L'Œuvre de Dieu, la part du Diable
Publié : 02 mai 2013, 23:44
Ce que je vais vous dire pour les sceptiques n'est probablement pas nouveau mais pour moi oui.
Je trouve très troublant le fait d’apprendre aujourd’hui quel la liberté de penser n’existe pas pour un croyant. Selon un commentaire d’une personne qui donnait suite à un article que j’ai lu, ce n’est même pas une question de choix. Si on a pas eût l’éducation nécessaire au développement d’une pensée rationnel et ou scientifique (je ne suis pas sûre que ce soit les mots parfaitements justes) on est sûr de se berner soi-même quelque part. Ce qui me donne aussi un peu mal au cœur c’est le fait que je m’aperçois que toute ma recherche sur l’intuition par exemple, toute l’énergie que j’y mets, pourrait simplement servir à nourrir des automatismes. Cela ne me découragera pas pour autant de poursuivre, mais je me demande comment on peut faire la part des choses entre ce qui nous a été imprégné qui nous amène à faire certaines actions et ce que l’on choisit de faire en toute liberté. Ci-dessous le lien vers l’article et un copie-collé d’une partie du commentaire d’un certain Michel Thys avec les deux paragraphes soulignés qui ont particulièrement attiré mon attention et une phrase soulignée et en gras qui m'a particulièrement dérangée.
L’article :
http://www.dortier.fr/le-cerveau-et-la- ... ca-marche/
Les neurosciences tendent, me semble-t-il, à confirmer l’imprégnation neuronale de la sensibilité et du sentiment religieux : des neurophysiologistes ont constaté que les hippocampes (centres de la mémoire explicite) sont encore immatures à l’âge de 2 ou 3 ans, mais que les amygdales (du cerveau émotionnel), elles, sont déjà capables de stocker des souvenirs inconscients, et donc, par exemple, les comportements religieux, puis les inquiétudes métaphysiques des parents, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur. Ces traces neuronales sont indélébiles, et se renforcent par plasticité neuronale, au fur et à mesure des expériences religieuses.
Les observations par IRM fonctionnelle suggèrent que le cerveau rationnel, le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent inconsciemment anesthésiés, à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins en matière de foi. André COMTE-SPONVILLE ne se dit-il pas « athée fidèle » à sa croyance enfantine ?
Ce qui expliquerait a fortiori la fréquente imperméabilité de certains croyants, notamment créationnistes, à toute argumentation rationnelle ou scientifique, et donc la difficulté, voire l’impossibilité de remettre leur foi en question, sans doute pour ne pas se déstabiliser (cf. le pasteur évangélique Philippe HUBINON à la RTBF : « S’il n’y a pas eu « Création », tout le reste s’écroule … ! ». Donc aussi « Dieu …
Il est logique dès lors que certains athées, comme Richard DAWKINS, ou agnostiques comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, perçoivent l’éducation religieuse, bien qu’a priori sincère et de bonne foi, comme une malhonnêteté intellectuelle et morale. Henri LABORIT l’avait bien compris :
« Je suis effrayé par les automatismes qu’il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d’un enfant. Il lui faudra, dans sa vie d’adulte, une chance exceptionnelle pour s’évader de cette prison, s’il y parvient jamais ».
(« Eloge de la Fuite », page 59, et dans le film « Mon oncle d’Amérique » d’Alain Resnais), ou encore : « Vous n’êtes pas libre du milieu où vous êtes né, ni de tous les automatismes qu’on a introduits dans votre cerveau, et, finalement, c’est une illusion, la liberté ! ».
Dans cette optique, les conversions religieuses deviennent compréhensibles. Même si l’on ne peut pas actuellement expliquer le processus biochimique précis qui enclenche le “switch », l’interrupteur qui fait basculer de l’incroyance vers la croyance, il se produit un bouleversement des neurotransmetteurs, un peu comme dans le cas du coup de foudre amoureux. Je m’explique comme suit, par exemple, la conversion de Paul CLAUDEL, ancien croyant, en entendant le Magnificat de BACH à N-D de Paris. Tout se passe comme si, malgré sa brillante intelligence, l’environnement sensoriel (grandes orgues, odeur d’encens, décorum, …- avait provoqué un bouleversement d’hormones et de neurotransmetteurs, au niveau notamment de la production de la phényléthylamine, de l’ocytocine, de la sérotonine et de la dopamine, au point de faire disjoncter son cerveau rationnel au profit se son cerveau émotionnel. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant lorsqu’on sait que les sensibilités poétique, musicale, religieuse, …, y ont des localisations voisines, ce qui facilite les interactions..
Les exemples de ce « hapax existentiel » (Michel ONFRAY) sont nombreux, dans d’autres circonstances : par exemple la conversion du docteur Alexis CARREL, qui avait perdu la foi pendant ses études, et qui l’a retrouvée lors d’un voyage à Lourdes, ou celle d’Eric-Emmanuel SCHMITT perdu sous le firmament glacial du Sahara, etc.
Pour que les libertés de conscience et de religion, et en particulier celle de croire ou de ne pas croire, deviennent plus effectives que symboliques, il faudrait donc, selon moi, s’orienter vers un système éducatif pluraliste proposant à tous une information minimale, progressive, objective et non prosélyte à la fois sur les différentes options religieuses ET sur les options laïques actuellement occultées, l’humanisme laïque, la spiritualité laïque, etc.
Dans une ou deux générations, peut-être … ?
Michel THYS à Waterloo
N.B. J'ai choisi comme titre de ce message le titre d'un livre de John Irving que j'ai aimé ou justement le personnage principal se retrouve constamment entre deux choix.
Je trouve très troublant le fait d’apprendre aujourd’hui quel la liberté de penser n’existe pas pour un croyant. Selon un commentaire d’une personne qui donnait suite à un article que j’ai lu, ce n’est même pas une question de choix. Si on a pas eût l’éducation nécessaire au développement d’une pensée rationnel et ou scientifique (je ne suis pas sûre que ce soit les mots parfaitements justes) on est sûr de se berner soi-même quelque part. Ce qui me donne aussi un peu mal au cœur c’est le fait que je m’aperçois que toute ma recherche sur l’intuition par exemple, toute l’énergie que j’y mets, pourrait simplement servir à nourrir des automatismes. Cela ne me découragera pas pour autant de poursuivre, mais je me demande comment on peut faire la part des choses entre ce qui nous a été imprégné qui nous amène à faire certaines actions et ce que l’on choisit de faire en toute liberté. Ci-dessous le lien vers l’article et un copie-collé d’une partie du commentaire d’un certain Michel Thys avec les deux paragraphes soulignés qui ont particulièrement attiré mon attention et une phrase soulignée et en gras qui m'a particulièrement dérangée.
L’article :
http://www.dortier.fr/le-cerveau-et-la- ... ca-marche/
Les neurosciences tendent, me semble-t-il, à confirmer l’imprégnation neuronale de la sensibilité et du sentiment religieux : des neurophysiologistes ont constaté que les hippocampes (centres de la mémoire explicite) sont encore immatures à l’âge de 2 ou 3 ans, mais que les amygdales (du cerveau émotionnel), elles, sont déjà capables de stocker des souvenirs inconscients, et donc, par exemple, les comportements religieux, puis les inquiétudes métaphysiques des parents, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur. Ces traces neuronales sont indélébiles, et se renforcent par plasticité neuronale, au fur et à mesure des expériences religieuses.
Les observations par IRM fonctionnelle suggèrent que le cerveau rationnel, le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent inconsciemment anesthésiés, à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins en matière de foi. André COMTE-SPONVILLE ne se dit-il pas « athée fidèle » à sa croyance enfantine ?
Ce qui expliquerait a fortiori la fréquente imperméabilité de certains croyants, notamment créationnistes, à toute argumentation rationnelle ou scientifique, et donc la difficulté, voire l’impossibilité de remettre leur foi en question, sans doute pour ne pas se déstabiliser (cf. le pasteur évangélique Philippe HUBINON à la RTBF : « S’il n’y a pas eu « Création », tout le reste s’écroule … ! ». Donc aussi « Dieu …
Il est logique dès lors que certains athées, comme Richard DAWKINS, ou agnostiques comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, perçoivent l’éducation religieuse, bien qu’a priori sincère et de bonne foi, comme une malhonnêteté intellectuelle et morale. Henri LABORIT l’avait bien compris :
« Je suis effrayé par les automatismes qu’il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d’un enfant. Il lui faudra, dans sa vie d’adulte, une chance exceptionnelle pour s’évader de cette prison, s’il y parvient jamais ».
(« Eloge de la Fuite », page 59, et dans le film « Mon oncle d’Amérique » d’Alain Resnais), ou encore : « Vous n’êtes pas libre du milieu où vous êtes né, ni de tous les automatismes qu’on a introduits dans votre cerveau, et, finalement, c’est une illusion, la liberté ! ».
Dans cette optique, les conversions religieuses deviennent compréhensibles. Même si l’on ne peut pas actuellement expliquer le processus biochimique précis qui enclenche le “switch », l’interrupteur qui fait basculer de l’incroyance vers la croyance, il se produit un bouleversement des neurotransmetteurs, un peu comme dans le cas du coup de foudre amoureux. Je m’explique comme suit, par exemple, la conversion de Paul CLAUDEL, ancien croyant, en entendant le Magnificat de BACH à N-D de Paris. Tout se passe comme si, malgré sa brillante intelligence, l’environnement sensoriel (grandes orgues, odeur d’encens, décorum, …- avait provoqué un bouleversement d’hormones et de neurotransmetteurs, au niveau notamment de la production de la phényléthylamine, de l’ocytocine, de la sérotonine et de la dopamine, au point de faire disjoncter son cerveau rationnel au profit se son cerveau émotionnel. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant lorsqu’on sait que les sensibilités poétique, musicale, religieuse, …, y ont des localisations voisines, ce qui facilite les interactions..
Les exemples de ce « hapax existentiel » (Michel ONFRAY) sont nombreux, dans d’autres circonstances : par exemple la conversion du docteur Alexis CARREL, qui avait perdu la foi pendant ses études, et qui l’a retrouvée lors d’un voyage à Lourdes, ou celle d’Eric-Emmanuel SCHMITT perdu sous le firmament glacial du Sahara, etc.
Pour que les libertés de conscience et de religion, et en particulier celle de croire ou de ne pas croire, deviennent plus effectives que symboliques, il faudrait donc, selon moi, s’orienter vers un système éducatif pluraliste proposant à tous une information minimale, progressive, objective et non prosélyte à la fois sur les différentes options religieuses ET sur les options laïques actuellement occultées, l’humanisme laïque, la spiritualité laïque, etc.
Dans une ou deux générations, peut-être … ?
Michel THYS à Waterloo
N.B. J'ai choisi comme titre de ce message le titre d'un livre de John Irving que j'ai aimé ou justement le personnage principal se retrouve constamment entre deux choix.