Il y a environ 35 ans, je demeurais dans une maison de chambres à Montréal. À un moment-donné, on a eu un nouvel occupant qui est venu demeurer avec nous. Un mois plus tard, cet occupant s'est acheté une jeune perruche qu'il a appelé "Cochise". On a trouvé que cette perruche était fort sympathique et on a accepté que ce chambreur procure une certaine liberté à sa perruche. On fermait toutes les issues de la cuisine et on lui permettait d'aller où elle voulait dans la cuisine. Bien sûr, il y avait le désagrément qu'elle laissait ses petites crottes un peu partout et même sur nous. Oui, elle aimait se percher sur nous et elle aimait jouer avec nos cheveux avec son bec et elle se perchait souvent sur nos montants de lunettes. Elle était capable de dire son nom en disant "Cochise ! Beau ti-bébé".
Un soir, J... qui était le nom du propriétaire de la perruche, prit un jeu de cartes et étendit pêle-mêle les cartes sur la table faces contre table. Le premier réflexe de Cochise qui était témoin de la scène était de prendre les cartes une-à-une avec son bec et les virait de bord. Elle a répété souvent le même manège, par après. Mais une fois, j'ai eu une idée. On était 3 gars autour de la table, dont J.... Alors, je dis à la perruche : "Sors moi un 10". Eh ! bien ! Cochise nous sort un 10 ! On a trouvé ça un peu fort de sa part. Je suggère aux 2 autres gars de faire comme moi à leur tour. Croyez-le ou non, Cochise a sorti 4 bonnes cartes sur 4 !!! Mais je ne sais pas pourquoi, J... a décidé subitement d'arrêter le jeu. J'aurais dû insister davantage pour qu'on continue à jouer, mais je ne l'ai pas fait, malheureusement. J'aurais alors fait des demandes plus précises à la cervelle d'oiseau en demandant par exemple "Sors moi un 4 de trèfle". Elle l'aurait peut-être fait, on ne sait jamais. On aurait pu assister alors à un miracle incroyable et incompréhensible. Mince, alors ! Peu de temps après, J... déménageait ailleurs avec sa perruche. On n'a pas eu d'autres nouvelles de lui. C'était ce besoin qu'avait toujours la perruche de virer toutes les cartes de bord que je trouvais si fascinant.
