Yo Nico¸
Nicolas78 a écrit : 23 août 2020, 16:00Je vais te donner un exemple simple mais central, expliquant (a mes yeux) pourquoi je trouve que les limites de la notion, quoi que potentiellement pratique selon les cas, sont vites atteintes :
Il ya quelques temps, un membre de ce forum (viré depuis), physicien/ingénieur (plus que certainement), remettait en question le rapport du NIST sur l’effondrement des WTC et notamment du 7.
Ben, déjà, entre un mec qui se dit ingénieur (
le spectre est large, il y a un « ninnénieure » où je bosse et il a commis des bourdes que moi et toi ne commettrions même pas. Donc entre un ingénieur en aérospatiale et un autre qui n’a pas eu les notes pour être engagé par une grande firme qui conçois des gratte-ciel et qui fini dans une PME à refaire le plan pour la modification du toit d’un bâtiment « anodin », il y a tout un continuum de spécialité et de talent 
) et le
NIST qui emploi plus de 25 chercheurs, dont quatre prix Nobel de physique (
un record pour un laboratoire de recherche publique aux US), le tout parmi près de 2900 employés, qui dispose d’une technologie de pointe et d’un budget d’un milliard de dollars dont 16 millions ont été consacrés à l’étude de l’effondrement des tours du WTC, disons qu’un mec se disant « ingénieur » sur le forum des SdQ ne pèse pas lourd (
a priori, en tant qu’autorité, avant même d’analyser ses arguments) face à tout ce qu’implique le
NIST. Donc déjà, par « contraste d’autorité » (
mais qui n’est pas un sophisme d’autorité dans ce cas précis), l’on peut quasiment dire que c’est ce mec qui est atteint d’ultracrepidarianisme pour croire savoir mieux que toute une équipe de professionnelle faisant partie de « la crème » des ingénieurs de la planète, bien avant de considérer de ce que tu es, toi, Nicolas78, dans cet échange (
mais j’y reviendrais plus loin).
Car, à mon sens, l’ultracrepidarianisme, qui inclut l’effet Dunning-Kruger, ne concerne pas uniquement les cas où l’individu ne possède aucune connaissance dans un domaine spécifique
VS un autre individu qui possède des connaissances pour ce même sujet, mais aussi la différence (
le contraste) de connaissances et de compétences entre 2 individus pour un même sujet spécifique. Autrement dit, ce n’est pas juste binaire : possède/possède pas, mais il s’agit d’un continuum et quand le contraste est suffisamment conséquent entre 2 individus, l’effet Dunning-Kruger et l’ultracrepidarianisme peuvent alors toute à fait être évoqué àma (
si d’autres conditions sont réunies, voir plus loin).
Moi, par exemple, je possède des connaissances bel et bien réelles et une certaines expérience dans le domaine de l’audionumérique, mais il m’arrive de croiser des mecs, sur certains forums, qui non seulement sont extrêmement calé en formules physiques concernant le son, mais qui en plus bosse dans des studios pros depuis plus de 25 ans et ont une approche plutôt méthodologique/scientifique. Si je crois savoir plus qu’eux (
= suis victime de l’effet Dunning-Kruger) et, qu’en plus, je m’évertue à contredire tout ce qu’ils disent, ben j’suis carrément dans l’ultracrepidarianisme au final, malgré possédant des connaissances et de l’expérience pour le même sujet (
sauf si je pointe que des erreurs qui ne concernent pas leurs connaissances pointues spécifiques, voir plus loin).
Nicolas78 a écrit : 23 août 2020, 16:00On est loin du subjectif. C’est de la physique...C’est "non-subjectif" (ou alors peut subjectif).
Ce physicien, infiniment plus compétent que moi, déployait son discours et ses calculs (calculs que ne comprenais pas...) a partir d’une prémisse fausse (quoi que simple a vérifier !

). C’est moi et d’autres qui on démontrés, objectivement, que sa prémisse était fausse ou du moins méritait une justification particulièrement plus forte...
Hâ, mais voilà, ça change la donne et tu fais l’impasse sur quelque chose de très important : votre échange/débat n’impliquait pas que des questions de calculs~formules et/ou de physique, mais aussi des questions d’implication logique « générique », de biais, de sophismes et de méthodologie scientifique « générique ». Toutes des notions et « règles » qui peuvent tout à fait faire défaut à n’importe quel individu possédant des connaissances et des compétences précises dans un domaine où toi tu n’en possèdes aucune. Donc le fait que tu puisses lui démontrer qu’une de ses prémisses était fausse n’a alors plus rien à voir avec le fait que tu ne possèdes pas de connaissances/compétences en formules de math/physique, par exemple.
C’est capital comme nuance! Tu ne trouves pas?
Parce qu’il faut réaliser et bien distinguer quelque chose : ici, sur le forum (
et dépendamment de nos centres d’intérêt bien sûr), après 10, 15 ou 20 ans à s’exercer à débattre et à lire à propos de la méthodologie scientifique, des biais et sophismes, nous développons bel et bien une expertise et des
compétences bien réelles! C’est factuel! Il y a même, de temps à autre, de longues « sessions pratiques » qui durent parfois quelques semaines (
la dernière « grande session » a concerné un interlocuteur nommé Splf, dans laquelle nous nous sommes exercés à relever toutes les incohérences de sa « méthode » et ses arguments).
La belle sœur d’une amie (
exemple au hasard) qui a fait l’université et qui bosse (
comme « simple tech ») dans un labo pharmaceutique, elle possède bel et bien des connaissances et des compétences que je ne possède pas (
formules de chimie, etc.), mais face à son opinion sur tel ou tel sujet controversé d’un medoc, par exemple, ça n’en fait pas pour autant quelqu’un de plus compétant/immunisé que moi ou toi concernant la connaissance des biais et sophismes et donc sa propension à être biaisé, à commettre des sophismes, à partir sur une prémisse fausse, etc. Donc tant que le débat, entre moi et elle, ne repose pas entièrement sur un aspect très technique de son domaine de compétence, nous pouvons très bien, tous deux (
Dash et Nico78), être plus compétant qu’elle en ce qui concerne notre « rigueur methodologico-sceptique » pour départager le vrai du faux, si tout ne repose pas uniquement sur une connaissance/compétence technique spécifiquement liée à son domaine, naturellement.
Tu en connais bcp toi, des gens, tech de labo, ingénieur, prof de math qui se passionnent (
et s’exercent) — autant que nous tous ici — pour la méthodologie scientifique, la rhétorique, la dialectique, les sophismes, la logique formelle et ses règles d’implication, qui savent ce que sont le
modus ponens, le
modus tollens, l’affirmation du conséquent, la négation de l’antécédent, qui connaissent presque par cœur cette
liste de 189 biais cognitifs, nombres d’études de psychologie sociale, etc.? Dans le meilleur des cas, ils en ont entendu parler, les ont survolés dans le cours d’une session à la FAC, mais, contrairement à nous tous ici, ils ne « baignent » pas dans ces notions au quotidien, comme nous, nous le faisons! Et ne s'exercent encore moins depuis plus de 10 ans à relever ces dernières dans le cadre de « sessions pratiques » et débats.
Notre spécialité à tous (
enfin, la plupart) ici, c’est de (
entre autres) s’exercer quasi hebdomadairement à reconnaître les failles méthodologiques, logiques et/ou impliquant les biais et sophisme dans tout discours, arguments, débat,
peu importe le sujet concerné!
Ça a une valeur très loin d’être négligeable, en frais de connaissances théoriques et de compétences pratiques!
J’veux dire, veux, veux pas, que ce soit toi, moi, LDM ou EB (
entre autres, pour ne nommer que quelques membres « non scientifiques » sur le forum), nous pouvons très bien être en mesure de pointer une fausse prémisse, un sophisme, un biais et/ou une faille méthodologique envers un « spécialiste » qui s’exprime pourtant dans son domaine de connaissance, ce qui, du coup, peut tout à fait réduire à néant son « opinion », son argument d’autorité, son argumentaire, sans que nous soyons pour autant victime de l’effet Dunning-Kruger ou d’ultracrepidarianisme.
...tant que nous savons faire la part des choses, c’est-à-dire discerner si l’essentiel de l’argument et du débat repose sur un aspect technique hors de notre portée ou sûr une faille « logico-methodo-dialectico-rhétorique ».
Nicolas78 a écrit : 23 août 2020, 16:00Pourtant, par rapport a lui, j’ai AUCUNE compétence en physique...Il lui aurait simplement fallu faire appel a l’ultracrepidarianisme pour rejeter ma démarche sceptique...
Non, pas si ton contre argument ne concernait pas spécifiquement une formule de physique, etc., mais plutôt une faille logique dans sa dialectique et/ou sa rhétorique. Quand bien même un ingénieur ou un physicien argumente avec moi et toi, si nous lui pointons une fausse corrélation, une implication logique valide, mais basée sur une prémisse fausse (
ou l’inverse), il ne peut invoquer l’effet Dunning-Kruger, l’ultracrepidarianisme et/ou faire appel à son argument d’autorité puisque ce que nous lui pointons sont des « erreurs/principes logiques génériques » s’appliquant à toute réflexion et argument,
peu importe les sujets!
Nicolas78 a écrit : 23 août 2020, 16:00 La question est donc : aurais-je du la fermer ? Ne pas chercher ? Ne pas interroger ? Et ne pas contrevenir a ce membre ? Qui, pourtant, de manière tout aussi objective, était infiniment plus compétent que moi sur ce sujet ?
Non! Pour la raison que je mentionne ci-haut! C’est uniquement lorsqu’un argumentaire est « bien construit » et ne comporte pas « d’erreur logico-methodo-dialectico-rhétorique » que, là, nous devons accepter de considérer que se sont les « données/procédés » reliées spécifiquement à la spécialité concernée qui font le poids de l’argumentaire. Et, qu’alors, ça dépasse notre champ de compétence. Et, qu’alors, l’argument d’autorité de l’individu devient tout à fait justifié.
Ce n’est qu’à partir de ce point que des « spécialistes de l’argumentation rationnelle comme nous »

(
donc pas au sens rhétorique, mais dialectique) pourrait se faire taxer d’être victime de l’effet Dunning-Kruger et/ou d’ultracrepidarianisme, si nous continuons à contre argumenter, mais c’est presque paradoxal, peu probable, car, rendu à ce point, c’est parce que nous tomberions forcement nous même non plus dans la dialectique (
rigueur des arguments), mais dans une rhétorique (
convaincre par tous les moyens), nécessairement fallacieuse pour poursuivre à s’opposer malgré l’absence de failles dans l’argumentaire de notre interlocuteur.
D’ailleurs, et nous pouvons tous l’observer « empirico-concrètement » à même le forum, avec des interlocuteurs de passage comme Aldebaran (
dans le sujet Le port du masque rend malade), ou encore avec julien99 (
dans le sujet CoronaVirus) par exemple, où ceux qui sont véritablement victime de l’effet Dunning-Kruger et/ou d’ultracrepidarianisme commettent nécessairement toutes les erreurs logiques de base, sont victime des principaux biais, use à outrance de tous les sophismes, n’ont aucune véritable méthode d’investigation rationnelle, etc.
l’ultracrepidarianisme, ainsi que l’effet Dunning-Kruger, ne concerne pas Nicola78, spécialisé en « rien » (
si ce n’est qu’à la méthodologie scientifique, aux biais et sophismes) qui relève à son interlocuteur, peu importe la spécialité de ce dernier, qu’il confond, dans son élan et son enthousiasme à argumenter, une corrélation d’une cause et/ou que son raisonnement, bien que valide logiquement, est basé sur une prémisse fausse!
Nicolas78 a écrit : 23 août 2020, 16:00 Voilà pourquoi je dit que ce concept n'est pas bcp plus utile que de noter les points Godwin...
Bah, en fonction de tout ce que je te partage, moi je ne vois ce terme que comme une façon pratrico-rapide de désigner un individu comme Aldebaran, entre autres, qui, sur les réseaux sociaux ou ici, s'exprime (
il en ressent fortement le besoin, pour venir jusqu'ici en plus) sur un sujet qui, non seulement dépasse (
euphémisme) son cadre de compétence et ses capacités cognitives, mais dont les arguments ne sont qu'une somme de tous les biais et sophisme connut.
Pour moi le terme à une utilité, car il effectue une distinction d'avec, P. Ex., certains croyants qui croient en Dieu, au Karma, aux fantômes, au Bigfoot, etc., et qui, par exemple, peuvent eux aussi commettre tous les sophismes connus et être victime de tous les biais, advenant qu'ils partagent leur avis dans le cadre d'une discussion, mais qui ne « militent » pas pour autant et/ou n'ont pas nécessairement besoin de parler de ce genre de truc et/ou, surtout, qui
ne font pas de même pour mille et un autres sujets.
Il y a une différence
comportementale, entre, disons « oncle Gérad/tante Alice » qui croit au Karma, possède peu d'instruction et n'est pas très vive d'esprit, mais qui ne passe son temps à écœurer les gens avec sa croyance d'entre un « Aldebaran » qui va s'exprimer « avec force et conviction » sur toute sorte de sujets de société sur les fils FB en plus de venir sur certains forums présenter des arguments qui n'en sont pas (
bourrés de sophismes), car ayant lui aussi aucune instruction, connaissance et n'étant pas très futé! La première croit en un truc irrationnel, le deuxième est un ultracrepidarianiste! Idem, P. Ex., entre un « jroche » qui a comme lubie le BigFoot (
et qui peut aussi parfois s'exprimer sur d’autre sujet en commettant des sophismes, comme nous tous), mais qui se distingue pour moi d'un « Aldebaran », qui, fort probablement, lui, vas s'exprimer de la même façon qu'il le fait sur le port du masque sur mille et un sujet dès que ça ne fait pas son affaire.
Je vois l'ultracrepidarianisme comme une « classe », une « catégorie » de « croyant/naïfs », non pas au sens usuel du terme, mais quand ça réunis l’effet Dunning-Kruger avec une
forte tendance~manie comportementale, et pas nécessairement sur des sujets « paranormaux », à affirmer son opinion publiquement pour bien faire saisir à tous, que, eux,
ils ont une opinion bien tranchée sur le sujet! Il y a une notion «
d'afirmation de soi », de volonté de dire «
moi, je pense ça » qui est présente dans cette catégorie spécifique.
Sinon, l’on pourra me rétorquer que ce n’est pas exactement ça que le terme veut dire, mais qui décide de ce qu’il veut dire? Klein? Les quelques autres qui l’ont utilisé depuis quelques années ici et là?

Ce mot est en réalité en pleine « gestation », il est, selon moi, en train de se définir et de se préciser de par le contexte de notre époque et de ce qu’on y vit!
Voici ce qu’on peut trouver, ici et là, entre autres :
Les ultracrépidariens : qui sont-ils et pourquoi agissent-ils de cette façon ?
«
Si vous donnez votre avis sur les images de la face cachée de la Lune fournies par la sonde chinoise Chang’e-4, les ultracrépidariens essayeront de vous faire un commentaire digne de Carl Sagan. Si vous discutez de politique, ils feront tout pour vous offrir un discours digne de Winston Churchill. Et si vous parlez de football, d’économie ou de physique quantique, ils voudront toujours vous démontrer tout ce qu’ils savent. Les ultracrépidariens ont réponse à tout. Ils ne se taisent jamais. Ils ne sont pas non plus conscients de leurs limites et, pire encore, ne respectent pas les autres. Pour eux, il est essentiel de se démarquer à tout prix : ils n’hésitent donc pas à discréditer les autres personnes [...] »
Note: c'est moi qui ai mis en rouge.
Bref, exactement ce qu’on retrouve dans les posts (
attitude, propos, comportement) d’un « Aldebaran », par exemple, qui a réponse à tout, mais bourrés de sophisme et d’incohérence tout en traitant les autres de moutons et d’abrutis, etc.
Non?
Ce terme réunit quelques conditions qui ne sont pas toutes présentes quand des mecs comme moi et toi, P. Ex., nous nous permettons de nous exprimer, ici, sur un peu tous les sujets.
Quand un professionnel comme J-F, entre autres, me fait parfois remarquer un truc, je ne l'obstine pas à outrance et il m'arrive de revoir ma position et/ou de tempérer. Sinon, de façon générale, je tente d'étayer mes propos, considère l'avis des autres, suis respectueux, reconnais si l'on me pointe un sophisme, etc. Et tu fais pareil. Et le plus important, nous nous basons au final sur l'avis de la majorité des professionnels d’un domaine (ou du corpus scientifique), à défaut d'être en mesure de juger correctement d'un sujet.
Pour le reste, il s'agit de sujets de société (
morale, étique, politique, etc.) et là, ben c'est différent, seule la qualité de nos réflexions (
cohérence) fait office de ce qui peut être jugé objectivement. Et, dans ce cas, des interlocuteurs comme EB, entre autres, n'en manquent pas une de nous rappeler quand notre raisonnement est incohérent.
Autrement dit, je pense que nous n'avons pas de problème de comportement, d'attitude et que nous sommes « assez compétents » pour savoir quand nous ne le sommes pas suffisamment... ... en certains domaines spécifique

!