Voilà, je viens tout juste de me taper la conférence!
Les 3 principales notions que j'ai retenues...
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L'amplification du biais de confirmation depuis l'avènement d'Internet : l'information étant de plus en plus nombreuse et facilement accessible, il y a donc beaucoup plus de chance de trouver des infos qui confortent nos opinions et croyances. Le résultat étant que nous sommes tous portés à nous enfermer dans des « niches cognitives ».
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Les « mille-feuilles argumentatifs » : hors de la sphère scientifique (dans la population en général), il est plus naturel de se définir soi-même de par ses croyances que par ses « non-croyances ». Il y a donc beaucoup plus de gens motivés et « passionnés » qui passent du temps à formuler des arguments supportant leurs croyances que l'inverse. Il en résulte alors (sur « le marché des idées », sur l'internet) une disproportion entre la somme des arguments étant pour ou contre les croyances (pseudosciences, rumeurs, complots, etc.). Ce qui fait que le quidam qui s'y connaît plus ou moins (ou qui n'a pas encore d'avis tranché sur la question) fait une recherche sur un sujet donné et, devant l'ampleur de la disproportion, se dit qu'il n'est pas possible que tous les arguments en faveur de la croyance soient faux (« il n'y a pas de fumée sans feu ») et se laisse donc impressionner par le « mille-feuille argumentatif ».
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Prolifération d'un « démagogisme cognitif » : Les infos auxquelles la population a maintenant accès (par internet) étant tellement nombreuse (et pouvant être créés de toutes pièces et relayés par n'importe qui,) qu'elles ne peuvent plus être « filtrés » (vérifiés ou jugés comme étant ou non pertinente par des journalistes). Ce qui résulte que même les médias officiels participent en relayant certaines infos inutiles, si ce n'est que parce qu'une majorité y démontre de l'intérêt et qu'ils se sentent donc forcé d'en parler (ajoutons qu'ils sont en mauvaise posture économique et doivent récupérer de l'audience).
Bref, j'ai trouvé ça très intéressant! Je n'ai pas appris de trucs complètement nouveaux moi aussi, mais comme Wooden Ali, je trouve que le sociologue s'exprime et explique particulièrement bien. Ça m'a donc permis de raffiner ma compréhension du phénomène. Sinon, j'en aurais pris plus de la période de questions.
Et pour terminer, je ne partage pas l'avis de l'organisateur quant au possible biais méthodologique concernant la recherche par mots clés. Comme l'a rétorqué G.B, étant donné que les mots utilisés (en plus d'être des mots communs utilisés par tout le monde) réfèrent expressément à des trucs qui devraient susciter polémiques et débats, l'objectif était de démontrer que ce n'est pas le cas en ce qui concerne la proportion de contenu sur le Net y faisant référence.
L’exemple du mot « danse » apporté par l'organisateur est un mauvais exemple, à mon avis, parce qu'il n'implique aucune polémique potentielle sur la véracité, l'exactitude, mais surtout concernant
l'existence du sujet. Ce que l'organisateur n'a pas saisit, àmha, c'est qu'en utilisant un mot clé, quel qu'il soit (et sans l'adjoindre à d'autres termes qui pourraient le connoter d'une façon ou d'une autres pour biaisé la recherche) concernant n'importe quel sujet dont il est possible d'être divisé sur l'existence même du truc, il y a souvent plus de référence qui pointe vers ceux qui y croient et le défendent que l'inverse! C'est cette dernière condition (
susceptible de diviser les gens) qui donne tout son sens à cette observation et qui démontre que les liens étant favorables sont souvent plus nombreux que les liens étant défavorables.
G.B aurait pus rétorquer en suggérant comme contre-exemple un sujet comportant la condition qui m'apparaît essentiel (susceptible de diviser les gens), mais qui ne comporte pas d'aspects paranormaux ou « complotistes », comme « la peine de mort » ou « l'avortement » par exemple. En tapant ces genres de mots, on se rend compte que, nécessairement, les liens suggérés concernent (tout comme si l'on tapait le mot « danse ») des sites à caractère informatif sur le sujet (ce qui est normal), mais que les sites de militants actifs « pro-choix/pro-vie » ne « noient » pas les sites d'informations pour autant, contrairement au mot faisant référence aux complots, pseudosciences et croyances de toutes sortes.
J'ai fait un essai sommaire concernant uniquement la
première page de résultat dans Google pour le mot « avortement » et la majorité des liens ne concernent effectivement pas des sites de militants actifs pro-choix/pro-vie où le lecteur se verrait confronté et noyé sous des « mille feuilles d'arguments » :
1-
Comment se déroule un avortement... À caractère informatif,
2-
L'interruption volontaire de grossesse... À caractère informatif,
3-
L'Avortement - Alternative Infos/services (clinique médicale),
4-
Homosexualité, avortement, alcool : 40 pays, 40 morales.. À caractère informatif, (actualité/medias/nouvelles/statistiques),
5-
L’avortement déprécie le droit à la vie de l’enfant à naître... Croyance religieuse/militants pro-vie,
6-
Les protocoles pour avortements thérapeutiques tuent, ils ne sauvent pas des vies, rappelent les évêques du Pérou À caractère informatif, (actualité/medias/nouvelles/statistiques),
7-
Avortement — Wikipédia À caractère informatif,
8-
Enceinte et Inquiète ? Site d'infos en apparence,
mais lié à un organisme pro-vie,
9-
L'avortement | Éducaloi À caractère informatif,
10-
bienvenue - Avortement | La clinique Morgentaler Infos/services (clinique médicale), mais
nécessairement « pro choix » puisque c'est la clinique du Dr Morgentaler qui a défendu le droit à l'avortement au CA,
11-
Le droit à l'avortement 25 ans de reconnaissance officielle. Lien NOT FOUND sur la page du conseil du statut de la femme du GQC,
12-
avortement - L'Association canadienne pour la liberté de choix Organisme pro-choix,
13-
Planification familiale et avortement | Centre hospitalier de... Infos/services (clinique médicale),
Bref étant donné que cette question (droit à l'avortement) est extrêmement spécifique, même si elle peut faire partie intégrante d'une sphère de croyance plus large concernant certains croyants, elle implique nécessairement moins le fait de se définir par cet unique principe moraliste que le fait de se définir comme « sachant la vérité cachée » des « complotistes », ou d'autres croyances disons plus fondamentales (Dieu) ou excitantes (E.T, pseudosciences, etc). Autrement dit, les questions de morales ou de principes suscitent une motivation (à défendre notre point de vue) qui semble moins disproportionnée que les questions de croyances. Tout ça pour dire que, par contraste, la disproportion concernant le temps et la motivation de ceux qui argumentent (contribuent au « mille-feuille ») à propos des croyances en tout genre n'est pas le produit d'un biais en fonction du mot utilisé àmha.
D'accord/pas d'accord?