ABC a écrit : 07 déc. 2025, 11:28Pourquoi préférer restreindre la définition du terme de conscience à une capacité d'analyse d'informations dépourvue d'émotions et d'intentions (bienveillantes ou malveillantes d'ailleurs), d'objectifs (bénéfiques ou néfastes), de valeurs (positives ou dévastatrices) ?
Vous trouvez qu'il plus restreignant de ne pas inclure les émotions que d'inclure les émotions? Imposer une contrainte supplémentaire à une définition est élargir la définition? Vous montrez bien vers la fin de votre message que vous cherchez à forcer l'inclusion des émotions dans la définition de conscience pour des raisons émotives (peur principalement). Vous n'analysez pas posément les choses, vous en craignez des conséquences et cela vous conduit à potentiellement nier la réalité (dans le cas où des I.A. deviendraient conscientes) plutôt que de préparer des moyens d'éviter les dérives.
Pour moi, c'est quand on impose des contrainte supplémentaire (comme imposer que la conscience doive comprendre des émotions) que l'on retreint la définition. Et ça n'est souvent pas une attitude saine que de nier la réalité au profit d'une forme d'idéologie (ex., ça peut conduire à préférer toujours plus de profits ($) au détriment de la planète).
Avec cette définition de la conscience, qu'est-ce qui nous distingue d'une I.A. intellectuellement performante ?
Plein de choses: deux bras, deux jambes, un corps vivant, les émotions (justement), etc. Ça n'est pas parce qu'une caractéristique d'une I.A. - la conscience - la rapprocherait d'une de nos caractéristiques que nous deviendrions entièrement semblables.
Pensez-vous que si une I.
A. manifeste de la conscience, c'est qu'elle devient vivante? Si non, ça:
Quelle raison avons nous de nous préoccuper d'attribuer de la valeur à la vie, à la santé et au respect de l'autre (humain) si nous estimons que science sans conscience c'est quand même de la conscience, que nous sommes une machine qui en vaut une autre
C'est inutilement mélodramatique

La présence d'I.A. conscientes ne changerait rien à l'importance qu'on devrait accorder (ou pas) à la vie humaine, à sa santé, etc. Il est parfaitement possible d'incorporer un fait technologique à nos lois et philosophies morales sans qu'il y ait forcément de dérapages. Mais nier la possibilité que les I.A. puissent atteindre un niveau de complexité d'analyse qui les rendraient conscientes (même sans émotions) sur la base de principes rhétoriques, c'est un peu comme nier que les bombes atomiques et à hydrogène puissent exister parce qu'elles pourraient servir à détruire l'humanité. Ces bombes peuvent détruire l'humanité, ça n'empêche pas leur existence.
Et puis, des portions d'humanité n'ont pas attendu et n'attendent toujours pas la conscience chez les I.A. pour manifester du dédain pour "la vie, [la] santé et [le] respect de l'autre (humain)": ces valeurs sont souvent mis à mal dans de nombreuses circonstances, par différentes entités (individus, sociétés, etc.). Voulez-vous des exemples de mises à pied d'humains pour des raisons de profitabilité (avec augmentation démesurée des avoirs des PDG)? Voulez-vous un rappel que de plus en plus de travailleurs ne gagnent même plus assez pour se loger ou se nourrir correctement? Voulez-vous des exemples d'industries qui ont pollué massivement l'environnement au détriment de ''la vie, [la] santé et [le] respect de l'autre (humain)"?
Autre exemple: pendant longtemps, les Noirs étaient considérés comme inférieurs aux Blancs et tout plein de bien-pensants se sont offusqués ou ont craints les conséquences néfastes qui surviendraient si on devait les traiter comme des humains à part entière (i.e., égaux aux Blancs). Ça me fait un peu penser à la crainte que vous exprimez dans votre avant-dernier paragraphe. Pour moi, il vaut mieux commencer par tenir compte des faits (les Noirs sont des humains, les I.A. atteignent (presque) des niveaux d'analyse complexes qui font qu'on peut (presque) les qualifier de conscientes) afin de déterminer la plus juste manière d'intégrer ces faits dans notre manière de voir le monde plutôt que de réagir avec bigoterie pour nier la réalité en fonctions de conséquences réelles ou supposées.
Après tout, même des conséquences néfastes pour un groupe (la perte de la capacité d'asservir les Noirs par les esclavagistes, par exemple) sont justes à un niveau moral.
Jean-François