Je n'ai pas lu le pavé de Bachand et rien dans l'article qui en parle ne me donne le gout de le lire.
Certaine maladie mentales sont lourdes à porter. C'est parfois la maladie elle-même qui est lourde et c'est aussi parfois les ratées entourant sa prise en charge par la communauté. Les maladies eux-mêmes ou leurs familles sont alors tenté de nier l'existence de la maladie et d'en attribuer les conséquences aux médecins plutôt qu'à la maladie. Ça donne des trucs biscornus comme celui de Bachant.
En fait, selon l’auteur, Alain Bachand, il y a imposture, dans le domaine de la maladie mentale. L’imposture, c’est que tout un échafaudage pseudo-scientifique a été monté pour nous faire croire que les comportements « étranges » (par exemple l’exhibitionnisme ou autres déviances sexuelles) ou bien inadaptés (par exemple la tristesse chez les femmes âgées ou l’agitation des enfants) sont des pathologies, des maladies (p. 11).
????? «
échafaudage … monté pour nous faire croire» Diable! Cette terminologie me rappelle des textes conspirationnistes.
Des chercheurs peuvent être biaisés. Une communauté scientifique dans son ensemble peut-être biaisée, mais des complots hourdies par une communauté scientifique dans le but de tromper, ça n'existe pas et celui qui croit en avoir découvert aurait intérêt à se questionner sur sa propre pomme.
En s’appuyant sur de nombreuses études, …
La psychiatrie est un domaine où s'épanouissent encore de grandes communautés de charlatans. Ce qui s'y publie doit donc toujours être filtré. La base d'une bonne formation universitaire dans ce domaine porte sur les méthodes de recherche et la capacité de distinguer les bonnes de mauvaises, les hypothèses crédibles des spéculations fumeuses.
Bachand fait la démonstration que les « bases génétiques et biologiques de la maladie mentale n’ont pas été établies »
Ça dépend de ce que l'on qualifie de "bases génétiques" et de "bases biologiques". Si Bachand a besoin que les gènes précis de chaque maladie soient identifiés, il a raison. La recherche n'en est pas rendue là. Nous savons, par contre, que l'incidence de certaines maladies augmente en fonction de la proximité héréditaire. Par exemple, le risque de schizophrénie est de 1% dans la population en général, mais ce risque augmente à 10% si un de vos frères ou sœur à la maladie et à 50% si ce frère ou cette sœur de votre jumeau identique … Et les études d'adoption montrent que ce risque accru se vérifie même si la fratrie a été éduquée dans des familles différentes. Toujours pour la schizophrénie, les recherches anatomiques post-mortem montrent une plus forte probabilité d'anomalies dans l'anatomie du cerveau des schizophrènes. Ces anomalies concernent presque toutes le système limbique.
Contrairement à la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer, où on observe une lésion ou une atteinte au cerveau, donc qu’il s’agit en fait d’une maladie physique ou organique (de problèmes neurologiques, par exemple), la dépression, l’agoraphobie ou l’anorexie ne sont pas identifiables par des examens médicaux (prises de sang, radiographies, biopsies, etc.).
Toutes les maladies physiques ne sont pas non plus identifiables par des tests.
L’auteur consacre six chapitres à analyser autant de « maladies mentales ». La schizophrénie (chap. 1) : un examen minutieux des études montre la « spéculation » autour des tentatives d’explications génétiques, biologiques et biochimiques, toutes réfutées.
Quel spéculation, réfuté par qui et comment! Dans ce domaine comme dans bien d'autres, c'est la valeur relative des arguments qui permet de séparer l'ivraie du bon grain …
La schizophrénie est un « fourre-tout » de comportements socialement handicapants tels qu’hallucinations, langage désorganisé, délires et comportements bizarres (p. 35).
Oui et non! Disons plutôt que certains auteurs sérieux ont suggéré que la schizophrénie pourrait être une appellation commode pour le moment, mais qui regrouperait plus probablement plusieurs maladies partageant des caractéristiques communes, bien qu'ayant peut-être des causes différentes.
Ce que les études tendent à démontrer, c’est que les croyances délirantes pourraient aider les personnes à s’adapter à des expériences difficiles qui autrement les troubleraient beaucoup plus.
Ouf! Ça c'est absolument faux. Rien d'en haut ou d'en bas dans la recherche ne soutien une pareille énormité.
« La capacité d’altérer la réalité peut ainsi permettre d’atténuer des anxiétés ou de surmonter des épreuves » (p. 37).
Aucun rapport avec la réalité! Lorsque mon client André G. croit que le diable lui parle, son anxiété a plutôt tendance à augmenter. Lorsqu'il se prend pour le diable, elle monte en flèche. Comment vous sentiriez vous si une voix que vous croyez réelle vous commande de tuer votre bébé? En cherchant beaucoup, on pourrait trouver des cas anecdotiques de personnes présentant des hallucinations ou des délires exaltant ou pas trop angoissant, mais la règle générale est que ces symptômes sont accompagné d'une douloureuse angoisse.
En fait, la schizophrénie serait un mécanisme d’adaptation.
Puff! Allez raconter ça aux parents de jeunes schizophrènes qui dans une phase de décompensation ont tenté de s'immoler par le feu.
« Être malade » ou bien « s’adapter » ne sont pas du pareil au même. Parce que nous ne tolérons pas les comportements bizarres ou différents, nous étiquetons : « schizophrène ».
Pas complètement faux! Les symptômes de la maladie sont des faits, mais la façon de les interpréter dépend en grande partie de nos repères culturels.
Par la suite, le traitement médical ou social, souvent stigmatisant, peut certainement contribuer à les rendre vraiment malades…
Pas faux non plus! Par exemple, l'hospitalisation de certains malades accentue leurs symptômes (TPB) ou le fait rapidement perdre leur autonomie (MAB, schizophrénie). C'est un défi de la psychiatrie que de protéger les personnes les plus malades sans que le cadre de protection ne devienne à sont tour une source de problème pour les personnes.
La dépression (chap. 2), l’alcoolisme (chap. 3) et la pédophilie (chap. 4) sont-ils des problèmes médicaux?
Encore une fois, les symptômes de ces maladies sont des faits, mais la façon de les interpréter dépend de nos repères culturels.
N’oublions pas qu’en des temps pas si anciens, la masturbation et l’homosexualité ont été considérés comme des troubles mentaux. (J’ajouterais volontiers l’« hystérie », maladie des femmes, sans oublier toutes ces « folles » qui ont voulu divorcer ou fuir la violence à une autre époque.)
Euuu, l'hystérie est toujours une maladie. Elle a juste changé de nom (troubles dissociatifs et trouble de personnalité histrionique)
Définir de façon médicale la personnalité antisociale psychopathe (chap. 5) pose également problème. Aucune définition ne satisfait la science. La psychopathie semble relever de la moralité et non pas d’une quelconque expertise médicale (p. 89). L’auteur ne voit pas pourquoi il « n’est pas plus sensé d’inclure dans les manuels de psychiatrie, médicalement parlant, les comportements du très bon citoyen que ceux du très mauvais citoyen »
Il n'y a pas de concurrence entre le jugement morale et l'exercice médicale. Un comportement peut-être à la foi pathologique et moralement condamnable. En, encore une dernière fois, les symptômes de ces maladies sont des faits, mais la façon de les interpréter dépend de nos repères culturels. Mais finalement en est-il si différent pour les maladies physiques. Le concept même de "maladie" n'est-il pas une catégorie un peu arbitraire?
L’auteur critique le fait que la psychiatrie « fonde la plupart du temps ses diagnostics sur des comportements, et non sur le fonctionnement du cerveau », surtout qu’aucun lien solide n’est établi entre les comportements et ce fonctionnement (p. 100).
C'est pour ça que ça s'appelle la psychiatrie. Autrement, nous parlerions de neurologie.
En fait, le diagnostic psychiatrique n’apparait ni fiable ni valide. Deux psychiatres différents donneront des diagnostics différents.
Très exagéré! L'accord inter-juge est souvent très bon. Il n'est mauvais que pour des tableaux très complexes ou relevant de maladies dont une des manifestations est l'instabilité du tableau (trouble bipolaire par exemple.)