Exercices littéraires
Exercices littéraires
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Chacun est invité à placer ici ses exercices littéraires s'il en a envie, bien sûr.
Chacun est invité à tout critiquer aussi, évidemment ...
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Chacun est invité à placer ici ses exercices littéraires s'il en a envie, bien sûr.
Chacun est invité à tout critiquer aussi, évidemment ...
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Re: Exercices littéraires
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LA COMPTINE DES PETIOTES AU MÉCANO
Arme Trame Crame
Prick et Prick et Kril au Gramme
Cours et Cours et Rate le Tram
Arme Trame Crame
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LA COMPTINE DES PETIOTES AU MÉCANO
Arme Trame Crame
Prick et Prick et Kril au Gramme
Cours et Cours et Rate le Tram
Arme Trame Crame
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- LoutredeMer
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- Inscription : 30 juil. 2008, 23:34
Re: Exercices littéraires
Tous les yeux s'étaient levés vers le haut de l'église. Ce qu'ils voyaient était extraordinaire. Sur le sommet
de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait
entre les deux clochers avec des tourbillons d'étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont
le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée. Au-dessous de cette flamme, au-dessous de la
sombre balustrade à trèfles de braise, deux gouttières en gueules de monstres vomissaient sans relâche
cette pluie ardente qui détachait son ruissellement argenté sur les ténèbres de la façade inférieure. À
mesure qu'ils approchaient du sol, les deux jets de plomb liquide s'élargissaient en gerbes, comme l'eau
qui jaillit des mille trous de l'arrosoir. Au-dessus de la flamme, les énormes tours, de chacune desquelles
on voyait deux faces crues et tranchées, l'une toute noire, l'autre toute rouge, semblaient plus grandes
encore de toute l'immensité de l'ombre qu'elles projetaient jusque dans le ciel. Leurs innombrables
sculptures de diables et de dragons prenaient un aspect lugubre. La clarté inquiète de la flamme les faisait
remuer à l'oeil. Il y avait des guivres qui avaient l'air de rire, des gargouilles qu'on croyait entendre
japper, des salamandres qui soufflaient dans le feu, des tarasques qui éternuaient dans la fumée. Et parmi
ces monstres ainsi réveillés de leur sommeil de pierre par cette flamme, par ce bruit, il y en avait un qui
marchait et qu'on voyait de temps en temps passer sur le front ardent du bûcher comme une
chauve-souris devant une chandelle.
Victor Hugo - Notre-Dame de Paris
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de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait
entre les deux clochers avec des tourbillons d'étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont
le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée. Au-dessous de cette flamme, au-dessous de la
sombre balustrade à trèfles de braise, deux gouttières en gueules de monstres vomissaient sans relâche
cette pluie ardente qui détachait son ruissellement argenté sur les ténèbres de la façade inférieure. À
mesure qu'ils approchaient du sol, les deux jets de plomb liquide s'élargissaient en gerbes, comme l'eau
qui jaillit des mille trous de l'arrosoir. Au-dessus de la flamme, les énormes tours, de chacune desquelles
on voyait deux faces crues et tranchées, l'une toute noire, l'autre toute rouge, semblaient plus grandes
encore de toute l'immensité de l'ombre qu'elles projetaient jusque dans le ciel. Leurs innombrables
sculptures de diables et de dragons prenaient un aspect lugubre. La clarté inquiète de la flamme les faisait
remuer à l'oeil. Il y avait des guivres qui avaient l'air de rire, des gargouilles qu'on croyait entendre
japper, des salamandres qui soufflaient dans le feu, des tarasques qui éternuaient dans la fumée. Et parmi
ces monstres ainsi réveillés de leur sommeil de pierre par cette flamme, par ce bruit, il y en avait un qui
marchait et qu'on voyait de temps en temps passer sur le front ardent du bûcher comme une
chauve-souris devant une chandelle.
Victor Hugo - Notre-Dame de Paris
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"Par le saumon qui se meut!.. I want my food!.. Slice me tender"..
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Re: Exercices littéraires
C'est un sujet idéal pour le blog personnel que vous devriez créer pour accumuler les manifestations de votre pétillant esprit, mais la pertinence pour le forum est moins claire.Mary Shostakov a écrit : 16 avr. 2019, 08:13Chacun est invité à tout critiquer aussi, évidemment ...
Jean-François
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
Re: Exercices littéraires
Je te dirais que l'idée du blog m'est souvent passée par l'esprit, mais que chaque fois ma flemme l'a emporté sur ma volonté.Jean-Francois a écrit : 16 avr. 2019, 15:07C'est un sujet idéal pour le blog personnel que vous devriez créer pour accumuler les manifestations de votre pétillant esprit, mais la pertinence pour le forum est moins claire.Mary Shostakov a écrit : 16 avr. 2019, 08:13Chacun est invité à tout critiquer aussi, évidemment ...
Jean-François
Cela dit, si mes exercices littéraires ne prennent pas trop de place sur ce forum, je les vois bien s'insérer dans ma «trinité» Art, Science et Philosophie.
C'est d'une certaine façon une contribution au scepticisme en ce sens que les délires de toutes sortes peuvent facilement être traités sous une forme artistique, et la littérature est un art.
L'une des fonctions de cet art, c'est de canaliser ces délires.
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Re: Exercices littéraires
Comment être insultant sans jamais être grossier..
Après «Comment ne pas payer ses impôts» (tiré à 600 000 exemplaires) et «Comment bien vivre vos 6 mois de prison» (toujours disponible en librairie) notre auteur se penche aujourd’hui sur un autre genre de problème : comment être insultant sans jamais être grossier ?
Tout d’abord, cher auteur, qu’est-ce qu’une insulte ? Et qu’est la grossièreté ?
_ Ah. Je ne savais pas que je devais être interviewé par un orchidoclaste.
_ Pardon ?
_ Je développe : casse-couille est grossier, mais le terme scientifique orchidoclaste ne l’est pas. Pourtant dans les deux cas, je vous insulte.
_ Ah. Je vois.
_ Mouais... Ca c’est moins sûr.
_ Le souci c’est qu’orchimachin n’est pas à la portée de chacun.
_ C’est bien pour cela que j’ai écrit un livre, géopyge.
_ Certes, mais quelles sont les différentes méthodes que vous proposez ?
_ Tout dépend de la situation. Si quelqu’un vous insulte ou bien s’il vient de dire quelque chose de particulièrement stupide-grossier-raciste-sexiste-homophobe je précise qu’il n’y a aucune mention inutile à rayer.
_ Alors que répondre à une insulte disons raciste ?
_ Il faut bien comprendre que le problème de fond c’est l’ignorance.
_ C’est à dire ?
_ Ignorance égale peur. Peur égale agressivité. Suivez un peu, c’est bête comme chou. Face à des propos de ce genre, quel que soit le «iste» ou le «phobe» ces gens sont plus souvent qu’à leur tour dépourvu a) de culture b) d’imagination. Il convient de les mettre en face de leur propre sottise en exposant leur manque. Par exemple latérograde convient davantage que rétrograde.
_ Mais le souci est qu’ils ne comprennent pas.
_ Ce qui décuple le plaisir. Vous pouvez aussi proposer de le lui noter, ça a pour effet secondaire de faire retomber la pression. Et lorsqu’il aura trouvé la définition vous, vous serez loin et échapperez aux conséquences physiques comme les coups dans les parties...
_ Et si l’on tient absolument à se faire comprendre ?
_ Alors laissez de côté le vocabulaire scientifique pour la description physiologique est un bon échappatoire.
_ Pouvez-vous me donner un exemple ?
_ Parfaitement, d’autant que vous commencez à me faciliter le transit intestinal.
_ Dites, je ne vous permet pas !
_ Quand on insulte on ne demande pas la permission, atrophié du bulbe.
_ Mal élevé !
_ J’eusse préféré phallosophe. Achetez-mon livre, parce que là vous manquez sérieusement de répartie. Mais ça se travaille, même quand on est alburostre.
_ **** !(censuré).»
Après «Comment ne pas payer ses impôts» (tiré à 600 000 exemplaires) et «Comment bien vivre vos 6 mois de prison» (toujours disponible en librairie) notre auteur se penche aujourd’hui sur un autre genre de problème : comment être insultant sans jamais être grossier ?
Tout d’abord, cher auteur, qu’est-ce qu’une insulte ? Et qu’est la grossièreté ?
_ Ah. Je ne savais pas que je devais être interviewé par un orchidoclaste.
_ Pardon ?
_ Je développe : casse-couille est grossier, mais le terme scientifique orchidoclaste ne l’est pas. Pourtant dans les deux cas, je vous insulte.
_ Ah. Je vois.
_ Mouais... Ca c’est moins sûr.
_ Le souci c’est qu’orchimachin n’est pas à la portée de chacun.
_ C’est bien pour cela que j’ai écrit un livre, géopyge.
_ Certes, mais quelles sont les différentes méthodes que vous proposez ?
_ Tout dépend de la situation. Si quelqu’un vous insulte ou bien s’il vient de dire quelque chose de particulièrement stupide-grossier-raciste-sexiste-homophobe je précise qu’il n’y a aucune mention inutile à rayer.
_ Alors que répondre à une insulte disons raciste ?
_ Il faut bien comprendre que le problème de fond c’est l’ignorance.
_ C’est à dire ?
_ Ignorance égale peur. Peur égale agressivité. Suivez un peu, c’est bête comme chou. Face à des propos de ce genre, quel que soit le «iste» ou le «phobe» ces gens sont plus souvent qu’à leur tour dépourvu a) de culture b) d’imagination. Il convient de les mettre en face de leur propre sottise en exposant leur manque. Par exemple latérograde convient davantage que rétrograde.
_ Mais le souci est qu’ils ne comprennent pas.
_ Ce qui décuple le plaisir. Vous pouvez aussi proposer de le lui noter, ça a pour effet secondaire de faire retomber la pression. Et lorsqu’il aura trouvé la définition vous, vous serez loin et échapperez aux conséquences physiques comme les coups dans les parties...
_ Et si l’on tient absolument à se faire comprendre ?
_ Alors laissez de côté le vocabulaire scientifique pour la description physiologique est un bon échappatoire.
_ Pouvez-vous me donner un exemple ?
_ Parfaitement, d’autant que vous commencez à me faciliter le transit intestinal.
_ Dites, je ne vous permet pas !
_ Quand on insulte on ne demande pas la permission, atrophié du bulbe.
_ Mal élevé !
_ J’eusse préféré phallosophe. Achetez-mon livre, parce que là vous manquez sérieusement de répartie. Mais ça se travaille, même quand on est alburostre.
_ **** !(censuré).»
"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" Lavoisier.
Re: Exercices littéraires
Pour mémoire, il ne s'agit pas d'un simple copier-coller de plagiaire ordinaire.
C'est de moi, sur un autre forum ...
Je dissémine mes modestes exercices littéraires un peu partout sur Internet ...
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Re: Exercices littéraires
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L'ORDRE
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Un jour, dans un royaume heureux perdu dans les montagnes, Patrick Patatrack tua son frère le Roi.
Il fût immédiatement couronné Roi du royaume heureux perdu dans les montagnes, car si le Roi est mort, alors vive le Roi, gueula le peuple heureux.
Comme le nouveau Roi trouvait que le peuple heureux puait trop et que l'odeur venait du désordre dans lequel vivaient tous les gens heureux du royaume, il décida de planter partout des roses et de mettre de l'ordre dans le pays heureux perdu dans les montagnes.
Il confia la tâche à son Écarteur d'anus préféré, Peter McSfeincter.
De tous les Écarteurs du royaume, Peter était le plus compétent, disait le roi, qui l'avait d'ailleurs entretemps nommé au nom de lui-même Écarteur Privilégié.
L'Écarteur Privilégié planta évidemment des roses partout et décida ensuite de mettre de l'ordre en commençant par la bibliothèque, où s'entassait souvent le peuple heureux qui puait le désordre.
Il mit les A avec les A.
Puis les B avec les B.
Les C avec les C.
Et il continua ainsi avec les D, les E, les F, ecetera jusqu'au X, au Y et au Z.
Le peuple heureux qui puait trop le désordre trouva alors que plus rien n'était lisible dans la bibliothèque.
Comment lire ces enfilades interminables
de AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA,
de BBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBB,
de CCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCecetera ? ...
Il ne fréquenta plus la bibliothèque.
Et il alla gueuler son bonheur aux matchs de foutrebaule, de boxif et de baise-boules ...
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L'ORDRE
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Un jour, dans un royaume heureux perdu dans les montagnes, Patrick Patatrack tua son frère le Roi.
Il fût immédiatement couronné Roi du royaume heureux perdu dans les montagnes, car si le Roi est mort, alors vive le Roi, gueula le peuple heureux.
Comme le nouveau Roi trouvait que le peuple heureux puait trop et que l'odeur venait du désordre dans lequel vivaient tous les gens heureux du royaume, il décida de planter partout des roses et de mettre de l'ordre dans le pays heureux perdu dans les montagnes.
Il confia la tâche à son Écarteur d'anus préféré, Peter McSfeincter.
De tous les Écarteurs du royaume, Peter était le plus compétent, disait le roi, qui l'avait d'ailleurs entretemps nommé au nom de lui-même Écarteur Privilégié.
L'Écarteur Privilégié planta évidemment des roses partout et décida ensuite de mettre de l'ordre en commençant par la bibliothèque, où s'entassait souvent le peuple heureux qui puait le désordre.
Il mit les A avec les A.
Puis les B avec les B.
Les C avec les C.
Et il continua ainsi avec les D, les E, les F, ecetera jusqu'au X, au Y et au Z.
Le peuple heureux qui puait trop le désordre trouva alors que plus rien n'était lisible dans la bibliothèque.
Comment lire ces enfilades interminables
de AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA,
de BBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBB,
de CCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCecetera ? ...
Il ne fréquenta plus la bibliothèque.
Et il alla gueuler son bonheur aux matchs de foutrebaule, de boxif et de baise-boules ...
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Re: Exercices littéraires
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LES HOMMES QUI N'AIMAIENT PAS LES FEMMES
Ils allaient passer tous les trois à la caisse pour dépôt de bilan...
Ah! Ils s'étaient bien amusés avec elle, hein ?... Ah! Ils avaient bien profité de leur
force physique et de sa faiblesse de même pas 18 ans, n’est-ce pas ?... Ils allaient le
sentir, ce qu'elle allait leur coûter, la rigolade...
Prévenir la police ? Elle n'était pas du genre à aller voir les flics pour obtenir
justice.
À 12 ans, quand elle avait massacré son père à coup de hache pendant qu'il
dormait, ils s'étaient pas mal foutus de ce qu'il lui faisait en cachette, ce vieux
salopard.
Et elle avait atterri sur un lit d'asile psychiatrique, attachée et endormie des mois à
coups de piqûres.
Mais il y en avait une autre, de justice. Et ils allaient y goûter, les trois cons.
***
Elle rangea dans les tiroirs de son bureau des câbles électriques, des résistances, des
bobines, des condensateurs, des microcircuits, un fer à souder, une perceuse, une
scie, des vis, des rondelles et des écrous.
Elle enfonça un tampon bien tassé dans chaque trou de sa boule de bowling.
Trois tampons. Trois trous. Trois cons. Elle sourit...
Huit heures et demie du soir. Le club de bowling allait ouvrir. Elle mit sa boule
dans son sac. Elle posa son téléphone portable près de la fenêtre ouverte sur la rue,
à l'étage. Puis elle prit son sac et descendit de chez elle d'un pas tranquille pour
sortir et se diriger vers le club.
Elle s'était dit qu'elle n'y remettrait plus jamais les pieds, dans ce club de bowling.
C'était là que les trois cons l'avaient coincée dans les vestiaires.
Elle y allait quand même. Pour le règlement de compte.
***
Ils étaient là, au bout de la rue, tous les trois.
Dès qu'ils la virent, ils se mirent à rire et firent mine de s'approcher d'elle.
Elle eut un mouvement d'effroi, de panique.
Elle lâcha son sac de bowling sur le trottoir.
Elle se mit à courir pour leur échapper en rebroussant chemin à toute vitesse.
Elle monta quatre à quatre les marches de l'escalier de son appartement.
Elle alla à la fenêtre.
Elle regarda dehors et vit les trois cons rigoler en tenant son sac.
Elle eut juste le temps de les voir disparaître au coin de la rue.
Elle prit son téléphone portable.
Elle appuya sur la touche CALL.
Un éclair gigantesque illumina le ciel et une énorme explosion secoua le quartier.
***
Inspiré de « Män som hatar kvinnor », de Stieg Larsson, en hommage à cet écrivain journaliste qui connaissait bien les femmes, mais bien aussi les salopards.
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LES HOMMES QUI N'AIMAIENT PAS LES FEMMES
Ils allaient passer tous les trois à la caisse pour dépôt de bilan...
Ah! Ils s'étaient bien amusés avec elle, hein ?... Ah! Ils avaient bien profité de leur
force physique et de sa faiblesse de même pas 18 ans, n’est-ce pas ?... Ils allaient le
sentir, ce qu'elle allait leur coûter, la rigolade...
Prévenir la police ? Elle n'était pas du genre à aller voir les flics pour obtenir
justice.
À 12 ans, quand elle avait massacré son père à coup de hache pendant qu'il
dormait, ils s'étaient pas mal foutus de ce qu'il lui faisait en cachette, ce vieux
salopard.
Et elle avait atterri sur un lit d'asile psychiatrique, attachée et endormie des mois à
coups de piqûres.
Mais il y en avait une autre, de justice. Et ils allaient y goûter, les trois cons.
***
Elle rangea dans les tiroirs de son bureau des câbles électriques, des résistances, des
bobines, des condensateurs, des microcircuits, un fer à souder, une perceuse, une
scie, des vis, des rondelles et des écrous.
Elle enfonça un tampon bien tassé dans chaque trou de sa boule de bowling.
Trois tampons. Trois trous. Trois cons. Elle sourit...
Huit heures et demie du soir. Le club de bowling allait ouvrir. Elle mit sa boule
dans son sac. Elle posa son téléphone portable près de la fenêtre ouverte sur la rue,
à l'étage. Puis elle prit son sac et descendit de chez elle d'un pas tranquille pour
sortir et se diriger vers le club.
Elle s'était dit qu'elle n'y remettrait plus jamais les pieds, dans ce club de bowling.
C'était là que les trois cons l'avaient coincée dans les vestiaires.
Elle y allait quand même. Pour le règlement de compte.
***
Ils étaient là, au bout de la rue, tous les trois.
Dès qu'ils la virent, ils se mirent à rire et firent mine de s'approcher d'elle.
Elle eut un mouvement d'effroi, de panique.
Elle lâcha son sac de bowling sur le trottoir.
Elle se mit à courir pour leur échapper en rebroussant chemin à toute vitesse.
Elle monta quatre à quatre les marches de l'escalier de son appartement.
Elle alla à la fenêtre.
Elle regarda dehors et vit les trois cons rigoler en tenant son sac.
Elle eut juste le temps de les voir disparaître au coin de la rue.
Elle prit son téléphone portable.
Elle appuya sur la touche CALL.
Un éclair gigantesque illumina le ciel et une énorme explosion secoua le quartier.
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Inspiré de « Män som hatar kvinnor », de Stieg Larsson, en hommage à cet écrivain journaliste qui connaissait bien les femmes, mais bien aussi les salopards.
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Re: Exercices littéraires
Hello Mary.
Oui c'est de moi, merci pour le bravo.

"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" Lavoisier.
Re: Exercices littéraires
Alors trois fois bienvenue au club des artistes-nés !



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Re: Exercices littéraires
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L'ANNIVERSAIRE
Toi, petit bonhomme qui est moi et toi seul et moi seul, face de miroir le matin des lavages, je te dis, je te le dis et je te le redis, méfie-toi d'elle, qui s'avance vers toi en te voulant du bien.
Elle est capable de tout.
Toi, tu n'as pas de montre au poignet. Tu n'as pas de calendrier. Tu ne sais pas seulement quand tu es né.
Ou si tu le sais, c'est juste parce qu'un jour elle te l'a demandé.
Chaque année. À la même date. Ça te réjouira, à la longue. Elle te fera un cadeau.
Mais toi, tu ne sais même pas ce qu'est un calendrier.
Elle t'a bien dit le jour qu'elle était née. Mais tu l'as oublié. Tu n'as pas de montre au poignet, pas de calendrier.
Chaque année, elle te fera un cadeau à la même date et ça te réjouira, à la longue.
Mais toi, petit bonhomme, autiste des dates et des débuts et des fins de l'histoire, tu ne lui répondras pas. Tu ne le sauras même pas, que tu ne lui auras pas répondu! Car toi qui crois encore que c'est toujours la fête quand on aime, tu ne lui rendras pas la politesse autrement que dans l'instant éternel de l’absence de temps qui passe.
Elle n'aura pas compris. Elle en aura pleuré.
Dans le congélateur de sa mémoire la plus froide, elle aura mis ses larmes, qui gèleront à la longue en forme de dague.
Mais je te le dis et te le redirai, n'écris surtout pas avec ton sang, sinon tu vas mourir vidé.
Écris plutôt avec de la teinture d'iode.
Pour soigner ta plaie.
Car un jour, elle t'apprendra exactement ce qu'est le temps des horloges et des calendriers en te plantant sa dague de glace dans le cœur, et en te disant doucement, sans sourire:
Joyeux anniversaire, petit con!
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L'ANNIVERSAIRE
Toi, petit bonhomme qui est moi et toi seul et moi seul, face de miroir le matin des lavages, je te dis, je te le dis et je te le redis, méfie-toi d'elle, qui s'avance vers toi en te voulant du bien.
Elle est capable de tout.
Toi, tu n'as pas de montre au poignet. Tu n'as pas de calendrier. Tu ne sais pas seulement quand tu es né.
Ou si tu le sais, c'est juste parce qu'un jour elle te l'a demandé.
Chaque année. À la même date. Ça te réjouira, à la longue. Elle te fera un cadeau.
Mais toi, tu ne sais même pas ce qu'est un calendrier.
Elle t'a bien dit le jour qu'elle était née. Mais tu l'as oublié. Tu n'as pas de montre au poignet, pas de calendrier.
Chaque année, elle te fera un cadeau à la même date et ça te réjouira, à la longue.
Mais toi, petit bonhomme, autiste des dates et des débuts et des fins de l'histoire, tu ne lui répondras pas. Tu ne le sauras même pas, que tu ne lui auras pas répondu! Car toi qui crois encore que c'est toujours la fête quand on aime, tu ne lui rendras pas la politesse autrement que dans l'instant éternel de l’absence de temps qui passe.
Elle n'aura pas compris. Elle en aura pleuré.
Dans le congélateur de sa mémoire la plus froide, elle aura mis ses larmes, qui gèleront à la longue en forme de dague.
Mais je te le dis et te le redirai, n'écris surtout pas avec ton sang, sinon tu vas mourir vidé.
Écris plutôt avec de la teinture d'iode.
Pour soigner ta plaie.
Car un jour, elle t'apprendra exactement ce qu'est le temps des horloges et des calendriers en te plantant sa dague de glace dans le cœur, et en te disant doucement, sans sourire:
Joyeux anniversaire, petit con!
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Re: Exercices littéraires
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À VOTRE SANTÉ, MAJESTÉ !
Un jour, le Roi est devenu fou.
Alors on a enfermé le Roi.
Le lendemain, tous les sujets du royaume sont devenus fous à leur tour.
Alors on a libéré le Roi et on a fêté son rétablissement.
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À VOTRE SANTÉ, MAJESTÉ !
Un jour, le Roi est devenu fou.
Alors on a enfermé le Roi.
Le lendemain, tous les sujets du royaume sont devenus fous à leur tour.
Alors on a libéré le Roi et on a fêté son rétablissement.
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Re: Exercices littéraires
@alraune Merci, il était sympa ton texte !
@Mary, est-ce que tu as lu ainsi parlait zarathoustra ?
On dirait que tu imites un peu Nietzsche avec l'emploi du passé simple

@Mary, est-ce que tu as lu ainsi parlait zarathoustra ?
On dirait que tu imites un peu Nietzsche avec l'emploi du passé simple

« Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns et l'eau potable pour tous » -Thomas Sankara-
Re: Exercices littéraires
Curieux_ a écrit : 19 avr. 2019, 01:18 @alraune Merci, il était sympa ton texte !![]()
@Mary, est-ce que tu as lu ainsi parlait zarathoustra ?
On dirait que tu imites un peu Nietzsche avec l'emploi du passé simple![]()
J'ai lu plusieurs fois la totalité de l'œuvre de Nietzsche, Zarathoustra compris, bien sûr.
Je ne me vois pas utiliser le passé simple plus que ça.
J'y vois plutôt une influence de l'enseignement républicain français de l'époque où l'enseignement français était vraiment républicain.
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Re: Exercices littéraires
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LA FELLURE
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Mon train roulait doucement vers la grande ville. À l'approche d'une gare, il a ralenti puis s'est immobilisé en grinçant. Les portes se sont ouvertes. Des gens ont envahi le wagon, à la recherche d'une place assise. Une bonne minute après, chacun avait trouvé place, lorsqu'une dame vêtue à l'ancienne, robe longue, collet monté haut le cou, coiffée d'un chapeau noir à voilette, est entrée dans le wagon, visiblement essoufflée par un pas trop pressé. Elle avait toute l'apparence des dames de la haute société de la fin du 19e siècle. Face à moi, le siège était inoccupé. Elle s'y est installée pendant que le train démarrait, puis, d'une voix vive, mais curieusement douce et rauque à la fois,
- J'ai failli le rater !
Et moi, un peu surpris,
- Ah! …
- Mais je l'ai attrapé quand même, ce train! De toute manière, je ne pouvais pas le rater, c'est mon jour de chance aujourd'hui! Hi Hi!
- Ah bon…
- Oui, parce que j'ai eu les résultats de mon analyse et tout va bien.
- De votre analyse ?
- Oui, de mon analyse médicale… J'ai une tumeur au cerveau et on m'a fait une ponction pour l'analyser. J'avais peur que ce soit un cancer, mais les résultats disent que c'est une tumeur pas dangereuse. Une tumeur bé..., euh..., bé-quelque-chose.
- Bénigne ?
- Oui! C'est ça! Une tumeur bénigne! Alors je suis contente comme tout. Et je vais m'inscrire à l'université. Je vais m'y réinscrire, en fait, parce que j'ai arrêté mes cours il y a longtemps, et aujourd'hui je suis tellement contente d'être en bonne santé que je vais les reprendre là où je les avais laissés. Ah que la vie est belle, parfois, n'est-ce pas ?
- Oui, la vie est belle, c'est vrai…
- Mais je n'ai pas toujours eu de la chance, vous savez! Ce n'est pas comme mon père… Lui, il a trouvé une nouvelle femme seulement deux ans après la mort de maman. Vous vous rendez compte ? Moi, mon mari est mort depuis plus de dix ans, et je n'ai pas encore trouvé de remplaçant. Et pourtant je suis jeune, je suis bien. Je suis loin d'être repoussante, non? Je ne comprends pas. Il y en a qui ont de la chance et d'autres non, que voulez-vous. Moi, mon père il a de la chance… Mais moi aussi aujourd'hui, parce que j'ai eu les résultats de mon analyse et tout va bien!
- Ah oui…
- Alors je vais me réinscrire à l'université.
- Ah! c'est bien ça…
- J'ai arrêté les cours il y a longtemps, mais je vais les reprendre là où je les avais laissés… Il y a longtemps… À l'époque, j'ai quitté l'université pour aller travailler. Et pour travailler, ça, j'ai travaillé. Ah ça oui… J'ai travaillé vingt ans. Oui! vingt ans, j'ai travaillé… Toujours dans la même compagnie, toujours, comme une abeille j'ai travaillé… Et maintenant, je retourne à l'université! J'ai le temps, maintenant… Vous savez pourquoi j'ai le temps? Parce que je viens de me faire mettre à la porte, dites! Eh oui, je suis au chômage… Vingt ans dans la même compagnie, et vous voyez, à la porte, sans tambour ni trompette, comme ça, sans raison, rien. Ah, je ne peux pas dire que j'ai de la chance, vous savez!
- Euh, oui en effet…
- Mais d'un autre côté, je vais vous dire, j'ai quand même pas mal de chance, parce que j'ai reçu le résultat de mes analyses!
- Ah oui, vos analyses, et tout va bien…
- Eh bien je croyais que j'avais un cancer au cerveau et ce n'est pas ça. C'est une tumeur. Mais une tumeur pas dangereuse. Une tumeur bé..., euh..., bé-quelque-chose. Le nom m'échappe…
- Une tumeur bénigne ?
- Oui! C'est ça! Une tumeur bénigne! Et je vais m'inscrire à l'université. Je vais m'y réinscrire, en fait, parce que j'avais arrêté mes cours il y a longtemps. Je suis tellement contente d'être en bonne santé que je vais les reprendre là où je les avais arrêtés. Pour moi, la vie est belle, je vous assure! Ce n'est pas comme le mois dernier. J'ai eu un accident de voiture au carrefour de derrière chez moi parce que je suis passée au rouge et qu'un camion de livraison de lait m'a heurtée de plein fouet. Il a complètement démoli ma voiture. Je ne sais pas comment je m'en suis sortie, je vous jure! Aujourd'hui, je devrais être morte. Oui, je devrais être morte. Mais j'ai de la chance, vous voyez, puisque je suis là, bien vivante. Mon père aussi, il a de la chance. Comme moi. Vous ne savez pas que seulement deux ans après la mort de maman, il a trouvé une autre femme pour la remplacer? Mais moi, je n'ai pas de chance, ça fait dix ans que mon mari est mort et je n'ai pas encore trouvé de remplaçant… Pourtant, j'ai tout pour plaire. Je ne comprends pas.
- La vie est bien étrange parfois…
- Oui, bien étrange… Moi, regardez, il y a trois semaines, je me mets à avoir mal à la tête comme si on me gonflait un ballon dans le crâne. Je vais chez le médecin. Il me dit ça c'est une tumeur, il faut faire une ponction et des analyses. Alors moi j'ai eu peur, parce que maman est morte d'un cancer au cerveau. Et mon père a trouvé une femme seulement deux ans après pour la remplacer. Je ne sais pas comment il a fait. Moi je n'y arrive pas. Et pourtant, j'ai tout pour me remarier facilement, vous savez. Je me suis dit, ça y est, le cancer c'est pour moi cette fois-ci. Alors je suis allée à la clinique de derrière chez moi, de l'autre côté du carrefour où j'ai eu un accident terrible, l'autre jour. J'ai traversé au rouge et un camion de lait m'a heurté tellement fort que je me demande comment j'ai eu la chance de m'en sortir. Je devrais être morte aujourd'hui. Mais je suis là, bien vivante, et comme j'ai le temps, je vais m'inscrire à l'université. En fait, je vais m'y réinscrire parce que j'ai déjà été étudiante à une époque où je n'étais pas obligée de travailler. Je suis bien contente. Si je n'avais pas autant de temps que maintenant, peut-être que je n'aurais jamais repris mes cours. Mais heureusement, j'ai été mise à la porte et j'ai le temps. Vingt ans j'ai travaillé dans la même compagnie, vous savez. Vingt ans, tous les jours ou presque. Ah les salauds quel malheur! Et en plus, aucun homme ne cherche à m'épouser. Et ça fait dix ans que ça dure. Mon père lui il a trouvé à se remarier au bout de deux ans seulement après la mort de maman. D'un cancer au cerveau. Alors moi j'ai eu peur et je suis allée voir le médecin qui m'a dit des analyses, il faut des analyses, et je suis allé à la clinique de derrière mon accident de voiture il m'ont fait des analyses je viens de recevoir les résultats et je n'ai pas de cancer c'est une tumeur, mais une tumeur bé… Euh, comment vous dites, déjà ?
- Une tumeur bénigne.
- C'est ça, une tumeur bénigne. Pas un cancer. Pas comme maman. Elle a eu un cancer au cerveau et elle en est morte. Mon mari aussi, il est mort d'un cancer. Mais lui, c'était la gorge, pas le cerveau. Il buvait beaucoup d'alcool et les médecins ont dit que ça lui avait comme arraché le larynx ou quelque chose comme ça. Mon mari il buvait, mais il ne me battait pas. C'est pas comme la voisine. Elle son mari ne buvait pas, mais il la battait sans arrêt. Tous les jours ça hurlait chez eux. Ah là là. Mais elle est encore mariée, elle, et elle ne se fait pas de soucis quand elle passe à la caisse de l'épicerie. Elle ne travaille pas, mais son mari lui donne l'argent et ça va, elle s'achète des robes, au moins. Moi, mon mari ne me battait pas, mais il buvait, et il a attrapé un cancer de la gorge à cause de ça. En attendant, ça fait dix ans qu'il est mort et pas un homme ne m'a proposé de me marier avec lui. Pourtant je ne suis pas mal. Non ? Je ne comprends pas. Mon père, lui, deux ans, pas plus, et hop, il a trouvé une femme pour remplacer maman. Morte d'un cancer à la tête, ma mère. Alors quand j'ai su que j'avais une tumeur au cerveau, je me suis dit c'est mon tour, tellement que je suis malchanceuse. Et puis non. Je suis allé à a clinique de derrière mon accident de voiture. Un camion de lait qui m'a tamponnée. Rien que d'y penser j'ai mal à la tête. Ils m'ont fait une ponction. Des analyses. Et puis vous voyez. Je n'ai rien. Ma santé est impeccable. Alors je vais m'inscrire à l'université. J'ai le temps pour ça. Je suis au chômage à cause de ces salauds qui m'ont jetée de leur compagnie après vingt ans que j'y ai travaillé comme une abeille tous les jours ou presque. Ah! je n'ai pas de chance. Et pourtant je suis encore vivante malgré mon accident. C'est de la chance, ça. Je croyais que j'avais un cancer au cerveau et puis non, c'est une tumeur bénigne, c'est comme ça que vous dites n'est-ce pas?
- Oui, une tumeur bé…
- Ah! Je vais rater la gare de l'université. Excusez-moi, monsieur, j'éprouve beaucoup de plaisir à vous parler et à vous écouter, mais il faut que je vous quitte. Ah là là, excusez-moi de vous laisser en plan si vite. Et à bientôt alors!
La dame s'est levée précipitamment. Son sac s'est ouvert et une enveloppe s'en est échappée.
Elle est tombée sous le siège où elle était assise un instant avant. Je me suis baissé pour la ramasser, la lui rendre. Mais quand je me suis redressé, elle avait déjà franchi la porte de sortie du wagon pour disparaître au milieu des gens pressés de la foule du quai de la gare.
Le train a redémarré. Il s'est mis à accélérer. Je tenais distraitement l'enveloppe. Je l'ai regardée. Elle était blanche, sans aucune inscription. Elle n'était pas cachetée. Dedans, il y avait des fils de safran, quelques pétales de fleurs séchés sur du papier et des timbres de France et d'Italie.
Depuis, chaque jour, à la même heure, je prends le même train.
Je reverrai peut-être la dame du 19e siècle, robe longue et chapeau noir à voilette.
L'enveloppe est toujours dans ma poche, un peu froissée.
Je la lui rendrai avec une gentillesse mesurée dans le geste et la voix.
Je l'écouterai attentivement, en me taisant beaucoup.
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LA FELLURE
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Mon train roulait doucement vers la grande ville. À l'approche d'une gare, il a ralenti puis s'est immobilisé en grinçant. Les portes se sont ouvertes. Des gens ont envahi le wagon, à la recherche d'une place assise. Une bonne minute après, chacun avait trouvé place, lorsqu'une dame vêtue à l'ancienne, robe longue, collet monté haut le cou, coiffée d'un chapeau noir à voilette, est entrée dans le wagon, visiblement essoufflée par un pas trop pressé. Elle avait toute l'apparence des dames de la haute société de la fin du 19e siècle. Face à moi, le siège était inoccupé. Elle s'y est installée pendant que le train démarrait, puis, d'une voix vive, mais curieusement douce et rauque à la fois,
- J'ai failli le rater !
Et moi, un peu surpris,
- Ah! …
- Mais je l'ai attrapé quand même, ce train! De toute manière, je ne pouvais pas le rater, c'est mon jour de chance aujourd'hui! Hi Hi!
- Ah bon…
- Oui, parce que j'ai eu les résultats de mon analyse et tout va bien.
- De votre analyse ?
- Oui, de mon analyse médicale… J'ai une tumeur au cerveau et on m'a fait une ponction pour l'analyser. J'avais peur que ce soit un cancer, mais les résultats disent que c'est une tumeur pas dangereuse. Une tumeur bé..., euh..., bé-quelque-chose.
- Bénigne ?
- Oui! C'est ça! Une tumeur bénigne! Alors je suis contente comme tout. Et je vais m'inscrire à l'université. Je vais m'y réinscrire, en fait, parce que j'ai arrêté mes cours il y a longtemps, et aujourd'hui je suis tellement contente d'être en bonne santé que je vais les reprendre là où je les avais laissés. Ah que la vie est belle, parfois, n'est-ce pas ?
- Oui, la vie est belle, c'est vrai…
- Mais je n'ai pas toujours eu de la chance, vous savez! Ce n'est pas comme mon père… Lui, il a trouvé une nouvelle femme seulement deux ans après la mort de maman. Vous vous rendez compte ? Moi, mon mari est mort depuis plus de dix ans, et je n'ai pas encore trouvé de remplaçant. Et pourtant je suis jeune, je suis bien. Je suis loin d'être repoussante, non? Je ne comprends pas. Il y en a qui ont de la chance et d'autres non, que voulez-vous. Moi, mon père il a de la chance… Mais moi aussi aujourd'hui, parce que j'ai eu les résultats de mon analyse et tout va bien!
- Ah oui…
- Alors je vais me réinscrire à l'université.
- Ah! c'est bien ça…
- J'ai arrêté les cours il y a longtemps, mais je vais les reprendre là où je les avais laissés… Il y a longtemps… À l'époque, j'ai quitté l'université pour aller travailler. Et pour travailler, ça, j'ai travaillé. Ah ça oui… J'ai travaillé vingt ans. Oui! vingt ans, j'ai travaillé… Toujours dans la même compagnie, toujours, comme une abeille j'ai travaillé… Et maintenant, je retourne à l'université! J'ai le temps, maintenant… Vous savez pourquoi j'ai le temps? Parce que je viens de me faire mettre à la porte, dites! Eh oui, je suis au chômage… Vingt ans dans la même compagnie, et vous voyez, à la porte, sans tambour ni trompette, comme ça, sans raison, rien. Ah, je ne peux pas dire que j'ai de la chance, vous savez!
- Euh, oui en effet…
- Mais d'un autre côté, je vais vous dire, j'ai quand même pas mal de chance, parce que j'ai reçu le résultat de mes analyses!
- Ah oui, vos analyses, et tout va bien…
- Eh bien je croyais que j'avais un cancer au cerveau et ce n'est pas ça. C'est une tumeur. Mais une tumeur pas dangereuse. Une tumeur bé..., euh..., bé-quelque-chose. Le nom m'échappe…
- Une tumeur bénigne ?
- Oui! C'est ça! Une tumeur bénigne! Et je vais m'inscrire à l'université. Je vais m'y réinscrire, en fait, parce que j'avais arrêté mes cours il y a longtemps. Je suis tellement contente d'être en bonne santé que je vais les reprendre là où je les avais arrêtés. Pour moi, la vie est belle, je vous assure! Ce n'est pas comme le mois dernier. J'ai eu un accident de voiture au carrefour de derrière chez moi parce que je suis passée au rouge et qu'un camion de livraison de lait m'a heurtée de plein fouet. Il a complètement démoli ma voiture. Je ne sais pas comment je m'en suis sortie, je vous jure! Aujourd'hui, je devrais être morte. Oui, je devrais être morte. Mais j'ai de la chance, vous voyez, puisque je suis là, bien vivante. Mon père aussi, il a de la chance. Comme moi. Vous ne savez pas que seulement deux ans après la mort de maman, il a trouvé une autre femme pour la remplacer? Mais moi, je n'ai pas de chance, ça fait dix ans que mon mari est mort et je n'ai pas encore trouvé de remplaçant… Pourtant, j'ai tout pour plaire. Je ne comprends pas.
- La vie est bien étrange parfois…
- Oui, bien étrange… Moi, regardez, il y a trois semaines, je me mets à avoir mal à la tête comme si on me gonflait un ballon dans le crâne. Je vais chez le médecin. Il me dit ça c'est une tumeur, il faut faire une ponction et des analyses. Alors moi j'ai eu peur, parce que maman est morte d'un cancer au cerveau. Et mon père a trouvé une femme seulement deux ans après pour la remplacer. Je ne sais pas comment il a fait. Moi je n'y arrive pas. Et pourtant, j'ai tout pour me remarier facilement, vous savez. Je me suis dit, ça y est, le cancer c'est pour moi cette fois-ci. Alors je suis allée à la clinique de derrière chez moi, de l'autre côté du carrefour où j'ai eu un accident terrible, l'autre jour. J'ai traversé au rouge et un camion de lait m'a heurté tellement fort que je me demande comment j'ai eu la chance de m'en sortir. Je devrais être morte aujourd'hui. Mais je suis là, bien vivante, et comme j'ai le temps, je vais m'inscrire à l'université. En fait, je vais m'y réinscrire parce que j'ai déjà été étudiante à une époque où je n'étais pas obligée de travailler. Je suis bien contente. Si je n'avais pas autant de temps que maintenant, peut-être que je n'aurais jamais repris mes cours. Mais heureusement, j'ai été mise à la porte et j'ai le temps. Vingt ans j'ai travaillé dans la même compagnie, vous savez. Vingt ans, tous les jours ou presque. Ah les salauds quel malheur! Et en plus, aucun homme ne cherche à m'épouser. Et ça fait dix ans que ça dure. Mon père lui il a trouvé à se remarier au bout de deux ans seulement après la mort de maman. D'un cancer au cerveau. Alors moi j'ai eu peur et je suis allée voir le médecin qui m'a dit des analyses, il faut des analyses, et je suis allé à la clinique de derrière mon accident de voiture il m'ont fait des analyses je viens de recevoir les résultats et je n'ai pas de cancer c'est une tumeur, mais une tumeur bé… Euh, comment vous dites, déjà ?
- Une tumeur bénigne.
- C'est ça, une tumeur bénigne. Pas un cancer. Pas comme maman. Elle a eu un cancer au cerveau et elle en est morte. Mon mari aussi, il est mort d'un cancer. Mais lui, c'était la gorge, pas le cerveau. Il buvait beaucoup d'alcool et les médecins ont dit que ça lui avait comme arraché le larynx ou quelque chose comme ça. Mon mari il buvait, mais il ne me battait pas. C'est pas comme la voisine. Elle son mari ne buvait pas, mais il la battait sans arrêt. Tous les jours ça hurlait chez eux. Ah là là. Mais elle est encore mariée, elle, et elle ne se fait pas de soucis quand elle passe à la caisse de l'épicerie. Elle ne travaille pas, mais son mari lui donne l'argent et ça va, elle s'achète des robes, au moins. Moi, mon mari ne me battait pas, mais il buvait, et il a attrapé un cancer de la gorge à cause de ça. En attendant, ça fait dix ans qu'il est mort et pas un homme ne m'a proposé de me marier avec lui. Pourtant je ne suis pas mal. Non ? Je ne comprends pas. Mon père, lui, deux ans, pas plus, et hop, il a trouvé une femme pour remplacer maman. Morte d'un cancer à la tête, ma mère. Alors quand j'ai su que j'avais une tumeur au cerveau, je me suis dit c'est mon tour, tellement que je suis malchanceuse. Et puis non. Je suis allé à a clinique de derrière mon accident de voiture. Un camion de lait qui m'a tamponnée. Rien que d'y penser j'ai mal à la tête. Ils m'ont fait une ponction. Des analyses. Et puis vous voyez. Je n'ai rien. Ma santé est impeccable. Alors je vais m'inscrire à l'université. J'ai le temps pour ça. Je suis au chômage à cause de ces salauds qui m'ont jetée de leur compagnie après vingt ans que j'y ai travaillé comme une abeille tous les jours ou presque. Ah! je n'ai pas de chance. Et pourtant je suis encore vivante malgré mon accident. C'est de la chance, ça. Je croyais que j'avais un cancer au cerveau et puis non, c'est une tumeur bénigne, c'est comme ça que vous dites n'est-ce pas?
- Oui, une tumeur bé…
- Ah! Je vais rater la gare de l'université. Excusez-moi, monsieur, j'éprouve beaucoup de plaisir à vous parler et à vous écouter, mais il faut que je vous quitte. Ah là là, excusez-moi de vous laisser en plan si vite. Et à bientôt alors!
La dame s'est levée précipitamment. Son sac s'est ouvert et une enveloppe s'en est échappée.
Elle est tombée sous le siège où elle était assise un instant avant. Je me suis baissé pour la ramasser, la lui rendre. Mais quand je me suis redressé, elle avait déjà franchi la porte de sortie du wagon pour disparaître au milieu des gens pressés de la foule du quai de la gare.
Le train a redémarré. Il s'est mis à accélérer. Je tenais distraitement l'enveloppe. Je l'ai regardée. Elle était blanche, sans aucune inscription. Elle n'était pas cachetée. Dedans, il y avait des fils de safran, quelques pétales de fleurs séchés sur du papier et des timbres de France et d'Italie.
Depuis, chaque jour, à la même heure, je prends le même train.
Je reverrai peut-être la dame du 19e siècle, robe longue et chapeau noir à voilette.
L'enveloppe est toujours dans ma poche, un peu froissée.
Je la lui rendrai avec une gentillesse mesurée dans le geste et la voix.
Je l'écouterai attentivement, en me taisant beaucoup.
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Re: Dumping
Je ne voyais pas le fait de considérer la rubrique «culture» de ton forum comme une entrave à ce qui pourrait être en effet un club de lecture.
En passant, je ne pense pas être atteint d'une affection pathologique du type «Dumping compulsif». Ces textes sont de moi et je m'amuse non pas à les dumper, mais à les disséminer.
Cela dit, je suis extrêmement respectueux du droit de propriété. Ce forum t'appartient et tu en fais ce que tu veux.
Si ça te chante, n'hésite pas à me bannir, ça ne me fera ni chaud ni froid, sois-en persuadé.
Alors dis-moi, je continue ou tu m'arrêtes ?
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Proposition de compromis
Salut Mary,
Tu dis :
Ça ne dépend pas que de moi. Ces décisions sont collégiales.Si ça te chante, n'hésite pas à me bannir, ça ne me fera ni chaud ni froid, sois-en persuadé.
Alors dis-moi, je continue ou tu m'arrêtes ?
Tiens, je te propose un compromis :
Plutôt que poster des textes qu'on peut lire ailleurs, poster simplement des liens qui y mènent.
Pas plus de 2 liens par message et pas plus de 3 messages (proposant des lecture) par semaine.
Ça te va comme compromis ?

Les meilleures sorties de route sont celles qui font le moins de tonneaux.
Re: Exercices littéraires
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As-tu des problèmes de quotas de volume de données ?
Simple curiosité ...
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As-tu des problèmes de quotas de volume de données ?
Simple curiosité ...
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Re: Exercices littéraires
http://digression.forum-actif.net/t925- ... r+digiorgi
Si vous voulez un petit récapitulatif sur le personnage, c'est édifiant...
Je pense qu'il cherche à combler un déficit.
Tout esprit sombre avance masqué ! Nietzsche.
Si vous voulez un petit récapitulatif sur le personnage, c'est édifiant...
Je pense qu'il cherche à combler un déficit.
Tout esprit sombre avance masqué ! Nietzsche.
« Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns et l'eau potable pour tous » -Thomas Sankara-
Re: Exercices littéraires
Curieux_ a écrit : 19 avr. 2019, 05:53 http://digression.forum-actif.net/t925- ... r+digiorgi
Si vous voulez un petit récapitulatif sur le personnage, c'est édifiant...
Je pense qu'il cherche à combler un déficit.
Tout esprit sombre avance masqué ! Nietzsche.
Ne te casse pas trop la tête, il ne s'agit que de philosophie, avec une expérience sur la réciprocité caractérisant l'humain trop humain dans le titre insultant ...
La psychanalyse, ça ne se déroule pas par internet à partir d'une déduction de moins de quarante secondes, mais par la présence effective du psychanalyste et du psychanalysé dans un bureau de consultation au cours de séances qui peuvent durer des mois ...
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Re: Exercices littéraires
Je ne parlais même pas du titre, j'ai parcouru un peu le forum ( "Digression") par curiosité et suis tombé sur vos affaires " privées ".Mary Shostakov a écrit : 19 avr. 2019, 06:12Curieux_ a écrit : 19 avr. 2019, 05:53 http://digression.forum-actif.net/t925- ... r+digiorgi
Si vous voulez un petit récapitulatif sur le personnage, c'est édifiant...
Je pense qu'il cherche à combler un déficit.
Tout esprit sombre avance masqué ! Nietzsche.
Ne te casse pas trop la tête, il ne s'agit que de philosophie, avec une expérience sur la réciprocité caractérisant l'humain trop humain dans le titre insultant ...
La psychanalyse, ça ne se déroule pas par internet à partir d'une déduction de moins de quarante secondes, mais par la présence effective du psychanalyste et du psychanalysé dans un bureau de consultation au cours de séances qui peuvent durer des mois ...
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Franchement, ça ne me regarde pas.
C'est juste dommage que tu aies placé un intervenant dans tes ignorés.
La psychanalyse se termine quand le patient est ruiné. CG.Jung
« Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns et l'eau potable pour tous » -Thomas Sankara-
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