Sur la façon de répondre à une proposition sur le Redico…
Cette discussion est en cours, par la méthode Redico, sur le fil Les « théories » du genre
http://redico.alwaysdata.net/redico/52/
Mon but ici est de montrer les différences majeures d’évaluation des propositions, ce qui mène à des discussions interminables. Je proposerais d’utiliser davantage des questions pour évaluer des occurrences, des pourcentages d’accord, et une évaluation plus « scientifique » des propositions, tenant compte des imprécisions et des marges d’erreur. Il faut arrêter d’évaluer ces propositions selon un mode vrai ou faux, qui est « pauvre en information » et qui ne fait pas avancer la discussion.
Je considère qu’il y a plusieurs manières d’évaluer une proposition.
1) La logique pure, qui mène à une évaluation de type vrai ou faux et qui peut mener, dans certains cas, à des évaluations hypercritiques
2) La méthode scientifique, qui permettrait de répondre en fonction d’une marge d’erreur « intrinsèque ».
3) Une méthode que je qualifierais d’analogique
4) Une méthode qui évalue l’occurrence d’un événement ou d’un fait.
5) Les questions
Prenons un
premier exemple : commençons avec un fait bien établi : le lancer d’un dé bien équilibré donne 16,666 67 % des chances de donner un 2 (arrondi 5 chiffres après le point). Et une première proposition (no 51) : le lancement d’un dé bien équilibré donne 17 % des chances de donner un 2.
Si un répondant trouve que ce pourcentage n’est pas assez précis, en mode de logique pure, il peut répondre n’importe quoi entre 0 % et 70 %. En mode scientifique, on évalue quels sont les chiffres significatifs : comme le 17 % contient 2 chiffres significatifs, et qu’il n’y a pas d’erreur d’arrondissement, la réponse devrait être de 100 %.
Mais ça se complique avec la variation suivante : le lancer d’un dé bien équilibré donne 20 % des chances de donner un 2 (no 52). En mode logique pure, on évalue que c’est faux à 100 %. En mode scientifique, il n’y a ici qu’un chiffre significatif dans le nombre 20 : l’arrondissement de la valeur est bon. Par contre, certains jugeront que cette valeur n’est pas assez précise et la proposition a été évaluée de façon variable entre 0 et 75 %.
Finalement, toutes ces évaluations se révéleraient probablement inutiles si on avait seulement posé une question : quelle est la probabilité d’obtenir un deux avec un lancement de dé. Réponse : 17 % (avec possiblement un commentaire donnant une précision plus élevée, 16,67 %)
Deuxième exemple : compliquons les choses. Considérons comme un fait que la valeur de pi est de 3,141 6. Prenons comme proposition : la valeur de pi est de 3,14. Sur le plan scientifique, la valeur est bonne : 100 %.
Deuxième proposition : la valeur de pi est de 3,15 (no 43, 46, 58). Sur le plan purement logique, c’est faux (réponse 0 %). Sur le plan que je qualifie d’analogique, cette valeur n’est pas très éloignée de la vérité. Comparativement à une proposition qui donnerait une valeur de pi = 6, cette valeur de 3,15 est pratiquement acceptable, dépendamment de la précision qu’on veut avoir dans le calcul. En mode analogique, on pourrait donner comme réponse 80 %.
À la proposition 48, en préambule Horus pose : Dans un examen, un professeur demande de donner la valeur de pi. Un élève répond 3.1416, un deuxième 3,14, un troisième 3.15 et le dernier 6.2. Comme proposition : Si cette question vaux 5 points, le professeur devrait donner 5 pts au premier élève, 4 pts au second, et 0 pt aux troisième et quatrième, qui sont dans l’erreur.
En mode vrai/faux, ça devrait être répondu comme étant 100 %. En mode scientifique, la troisième réponse (pi=3.15) pourrait être considérée partiellement acceptable. En mode analogique, on devrait faire une différence entre la quatrième réponse, qui est clairement fausse, et la troisième qui ne contient qu’une erreur de 0,01 unité (ce qui correspond à une erreur faible de 0,3 %).
Troisième exemple : Le pourcentage d’homme et de femmes ;
Un article d’étude démographique, datant de 2015, mentionne : « Plus précisément encore, sur 1000 personnes, 504 sont des hommes (50,4 %) et 496, des femmes (49,6 %). »
https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-popu ... rgetText=S
Considérons la proposition (nos 32, 33, 36-38, 50, 54, 55) : il y a présentement 50,4 % d’homme dans l’espèce humaine. En mode logique pure (vrai/faux), on peut répondre 50 % (autrement dit : c’est pas sûr) parce que cette évaluation date de 4 ans, que le pourcentage a pu changer et qu’on n’a possiblement pas tenu compte de ceux qui ne se disent ni homme ni femme (intersexes, asexusé, two-spirits, etc.). En mode scientifique, on va prendre en compte que cette évaluation de 50,4 % inclut probablement une erreur implicite sur la mesure de l’ordre d’un dixième de pourcentage (0,1 %). Comme il n’y a pas eu de guerre majeure tuant beaucoup d’hommes depuis 2015, on peut considérer que la variation du % d’hommes est restée à l’intérieur de la marge d’erreur présumée, et répondre qu’il y a au moins 95 % des chances que ce soit encore vrai aujourd’hui. En mode analogique, ce pourcentage pourrait être encore plus élevé.
Proposition 2 (nos 32-33) : Toutes les personnes sont de sexe mâle. Selon les trois modes vrai/faux, scientifique et analogique, on va répondre que c’est totalement faux. Par contre, quelqu’un pourrait répondre 50 %, parce que cette proposition est vraie pour 50 % des personnes (50% des personnes sont des mâles). C’est ce que j’appellerais le mode « occurrence ». Par contre, encore une fois, une question simple permettrait de mettre presque tout le monde d’accord. Question : quel est le pourcentage d’homme dans l’espèce humaine ? Les réponses varieraient peu autour du 50 %, et on passerait à autre chose !
Conclusion
Bref, ce Redico ne m’a pas vraiment permis de comprendre les opinions des autres débatteurs sur les « théories » du genre. On a plutôt mis en perspective des désaccords sur la façon d’évaluer des propositions. Denis semble suggérer que le problème provient de la façon de structurer les propositions. Ça me semble trop simpliste comme jugement. Par ailleurs, Pancrace semble utiliser un mode supercritique : dès qu’il trouve une exception qui infirme un tant soit peu une proposition, il la juge fausse à 100 %.
Je ne suis pas d’accord avec ces modes d’évaluation, qui ne sont pas réalistes dans un monde où la VÉRITÉ n’est pas RÉVÉLÉE et ABSOLUE. Je pense qu’il faudrait des règles plus claires permettant ces évaluations, et je suggérerais fortement d’utiliser une approche « scientifique » qui tient compte des marges d’erreur acceptables sur ce qui est proposé. De plus, je suggérerais qu’on arrête le picossage sur chaque proposition, et qu’on interprète intelligemment l’intention de l’auteur d’une proposition pour l’évaluer en conséquence.
@ Denis, est-ce que ce problème a été déjà soulevé avant?