Ubu a écrit :J'ai déjà cité quelques articles sur ce forum. Mais bien sûr que certains articles sont boiteux
D'après ce que j'ai lu, je vois ça plus comme des articles de sciences humaines qui demanderaient d'être beaucoup plus modérés au moins au niveau des conclusions. Comme les études qui les fondent sont des cas cliniques disparates, tirées d'enquêtes à la rigueur très variable, le matériel est rarement suffisamment homogène pour donner un portrait juste des choses.
Rien n'empêche d'autres scientifiques de critiquer les articles de leurs collègues: ils font ça tout le temps
Comme le dit Harris: on va quand même mettre en balance l'investissement en temps (temps qu'on ne met pas sur des recherches, généralement plus fertiles) et le retour sur investissement. Critiquer finement les articles sur les NDE demande un investissement qui n'est pas toujours rentable (euphémisme). Même dans mon domaine, il se publie trop d'articles pour que je puisse tout lire attentivement, alors j'ignore purement et simplement ce qui m'apparait être de la mauvaise recherche sur la base des résumés. À tort ou à raison, mais tout le monde fait comme ça.
Quand on pense que ça fait des années - près de 10, sinon plus - que certains chercheurs (van Lommel, Beauregard, etc.) promettent LA grande étude sur les NDE, celle sur la vision de symboles cachés lors de NDE, on peut se dire que les résultats ne sont pas transcendants. (Certains rapport publiés donne 0% de succès.) Cela rend d'autant plus difficile de penser que les NDE sont, à la base, autre chose qu'une forme particulière d'hallucinations dû aux conditions de "mise en veilleuse" du cerveau et/ou avec pseudo-souvenirs induits on ne sait trop à quel moment.
Toi par exemple, qui parais avoir un solide bagage scientifique, tu pourrais écrire un article là-dessus et je le lirais avec plaisir
Ce n'est pas directement mon domaine de recherche et je n'ai certainement pas le temps de (re)vérifier toutes les sources d'articles publiés dans des revues passablement obscures. Je ne nie absolument pas qu'il serait intéressant de le faire mais, bon, j'ai de la recherche à conduire.
Si on démontre des cas de perceptions véridiques de la part de sujets dans le coma, ça me paraîtrait être un problème pour la vision conventionnelle du cerveau
D'accord, mais ce "si" tient depuis la nuit des temps avec variations de l'ordre de la rhétorique plus que des faits. À l'inverse, ce sont les théories "réductionnistes" qui nous on permis d'acquérir des connaissances sur le fonctionnement du cerveau.
Elles sont peut-être de l'ordre de l'"hypothèse nulle" mais c'est parce qu'elles ont fait la preuve de leur intérêt (surtout parce qu'elles vérifient le principe de parcimonie, ce qui réduit l'intervention des biais cognitifs). Dans cette expression, "nul" veut dire "de base" et non "sans aucun intérêt". Après tout, l'ordinateur sur lequel vous écrivez provient d'une réflexion essentiellement "réductionniste".
Si tu as raison, il faudrait mettre à jour des déficiences méthodologiques systématiques et persistantes et des biais récurrents en faveur du paranormal ou des fraudes systématiques dans un bon nombre d'articles et d'ouvrages publiés depuis 1975. Cela n'est peut-être pas impossible, mais ça reste à prouver
Une autre manière de s'en convaincre est de constater que toute cette littérature ne mène nulle part. Vous savez, la phrénologie a eu une longue heure de gloire et a perduré pendant plus d'un siècle. De nombreux savants étaient parfaitement convaincus de la véracité de leur observations, de la validité du modèle (voir,
par exemple). Elle a profondément marqué différents aspects des sociétés occidentales (même si ça se perd on retient encore aujourd'hui des expressions comme "la bosse des maths"). Rétrospectivement, on s'aperçoit que les observations étaient grandement subjectives même si elles paraissaient objectives. La résultante est que la phrénologie n'a jamais conduit à de véritables découvertes (sauf par ceux qui en sont sorti, en réaction). À mon avis, il y a un parallèle à faire avec le psi en général et l'idée de la possibilité de véritables décorporations en particulier. Au départ, l'idée pouvait paraitre valable mais devant les échecs répétés à la supporter par des faits et à cause des connaissances amenées par d'autres champs de recherche, elle devient de plus en plus chimérique.
Le principe sceptique «extraordinary claims require extraordinary evidence» est pas mal vague et subjectif à mon goût. Qu'est-ce qui compte comme «extraordinary evidence»? Qui en décide? Selon quels critères? Comment quantifier l'expression «extraordinary evidence»?
Pour prendre un exemple moins flou que les NDE:
si le psi était une réalité, un phénomène naturel, des faits pourraient être amenés en faveur de ce phénomène. Au départ, ils proviendraient d'expériences plus ou moins tentatives mais qui permettraient, progressivement, de mieux comprendre le phénomène et de le mettre en évidence par des expériences mieux ciblées. Il y aurait aussi la possibilité d'inventer une technologie basée sur le phénomène qui témoignerait qu'on comprend (et maitrise) réellement le phénomène. L'accumulation graduelle de preuve rendrait de moins en moins "extraordinaires" les affirmations. Des affirmations au départ extraordinaires qui deviennent normales*, c'est un peu ce qu'on observe avec les ordinateurs, la génétiques, etc.
C'est pas mal l'inverse qu'on observe avec le psi: non seulement les expériences ne permettent aucunement de comprendre le phénomène mais chaque fois qu'elles sont plus rigoureusement effectuées,
le phénomène "disparait". C'est pourquoi les parapsychologues en sont toujours à verser dans l'hypothético(-quantico)-spéculatif comme il y a cent ans, sauf sur la forme (les emprunts à la science "mainstream", par exemple, ou le haut degré de raffinement des excuses-en-cas-d'échecs). La meilleure manière qu'ils ont trouvé de maintenir l'idée de l'existence du phénomène est de repousser dans le toujours plus difficile l'observation du psi.
Dans ces conditions, il est compréhensible que le psi soit vu comme toujours aussi "extraordinaire" qu'il y a 100-150 ans.
Jean-François
* Tellement normale, parfois, qu'on ne fait même plus attention à quel point elles sont extraordinaires. Quand on voit ce que font des ordinateurs personnels d'aujourd'hui, il faut vraiment faire un effort d'imagination pour se dire (ou se rappeler) à quel point ils étaient limités il n'y a même pas 20 ans.