Que du bleu
Que du bleu
Voici un pastiche de dialogue que j’imagine avoir avec un prof de biologie.
.Moi:“ Pourriez-vous m’expliquer ce qu’est le bleu, Monsieur le professeur?
Le prof- Certes! Au départ, il y a une vibration électromagnétique de longueur d’onde 0,4 A°. ....................................................................................................................................
Maintenant, en versant une goutte de phénylmachintruc, on obtient une coloration bleue, ce qui démontre bien que..........
M- Pardon, vous avez bien dit que la coloration bleue démontre que....
P- Oui, absolument !
M- Alors excusez-moi, il y a un problème, cette expérience ne prouve rien puisque je ne sais pas encore ce qu’est le bleu.”
En vérité, en disant cela je suis dans la provocation, car je sais bien que la science ne cherche pas à expliquer pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien, mais comment ça fonctionne.
La seule "matière" sur laquelle travaille la science est un ensemble choisi de qualia, parmi lesquels les images 3D de collègues, les paroles qu'elles émettent, les écrits de publications, des raies de diffraction, des photos, etc.
Autrement dit, pour expliquer le bleu, il faut avoir vu du bleu, que ce soit une colonne de liquide teinté dans un thermomètre, ou un listing d'ordinateur écrit en bleu, ou les raies de diffraction d'un spectromètre, etc.
La croyance des réalistes consiste à affirmer que ces qualia sont provoqués par un réel dit "extérieur" ce qui est strictement indémontrable .
D'ailleurs cette croyance n'est pas nécessaire, car qu'est-ce qu'une explication dite scientifique? C'est un ensemble structuré par des relations entre les éléments d'un ensemble de perceptions. Cette explication ne fait donc que nous dire comment les éléments sont reliés, elle ne nous dit rien sur les éléments eux-même . Ces éléments, les couleurs, les sons, les odeurs, le toucher, etc, sont les briques de la connaissance,ce sont des données à priori.
.Moi:“ Pourriez-vous m’expliquer ce qu’est le bleu, Monsieur le professeur?
Le prof- Certes! Au départ, il y a une vibration électromagnétique de longueur d’onde 0,4 A°. ....................................................................................................................................
Maintenant, en versant une goutte de phénylmachintruc, on obtient une coloration bleue, ce qui démontre bien que..........
M- Pardon, vous avez bien dit que la coloration bleue démontre que....
P- Oui, absolument !
M- Alors excusez-moi, il y a un problème, cette expérience ne prouve rien puisque je ne sais pas encore ce qu’est le bleu.”
En vérité, en disant cela je suis dans la provocation, car je sais bien que la science ne cherche pas à expliquer pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien, mais comment ça fonctionne.
La seule "matière" sur laquelle travaille la science est un ensemble choisi de qualia, parmi lesquels les images 3D de collègues, les paroles qu'elles émettent, les écrits de publications, des raies de diffraction, des photos, etc.
Autrement dit, pour expliquer le bleu, il faut avoir vu du bleu, que ce soit une colonne de liquide teinté dans un thermomètre, ou un listing d'ordinateur écrit en bleu, ou les raies de diffraction d'un spectromètre, etc.
La croyance des réalistes consiste à affirmer que ces qualia sont provoqués par un réel dit "extérieur" ce qui est strictement indémontrable .
D'ailleurs cette croyance n'est pas nécessaire, car qu'est-ce qu'une explication dite scientifique? C'est un ensemble structuré par des relations entre les éléments d'un ensemble de perceptions. Cette explication ne fait donc que nous dire comment les éléments sont reliés, elle ne nous dit rien sur les éléments eux-même . Ces éléments, les couleurs, les sons, les odeurs, le toucher, etc, sont les briques de la connaissance,ce sont des données à priori.
Le réel est ce qui reste quand on a abandonné toute croyance.
-
- Modérateur
- Messages : 27990
- Inscription : 03 sept. 2003, 08:39
Re: Que du bleu
Il y a comme une incohérence: vous offrez des exemples de "réel extérieur" qui provoquent la perception du bleu, ce qui infirme votre "indémontrable". De plus, on ne pourrait expliquer la vision si la perception visuelle n'était pas causée par des objets extérieurs. Et, à mon avis, il faut être un peu ignorant pour penser que nous n'avons pas une compréhension assez approfondie de ce sens.gereve a écrit : 09 mai 2019, 09:08Autrement dit, pour expliquer le bleu, il faut avoir vu du bleu, que ce soit une colonne de liquide teinté dans un thermomètre, ou un listing d'ordinateur écrit en bleu, ou les raies de diffraction d'un spectromètre, etc.
La croyance des réalistes consiste à affirmer que ces qualia sont provoqués par un réel dit "extérieur" ce qui est strictement indémontrable .
Lorsqu'on accorde trop de crédit à certaines notions philosophiques, on peut finir par considérer que l'histoire du baron Munchausen qui se tire de l'eau (avec son cheval) en se tirant par les cheveux est fortement plausible

Jean-François
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
Re: Que du bleu
Si ça se trouve chacun voit une autre nuance pour le ciel bleu puisque le cerveau interprête les impulsions électriques venant de la rétine. Sans parler des daltoniens... 

Русский военный корабль, иди нахуй !


Re: Que du bleu
Salut Mary Shoskatov 

« Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns et l'eau potable pour tous » -Thomas Sankara-
Re: Que du bleu
Il a 83 balais en tout cas. Mais j'me demande s'il se l'est envoyée lui-même (Mary)?
Il écrit de belles choses quand même (ce gereve). https://www.youtube.com/watch?v=oJCdfH7B_Bo
Il écrit de belles choses quand même (ce gereve). https://www.youtube.com/watch?v=oJCdfH7B_Bo
Re: Que du bleu
C'est un peu plus compliqué, puisque même un daltonien, ou une personne qui, au lieu de dire bleu, dit "màu xanh", pourra dire que "ce qualia" à une onde qui se comporte en "onde 0,4 A°"...gereve a écrit :M- Alors excusez-moi, il y a un problème, cette expérience ne prouve rien puisque je ne sais pas encore ce qu’est le bleu.”
En vérité, en disant cela je suis dans la provocation, car je sais bien que la science ne cherche pas à expliquer pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien, mais comment ça fonctionne.
La seule "matière" sur laquelle travaille la science est un ensemble choisi de qualia, parmi lesquels les images 3D de collègues, les paroles qu'elles émettent, les écrits de publications, des raies de diffraction, des photos, etc.
Autrement dit, pour expliquer le bleu, il faut avoir vu du bleu, que ce soit une colonne de liquide teinté dans un thermomètre, ou un listing d'ordinateur écrit en bleu, ou les raies de diffraction d'un spectromètre, etc.
La croyance des réalistes consiste à affirmer que ces qualia sont provoqués par un réel dit "extérieur" ce qui est strictement indémontrable .
Donc, la réalité n'est pas totalement dépendante de nous si des personnes qui ne savent pas ce qu'est du bleu peuvent s'accorder sur d'autres caractéristiques que la sensation de couleurs. Ni totalement indépendante (l’objectivité absolue est une chimère pseudo-épistémologique amha).
Ce qui n’empêche en rien l’existence des qualias donc, la sensation générale subjective que cela provoque à tel instant et par telle personne, c'est effectivement indémontrable. On ne peut qu’échanger nos sensations, en faire le tours par expériences partagées, et grâce aux langage. Mais on ne peut pas reproduire et investir ce sentiments exacte de Mr X chez les autres.
Mais on doit faire avec. C'est pour ça qu'on à des concepts comme celui des axiomes qui existent...Pour éviter de refaire l'histoire de l'épistémologie et de la causette en coin de feu à chaque fois qu'on étudie un truc...
Et c'est aussi pour ça qu'on étudie la relation entre croyance et connaissance, et que c'est compliqué. Mais que les scientifiques ont autre chose à faire, sinon, il produirait rien d'autre que ce genre de discussions (qui sont super cool hein, mais ca créer pas une voiture ou un avion ce genre de discussion...).
PS : pfiou google traduction c'est piégeur parfois

Re: Que du bleu
Si on change les couleurs par les sons, on voit quand même que les interprétations par différentes personnes sont proches - il suffit de comparer les réactions devant un son grave ou aigu, un accord consonant ou dissonant, etc. On peut donc avancer que le ressenti de chacun est plus ou moins identique devant un même son, et il semble assez naturel de penser qu'il en va de même pour les couleurs. D'ailleurs il y a un relatif consensus sur "les couleurs qui vont bien ensemble", donc il semble exclus que le ressenti de chacun devant le bleu ou toute autre couleur soit aléatoire.
Re: Que du bleu
Non, je les crois "extérieurs" mais tout se passe dans ma tête. Et quand j'écris "ma tête" à qui fait référence le pronom possessif "ma"?Jean-Francois a écrit : 09 mai 2019, 14:46
Il y a comme une incohérence: vous offrez des exemples de "réel extérieur" qui provoquent la perception du bleu, ce qui infirme votre "indémontrable".
Le réel est ce qui reste quand on a abandonné toute croyance.
- Kant Locke
- Messages : 542
- Inscription : 23 nov. 2017, 18:36
Re: Que du bleu
Donc, tu comprends que les autres ont aussi LEUR tête. Le lieu où tu campes le point de départ de ta compréhension est différente des autres.gereve a écrit : 10 mai 2019, 16:48
Non, je les crois "extérieurs" mais tout se passe dans ma tête. Et quand j'écris "ma tête" à qui fait référence le pronom possessif "ma"?
Comment puis-je être libre ? Libre de quoi ?
-
- Modérateur
- Messages : 27990
- Inscription : 03 sept. 2003, 08:39
Re: Que du bleu
En fait, cela fonctionne avec tous les sens: on peut induire des sensations de chaud ou de froid en trempant les mains dans de l'eau à une certaine température, il existe des échelles psychophysiques concernant la douleur et la pression, etc. Ce ne sont pas les études qui manquent pour soutenir l'idée d'une réalité extérieure même si chacun, pris individuellement, réagit différemment à celle-ci que d'autres personnes. Sans compter que ces études (ou observations) ont permis la découverte des récepteurs, des explications poussées sur le fonctionnement des sens. Nier l'existence de stimuli extérieurs à la base de nos sensations ou perceptions subjectives est parfaitement stérile.Pancrace a écrit : 10 mai 2019, 03:28Si on change les couleurs par les sons, on voit quand même que les interprétations par différentes personnes sont proches - il suffit de comparer les réactions devant un son grave ou aigu, un accord consonant ou dissonant, etc.
je trouve d'ailleurs notable que gereve se contente de nier sans rien expliquer. Est-on moindrement avancés sur ce qui produit nos sensations visuelles, auditives, tactiles, etc., après avoir lu que le bleu "c'est un quale" ou que "tout se passe dans sa tête"? Pas spécialement, à moins d'accepter que nous ne sommes que des produits de son imagination*.
La tentation de défendre une vision solipsiste ou de simplement jouer sur les mots pour alimenter des échanges oiseux est parfois forte chez certains. C'est peut-être ce qu'il qualifie "d'être dans la provocation"?
Au moins, les "réalistes" - comme il les appelle - apportent des (tentatives d')explications, plus approfondies et étayées en plus.
Jean-François
* Qui peuvent se rebeller contre leur "inventeur", quand même.
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
- Kant Locke
- Messages : 542
- Inscription : 23 nov. 2017, 18:36
Re: Que du bleu
J'ai vérifier le mot solipsiste dans Wikipédia.Jean-Francois a écrit : 10 mai 2019, 18:00
La tentation de défendre une vision solipsiste ou de simplement jouer sur les mots pour alimenter des échanges oiseux est parfois forte chez certains. C'est peut-être ce qu'il qualifie "d'être dans la provocation"?
"Le solipsisme (du latin solus, seul et ipse, soi-même) est une « attitude » générale pouvant être théorisée sous une forme philosophique et métaphysique, « […] d'après laquelle il n'y aurait pour le sujet pensant d'autre réalité acquise avec certitude que lui-même […]1 ». La question ici ne relève d'abord pas de « l'esprit », mais d'une constatation que le « soi » (et non pas le « moi ») est la seule manifestation de conscience dont nous ne puissions pas douter. Seul le soi peut donc être tenu pour assurément existant et le monde extérieur avec ses habitants n'existe dans cette optique que comme une représentation hypothétique, et ne peut donc pas être considéré, sans abus de langage, autrement que comme incertain. Le phénomène de Soi est complètement différent chez différents auteurs, en particulier chez C.G. Jung où il est comparé à l'archétype de la conscience et du Moi. Il pourrait s'agir seulement d'une position épistémologique « constructiviste ». Si on l'envisage aussi sur un plan ontologique, on se rapproche alors quelque peu du « pyrrhonisme » puisque la connaissance de quoi que ce soit d'extérieur à soi-même ne reste qu'une conjecture incertaine."
C'est pas évident ce mot.

Comment puis-je être libre ? Libre de quoi ?
-
- Modérateur
- Messages : 27990
- Inscription : 03 sept. 2003, 08:39
Re: Que du bleu
On le trouve aussi dans l'"Ortolang" du CRNTL. Je retiens le sens auquel je pensais:
"[Solipsisme:]A. − PHILOSOPHIE
1. Attitude du sujet pensant pour qui sa conscience propre est l'unique réalité, les autres consciences, le monde extérieur n'étant que des représentations. Synon. vx égoïsme métaphysique (v. égoïsme C 1).
[...]
Solipsiste, subst. masc. et adj.a) Subst. masc. α) Sujet pensant en tant qu'il se refuse à admettre l'existence des autres consciences et des objets extérieurs hors de son moi. Le solipsiste, en se prenant pour l'être unique, pêche par excès; il se croit capable de remplir à lui seul tous les espaces. Sa personnalité se trouve débordée par cette dispersion dans la totalité du monde (M.-A. Lahbabi, De l'être à la personne, 1954, p. 222) [...]"
C'est pas le but de la philosophie que d'offrir des mots pas évidents à utiliser?C'est pas évident ce mot.

Jean-François
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
- Kant Locke
- Messages : 542
- Inscription : 23 nov. 2017, 18:36
Re: Que du bleu
C'est ce que je découvre avec le temps.Jean-Francois a écrit : 10 mai 2019, 18:59
C'est pas le but de la philosophie que d'offrir des mots pas évidents à utiliser![]()

Comment puis-je être libre ? Libre de quoi ?
Re: Que du bleu
Oui, Jean-François. Je me suis contenté d’illustrer de façon simple et imagée la corrélation entre une réalité physique (comme une couleur), et la perception qu’on en a, merci d’avoir souligné que tout cela est bien documenté.
Ca implique que le solipsisme, comme théorie philosophique, ne matche pas avec les découvertes scientifiques récentes. Ce qui ne signifie d’ailleurs pas que la première soit « fausse » puisque, on ne le répétera jamais assez, la science est modeste et n’a pas pour prétention de dire le vrai et le faux (c’est d’ailleurs une de ses grandes forces – quand on ne chasse pas plusieurs lapins en même temps, on est plus performant
).
Ca implique que le solipsisme, comme théorie philosophique, ne matche pas avec les découvertes scientifiques récentes. Ce qui ne signifie d’ailleurs pas que la première soit « fausse » puisque, on ne le répétera jamais assez, la science est modeste et n’a pas pour prétention de dire le vrai et le faux (c’est d’ailleurs une de ses grandes forces – quand on ne chasse pas plusieurs lapins en même temps, on est plus performant

-
- Modérateur
- Messages : 27990
- Inscription : 03 sept. 2003, 08:39
Re: Que du bleu
Àma, c'est documenté à un point où on peut certainement parler de causalité. En d'autres termes, il est parfaitement démontrable - à quelqu'un de rationnel* - que les qualia sont provoqués par un réel extérieur.Pancrace a écrit : 10 mai 2019, 19:09Je me suis contenté d’illustrer de façon simple et imagée la corrélation entre une réalité physique (comme une couleur), et la perception qu’on en a, merci d’avoir souligné que tout cela est bien documenté
La science essaie d'expliquer des phénomènes de la manière la plus objective possible et, pour se faire, elle repose sur des axiomes qui contredisent forcément le solipsisme: on ne recherche pas l'objectivité si on n'admet que la subjectivité comme critère d'évaluation, la notion d'objectivité n'a même pas de sens dans ce contexte.Ce qui ne signifie d’ailleurs pas que la première soit « fausse » puisque, on ne le répétera jamais assez, la science est modeste et n’a pas pour prétention de dire le vrai et le faux
Jean-François
* Et qui vit en-dehors du pays des merveilles.
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
Re: Que du bleu
Le solipsisme et l'approche scientifique sont contradictoires, on est d'accord. Les principes de base (axiomes) de la science et le solipsisme sont contradictoires, on est toujours d'accord. Mais il faut prendre garde d'en déduire à tord que la science "réfute" le solipsisme. Elle n'a pas ce pouvoir, sa structure interne ne le permet pas, car justement fondée sur des axiomes, donc par définition des présupposés. Un peu comme 2 univers parallèles - on ne peut pas au sein du premier réfuter l'existence du second.
Par exemple l'axiome scientifique "l'univers matériel existe en dehors de la perception qu'on en a" peut très bien être dualisé en un axiome solipsiste "l'univers matériel n'existe pas en dehors de la perception qu'on en a", et la théorie qui en résulte peut parfaitement être logique dans son propre cadre conceptuel. Mais cela dit, on s'en fiche en pratique, parce que ce qui compte vraiment c'est la puissance de l'outil. Et là y'a pas photo - le solipsisme est stérile alors que l'approche scientifique est féconde.
Par exemple l'axiome scientifique "l'univers matériel existe en dehors de la perception qu'on en a" peut très bien être dualisé en un axiome solipsiste "l'univers matériel n'existe pas en dehors de la perception qu'on en a", et la théorie qui en résulte peut parfaitement être logique dans son propre cadre conceptuel. Mais cela dit, on s'en fiche en pratique, parce que ce qui compte vraiment c'est la puissance de l'outil. Et là y'a pas photo - le solipsisme est stérile alors que l'approche scientifique est féconde.
-
- Modérateur
- Messages : 27990
- Inscription : 03 sept. 2003, 08:39
Re: Que du bleu
Je suis d'accord en autant qu'on considère le solipsisme comme une structure de pensée entièrement conceptuelle, philosophico-philosophique, qui ne tente en rien d'expliquer le monde réel. C'est un peu comme pour les magistères de Gould: la science n'empiète pas sur la ou les religions tant que celles-ci demeurent purement conceptuelles, ne tentent pas de présenter une vision du monde réel.Pancrace a écrit : 10 mai 2019, 21:23Mais il faut prendre garde d'en déduire à tord que la science "réfute" le solipsisme
Ce qui n'est évidemment pas le cas, donc la science peut éventuellement vérifier/réfuter certaines affirmations religieuses même si elle ne peut réfuter le coeur de la démarche religieuse.
Je vous rejoins. Même si dans l'absolu on ne sait rien de la Vérité, dans le relatif-humainement-accessible on ignorer les outils inefficaces. Du moins, quand on souhaite comprendre plutôt que rêver.Et là y'a pas photo - le solipsisme est stérile alors que l'approche scientifique est féconde
Jean-François
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
Re: Que du bleu
Entièrement d’accord Jean-François – j’aurais pu aussi signer ce texte.
En effet la bonne attitude scientifique est de ne pas intervenir dans le champ religieux (pour reprendre cet exemple), ni même d’empêcher les religieux d’utiliser nos outils s’ils souhaitent peindre leurs croyances d’un vernis scientifique (comme le Pape le fait régulièrement) – personne n’en a le monopole.
Là où il faut bondir et dire stop, c’est lorsqu’on importe une idéologie extérieure (une sorte d’axiome parasite) et qu’on prétend en déduire une vérité scientifique. Je pense même que la réfutation dans un tel cas n’est pas nécessaire (même si en pratique ça peut être intéressant), parce que les dés sont pipés, on ne joue pas avec les mêmes règles - toute proposition fondée sur des prémisses biaisés est de facto "hors concours".
Un exemple qui illustre bien ce propos est celui de la psychanalyse. La quasi-totalité de la théorie freudienne est idéologique – le complexe d’Œdipe n’a jamais été objectivé, pour ne prendre que ce cas d’école – et pourtant certains psychanalystes se piquent d’expliquer, du moins en partie, la source de nos affects. Et ce n’est pas anecdotique, il suffit de penser aux dégâts infligés aux autistes et leurs familles (qui n’avaient pas besoin de ça en plus), par cette clique de charlatans.

En effet la bonne attitude scientifique est de ne pas intervenir dans le champ religieux (pour reprendre cet exemple), ni même d’empêcher les religieux d’utiliser nos outils s’ils souhaitent peindre leurs croyances d’un vernis scientifique (comme le Pape le fait régulièrement) – personne n’en a le monopole.
Là où il faut bondir et dire stop, c’est lorsqu’on importe une idéologie extérieure (une sorte d’axiome parasite) et qu’on prétend en déduire une vérité scientifique. Je pense même que la réfutation dans un tel cas n’est pas nécessaire (même si en pratique ça peut être intéressant), parce que les dés sont pipés, on ne joue pas avec les mêmes règles - toute proposition fondée sur des prémisses biaisés est de facto "hors concours".
Un exemple qui illustre bien ce propos est celui de la psychanalyse. La quasi-totalité de la théorie freudienne est idéologique – le complexe d’Œdipe n’a jamais été objectivé, pour ne prendre que ce cas d’école – et pourtant certains psychanalystes se piquent d’expliquer, du moins en partie, la source de nos affects. Et ce n’est pas anecdotique, il suffit de penser aux dégâts infligés aux autistes et leurs familles (qui n’avaient pas besoin de ça en plus), par cette clique de charlatans.
Re: Que du bleu
https://www.cnrtl.fr/definition/solipsiste
Pour le sujet, le monde extérieur est une représentation. Mais son propre corps avec ses organes de perception et son mental font également partie de cette représentation.
Par conséquent la conscience du sujet, elle même, est aussi une représentation. Le "moi" n'existe pas.
Notez bien que Pyrrhon n'est pas considéré vraiment comme un solipsiste, parce que justement il pousse le raisonnement plus loin, jusqu'à sa conséquence logique : la dissolution de sa propre conscience, qui mène à l'ataraxie.
Et l'ataraxie, c'est aussi le but (façon de parler, il n'y a aucun "but" à atteindre) de la méditation, que Pyrrhon d'Elis a appris en Inde.
La méditation étant pour Pyrrhon (et pour tous les méditants dans le monde et à toutes les époques) "la méthode pour parvenir à l'état d'incompréhension (acatalepsie) et au bonheur de ne savoir absolument rien, c'est-à-dire de n'avoir aucune certitude sur sa propre existence, celle d'autre chose, ou encore la possibilité d'une existence."
Ces définitions ne vont pas assez loin. Enfin, ce serait plus juste de dire que le solipsisme, tel que défini, s'arrête en chemin, sans envisager sa suite logique :Ortolang a écrit :"Attitude du sujet pensant pour qui sa conscience propre est l'unique réalité, les autres consciences, le monde extérieur n'étant que des représentations…"
"...Sujet pensant en tant qu'il se refuse à admettre l'existence des autres consciences et des objets extérieurs hors de son moi."
Pour le sujet, le monde extérieur est une représentation. Mais son propre corps avec ses organes de perception et son mental font également partie de cette représentation.
Par conséquent la conscience du sujet, elle même, est aussi une représentation. Le "moi" n'existe pas.
Cette définition se rapproche un peu plus du "solipsisme" pyrrhonien.Ortolang a écrit :"Démarche du philosophe qui pose la subjectivité comme fait primitif et qui pratique le scepticisme radical face à tout jugement sur la réalité objective."
Notez bien que Pyrrhon n'est pas considéré vraiment comme un solipsiste, parce que justement il pousse le raisonnement plus loin, jusqu'à sa conséquence logique : la dissolution de sa propre conscience, qui mène à l'ataraxie.
Et l'ataraxie, c'est aussi le but (façon de parler, il n'y a aucun "but" à atteindre) de la méditation, que Pyrrhon d'Elis a appris en Inde.
La méditation étant pour Pyrrhon (et pour tous les méditants dans le monde et à toutes les époques) "la méthode pour parvenir à l'état d'incompréhension (acatalepsie) et au bonheur de ne savoir absolument rien, c'est-à-dire de n'avoir aucune certitude sur sa propre existence, celle d'autre chose, ou encore la possibilité d'une existence."

Re: Que du bleu
Les têtes de ce que je nomme "les autres" sont des images 3D, mais dans Gereve, je ne sais pas ce qu'il y a dans leur tête.Donc, tu comprends que les autres ont aussi LEUR tête. Le lieu où tu campes le point de départ de ta compréhension est différente des autres.
Non, impossible, car démontrer c'est mettre en relation des qualia.Pancrace a écrit : ↑
Àma, c'est documenté à un point où on peut certainement parler de causalité. En d'autres termes, il est parfaitement démontrable - à quelqu'un de rationnel* - que les qualia sont provoqués par un réel extérieur.
En effet, sans le postulat d'une réalité extérieure, la notion d'objectivité n'a aucun sens.La science essaie d'expliquer des phénomènes de la manière la plus objective possible et, pour se faire, elle repose sur des axiomes qui contredisent forcément le solipsisme: on ne recherche pas l'objectivité si on n'admet que la subjectivité comme critère d'évaluation, la notion d'objectivité n'a même pas de sens dans ce contexte.
Non, pour faire de la recherche scientifique je n'ai aucun besoin du postulat de réalité "extérieure", car faire de la recherche c'est mettre en relation des qualia, publications, résultats d'expériences, discussions avec des collègues,etc, et tout cela se passe dans ma tête.Le solipsisme et l'approche scientifique sont contradictoires, on est d'accord.
Voilà!Mais il faut prendre garde d'en déduire à tord que la science "réfute" le solipsisme. Elle n'a pas ce pouvoir, sa structure interne ne le permet pas, car justement fondée sur des axiomes, donc par définition des présupposés. Un peu comme 2 univers parallèles - on ne peut pas au sein du premier réfuter l'existence du second.

Dire que l'approche scientifique est féconde, c'est dire que si une expérience ( Ensemble de qualia) à partir d'une théorie fonctionne elle m'apporte de nouveaux qualia. Par exemple, les fentes d'Young me font voir des raies de diffraction qui sont de nouveaux qualia dans ma tête. Et le solipsisme n'y est en effet pour rien, c'est un concept philosophique qui peut avoir des conséquences sur mon comportement avec les ensembles de qualia que je nomme " les autres", si je croyais être la seule créature vivante, je pourrais par exemple assassiner les autres sans vergogne, encore que, même dans ce cas, les réactions de ces qualia pourraient me faire souffrir. C'est pourquoi je postule qu'en fait je ne suis pas seul en tant que créature vivante, je postule que les autres sont vivants.le solipsisme est stérile alors que l'approche scientifique est féconde.
Je préfère nettement la première définition que ... a extrait de Wikipédia.Ortolang a écrit :
"Attitude du sujet pensant pour qui sa conscience propre est l'unique réalité, les autres consciences, le monde extérieur n'étant que des représentations…"
"...Sujet pensant en tant qu'il se refuse à admettre l'existence des autres consciences et des objets extérieurs hors de son moi."
En effet ( Cf. " La monde comme volonté et comme représentation" de Schopenhauer). C'est amha, le seul argument valable contre le solipsisme, car si le corps et ses organes de perception sont une représentation pour le sujet, pourquoi ne pas admettre que le dit sujet est présent dans toutes les représentations? Mais ce n'est qu'une extrapolation, pas une démonstration.Pour le sujet, le monde extérieur est une représentation. Mais son propre corps avec ses organes de perception et son mental font également partie de cette représentation.
Qui dit représentation suppose spectateur, sans le "moi" il n'y aurait pas de spectateur.Par conséquent la conscience du sujet, elle même, est aussi une représentation. Le "moi" n'existe pas.
Voilà qui est clair et montre que le solipsisme peut avoir des conséquences qui n'ont pour le moment, rien à voir avec celles d'une démarche scientifique.Ortolang a écrit :
"Démarche du philosophe qui pose la subjectivité comme fait primitif et qui pratique le scepticisme radical face à tout jugement sur la réalité objective."
[qoute]Cette définition se rapproche un peu plus du "solipsisme" pyrrhonien.
Notez bien que Pyrrhon n'est pas considéré vraiment comme un solipsiste, parce que justement il pousse le raisonnement plus loin, jusqu'à sa conséquence logique : la dissolution de sa propre conscience, qui mène à l'ataraxie.
Et l'ataraxie, c'est aussi le but (façon de parler, il n'y a aucun "but" à atteindre) de la méditation, que Pyrrhon d'Elis a appris en Inde.
La méditation étant pour Pyrrhon (et pour tous les méditants dans le monde et à toutes les époques) "la méthode pour parvenir à l'état d'incompréhension (acatalepsie) et au bonheur de ne savoir absolument rien, c'est-à-dire de n'avoir aucune certitude sur sa propre existence, celle d'autre chose, ou encore la possibilité d'une existence."![]()
Le réel est ce qui reste quand on a abandonné toute croyance.
Re: Que du bleu
"Le solipsisme et l'approche scientifique sont contradictoires, on est d'accord."
Edit : on peut imaginer que le solipsisme entre dans cette catégorie.
Si. Deux théories sont contradictoires (entre elles) lorsqu'au moins une proposition vraie dans la première est fausse dans la seconde.gereve a écrit :Non [...]
Ca peut se discuter (c'est surement exact en maths) mais même en supposant que c'est toujours correct, ce n'est pas en contradiction avec ma phrase précédente. Un adepte d'une théorie peut très bien évoluer dans une autre qui lui soit contradictoire, pourvu qu'il existe un certain chevauchement. Par exemple on peut juste "emprunter" à la théorie scientifique le raisonnement logique, et bâtir ainsi des théories complètement loufoques, mais logiques.gereve a écrit : [...] pour faire de la recherche scientifique je n'ai aucun besoin du postulat de réalité "extérieure"
Edit : on peut imaginer que le solipsisme entre dans cette catégorie.
-
- Modérateur
- Messages : 27990
- Inscription : 03 sept. 2003, 08:39
Re: Que du bleu
Vous n'en avez peut-être pas besoin parce que vous ne faites pas de recherche scientifique. Ne pas être tenu de faire adhérer un discours à la plate réalité aide à tenir un discours qui laisse croire que vos "collègues"* seraient "dans votre tête" ou que tout n'est que question de qualia.gereve a écrit : 11 mai 2019, 14:40Non, pour faire de la recherche scientifique je n'ai aucun besoin du postulat de réalité "extérieure", car faire de la recherche c'est mettre en relation des qualia, publications, résultats d'expériences, discussions avec des collègues,etc, et tout cela se passe dans ma têteLe solipsisme et l'approche scientifique sont contradictoires, on est d'accord.
L'univers vous doit des comptes à vous aussi? Faudra voir avec Dany pour l'ordre des priorités

Jean-François
* Sans compter les intervenants du forum qui s'adressent à vous. Ça fait beaucoup d'êtres fantasmagoriques "dans votre tête".
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)
Re: Que du bleu
Il semble que tu n'aies pas compris que tout se passe dans ta tête, si, conformément à mon acte de foi, elle est habitée par le sujet, (ce qui éprouve). Mais, en tout logique, et si tu la manies aisément, ce que je pense, du moins pour le moment, tu n'as effectivement pas besoin du postulat d'une réalité extérieure pour mener des recherches. Ce postulat ne sert qu'à rassurer, pendant longtemps on a cru que les atomes étaient les composants ultimes de la matière, et insécables, comme leur nom l'indique. Tu sais ce qu'il en est........
Je suis désolé si mes propos te font peur en te mettant devant la solitude ontologique, je pourrais évidemment m'abstenir, mais je fais l'hypothèse qu'il y a bien quelqu'un en amont des textes que je lis sur mon écran et j'aime bien créer du lien avec ces hypothétiques personnes. 


Le réel est ce qui reste quand on a abandonné toute croyance.
Re: Que du bleu
Purée, non.
Tu confond ignorance pure et réductionnisme scientifique (temporaire en gros).
Le fait que le savoir évolue (nos considérations sur l’atome par exemple), ne veut pas dire que le réel s’accorde avec. C’est exactement l’inverse.
L’atome était sécable avant qu’on ne pense qu’il ne l'était pas... Sinon nous ne l’aurions pas découvert.
Croire en une sorte de subjectivité absolue, c’est comme croire en une sorte d’objectivité absolue. C’est bon pour les zozos.
C’est pourquoi j’apprécie bcp la notion d’intersubjectivité (que ABC évoque souvent).
Tu confond ignorance pure et réductionnisme scientifique (temporaire en gros).
Le fait que le savoir évolue (nos considérations sur l’atome par exemple), ne veut pas dire que le réel s’accorde avec. C’est exactement l’inverse.
L’atome était sécable avant qu’on ne pense qu’il ne l'était pas... Sinon nous ne l’aurions pas découvert.
Croire en une sorte de subjectivité absolue, c’est comme croire en une sorte d’objectivité absolue. C’est bon pour les zozos.
C’est pourquoi j’apprécie bcp la notion d’intersubjectivité (que ABC évoque souvent).
Qui est en ligne ?
Utilisateurs parcourant ce forum : externo