jean7 a écrit : 04 juin 2022, 01:46
Ôte moi quelques doutes s'il te plais. Au Canada,
de part la loi, une femme client d'une relation de prostitution est-elle moins criminalisée qu'un homme ?
Techniquement, les femmes clientes sont sensées être traitées de la même façon. Dans la réalité, bien sûr, jamais une femme n'est poursuivie. Je ne crois cependant pas que cela tienne uniquement, ni même principalement, aux préjugés favorables des acteurs judiciaires (1). Je crois plutôt que c'est la cadre du commerce sexuel des clientes qui n'est pas le même et se prête moins facilement à une judiciarisation.
En effet, les client hommes judiciarisés le sont souvent à la suite d'un "piège" tendu par la brigade des meurs. Une policière joue la pute et négocie son prix à la fenêtre de l'automobile du client. Un piège semblable peut-être mise en place à partir d'internet. C'est ce que les policiers font, par exemple, pour pincer les pédophiles dont la prédation est plus discrète. Les femmes clientes ne chassent pas sur le même genre de terrain et sont difficiles à piéger. Elles ne sollicitent que rarement et si elles le font c'est discrètement dans des bars spécialisés. Les femmes clientes préfèrent de loin l'ambiguïté, l'équivoque. Elles commercent avec des gigolos qui jouent la séduction. L'argent n'apparait qu'une fois le "crime" accomplie. Les pièges conventionnels de la police des meurs ne fonctionneraient pas, s'il advenait que la police cherchaient vraiment à "pincer" les clientes.
jean7 a écrit : 04 juin 2022, 01:46
Le blabla qu'en tirent les uns et les autres en terme de justice ou d'injustice sur un axe homme-femme ne serait-il pas que du blabla ?
Ca dépend de ce que tu veux dire.
jean7 a écrit : 04 juin 2022, 01:46
Le problème de justice que poserait la criminalisation du péripatéticien est qu'il est souvent captif d'un réseau mafieux (en France en tout cas).
Au Canada, la loi ne prévoit-elle pas des textes de criminalisation des pratiques de ces réseaux ?
Oui et le proxénétisme est assez sévèrement puni, même dans les cas ambiguës. Par exemple, il y a des gars dont la copine travaillait comme escorte (
c'est le nom qu'on donne aux prostituées au Canada) et qui se sont retrouvé en prison parce qu'ils profitaient indirectement des entrées d'argent de la fille même si, en fait, ils ne participaient absolument pas au commerce...
jean7 a écrit : 04 juin 2022, 01:46
Il faut pour en juger oublier la composante sexuelle et s'attarder sur la question de l'esclavage. Je n'imagine pas que la loi canadienne l'accepte.
Je comprends que la traite des femmes (du Sud, de l'Est ou d'Asie) est un problème européen. Ici, je n'en ai jamais entendu parler que théoriquement.
jean7 a écrit : 04 juin 2022, 01:46
En toute logique donc, au lieu de focaliser sur le puritanisme ou le féminisme dont on a rien à foutre, on peut prendre en considération l'importance de criminaliser le client tout simplement parce que, hors cas particulier, il favorise d'une façon générale une forme d'esclavage.
N'approche tu as ici le blabla que tu dénonçait plus haut?
En tous cas, pour certains détracteurs de la prostitution, même parfaitement consentante, la prostitution est une activité dont les acteurs sont des victimes.
jean7 a écrit : 04 juin 2022, 01:46
Les actes de prostitution au Canada concerneraient-ils généralement des adultes également libres et consentants ?
Oui, mais du côté des clients seulement. Les péripatéticiennes elles-mêmes ne sont jamais ennuyées. ! Les cas de traites de personnes et de pédophilie font objet d'accusations bien plus graves et de condamnation bien plus sévères.(2)
Je rappelle ici que les féministes québécoises ne sont pas toutes anti-prostitution. Au contraire, comme je le disais plus haut, il y a un fort courant de militantes qui défendent le «droit des femmes» d'être des travailleuses du sexe et revendiquent un élargissement de la loi pour que la pratique, devenant plus ouverte, devienne aussi plus sécuritaire. Dans les assemblés féministes, ces deux groupes s'affrontent de façon très violente. Le compromis qui consiste à ne criminaliser que le client n'est qu'un compromis.
Stella veut du changement.
1- Alors que les hommes clients sont dénigrés et dénoncés comme de vil exploiteurs, les femmes clientes sont considérées avec compassion. L'imaginaire collectif en fait de «pauvres femmes» en mal d'amour, que l'âge a privé de leurs meilleurs arguments et qui se consolent dans des escarmouches illusoires et rémunérées.
2- D'ailleurs la pègre local (motards, mafia) est assez peu encline à y verser. Lorsqu'il y a des cas qui se présentent, ce sont le fait de gangs de rue peu structurés ou criminels étrangers qui n'ont pas parti liés avec nos propres bandits.
« Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. » George Orwell