Je suis scandalisé.
Ce n'est pas bien... pas bien DU TOUT de se moquer des images pieuses.
Cela peut être très utile, les images pieuses.
Ainsi, minot d'un petit village de campagne, je n'oublierai JAMAIS cette réunion préparatoire des enfants pour la communion solennelle que nous allions passer... réunion avec le curé et Mademoiselle "BIP" la bigote en chef de la paroisse, mon père catholique tenant à ce que je la fasse (pas la bigote : la communion.. suivez, bon sang !).
J'étais plutôt sceptique (comme on peut l'être à cet age) sur toutes ces choses, mais quand même, toutes ces préparations, le "grand" événement solennel qui arrivait, toutes les innombrables bricoles à faire (essayer l'aube (et l'acheter), prévoir (et acheter...) des images pieuses qui seraient bénies, pour ensuite les remettre aux gens de la famille (tout particulièrement à ceux qui m'aurait acheté un cadeau), les prières à apprendre (après avoir acheté un missel), le décorum à répéter, le "corps du Christ", bref...tout le toutim), toute cette agitation me semblait le signe de quelque chose de tout de même très important, hein, et... ça me "travaillait" et me faisait remettre en question mon opinion (opinion que je me gardais bien d'exprimer tout haut... ) : et si, dans ma prétention, je m'étais trompé ? Et si "Dieu", tout ça tout ça, et ben... si "ça" existait ?
Et là, au début de la réunion d'importance, puisque que dernière avant l'apothéose... le drame : je m'aperçois que, JUSTEMENT, ces petites images (que je trouvais quand même un peu chelou dans leur graphisme, mais bon...), ces images qu'on était censé avoir apporter à cet ultime préparation, pour les faire
bénir (sans quoi, si j'avais bien compris : ça comptait pas vraiment...)... et bien ces illustrations...je les avais oublié ! Je m'attendais à me prendre une chasse phénoménale du curé, à un sermon carabiné, j'étais un "mauvais chrétien", il faudrait retourner chez moi, aller les chercher, revenir, agir dans l'urgence, déranger M'sieur l'Curé (personnage d'importance...) dans son emploi du temps certainement over-booké, etc. Bref... en plus d'une engueulade bien méritée, ça allait être tout une histoire pour réparer ma bourde... Transi de trouille, je décidais de me taire et attendais avec angoisse la suite des événement, redoutant à chaque minute l'instant où viendrait le moment de passer à la bénédiction des images...
La réunion (bien peu efficace, terriblement chiante, et agrémentée d'un pamphlet de 10 minutes sur "l'importance du don de la part des familles lors de la quête en ce jour si particulier pour que la Sainte Eglise vive, expliquez leur bien..." ... glissons...) se passe sans que le curé n'évoque le sujet pour moi brûlant (les prémisses de l'enfer, pour ma terrible faute, sans doute) de l'iconographie...
A 11h35 (on avait commencé à 11 h et on était censé finir à 12h, mais bon, le cousin du maire offrait l'apéro au bistrot du village pour fêter l'annonce de son mariage avec (rendez-vous compte !) une fille de notaire, et le curé était convié...), v'la-t-y pas que le sous-prélat nous sort : "Bon, ben, on va s’arrêter là... Caisse vous dites Mademoilselle "BIP" ? Les images ? Quoi, les images ? Ah oui : pour les images, ceux qui les ont, les sortez pas, on n'a plus le temps, et pis les autres, si elles sont chez vous ou chais pas où, ça fait rien : au nom du père, du fils, du saint-esprit, voila, elles sont bénies... Bon, vous pouvez y aller."
Ce fut une révélation... Mon "anti-pilier" de Claudel, en quelque sorte...
A ce moment, après ces propos du curé, une fois remis de la stupeur (et fort soulagé...), je me suis dis, je m'en souviens comme si c'était hier : "Bon, cette fois, là au moins, c'est clair : on me prend VRAIMENT pour un con... et ce mec n'est qu'un abruti hypocrite, point".
... et j'ai perdu définitivement, à vie, la maigre étincelle de "foi" que l'endoctrinement et le bourrage de mou avait fini par vaguement susciter en moi... J'imagine que si le pape avait été télépathe, en me "recevant", il se serai fendu, à cet instant, d'un "Caramba ! Encore raté !" retentissant...
Le reste de mon existence m'a d'ailleurs offert moult autres occasions où, confronté à la religion, cela n'a fait que corroborer la justesse de la décision que j'avais pris ce jour là : l'abandon définitif de toute croyance en ces âneries... et une méfiance de principe à toute croyance en général.
Alors, ne vous moquez pas des "images pieuses" : comme vous venez de le lire... elles peuvent être très utiles !

Et bien oui, la foi soulève des montagnes...
...des montagnes de sottises.