Jeux Olympiques
Controverse autour de la boxeuse Imane Khelif.
Mise à jour (4 aout à 16h)
En sciences, on se base sur la démarche scientifique, qui consiste à faire des observations, à en tirer des hypothèses, à développer des expériences pour infirmer ou confirmer ces hypothèses et, enfin, à en tirer des conclusions. Peut-on utiliser cette démarche pour analyser la controverse concernant les athlètes Imane Khelif et Lin Yu-ting? Je vais essayer. Le seul problème, c’est que cette démarche, dans le cas actuel, s’arrêtera à proposer des expériences.
En sciences, il arrive aussi que certaines données puissent être mises en doute, à cause de méthodologies expérimentales critiquables, et, dans ces cas-là, elles demandent à être confirmées par d’autres chercheurs indépendants.
Qu’a-t-on comme données concernant ces deux athlètes et pourquoi y a-t-il une controverse?
D’une part, on a le CIO qui maintient que ce sont des femmes, parce qu’elles sont identifiées comme telles sur leur passeport. Le président du CIO mentionne aussi une hyperandrogénie chez Imane Khelif, mais ne donne pas de détails sur ses niveaux de testostérone ni sur sa génétique. Voir : Boxe : Imane Khelif défendue par Thomas Bach, face à ceux qui pensent « détenir la définition d’une femme » dans le Huffington Post, 3 aout 2024. zhttps://
www.huffingtonpost.fr/jo-paris-2024/vid ... 37883.html
D’autre part, on a l'Association Internationale de Boxe (AIB) qui a disqualifié Imane Khelif en 2023, à la suite d’un test génomique confidentiel ayant identifié un caryotype XY, habituellement associé au sexe masculin, excepté dans de très rares cas, et, possiblement, de hauts taux de testostérone.
Cette association a par contre été fortement critiquée et reconnue coupable de corruption.
“IBA Russian president, Umar Kremlev, claimed that DNA test results showed the two athletes have XY chromosomes, citing it as the reason they were disqualified in the world championships. The IBA also cited high levels of testosterone in Khelif's system.
However, the test results were never published and Khelif has never disclosed her biological markers, calling the decision a "big conspiracy." The disqualification came after Khelif defeated Russian boxer Azalia Amineva in the 2023 tournament. IBA said it stripped Lin of a bronze medal because it claimed she failed to meet unspecified eligibility requirements in a biochemical test.”
Voir: Fact Check: Olympics boxing gender testing controversy explained, NBC New York.
https://www.nbcnewyork.com/paris-2024-s ... t/5662035/
Par contre, cette association réitère ses conclusions dans un article récent : IBA reaffirms the position and removal of boxers from all events, aims to protect female boxers, and condemns both the International Olympic Committee and World Boxing for allowing ineligible athletes to compete, iba.sport,
https://www.iba.sport/news/iba-reaffirm ... all-events
Par ailleurs, dans un autre article récent, Doriane Lambelet Coleman (Thomas L. Perkins Distinguished Professor of Law at Duke University) analyse ces données et suggère que ces deux athlètes auraient bien un caryotype XY et pourraient avoir une déficience de l’enzyme 5-alpha-réductase. Les personnes ayant cette condition apparaissent comme des filles à la naissance, mais elles ont des testicules, apparentes ou non, produisant de la testostérone et favorisant ainsi le développement d’une musculature masculine.
Voir : XY Athletes in Women’s Olympic Boxing: The Paris 2024 Controversy Explained, Quillette,
https://quillette.com/2024/08/03/xy-ath ... f-yu-ting/
On a donc ici des observations contradictoires provenant du CIO et de l’IBA, ainsi que conclusions différentes de la part de ces deux organismes, conclusions qui pourraient être influencées par l’idéologie et la politique. On peut cependant en tirer certaines hypothèses:
1) Ces athlètes sont des femmes avec hyperandrogénie ou
2) Ces athlètes ont un caryotype XY et des testicules produisant de la testostérone.
Comment connaitre la vérité?
Lambelet Coleman suggère un simple test mesurant la testostérone, un test standard fait par plusieurs associations sportives. En effet, le taux de testostérone varie grandement en fonction du sexe gonadique de l’individu. Les femmes ont en général une concentration de testostérone inférieure à 1.6 nmol/L. Avec hyperandrogénie, ce taux reste inférieur à 4 nmol/L. Pour les hommes, cette concentration est supérieure 10 nmol/L.
Voir la Figure 2 ci-dessous.
Une autre façon de connaitre ce qu’il en est réellement implique une évaluation gynécologique : y a-t-il présence de testicules, apparentes ou non?
L’IBA, de même que plusieurs athlètes, soutient que c’est important de savoir ce qu’il en est vraiment avec ces deux athlètes. En effet, de hauts taux de testostérone donnent un avantage énorme permettant le développement d’une plus forte musculaire. Cela mettrait aussi en danger les athlètes féminines lorsqu'elles entrent en compétition avec des hommes du même poids qu'elles.
IL EST DONC TEMPS QUE LE CIO FASSE SES DEVOIRS POUR METTRE FIN AUX CONJECTURES EN DEMANDANT UNE ANALYSE DES NIVEAUX DE TESTOSTÉRONE ET DU CARYOTYPE DE CES DEUX ATHLÈTES.
Toutes ces spéculations ne sont pas de la désinformation, mais des hypothèses demandant validation selon les méthodes scientifiques reconnues!
En attendant, nous ne pouvons pas tirer de conclusions valides.
De plus, en science, devant un problème, quel qu’il soit, il est tout à fait normal de développer des hypothèses de travail. Je le répète, ce n’est pas de la désinformation et encore moins de l’agnotologie!