Me revoilà !
Alors Jean-François je suis content car on s'est compris pour le début.
à l'exception de
La seconde consiste à croire que les illusions d'illustres prédécesseurs ont une quelconque valeur objective.
Dans le deuxième cas, la personne est, au départ, réellement cohérente. Un texte sacré est un ensemble de témoignages, donc il n'a fondamentalement aucune valeur objective. Nous retrouvons dans ces témoignages quelque chose que nous avons vécu intérieurement. Le lien entre nous et la Bible est donc un lien intersubjectif et non une quelconque valeur objective. C'est la position qui, normalement, ne gène pas la zététique.
C'est l'arrivée de la science sur son terrain qui met en péril sa cohérence. Si la science dit : "Il est scientifiquement beaucoup plus probable que Dieu n'existe pas ! On peut chasser cette hypothèse par induction", le croyant va légitimement se poser cette question : "Mais alors moi, avec qui je parle ?" et il ne peut pas renier ce qu'il a vécu subjectivement mais il ne peut pas renier non plus l'étude objective. Il se retrouve en crise. Et un des moyens biaisés qu'il peut établir, c'est de mettre la science et la foi au même niveau, soit en amenant la foi vers des prétentions qu'elle n'a pas, soit en diminuant la science au niveau subjectif.
Et le débat déséquilibré favorise ce biais. Le scientifique expliquera au croyant que son sentiment subjectif ne peut pas être une vérité. Mais quand le croyant rétorque la même chose, le scientifique peut répondre : "si moi c'est vrai car c'est objectif !". Le croyant a, en gros, le sentiment de devoir fermer sa gueule pour contempler sa foi disparaître du milieu social. C'est triste car la position la plus cohérente épistémologiquement, celle d'une foi subjective, est celle qui va nuire le plus au croyant. D'où le fait que le biais cognitif est plus présent sur Youtube que la bonne théologie.
Si des preuves de l'existence dieu avait été amenées, le combat n'aurait même pas lieu. Une absence de preuve qui perdure est très proche d'une preuve de l'absence.
Non tu te trompes là. Il n'y a pas de preuves objectives de l'existence de Dieu mais des preuves subjectives (ex : Dieu existe, je l'ai rencontré dans la prière, c'était comme une vague d'amour...). Or cette preuve ne vaut rien dans le scepticisme. Par contre, en face, il y a des preuves objectives de l'inexistence de Dieu (incohérence du concept, prières inefficaces et miracles pas très nombreux). Il y a donc un combat mais déséquilibré et inaudible pour les sceptiques. Il y a donc un combat mais que dans un seul paradigme, celui du croyant.
On peut aussi appeler ça de la pseudoscience
Là je suis d'accord. D'ailleurs la question est posée dans un des livres que j'ai conseillé dans la vidéo : "Dieu et la raison". L'article du cardinal Cottier, "qu'est devenu la scientificité de la théologie ?" traite de ça.
Il demeure que si Juliette accepte de se marier avec Roméo, qu'elle lui fait des mamours, que tout va bien entre les deux, qu'il n'y a strictement aucune raison de penser qu'elle ne l'aime pas... la preuve est faite aussi fortement qu'un humain peut l'établir.
Ah là je suis déçu ! Mon but est simplement de différencier deux sortes d'affirmations subjectives en fait et non de poser une savonnette. Si je dis que l'avion décollera alors que je n'ai pas vérifié l'avion, que j'ai juste confiance en la compagnie, je suis dans l'opinion. Je pourrais en fait vérifier l'avion et établir une certitude objective, fondé sur l'objet de l'avion en lui-même. Dans cette opinion, j'ai des preuves subjectives sur une affirmation qui peut être fondamentalement objective.
Passer de l'opinion au savoir revient à connaître les preuves qui correspondent à la nature de la chose étudiée.
Maintenant si Roméo dit que Juliette l'aime, nous ne parlons pas ici de l'existence de Juliette (qui est juste une donnée empirique) mais de l'existence d'un sentiment amoureux. L'objet est l'intention de Juliette. On ne peut connaître cette intention que par ses effets. Mais contrairement à ce que tu dis, même sans faire de psychologie, on a déjà trouver des femmes qui font des mamours et qui sont bien dans le couple pour d'autres raisons que l'amour (fric, regard des autres, espionnage des Montaigu...). Mais l'intention restera toujours fondamentalement subjective. Déjà on peut ne pas retrouver ces signes alors qu'ils s'aiment vraiment (ex : un couple amoureux en crise) mais on peut retrouver ces signes sans amour intentionnel. Par contre, on peut faire des mesures objectives pour établir une certaine norme. Mais c'est là où la difficulté arrive. Que vaut cette norme ? Les mesures seront forcément objectives mais la norme, quant à elle, ne le sera pas. Elle sera une probabilité à un instant donné et dans un contexte culturel établi. Si l'exemple ne te plait pas, prends les mesures faites sur le sentiment de beauté. On retrouve le même profil d'étude. La nature du sujet va affecter le lien qu'il y a entre les mesures et l'établissement d'une norme. Cette variation n'est pas de même nature que celle d'une affirmation fondamentalement objective.
Ensuite, tu comprends mon but. Si nous ne pouvons pas étudier Dieu, mais seulement la foi en son existence et ce que cette foi révèle de lui (fides qua et fides quae), nous sommes dans la même structure épistémologique. Cela ne veut pas dire que Dieu existe mais simplement que l'étude aura un certain cadre épistémologique qui ne sera pas celui de la science dure. Et c'est ce que fait la zététique justement quand vous étudiez les effets de Dieu. Ces effets sont ceux donnés par la crédence donc votre base est bien ce que nous croyons. Vous partez de notre crédence et vous faîtes des mesures dessus. Dans ce cadre épistémologique, même si toutes les mesures sont bonnes, ça ne prouvera jamais que Dieu existe objectivement car ce serait la même erreur que celle de l'intention de Juliette à partir des mamours. Cela prouverait juste, tout en laissant la foi subjective fondamentalement, que l'on a des raisons de croire. Je dis cela pour montrer que le cadre épistémologique n'est pas là pour "sauver" Dieu, ni pour le "sauver de la critique". Je veux juste penser honnêtement. A contrario, si les mesures ne sont pas bonnes, cela aura un effet sur la crédence mais pas forcément important. La force de l'argument objectif sera liée à la place de cette objectivité dans notre crédence.
Je donne deux exemples : dans notre religion, il est extrêmement important que Jésus ait existé. Toute l'histoire du salut chez nous est liée à cette existence empirique. Prouver que Jésus n'a pas existé ou que nous avons son corps encore aujourd'hui détruirait notre religion car c'est nous-mêmes qui avons placé cet élément objectif comme fondamental dans notre religion. Par contre le saint Suaire n'a jamais été une preuve pour nous. Dès le début les papes ont eu des doutes. Nous l'avons classé parmi les icônes. Détruire l'authenticité est bien objectif mais cela n'invalide pas notre crédence.
Deuxième exemple, celui du médium Bruno. Si le coup fourré a aussi bien fonctionné c'est parce que Bruno a clairement indiqué qu'il pouvait parfaitement distingué un esprit de son imagination. Cette certitude est devenue une prémisse contre lui car il l'avait placée comme un élément important dans sa crédence.
Voilà qu'en penses-tu ?
Même avec le "selon moi", ça reste un commentaire prétentieux si vous maitrisez mal le fonctionnement de la démarche zététique. Un peu, comme lorsque vous me sortez du "scientifiquement" alors, que de nous deux, il n'y en qu'un seul qui a fait des études scientifiques.
Et ? Développe ! si je n'ai pas vu dans la méthode zététique sa capacité à intégrer la variabilité des sciences, indique moi ce que j'ai raté !! Je suis là pour ça en fait ! Montre moi que toutes les règles de la zététique s'appliquent malgré la variabilité dans les sciences et que, si elles ne s'appliquent pas, c'est prévu par la zététique par une étude de l'objet préalable à l'application de la méthode. J'espère ça en fait. Personnellement, je n'ai pas trouvé cette réponse mais ça ne veut pas dire que la réponse n'existe pas.
Maintenant Nicolas78,
Tu tires un triste portrait de l'épistémologie. C'est la philosophie de la Connaissance et pas seulement scientifique. Par exemple, lorsque Platon réfléchit sur la nature d'une opinion, c'est de l'épistémologie. La foi fait partie du domaine de l'opinion. Au fur et à mesure, c'est l'épistémologie scientifique qui intéressera le plus les chercheurs car l'intérêt derrière est non seulement plus grand mais aussi plus efficace. Je rappelle que l'épistémologie n'est pas là pour dire ce qui est vrai et faux mais simplement "Que mettons-nous dans les mots vrai et faux dans nos affirmations ?" Par exemple, comment définir "vraisemblance" dans l'opinion ? Est ce que la vraisemblance a un lien avec le vrai ou est ce seulement un simulacre ? Tout ça, ce sont des questions d'épistémologie.
Donc lorsque la zététique définit ce qu'est la connaissance et ce qui ne l'est pas (ex : Croire ou ne pas croire d'Hygiène Mentale), elle fait de l'épistémologie alors même qu'elle ne se définit que comme une méthode d'esprit critique.
L’épistémologie de la religion est une « tentative » (récente il me semble ?) de re-placer Dieu dans la légitimité de croire (c’est « con » comme tentative car croire est légitime je trouve, la science n’a pas son mot a dire sur la légitimité de la vie mentale des gens, amha). Cette légitimité est étudiée a travers le prisme de la morale, de la culture, de la psychologie et même de la logique et de la fameuse « raison ».
L'épistémologie de la foi, de manière vraiment structurée, date du 11e siècle pour distinguer le St Augustin théologien et le Augustin philosophe car ce dernier mélange les deux dans ses œuvres. Ils ont voulu étudier la structure épistémologique d'un raisonnement critique sur la foi pour bien définir l'objet de la théologie. De plus, l'épistémologie ne se mélange pas avec la morale, la culture ou la psychologie. Elle est proche aujourd'hui de la logique et de la psychologie cognitive mais elle ne se mélange pas.
De plus, c'est curieux comme les disciplines intellectuelles liées aux religions sont souvent suspectes dans vos descriptions !! Vous nous prenez vraiment pour des cons incapables de raisonner ? Vous pensez que nos profs sont les frères Bogdanov ? C'est pour cela que je voulais vous inviter à nous lire dans ma vidéo, pour éviter ces préjugés. Nous sommes capables d'être honnêtes intellectuellement.
Ce n’est d’ailleurs peut-être pas pour rien que le mot épistémologie est particulier a la science dans les pays francophones, et qu’il est plus flou dans les pays anglo-saxon ou il englobera la philosophie dans sont ensemble
Prouve-le ! C'est vrai que le passage de Guillaume d'Occam, de Hume et de Russell a dû vraiment rendre floue l'épistémologie !!!! Avec eux, ils ont certainement dû patauger dans l'incertitude ! oh ces pauvres anglo-saxons, je suis épistémologiquement triste pour eux ^^
Cette « épistémologie des religions » elle est transmise dans des cursus théologiques apparement (je pensais que c’était surtout une mouvance intellectuelle « civile » issue de quelques ouvrages...). Cette approche, contrairement a ce que sont nom indique, n’est pas vraiment compatible avec les canons de l’épistémologie scientifique
Alors l'épistémologie n'est pas "l'épistémologie scientifique". Cette dernière n'est qu'une partie de l'épistémologie.
Bref, un neo-concordisme haut de gamme pour des intellectuels qui pensent inconsciemment que leurs foi a été rendue illégitime par la science, alors que c’est discutable, voir que ce n’est pas le cas.
Merci pour ton témoignage. C'est pas toi qui devait me fournir des ouvrages d'épistémologie générale ? Il s'est passé quoi entre temps ? C'est le mot "poire" qui t'a changé ? Tu as voulu sortir les dents ?
Pour Dany,
Ce n'est pas que la foi est épistémologiquement plus bas que la science. Mais simplement, ça n'a juste aucun sens de parler d'épistémologie dans le cadre de la foi ou de Dieu. L'épistémologie est réservée à la connaissance.
Ah merci Dany pour ce bel exemple de réduction zététique de la connaissance. Connaître quelqu'un aussi fait partie de la connaissance. On parle alors de connaissance intersubjective. Et c'est aussi étudié par l'épistémologie. Prends Jaspers par exemple, il est scientifique mais il développe une épistémologie et une "logique philosophique" dans laquelle il étudie la connaissance subjective. Bon après il file dans la Transcendance version allemand donc je ne sais pas si l'exemple est bon finalement ^^. Mais concrètement, c'est cette étude épistémologique de l'affirmation subjective qui lui permettra de distinguer la psychologie explicative et la psychologie compréhensive en psychopathologie. Donc, ton affirmation réduit la notion de connaissance. Et je le répète, ce n'est pas parce que l'épistémologie parle de "vérité subjective" que tout devient vrai ! Elle réfléchit sur le cadre à établir pour étudier ensuite la véracité dans la science qui lui correspond. Pour le moment, on ne dit pas que la foi est vraie ou fausses, je le répète : nous réfléchissons juste sur le cadre critique que nous devons établir pour étudier la foi en Dieu. Si on veut l'étudier, on doit utiliser un cadre d'affirmation subjective. Ce qui veut dire que la question de Mr Sam, par exemple, qui est une question fondée sur l'objectivité de Dieu, n'est épistémologiquement pas tenable. On ne peut pas commencer une étude sur la foi par une telle question. Mais cela ne dit pas que notre foi est la bonne.
J'espère que tu comprends (et ce n'est pas toujours très clair suivant la teneur de tes différents posts) qu'on peut très bien étudier cliniquement des personnes et/ou des groupes de personnes qui disent avoir la foi, de même que ce qu'ils relatent en ce qui concerne leurs sentiments et leur manière de vivre, pour en tirer certaines conclusions statistiques en sociologie et en psychologie sociale… mais que tout cela ne pourra jamais légitimiser une quelconque réalité de Dieu au yeux de la science.
La foi est juste un fait objectif, psychologique et social qu'on peut étudier, mais la base de la foi est imaginaire.
Alors non seulement je le comprends mais je l'indique aussi. Normalement reprends mes postes avec cette idée et tu verras que je n'y ai pas dérogé.
Donc nous sommes d'accord en fait. Sauf pour l'imaginaire. Je le comprends venant de toi mais, pour nous croyants, la relation avec Dieu ne relève pas de l'imaginaire.
Comme je l'ai écrit plus haut, je pense que tu as mal interprété la position de la zététique. On peut uniquement dire que le théisme est objectif dans le sens où certaines personnes disent y croire. Ca, c'est un fait objectif… on peut donc étudier objectivement leurs témoignages. C'est une réalité sociologique, mais qui n'indique aucunement une réalité de Dieu…
De la même manière, la science n'a aucune raison de seulement commencer à penser à étudier objectivement les "effets de Dieu" (je me demande toujours où tu as pu trouver ça dans tes vidéos ou lectures zététiques...).
Ok c'est possible que ce soit moi qui ait mal compris. Je préfère ce que tu dis de toute façon donc ça m'enlève un faux problème. Merci.