Nicolas78 a écrit :Concernant les pyramides Mayas ?)
Les pyramides mayas sont construites avec la chaux. En fouillant sur internet, j'ai trouvé
cet article qui résume bien ce qu'on sait sur cette civilisation et les interrogations de 25 décembre sur le fil (les crânes déformés).
Jean-Noël Salomon, "Le déclin de la civilisation classique Maya : explications", Les cahiers d'outre-mer, n°246, avril-juin 2009 , p. 143-173.
JN a écrit :Un autre handicap pour les Mayas est que les sols de leurs territoires sont pauvres et manquent de nutriments. Dans le Yucatan, les croûtes et les affleurements de calcaires nus abondent tandis que le Petén est dominé par des sols ténus, argileux rouges de type « terra rossa », ou bien des sols noirs ou bruns, plus fertiles, de type rendzine. Viennent ensuite, souvent en intercalation, des gleys humiques, des sols bruns et des podzols rouge jaunâtre. De plus ils ont l’inconvénient d’être inondés saisonnièrement et mal drainés lorsqu’ils sont dans les bas-fonds et très minces sur les versants. Dans le Sud, ces sols servaient de support à une forêt subtropicale dense humide semi décidue, à canopée élevée interceptant la lumière et difficilement pénétrable à l’état naturel. Ici les sols nutritifs sont minces, seulement régénérés en matière organique par la chute des débris végétaux issus de la canopée : la forêt vit de ses propres déchets et en cas d’abattage, le sol s’appauvrit rapidement compromettant les possibilités de régénération (Pomel et Salomon, 1998). Au Yucatan, la forêt sèche décidue dominait, handicapée par la sécheresse édaphique liée au karst (Héraud-Piña, 1996). Sur ces sols squelettiques, seules les argiles de décalcification piégées dans les fentes et les diaclases pouvaient servir de support aux cultures de maïs.
Dans un cas comme dans l’autre, d’une façon générale, ces sols étaient peu aptes à une production agricole intense. Aussi, pour combattre ces déficiences, les Mayas durent-ils trouver un certain nombre de solutions comme la plantation de cultures variées, la jachère et les rotations, ou la réintroduction de nutriments dans les sols sous forme d’engrais verts et de cendres. Mais la pratique était rare.
Comme partout en Amérique précolombienne, l’économie des Mayas était proche de celle du Néolithique. Elle reposait donc pour l’essentiel sur l’agriculture, la cueillette et la chasse en forêt, et la pierre taillée.
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Les temples astronomiques et les calendriers ont probablement été édifiés en premier lieu pour identifier les périodes favorables aux semis (généralement le maïs était planté lorsque le soleil était au zénith), aux soins, à l’arrosage et à la récolte. Les observatoires servaient à rythmer la vie agricole et des habitants. Le maïs était une plante considérée comme divine (le jade était censé la représenter). D’ailleurs, pour l’honorer, les Mayas avaient pris l’habitude, dans certains cas, de déformer le crâne de leurs enfants afin de leur donner soit un aspect ramassé (en forme de grain de maïs), soit un plus oblong (en forme de haricot). Le musée de Tonina présente plusieurs spécimens de ces deux catégories de crânes (photo 3). Le maïs traversait les niveaux essentiels de la structure cosmologique. Depuis sa première mise en terre sous forme de graine, la plante devait traverser les niveaux de l’Inframonde et se confronter aux aléas représentés par les taupes, les fourmis, les vers et les rongeurs. Plus tard le maïs affrontait les cerfs, les sangliers et les mauvaises herbes venus des 4 extrémités de la Terre. À maturité, le maïs devait encore lutter contre les Seigneurs du Ciel, représentés par les oiseaux. Ce combat est illustré par les crêtes ajourées des toitures traversées par la lumière et les vents.
Un des aspects étonnants de la culture maya fut sa capacité à construire d’immenses pyramides et temples à l’aide de techniques rudimentaires. Le principal problème n’était pas de construire des pyramides car le système de l’empilement est assez simple mais c’était surtout de produire des pierres et des moellons pour l’édification des monuments. Or les Mayas n’utilisant pas d’outils en métal, il leur fallait donc trouver des outils de pierre pour découper, scier et lisser les pierres calcaires. Ces dernières semblent toutes provenir de carrières proches afin de minimiser les efforts de transport. En effet, ils ne connaissaient pas les véhicules à roue bien que cette dernière soit connue (jouets, disques de pierre) contrairement à ce que certains ont affirmé. Surtout, ils ne possédaient ni animaux de trait, ni même de poulie. Construire une pyramide (photos 6 et 7) exigeait donc une main-d’œuvre très nombreuse et beaucoup de temps.
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Le matériau le plus utilisé était le calcaire (omniprésent), si possible homogène, massif et cristallin afin de durer, et ajusté au fil à plomb. Les silex, relativement abondants dans certains secteurs comme à Colha où de vastes ateliers ont été identifiés, servaient d’outils. Les obsidiennes, plus rares, venaient des régions volcaniques du Nord ou de l’Ouest, et les quartz des monts Mayas (Belize). Pour le mortier, les Mayas utilisaient des fours à chaux. Le calcaire était pilé, puis brûlé sur plusieurs jours et on versait de l’eau dessus afin d’obtenir de la chaux qu’on mélangeait avec de l’argile. Le produit obtenu faisait office de ciment, étendu avec des truelles en bois. Par la suite, les progrès dans la taille des pierres amenèrent une réduction de l’usage du mortier, les pierres s’emboîtant de mieux en mieux. Les constructions obtenues étaient très résistantes, protégées par des enduits de stuc (peints) et seulement altérées par la suite par une karstification de surface (abondance de précipitations). L’importance et la variété des argiles de décalcification ont permis très tôt l’apparition de la céramique : certaines utilisaient des pâtes fines dès la fin du viiie siècle (Seibal et Altar de Sacrificios). D’une façon générale, la céramique maya était de très grande qualité avec même des produits de luxe, alors que ni le four, ni le tour de potier n’étaient connus.
Là dans la dernière phrase, une contradiction apparaît à mon esprit effaré: comment peut-on maîtriser le four à chaux sans connaître le four à potier ? Le
chaufour atteint 1000 °C pour la cuisson, alors que le four à céramique a besoin d'une moindre température.