HarryCauvert a écrit :Bon matin, mécréants
J'ai toujours cru que le mot mécréant était une insulte synonyme de bandit, voleur ou autres. Mais étant donné que vous débutez souvent vos messages par des salutations « originales », j'ai été vérifier dans le dico et qu'elle ne fut pas ma surprise de constater que mécréant veut simplement dire : Personne qui n’a pas la foi. Incroyant. Je n'avais jamais fait le lien, mais maintenant je saisis qu'étymologiquement « mé » (tout comme dans les mots « mésentente » ou « mépriser », entre autres) signifie « mal » ou « mauvais » et que « créant » provient probablement de « croyant », « croire ». Un mécréant est donc un « mauvais croyant », un « incroyant » ==> un sceptique! À moins que, par extension et selon le contexte, vous pensiez plutôt à : personne de mauvaise foi? Ce qui serait logique, de pouvoir trouver notre interlocuteur de « mauvaise foi » dans le cadre d'un débat.
Bref, merci, j'ai appris quelque chose!
HarryCauvert a écrit :Explique-moi ça avec un cas concret
Tout comme en science, un seul cas ne fait pas lois! Donc, peu importe ce que je pourrai dire, si je parle spécifiquement d'un seul cas ou que je traite que d'un signe (religieux) en particulier, vous pourrez toujours me répondre que c'est une exception ou que ce n'est qu'un cas isolé et donc que ça ne représente pas un réel problème (et que la situation n'est pas généralisée). Et vous auriez raison!
HarryCauvert a écrit :Quels problèmes et conflits nous guettent si nous ne décidons pas, aujourd'hui, d'interdire le port de la kippa à ces personnes?
Ce n'est pas la kippa (ou tout autre signe, pris séparément) qui pose problème. Au-delà de ce que peuvent signifier ou représenter certains signes (comme le voile, entre autres) et du fait d'être d'accord ou non avec ce qu'ils évoquent symboliquement, moi, il m'est évident qu'il y a également un autre problème potentiel...
C'est surtout le fait que ce sont des signes distinctifs qui signifient tous l'appartenance à un groupe spécifique et particulier qui pose problème.

En réalité, qu'ils soient portés par des immigrés ou des autochtones (habitants de souches), cela n'a aucune espèce d'importance. Et il en est de même concernant
la spécificité de l'aspect religieux des signes et des groupes auxquels ils réfèrent. Mais il y a un autre aspect que les médias et l'Intelligentsia n'évoqueront jamais parce qu'ils se feraient probablement crucifier sur-le-champ et surtout parce que ça sort du cadre du débat et que ça concerne plus les sciences sociales : Le fait est que — dans la réalité — tout groupe, quel qu'il soit (religieux, politique, culturel, idéologique, artistique, etc.) tend inexorablement à se propager, à propager ses propres valeurs et principes, à protéger et à favoriser ses membres (parfois activement, parfois passivement, mais assurément, même tout à fait naturellement ou inconsciemment).
Des signes distinctifs au travail, nous en avons tous, ne serait-ce que parce que nos visages et vêtements diffèrent, mais, ce qui importe, c'est que toutes ces petites distinctions ou singularités ne peuvent pas être attribué facilement à des groupes ou mouvements très spécifiques (et représentant des idéologies, des cultures de pensées ou des religions). Le problème, c'est lorsqu'un signe (quel qu'il soit) permet d'être reconnue et associée à un groupe (surtout politique et religieux) en particulier (comme votre propre avatar, par exemple, qui tend à suggérer, avant même de vous lire, que vous n'êtes probablement pas un séparatiste

).
Vous vouliez des exemples?
Si, dans un endroit
X censé être neutre, censé représenter la neutralité (ou, du moins, dans lequel les employés ne sont pas censés favoriser une religion ou une autre), quelques employés portent un signe
Z, naturellement (la nature humaine étant ce qu'elle est):
— Les clients appartenant au groupe
Z reconnaitront immédiatement et instantanément les employées portant le signe
Z. Sans ce signe, il est beaucoup plus délicat et inapproprié (et donc difficile) de demander ou d'obtenir ce genre d'information lors d'un échange formel, officiel, professionnel ou commercial.
Donc, la possibilité de reconnaitre et de pouvoir repérer de vue et instantanément l'appartenance (religieuse ou politique) d'un employer d'État, de garderie, d'école, d'Hôpital ou autres, est déjà problématique en soi.
— les clients appartenant au groupe
Z préféreront être servis par les employés portant le signe
Z.
— les gens portant un signe
Z et qui recherchent un emploi iront naturellement où ils verront que certaines employées portent le signe
Z.
On peut déjà anticiper qu'à moyen ou long terme, une espèce de « ségrégation naturelle » pourra se créer en certains endroit ou dans certains centres spécifiques (CPE et garderies, entre autres). Les clients
Z qui observeront que la plus part des intervenants d'un CPE portent le signe
Z (et que plusieurs enfants le fréquentant appartiennent à la communauté
Z) irons naturellement d'avantage vers ces centres plutôt que vers d'autres (et vice versa).
— les employés
Z seront portés à favoriser les clients
Z, etc.
— lorsque plusieurs employées partageant
Z se seront rassemblées à un endroit, ils seront naturellement tentés (effet de groupe) à peut-être demander certains privilèges ou particularités concernant leurs religions
Z (espaces réservés, moments pour prier, congé spécial, etc.).
Bref, ai-je besoin de faire toute la liste des situations potentielles susceptibles de se produire dans tous les secteurs d'activité? Le professionnalisme et les compétences, c'est bien beau (dans un monde de Bisounours), mais dans la réalité, nous sommes tous humains et nous somme tous portés à interagir, à échanger, à favoriser, à privilégier (et à se rassembler avec) ceux qui nous ressemblent, qui partagent nos pensés, croyances et intérêt. Et, c'est d'autant plus facile lorsqu'on peut se reconnaitre immédiatement à cause de certains signes distinctifs évidents et qui représentent, sans équivoque, un « groupe » particulier. Ne pas tenir compte de ceci, sous prétexte que tout employé se doit d'être professionnel et impartial, c'est ridicule et c'est se mettre la tête dans le sable, àmha. Ce n'est pas pour rien que certains corps de métiers, écoles et collèges privés ont instauré le port de l'uniforme (les équipements de sécurité, on pourrait très bien les porter avec des vêtements standard de tous les jours). Non, l'uniforme (ou l'absence de signe distinctif faisant référence à des groupes précis) permet de favoriser une meilleure intégration et d'éviter plusieurs problèmes sociaux propres à la nature humaine.
Bien sûr, le mec qui tient commerce, qui vend des trucs ou fait des affaires, il peut bien faire ce qu'il veut et décorer son magasin, son commerce ou son entreprise comme il le souhaite et instaurer la culture d'entreprise qu'il souhaite, nous vivons dans des sociétés « libre ». Mais les services publics gérés par un État neutre, ne favorisant aucun parti politique, aucune religion et aucun groupe ou culture particulière, ne peut se permettre que ses employés (au nom de la liberté) portent des signes qui permettent de reconnaitre et d'associer instantanément un parti politique ou une religion. C'est une question de cohérence, de responsabilité et d'obligation en regard de ce qu'elle doit représenter. Et dans ce cas, la responsabilité et l'obligation, de ne rien favoriser (si ce n'est que par le port que certains signes peuvent suggérer) est prépondérant, à mon avis, aux droits et libertés individuels de ses employés.
Le simple fait que tout groupe, quel qu'il soit (religieux, politique, culturel, idéologique, artistique, etc.) tend inexorablement à se propager, à propager ses propres valeurs et principes, à protéger et à favoriser ses membres, etc, nous sommes « obligé », je pense (en tant société moderne et laïque) de tenir compte de ceci et d'entretenir un certain rapport de force avec tout ce qui ne l'est pas (en ce qui concerne l'État et ses services!).
Pour conclure et pourquoi je ne suis pas du tout d'accord avec l'avis de la commission...
— En regard de ce qui est sorti aux infos cette semaine (ici au QC), on saisit qu'il faut différencier la laïcité de l'état de la laïcité des citoyens, right!
— On comprend aussi qu'il faut différencier la laïcité de l'État de la laïcité de ses employés, right!
Par contre, la commission prétend que, pour éviter de faire de la discrimination, l'État ne peut empêcher ses employés de manifester l'expression de leur foi au travail étant donné que certaines religions exigent le port de certains trucs et qu'interdire ces trucs reviendrait à discriminer certaines personnes (parce qu'on tient compte qu'ils préféreront ou devront quitter leur emploi).Je comprends la logique et, dans un monde de bisounours parfait, peut-être, sauf, qu'en permettant aux employés de manifester l'expression de leur foi au travail, on créer nécessairement un autre conflit logique (avec la notion d'impartialité et de neutralité)...
Oui, car si l'on permet ceci à cause qu'on admet que certaines religions obligent leurs fidèles à porter des trucs et qu'interdire ces trucs reviendrait à discriminer ces fidèles (parce qu'on comprend qu'ils devront quitter leur emploi pour manifester l'expression de leurs fois) comment alors prétendre à l'ensemble des citoyens, à la population, que ces mêmes employés seront en mesure d'être impartial et d'appliquer une parfaite neutralité (sous prétexte qu'ils seront capables de faire preuve de professionnalisme) alors que pour ne pas les discriminer, on se base justement sur le fait que leurs convictions et principes religieux ont prépondérance sur leurs emplois et fonctions?
C'est là où ça coince le plus pour moi! Ce n'est pas une question de religions ou d'immigration, mais une question de nature humaine et de logique. De la collusion, de la complicité, de la connivence, de la familiarité, du favoritisme, etc., il y en a déjà partout et dans tout depuis que le monde est monde, mais si, en plus, on ne peut interdire des signes religieux parce
qu'on admet que certains sont obligé de favoriser leur foi au dépens de leur emploi, alors comment croire, en tant que citoyens, que ces mêmes personnes seront capable d'être neutre et de laisser certaine de leurs convictions, principes ou valeurs religieux(ses) en veilleuse dans le cadre de leur fonction? ...Alors qu'ils étaient prêts à quitter l'emploi au lieu de se départir d'un simple objet!
Si quelqu'un, peu importe la religion qu'il pratique, n'est pas capable de se départir d'un article religieux pendant ces heures de travail, logiquement, c'est qu'il ne sera fort probablement pas capable non plus de ne pas laisser interférer ses convictions profondes.
Donc, la justification avancée par la commission et par certaines personnes revient à admettre que ces employés (ceux qui ne peuvent se départir de leurs signes religieux) ne peuvent pas être neutres (ou du moins, pas autant que ceux qui sont capables de se départir de leurs signes religieux pendant les heures où ils sont en fonction).
