SavoirDouter a écrit :Selon vous la société semblent t-elle prendre cette voie ou non?
La controverse sur les jeux vidéos ça n'est pas nouveau, donc ça fait très longtemps que la voie est prise.
Le jeu vidéo, comme le JDR, le Rock, certains genres du cinéma ou de la littérature subissent tous ce problème, parce qu'ils apparaissent au départ comme un phénomène relativement marginal et porté par des gens relativement jeune et donc comme une sorte de contre-culture, ce qui provoque forcément des réactions hostiles.
En plus, dans les cas de violence, il a pour avantage d'apporter une raison à la folie, dans la mesure où c'est plus rassurant de se dire que la folie viendrait d'un élément qu'on peut éventuellement interdire, que de ce dire qu'il n'y a peut-être aucune raison contrôlable et que parmi nos voisin, nos proches, il y en a qui peuvent péter les plombs sans qu'on puisse ni l'identifier facilement à l'avance, ni le contrôler.
Globalement, c'est un bouc émissaire commode et comme c'est du divertissement, ça parait pas bien grave de le diaboliser.
Après, il y a des effets que le jeu vidéo à sur la psyché de l'individu que n'a pas le cinéma ou la littérature du fait de l'interactivité, mais ça me semble peu raisonnable de se dire que cette interactivité seule peut être la cause d'une violence ou d'un mal-être sans que l'individu en question ait déjà des problèmes par ailleurs.
Surtout que pour le cas de la violence, cette dernière ne me parait pas si simple à catégoriser que le pense certain média, mais dépend sans doute aussi beaucoup de la perception qu'on a de cette violence.
Pour jouer beaucoup aux jeux vidéos moi même, je n'ai que rarement perçu le fait de tuer des personnages numériques, parfois par centaines, comme de la violence, dans la mesure où la plupart des jeux ne permettent pas d'empathie avec des PNJ et ne permettent pas de ressentir leur mort ou la violence qu'on leur inflige comme une vraie mort. Quand je tue un pnj dans un jeu de tir, même si je lui fais exploser la tête dans une gerbe de sang, tout à quand même l'air faux, que ça soit le caractère grotesque de sa mort à cause de l'imperfection du système de ragdoll ou simplement le fait que son cadavre disparaisse. Dans ce contexte, c'est moins de la violence qu'une démonstration de talents assez similaire à un tir au pigeon d'argile. Je ressentirais sans doute la même satisfaction à faire exploser une piñata qu'à démembrer un stormtrooper dans un jeu Star Wars.
A l'inverse, certains passages renforçant l'empathie et l'émotion qu'on peut ressentir face à la mort peuvent, à mon sens, relever d'une vraie violence et quand je les joue, je ressens cette violence même si elle n'est que verbale et je me sens parfois mal à après, comme si j'avais réellement commis ou subit cette violence.
Evidement, je ne généralise pas mon expérience, il est possible que certains joueurs ressentent la mort en masse de PNJ dans un jeu de tir comme une véritable expérience de violence, mais c'est moins dû à une violence inhérente au titre qu'à la manière dont le joueur perçoit la violence en général et comment il a été éduqué à la fiction, comment son ses repères moraux, comment il perçoit le monde...
Malheureusement, cette subtilité passe largement au dessus de la tête de la plupart des commentateurs qui rapporte des affaires concernant les jeux vidéos, et préfère mettre en avant le fait qu'on puisse rouler sur des passants dans GTA ou tuer plein de monde dans Call of Duty, comme si tous les joueurs perçevait le fait d'accomplir ça de la même façon et en tirait les mêmes émotions.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)