Salut Raphaël,
Raphaël a écrit :Si les loups n'avaient jamais existé, qu'est-ce qui te fait croire qu'elle aurait hurlé de la même façon ?.
Ben c'est exactement ce que j'ai voulu dire moi aussi en disant qu' elle aurait dit qu'elle hurle comme autre chose (mais cela implique implicitement aussi qu'elle n'aurait peut-être pas hurlé, mais plutôt gémis ou fait complètement autre chose, etc., je suis d'accord avec toi.). Je pense qu'on dit la même chose.
Raphaël a écrit :Et qu'est-ce qu'il y a de si exceptionnel à dire que quelqu'un hurle comme un loup (un animal que tout le monde connaît et qui peut facilement être imité)? .
Ben rien. Il m'est évident qu'on récupère tous (consciemment ou non) les concepts, les formes, les images et tout ce qu'on connaît. Que ce soit un chaman, un mystique, un artiste ou l'homme de la rue, nous pensons, nous rêvons, et nous nous exprimons en fonction de tout ce qui se trouve dans notre psyché/inconscient.
Raphaël a écrit :Peux-tu nous montrer des exemples de tracés d'encéphalogramme qui correspondent à des états d'esprit différents pour voir si ça se compare à ceux de Corine Sombrun?
Non et tu le sais. Avant tout, je rappelle deux choses : peu de personnes ici sont en mesure d'analyser et de se prononcer (en tant que professionnel) sur les EEG de C. Sombrun, mais cela n'empêche personne de partager leur humble avis (toi, Voyageur et Babel, entre autres). Je ne vois donc pas pourquoi je ne pourrais pas partager mon avis perso également. Aussi, dans la vidéo, on parle de similitude. Je ne sais si c'est à cause d'une mauvaise traduction, mais « similitude » n'est pas synonyme « d'exactitude ». Ce qui m'apparait clair, c'est que ces similitudes sont suffisantes pour intéresser les neuroscientifiques et pour se poser des questions. Mais n'oublions pas que cette expérience n'a pas encore permis de tirer aucune conclusion. Non?
Sinon, j'ose présupposer qu'un mystique en train de vivre une extase (ou autres) produira un EEG différent de quelqu'un qui est en train de lire un livre P. Ex. Non? Et que son activité cérébrale présentera probablement plus de similitude avec celui d'une personne vivant un trip profond sur le LSD qu'avec celui qui épluche des patates dans sa cuisine, non?. Mon propos est de dire qu'il m'apparait somme toute logique qu'on puisse constater des similitudes entre deux EEG à propos de personnes ayant des états d'esprit~conscience similaire étant donné qu'on observe des similitudes (qu'ils les provoquent ou les subissent).
Raphaël a écrit :D'après toi, si on demandait à un comédien de simuler une crise d'épilepsie pendant qu'on lui fait passer un électroencéphamme, est-ce qu'on obtiendrait un tracé similaire à celui d'un vrai épileptique?
Évidemment que non! Mais je te rappelle que son EEG n'est pas identique à celui d'un épileptique (ou autres pathologies). Ils disent trouver des similitudes avec 3 types de pathologie. Ce n'est donc pas comme si elle réussissait à émuler parfaitement une pathologie unique et spécifique.
Raphaël a écrit :Tu confonds état d'esprit avec état de conscience qui sont deux choses complètement différentes.
Je concède qu'il y a une nuance entre les deux, mais s’il est possible de trouver des similitudes d'EEG entre deux états d'esprit similaires (tristesse) il n'est alors pas surprenant de trouver des similitudes d'EEG entre des états de conscience similaires (transe/pathologie). Non?
Et il y a un truc que personne n'a encore relevé ici...
Pourquoi les transes chamaniques prendraient tout d'un coup plus de valeur (autre que subjective) que celle que nous leur attribuons présentement? Justement, si on constate que les EEG des chamanes présentent des similitudes avec 3 types de pathologie (dépressions graves, troubles maniaques et schizophrénie), il devient encore plus pertinent de se poser la question de la réelle valeur et utilité de ces transes chamanique, non? Si l'on trouvait des similitudes avec l'EGG d'un prodige de 5 ans qui compose des symphonies P. Ex., je dis pas, mais avec des gens qui perdent contacte avec la réalité (schizo), qui sont bipolaire ou en grave dépression, heu...? Pas de quoi inspirer la confiance quant à la valeur de ce qu'ils peuvent « réaliser~conscientiser » dans ce genre d'état non?
L'aspect le plus intéressant et nouveau de cette expérience est (à mon avis) de démontrer objectivement la capacité d'un sujet à pouvoir déclencher lui-même sa transe (mais encore, cela me paraissait prévisible et logique. Il m'était évident que les chamans décidaient parfois de produire leur transe). Sauf qu'il ne faut pas faire l'erreur de tirer comme conclusion que parce qu'il est possible de déclencher soit même des changements dans notre corps et notre cerveau que les perceptions et interprétations des sujets — lors de ces états modifiés — sont autres que celles perçues par des sujets atteints de pathologie et avec lesquels on constate des similitudes d'EEG.
À moins de penser que ceux qui sont atteints de dépressions graves, de troubles maniaques et de schizophrénie ont accès à des trucs utiles et fiables auxquels nous n'avons pas accès, je ne vois pas en quoi trouver des similitudes avec eux donnerait plus de valeur ou crédibiliserait ce qu’on peut percevoir en état de transe. En fait, je ne vois pas trop ce qu'ont peu en conclure, tout simplement.
Pourquoi discutons-nous de l'expérience de Corine Sombrun en fait? Les deux seuls éléments qui font qu'on en parle c'est qu'il y a similitude avec des pathologies et qu'elle semble pouvoir déclencher cet état par sa volonté, right? Des cas qui comportent ces deux éléments, il y en a d'autres. Nous pourrions faire un parallèle avec certaines personnes capables d'abaisser la fréquence de leur rythme cardiaque P. Ex. Mais le fait que certaines personnes puissent, en se relaxant et se concentrant, abaisser leur fréquence cardiaque par leur volonté et ainsi alors trouver des similitudes de « fréquence cardiaque basse » (ou d'ECG) avec une personne atteinte de pathologie comme la Bradycardie (P. Ex) démontrerait quoi au juste?
Si je comprends l'intérêt des neuroscientifiques pour le cas de C. Sombrun, je ne vois pas trop par contre ce que les mystiques (comme Voyageur) peuvent prouver ou justifier avec le fait qu'il y ait similitude avec des pathologies et que la volonté puisse les provoquer?
Raphaël a écrit :Et pourquoi ne pourrait-on pas trouver des réponses pour les autres? Tu dis toi-même que les expériences humaines sont universelles. Une solution qui est bonne pour l'un peut parfois l'être aussi pour un autre..
Je suis d'accord. Ce n'est pas parce qu'une personne fait des transes ou est atteint de schizophrénie qui lui est impossible de donner son avis (et donc potentiellement conseil) à propos de certaines choses. Comme n'importe qui, ils peuvent très bien voir juste à propos de certaines choses, selon les situations et les circonstances. Sauf que ça demeure subjectif et personnel. En rien ce n'est un gage de « vérité » pour autant.
Lorsque je dis que cela s'applique uniquement à certains types de questions, je veux dire que les chamans, les schizophrènes et les mystiques ne sont pas la cause de toutes les grandes découvertes objective et des avancées de la science (entre autres). S'ils avaient vraiment accès à un savoir « spécial », ce dernier ne se limiterait pas l'aspect psychologique de l'être ou aux questions d'ordre « metaphisyque » ou philosophique. Et curieusement, ce n'est que pour ce genre de « sphère d'application » qu'ils ont des « réponses » et « conseils ». Je pense que tout individu mature et équilibré (et qui possède une certaine expérience de vie) est en mesure de donner parfois de bon conseil à d'autres ou de réaliser des choses qui peuvent, personnellement, lui être utiles, qu'il soit chaman ou non.
Raphaël a écrit :Pas d'accord. Je pense au contraire que ça peut créer une ambiance mystique (ou magique) qui aide à établir le contact avec notre inconscient et nos émotions.
Ok, mais je n'ai pas dit que cela ne pouvait pas créer d'ambiance favorable pour communiquer avec notre inconscient. Pas conséquent, ton « pas d'accord » s'applique à un épouvantail que je n'aie pas émis. Effectuer un rituel avec toute sorte de bric-à-brac et de symboles peut aussi être un excellent moyen de créer une ambiance favorable pour faire toute sorte de liens ou entrer en état de conscience altérée. Ce que J'ai dit, c'est que ça créer tout un tas d'éléments non nécessaires qui tentent alors de se relier entre eux et qui fausse tout. Bien sûr que les symboles peuvent nous permettre d'entrer en relation avec notre inconscient et nos émotions, mais ce n'est pas pour autant que nous interprèterons correctement, car ces symboles peuvent justement évoquer plusieurs choses. Il y a plusieurs liens potentiels qui peuvent être effectués.
Si P. Ex. j'entre en transe ou que je fais un rêve dans lequel « un gros loup noir » semble vouloir m'attaquer, bien que ce symbole peut être représentatif d'une peur ou d'autres trucs inconscients en moi et concernant ma vie, il existe 36 façons (après la transe ou au réveil) d'interpréter ce symbole. C'est pourquoi que je dis que si les formes peuvent parfois être utile, elles sont aussi très peu fiables dans la mesure où elles sont tributaires des interprétations subjectives et personnelles des gens. Dû au fait que certaines sont associées culturellement à toute sorte de choses et qu'elles ont donc, forcement des connotations positives/négatives, il est alors facile de faire des interprétations selon tout ce qu'elles peuvent évoquer conceptuellement. Sans oublier que tout ne se passe pas qu'exclusivement pendant le rêve ou la transe. C'est souvent après coup que les gens interprètent et font plein de liens.
Raphaël a écrit :L'approche chamanique donne parfois des résultats là où l'approche rationnelle échoue.
Je formulerai autrement parce que ça ne concerne pas du tout que les chamans ou les mystiques : l'approche sensitive ou instinctuelle donne parfois de meilleurs résultats là où l'approche intellectuelle échoue. En effet, il arrive que dans certaines situations, le ressenti nous indique quelque chose d'évident alors que nous perdons du temps à nous perdre dans de multiple hypothèse intellectuel sans trop savoir quoi choisir. Mais l'erreur de certains consiste à ensuite opposer les deux de façon extrême et systématique en dénigrant l'une et en glorifiant l'autre. Ce n'est pas parce que quelquefois notre instinct~ressenti à raison qu'il ne se trompe jamais. On oublie souvent de considérer toute les autres fois où elle nous a aussi induits en erreur et où notre raison avait eu raison! Et acquérir le discernement de choisir quand se fier plutôt à l'un ou à l'autre est le travail d'une vie. Sauf que cela nécessite aussi d'avoir certaine connaissance de base à propos des biais, des fausses impressions et des tours que peuvent nous jouer nos ressentis et notre raison.