Français, Françaises? Scolarisation et le voile?

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DictionnairErroné
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Français, Françaises? Scolarisation et le voile?

#1

Message par DictionnairErroné » 02 sept. 2021, 13:42

Une étude démontre qu'en France l’interdiction du voile influence la scolarité des filles. Ils sembleraient que les filles musulmanes soient plus scolarisées depuis la loi du 15 mars 2004 interdisant aux élèves de l’enseignement public le port de signes religieux ostensibles.
Une scolarité plus apaisée
Sur une question ancienne, mais toujours âprement débattue, l’économiste Eric Maurin apporte un éclairage inédit. L’enquête qu’il a menée sur l’interdiction du port du voile à l’école conclut en effet que cette mesure s’est traduite par une spectaculaire, massive et durable amélioration des performances scolaires des jeunes filles de familles musulmanes.

Une analyse fine, une année de naissance après l’autre, confirme la rapidité de cette évolution. D’autres facteurs que l’interdiction du voile peuvent-ils également expliquer l’amélioration sensible des niveaux de diplôme des filles, et seulement des filles ? L’économiste n'en trouve pas. Son hypothèse, confortée par l’étude de différents sous-groupes au sein du groupe musulman, est que cette interdiction aurait contribué à désamorcer les conflits suscités par le port du voile au sein des familles les plus traditionnelles, permettant aux jeunes filles de poursuivre une scolarité plus apaisée.
https://lautjournal.info/20210901/en-fr ... des-filles
La connaissance: Un ignorant qui sait qu'il est ignorant est bien moins ignorant qu'un ignorant qui ne sait pas qu'il est ignorant.

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Dominique18
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Re: Français, Françaises? Scolarisation et le voile?

#2

Message par Dominique18 » 02 sept. 2021, 14:08

C'est dingue, ça...
Un québécois informe les français, et c'est plutôt une bonne chose.
Je ne connaissais pas cette étude, originale par rapport à bien d'autres publications sur le sujet, qui va peut-être remettre les pendules à l'heure, parce que les revendications liées au port du voile, à l'école, sont toujours bien présentes. Plutôt contenues, minoritaires et "apaisées" (du moins en surface), mais il ne faut pas occulter les mouvances liées aux frères musulmans sont toujours d'actualité. Elles se font plus discrètes mais néanmoins conséquentes avec une exploitation des possibilités d'infiltration à travers les strates sociales.
Le port du voile, en France, lié implicitement (et explicitement, n'en déplaise aux aficionados des "compromis raisonnables") à une religion, représente une aventure politique qui fut, à la base, en 1989, très mal gérée par les autorités institutionnelles compétentes, ce qui engendra un certain nombre de dysfonctionnements récurrents par la suite (cf. Les deux rapports Ovin commis ces questions).

Rappels historiques: les collégiennes de Creil, en 1989.

https://www.liberation.fr/france/2017/0 ... l_1486789/

(Libération, organe de presse plutôt de gauche)

Le proviseur de l'époque, Ernest Chenière:

https://www.marianne.net/societe/l-anci ... ite-par-un

https://www.dailymotion.com/video/xfdc7v

https://m.youtube.com/watch?v=VXBimfQRJSU

Gisèle Halimi :

https://m.youtube.com/watch?v=3D-3pICS51Y

Ce qui, quand on regarde ces documents vieux de trois décennies, laisse songeur quant au chemin parcouru (valeurs réaffirmées de l'école, de la république et de la laïcité) et des difficultés qui persistent. Il importe de ne pas lâcher prise, mais de laisser la porte ouverte au dialogue, sans recherche d'accomodements dommageables. A ce sujet, plusieurs ont perdu à ce jeu (UNEF, FCPE...) et ont réussi à se retrouver et à défendre des positions à l'inverse de leurs combats initiaux.

Je n'ai pas réussi à retrouver l'interview filmée de l'époque où Ernest Chenière, le proviseur du collège de Creil, précisait un certain nombre de valeurs républicaines et laïques par rapport à cette affaire de foulards. Il a, malgré les pressions multiples, les oppositions, réussi à tenir bon, et à ne pas céder, parce qu'il était convaincu et pétri de sa mission, au service des autres, des jeunes en l'occurence.

Marianne:
Etiez-vous soutenu ou isolé au sein du collège ?

J’avais le soutien de la grande majorité des professeurs, qui étaient tous contre le voile. Eux aussi avaient bien compris ce qui se jouait et qu’il ne fallait pas lâcher prise. J’ai été reçu par le recteur. Un brave homme qui n’entendait rien à ces questions et savait à peine ce qu’était l’islam. Personne ne se rendait compte de rien, à l’époque. Il y avait aussi cet inspecteur d’académie, un jeune. Il m’a convoqué un jour, c’était un jeudi. J’ai eu droit à une drôle de séance dans une salle mal éclairée de Beauvais, avec deux témoins. Il m’a fait la leçon pour me demander d’accepter en classe les filles avec le voile. « Vous allez laisser entrer ces filles en cours avec leur foulard », hurlait-il. Je l’ai bien regardé. Là encore, les arts martiaux, qui enseignent avant tout la maîtrise de soi, m’ont bien aidé. Je lui ai demandé s’il en avait terminé et je lui ai demandé s'il avait une seule bonne raison de laisser ces filles entrer en classe avec leur foulard parce que pour ma part, je n’en voyais aucune. Il n’en avait pas. Je lui ai donc demandé un relevé de conclusions écrit. Et qu’il me le signe. Evidemment, il a refusé. Lui aussi était grotesque.
L'aut'journal:
Sur ce type d’enquête sociologique, les désaccords entre spécialistes s’expriment habituellement à travers la mise en cause de « biais méthodologiques ». Eric Maurin, polytechnicien, professeur à l’Ecole d’économie de Paris, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), n’est pas n’importe qui, et ses travaux sont a priori crédités d’un certain niveau de qualité. Nul doute cependant, vu le potentiel polémique du sujet abordé, mais aussi sa complexité, qu’il trouvera des contradicteurs et aura la tâche d’y répondre.
Il y a encore du chemin à parcourir... mais aussi beaucoup d'espoir, ce qui n'est pas rien.
Cette mesure (l'interdictions du voile à l'école) s’est traduite par une spectaculaire, massive et durable amélioration des performances scolaires des jeunes filles de familles musulmanes
Pas inutile de citer cette tribune d'intellectuels, de 1989: toujours d'actualité.

https://laicite.fr/voile-profs-ne-capitulons-pas/

Merci pour cette info, Dico.

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Dominique18
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Re: Français, Françaises? Scolarisation et le voile?

#3

Message par Dominique18 » 03 sept. 2021, 14:08

DictionnairErroné a écrit : 02 sept. 2021, 13:42 Une étude démontre qu'en France l’interdiction du voile influence la scolarité des filles. Ils sembleraient que les filles musulmanes soient plus scolarisées depuis la loi du 15 mars 2004 interdisant aux élèves de l’enseignement public le port de signes religieux ostensibles.
Complément: une autre analyse (Marianne du 3 septembre 2021)

Image

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Eric Maurin.pdf
Ce qui pose de sérieuses questions sociales, et sociétales: quelle école désirons-nous?
Celle de l'intégration, de la réussite?
Ou celle du repli (identitaire) sur soi? Et, à terme, de la fermeture éventuelle qui en découle?

Etudier des questions sociétales et écrire en conséquence, dresser un cons tat,est une chose, agir sur le terrain s'avère nettement plus constructif:

https://www.youtube.com/watch?v=292Qx7V7pw8
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.

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Dominique18
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Re: Français, Françaises? Scolarisation et le voile?

#4

Message par Dominique18 » 05 sept. 2021, 08:41

Dictionnaire Erroné a contribué à ouvrir la boîte aux souvenirs...

La République laïque face au foulard islamique...

Article de 2007 du Monde:

https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... _3232.html

Deux passages savoureux:
On voit ainsi s'élever un front néorépublicain, brandissant la menace des " dérives communautaristes" comme le pire ennemi de la République. Et l'islamologue Maxime Robinson de s'alarmer du "glissement de l'Etat unitaire vers l'Etat fédération de communautés", vers "le communautarisme". Le mot est lâché. Pour cet ancien communiste, orientaliste, la vigilance s'impose contre cette dérive nocive qui pourrait conduire "le nationalisme (ou nationalitarisme) de communauté (à remplacer) le nationalisme, le patriotisme de nation", le premier étant "bien plus nocif" que le second.
...
Mais, face à cette "Forteresse France" qui se sent menacée par "quelques foulards", pour reprendre les termes d'Alain Touraine, les tenants d'une ouverture ne sont pas en reste. "Est-ce intégrer les immigrés que d'interdire les réactions négatives à l'intégration alors que le plus important est d'éviter les ruptures dont les plus faibles paient le prix le plus élevé ?", interpelle Alain Touraine (Le Monde du 23 novembre). Et le sociologue d'ironiser sur ceux qui assignent à l'école la tâche de "rejeter, comme un conseil de révision, ceux qui ne sont pas conformes au modèle établi". Comme lui, Harlem Désir s'alarme du "retour en force" des "idées assimilationnistes". Pour le président de SOS-Racisme, on paie là "l'absence d'une véritable politique d'intégration", et c'est au contraire l'exclusion des élèves voilées qui fait le lit de l'intégrisme. "C'est parce que nous sommes pour l'émancipation de la femme que nous pensons qu'il est plus que nécessaire, pour ces jeunes filles en particulier, d'aller à l'école de la République, celle dont nous contrôlons les enseignements. Car, insiste Harlem Désir, la laïcité, c'est d'abord et essentiellement la maîtrise par l'Etat, et lui seul, du contenu des programmes et de la formation de maîtres."
Le Monde, comme Mediapart, fidèle à sa ligne sur certains sujets, tout en circonvolutions et rhétorique...
Ce qui, quelques 14 ans plus tard, peut entrer en contradiction avec ce qui suit:

https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... _3232.html

L'erreur est humaine...

Le 8 septembre 2021 s'ouvre le procès des attentats du 13 novembre 2015.

https://www.francetvinfo.fr/faits-diver ... 00341.html
C'est la plus grande audience criminelle jamais organisée en France. Le procès des attentats du 13 novembre 2015 s'ouvre, mercredi 8 septembre à Paris, devant une cour d'assises spécialement composée, six ans après les attaques jihadistes les plus meurtrières commises sur le sol français : 130 morts, 350 blessés, et un pays profondément traumatisé. Sur les 20 accusés qui doivent être jugés pendant près de huit mois pour ces faits, onze seront dans le box. Parmi eux, le seul survivant des commandos, Salah Abdeslam. Voici ce qu'il faut savoir sur ce procès historique dit "V13" pour "vendredi 13 novembre", jour de survenue des attaques.
Ce à quoi peuvent conduire l'intégrisme et le fanatisme religieux... au regard des faits et de leurs conséquences, que dire, encore, qui n'apparaisse superflu...

Pour la question du voile, il serait bon pour certains, de revoir leurs connaissances historiques:

https://www.laicitecapitalenationale.co ... -le-voile/

Le "voile", historiquement parlant, n'a jamais été considéré comme un symbole religieux : c'est une "invention" d'intention, moderne.
La conclusion est que, dans le Coran, la manière de s’habiller relève historiquement de questions de société et non de religion. En outre aucun passage n’impose aux musulmans de l’époque de porter un habit religieux. Le voile prétendument islamique ne s’appuie en rien sur un passage coranique. S’il y a un parallèle à faire, ce serait avec les sectes protestantes américaines qui, elles aussi, croyaient lire leur texte sacré dans sa lettre. Cela a abouti aux habits décalés des Mormons et à la polygamie des Amish. S’il faut revenir à la société médinoise du viie siècle, à quand, pour l’islam, un retour à l’esclavage et à la prostitution des esclaves consentantes ? En tout cas, il faut prendre conscience que les jeunes musulmans d’aujourd’hui, confrontés à une modernité dont ils ne dédaignent pas sur certains plans de profiter, tout en croyant la refuser sur d’autres, pratiquent sur le plan religieux une sorte de bricolage généralisé dans lequel ils créent leur vérité. Il ne s’agit en rien de la réalité de l’islam historique. Les musulmans auraient-ils peur de regarder leur histoire dans les yeux ou doit-on croire que les religions n’ont d’histoire autre que mythique ? Alors peut-être faudrait-t-il songer à délester l’islam d’un surplus d’islamité qui en fait le déshumanise, à ses propres yeux comme aux yeux des autres. L’islamophobie tant proclamée aujourd’hui ne vient pas seulement d’une hostilité extérieure. Elle peut se cacher aussi dans le regard que l’on porte sur soi-même en se retranchant dans l’altérité du fantasme et dans un refus névrotique de sa propre réalité
Jacqueline Chabbi - Rachid Benzine

Ce qui, quand on se donne la peine d'essayer de comprendre et de faire l'effort d'actualiser ses connaissances, permet de mieux se situer dans le débat des enjeux actuels. Tout en constatant que la journaliste du Monde, en 2007, a fait preuve d'une attitude et d'une vision partiales du sujet, et d'un manque d'aptitudes flagrant dans le traitement de la question, notamment par défaut d'éléments historiques solides.
Elle a produit un article d'opinion, non de réflexion, avec des mots et phrases "chocs". A noter une ribambelle de sociologues qui se sont empressés d'intervenir, et qui continuent, d'ailleurs... avec les mêmes méconnaissances, produisant les mêmes erreurs...
Pour la journaliste, c'était histoire de ne pas froisser un lectorat?

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