi exclusif des clercs à une société plus laïque ou les arts se développe sans qu'il y ait une influence et un héritage.
Les processus, surtout d'évolution culturelle, ne se font jamais par remplacement d'une culture sur l'autre, il y a toujours des éléments d'acculturation.
Rien de neuf, donc, juste de la récupération. Et donc aucun mérite...
Mais les processus culturels sont toujours le fait d'adaptation antérieurs et de récupérations. Et les reprises syncrétiques faites par l'Eglise de fête religieuse ne sont qu'un aspect de ce que le christianisme a tiré de l'antiquité et à transmit, par la suite selon sa propre interprétation.
Quand les grecs établissaient la philosophie du Stoïcisme qui influence le christianisme ancien, ils héritaient aussi de conception postérieure et d'apport étranger.
Les philosophes grecs héritent par exemple beaucoup des conceptions religieuses grecques dont ils donnent une interprétation plus philosophique. Ils traduisent en pensée et concept ce qui était du domaine des rites religieux ou de la culture citoyenne.
Par exemple quand les grecs décrivent un monde de géométrie et de mathématique, où le mouvement des planètes est immuables et l'ordre est dans l'univers, ils héritent de la conception religieuse grecque qui veut que la divinité ait "rangé" le monde en luttant contre le chaos.
Donc, quand Bernardo Gui écrit avec fierté qu'il a fait brûler plus de 500 personnes, d'avoir fait condamner des animaux (!), et avoir déterré des os pour les "détruire", c'est, pour vous, une preuve d'humanisme. Et c'est la faute des Laïcs.
Vous savez faire autre chose que des strawman ou il vaut mieux arrêter tout de suite la discussion. Ca vous ferait mal de commenter mes arguments plutôt que de sortir votre vision éculée et battue en brêche par l'historiographie depuis plus de quarante un d'un moyen-âge obscure et d'une renaissance lumineuse qui reviendrait à l'antiquité perdue et vue comme terre de bienfait.
Je n'ai jamais dit que l'inquisition était une bonne chose ou œuvrait avec humanisme. Mais les pratiques de l'inquisition en matière de déroulement de la justice et d'application des peines a influencé l'évolution de celle-ci et ont hérite encore aujourd'hui de cette évolution qu'elle a amorcée.
Ca ne veut pas dire que l'inquisition jugeait de la même manière qu'aujourd'hui.
Vous faites exprès de ne pas comprendre ce qu'implique le terme "héritage" pour vous laisser aller à des épouvantails faciles et c'est lassant. Le fait qu'on hérite du passé chrétien ne veut pas dire qu'on continue à envisager les choses avec le même dogmatisme et la même intolérance, mais on peut quand même constater la filiation.
Vous même, vous héritez de certaine façon de pensée enseigné par vos parents, ça ne veut pas dire que vous agissez pensé la même chose qu'eux sur le sujet. Parfois même, vous allez à l'opposé, mais au final, c'est par rapport à cet héritage que vous vous positionnez pas de manière ad hoc.
Est ce de "l'humanisme" de condamner une personne parce qu'elle pense différemment ? Fanatiser des armées pour massacrer des idées divergentes ?
Il n'y a rien de libertaire non plus dans la vision totalitaire de la justice révolutionnaire en France, ça n'empêche pas le pays d'hériter de certaines de ces conceptions et de juger la Révolution comme un moment de libération malgré tout.
La chrétienté, je le redits, ça n'est pas l'Eglise, tout comme la Révolution ça n'est pas les comités de salut public.
C'est un ensemble de courant très divers, d'organisation avec des buts parfois contradictoires. L'héritage laissé est à la fois une conservation de principe jugé valable, d'évolution d'autre et de rejet des autres. On a rejeté l'intolérance religieuse chrétienne, ça n'empêche pas de conserver sa manière d’appréhender le pardon.
Vous regardez l'histoire par le petit bout de la lorgnette de votre anticléricalisme, mais s'il peut être justifié de vouloir fermer les églises (et j'en serais franchement heureux d'un point de vue personnel), ça n'est pas une raison pour réécrire l'histoire, sans quoi on ne vaut pas mieux que les autres extrémistes qui entendent imposer leur idée ET instrumentaliser le passé pour qu'il valide à 100% leur thèse.