La science peut-elle être évoquée à l'appui d'une doctrine religieuse ? Que cache la négation de ce droit ?
La position très tranchée défendue par les opposants à la brochure est parfaitement résumée par cette intervention d'une internaute postée le 23 décembre. Je cite :
Non ça dénote de la colère. Et ce n'est pas le nouveau jargon de la communauté scientifique ou laïque, c'est le mien quand je suis en colère.

Et c'est le discours, à mon avis, que vous devriez avoir systématiquement en face de vous quand vous tapez aux portes pour donner de tels torchons.
Vous êtes une religion ? Alors contentez vous de parler de religion pas de science.(...)
Je n'ai pas à respecter ce que je ne trouve pas respectable et pour moi ce n'est pas respectable de détourner les écrits scientifiques pour cautionner vos croyances et faire des adeptes.
Il va s'agir de comprendre et de dissocier les différentes prises de position et accusations qui transpirent de ce message.
Comme quoi:
. Une religion n'aurait pas à parler de science.
. Faire des "adeptes" serait négatif.
La nature même de l'homme est de communiquer, de discuter, d'argumenter, d'essayer de convaincre.
C'est un besoin pratiquement inné en lui.
L'existence même de ce forum en est un puissant témoignage.
L'homme a aussi besoin de s'associer, de s'unir, de s'organiser autour de ce qui lui semble essentiel, important, vital.
Comme ces notions ne sont pas établies avec la même priorité pour tout le monde, des groupements se forment naturellement.
La nationalité, la croyance, les goûts, les loisirs même créent des associations d'humains.
Mais la question qui se pose est la suivante.
Faut-il, au motif que certaines associations nous déplaisent, leur interdire l'accès au savoir et surtout à son utilisation.
Prenons le cas d'une personne athée.
Pour certains, l'athéisme est vécu de façon apaisée.
La vue d'un croyant, et même d'un croyant désireux de convaincre ne les dérange pas. Ils se disent que rien n'est forcément acquis et que même s'ils optent de façon convaincue pour une origine de la vie sans Dieu, chacun a le droit de penser, de dire, et même d'essayer de convaincre.
Ils se montrent curieux même à comprendre ce qui peut motiver quelqu'un à opter pour une autre solution que la leur.
Ils ne décident pas de devenir les derniers combattants pugnaces d'une guerre dont l'armistice a été signée il y a longtemps et qui conservent dans les deux camps des extrémistes plus intéressés par leur "ego" et le "pouvoir" que par la vérité en elle-même.
Ces athées là sont mes frères. Car même si leur démarche a pris un autre chemin que la mienne, ils me ressemblent. La même tolérance, la même acceptation de la différence, et la même volonté de ne pas rompre les liens d'un respect qui passe au dessus des croyances.
L'autre espèce d'athées, celle de l'internaute citée plus haut, se veut la gardienne de ce qu'elle considère comme une
vérité qui doit s'imposer à tous liée faussement à la laïcité.
Ces gens là ont décidé que Dieu n'existe pas, qu'y croire est une faiblesse psychologique, qu'on peut à la limite tolérer les croyants, mais qu'il faut absolument empêcher leur expression et leur volonté de s'expliquer pour convaincre. Même leurs enfants doivent être protégés de leur "folie".
On décrète donc que le recours à la science leur est interdit. C'est la teneur du message ci-dessus.
Cela ressemble étrangement à ces tribunaux religieux qui avaient décidé une fois pour toute que la terre était plate et au centre de l'Univers et qui interdisaient aux hommes de science de l'époque d'échafauder d'autres hypothèses que celles retenues par l'Eglise.
La science est le domaine commun aux humains. Elle appartient à tout le monde sans exception.
Et que l'on soit croyant ou athée, la science peut être une référence pour chacun.
Décider qu'elle n'est la propriété que des seuls scientifiques athées ou que seule une interprétation évolutionniste n'est tolérable est une confiscation honteuse de ce bien commun.
Ce que découvre M. Meinesz m'appartient autant qu'à quiconque. Et j'ai autant le droit que qui que ce soit, de le lire, de le comprendre et d'en parler pour ce que j'en ai retenu.
La science n'est pas une doctrine mais un outil.
Or avec un outil on peut faire ou défaire un ouvrage.
Mais il y a des règles à respecter et des dictats à proscrire.
.
- Affirmer que la science ne peut être utilisée que dans un sens évolutionniste est un dictat. On s'approprie un bien commun.
- Affirmer qu'il faut respecter le véritable sens des découvertes est une règle
La démarche de la brochure respecte cette règle et voir les savants "cités" faire remarquer que la brochure n'épouse pas leurs conclusions, est d'une banalité infinie en plus d'être un soulagement sur la liberté d'expression et d'interprétation encore possible à notre époque.
Scientifiquement les vrais question sont celles-ci :
-M. Meinesz a t'il dit que rien ne prouve que la vie soit née sur la terre ?
Oui, indéniablement.
-Est-ce une constatation scientifique pour lui ?
Absolument !!
Cet argument est-il intéressant pour un croyant voulant souligner que l'abiogenèse n'est encore qu'une théorie sans confirmation paléontologique, ou expérimentale ?
Très certainement !!
Inversons le problème.
Pour prouver scientifiquement une impasse, il arrive souvent que l'on organise une expérience dans le but de démontrer qu'une hypothèse est sans fondement et qu'il faudra y renoncer ou l'éliminer.
Mais pour que l'expérience soit probante, il faut absolument que les scientifiques qui y travailleront jouent le jeu et réalisent cette expérience comme s'ils désiraient absolument prouver l'hypothèse en question.
L'idéal même, pour éliminer toute espèce de subjectivité, serait de ne pas expliquer aux laborantins qu'en fait, on pense que l'expérience n'aboutira pas.
La démarche des éditeurs de la brochure est du même ordre.
- Ils ne croient pas que la vie puisse naître de l'inanimé. C'est l'hypothèse de départ.
- Des dizaines de laboratoires et de paléontologues travaillent dans le but inverse, avec toute la bonne volonté de scientifiques qui veulent trouver et qui s'en donnent le temps et les moyens.
- Des dizaines d'expériences sont tentées. Les rapports deviennent accessibles à tous et donc exploitables par tous.
Et que prouvent-ils ?
- Que rien ne prouve que la vie aurait pu naitre sur la terre à partir de l'inanimé.
- Que plus de 50 années de recherches ont conclu qu'aucune preuve ne permet de "valider" les hypothèses de l'apparition de la vie sur Terre à partir du minéral et qu'aucune avancée significative des connaissances scientifiques ne plaide en leur faveur..(dixit Alexandre Meinesz).
Ainsi, souligner cette vérité, cette constatation, est bien du domaine de la science car elle procède d'une démarche scientifique et d'expériences scientifiques élaborées avec une réelle volonté d'aboutir.
Ensuite, les chemins divergent. Les défenseurs de la théorie de l'abiogenèse affirmant qu'ils finiront quand même par trouver, et les défenseurs de la théorie de la création réfutant que 50 années d'insuccès, c'est délà très long.
La démarche purement scientifique s'arrête là. Le reste va consister, soit à trouver une autre solution à cet échec, soit à le considérer comme un aboutissement.
Il est important de reconnaitre ici que le reste de la théorie évolutionniste ne peut plus s'appuyer sur l'expérience mais seulement sur la supposition.
Et c'est là que croyants et athées se retrouvent à égalité.
Chacun croit ce qu'il a envie de croire puisque l'expérimentation n'est plus là pour emporter telle ou telle décision.