ABC a écrit : 05 mai 2025, 22:34Taxes, quotas et règlementsIls ne peuvent pas être mis en place sans une forte adhésion de l'opinion publique mondiale des pays dont les dirigeants sont élus et l'accord des dirigeants des pays plus autoritaires.
- il faudra les négocier à une échelle internationale, bousculant ainsi nos choix de consommation, cad l'échelle des valeurs que nous leur attribuons,
- restructurant notre outil de production et nos emplois par la modification induite sur les coûts.
2 gros nuages noirsGwanelle a écrit : 06 mai 2025, 15:22Je trouve que c'est peut être un facteur d'immobilisme de plus ... faut il vraiment attendre que le monde entier approuve, ou comprenne, le choix de l'éventuel peuple qui devancerait tout le monde sur ces questions ?
Une mise en place complète et précipitée, sans d'âpres négociations internationales préalables réussies, me semble être non pertinente pour la raison suivante : 2 gros nuages noirs planent au-dessus de nos têtes et sont déjà à l'origine de nombreux dégâts écologiques et en termes de vies humaines :
- les crises écologiques et climatiques (exemple : doublement des feux de forêt en 20 ans, augmentation des inondations, tempêtes, vagues de températures extrêmes et sécheresses) résultant de nos modes de consommation et donc des modes de production correspondant,
- mais aussi une instabilité géopolitique mondiale très préoccupante et causant déjà de nombreuses destructions, morts et blessés.
(1) Le plus "vite" possible sans toutefois engendrer des soulèvements populaires violents et incontrôlables contre des décideurs jugés "hors sol" et irrespectueux de divers critères considérés comme non négociables (sacrés) si l'adhésion obtenue avant prise de décisions contraignantes a été négligée ou insuffisante.
Un contexte international de fortes tensions géopolitiques
Le contexte préoccupant de forte tension géopolitique actuel (avec des armes d'une puissance de destruction inédite dans l'histoire de l'humanité) ne permet à aucun pays de se lancer, isolément, dans l'aventure (pourtant vitale) de protection de notre biosphère. Peut-être cette contrainte explique-t-elle pourquoi la Chine continue à brûler son charbon à hauteur d'environ 30% de la consommation mondiale.
Chaque pays doit donc, en même temps, réaliser les transformations des modes de consommation et de production requis pour protéger notre biosphère nourricière :
- sans pour autant affaiblir son économie et tout en parvenant à convaincre son opinion publique, non seulement d'accepter, mais aussi de soutenir les décisions contraignantes souhaitables, voir requises. Dans les pays démocratiques, c'est très difficile. Toute mesure contraignante est une opportunité souvent saisie par divers père Noël de compétition pour créer un rejet, alimenter colères et frustrations en jetant de l'huile sur le feu, prétextant ainsi défendre l'intérêt de telle ou telle catégorie d'électeurs, favorisant ainsi, en fait, l'émergence d'une situation de conflits et de chaos social afin d'accéder au pouvoir. Même dans les pays plus autoritaires des limites existent (malgré une propagande efficace souvent mise en œuvre)
- sans affaiblir sa puissance économique, sinon c'est la garantie de se faire écraser par d'autres pays,
- sans mettre en danger son indépendance par une mise en faillite si ce pays ne parvient plus à payer les intérêts d'une dette de l'état hors de contrôle (par une stratégie du quoi qu'il en coûte sur trop de priorités),
- tout en renforçant la capacité militaire à dissuader un agresseur éventuel de l'envahir, de le détruire et le soumettre à sa domination.
En même temps, il faut comprendre l'origine d'un certain nombre de tensions et d'ambitions géopolitiques. De nombreuses tensions correspondent à un désir de revanche sur des situations historiques antérieures perçues (souvent à juste titre) comme humiliantes et/ou à des nostalgies relativement à des positions antérieurement dominantes.
- C'est le cas pour la Russie, vivant comme une humiliation la chute historique de l'union soviétique, une chute dont Poutine rend le bloc occidental et son système de valeurs responsable. Il a d'ailleurs vécu cette chute de façon très directe et personnelle (avec une confrontation où sa vie a été menacée) lors de l'effondrement du mur de Berlin alors qu'il était en poste en Allemagne de l'est. Il en a tiré un désir de revanche sur l'Europe. S'il n'est pas arrêté par l'Ukraine, il continuera autant que notre aptitude à lui résister militairement et ses soutiens le lui permettront, comme en atteste, entre autres, une familiarisation d'enfants de 5 à 8 ans au maniement des armes.
- c'est le cas pour la Chine, traitée de façon indigne par les puissances occidentales à partir du milieu du 19ème siècle, notamment avec la guerre de l'opium, alors que la Chine a occupé une position dominante à de nombreux points de vue au cours de son histoire.
- c'est le cas pour la Turquie, nostalgique de la grandeur passée de l'empire Ottoman,
- ça a aussi été le cas pour l'Irak d'un Sadam Hussein rêvant de redevenir le nouveau Nabuchodonosor (dont il pensait être la réincarnation)
De nombreuses autres tensions géopolitiques ont même origine : des situations passées perçues (souvent à juste titre) comme humiliantes. Il existe donc un risque important que cela se termine par un conflit mondial généralisé. Il pourrait causer la disparition d'une grande partie de la population mondiale dans un conflit profondément destructeur, les survivants continuant ensuite à s'entretuer dans un monde dévasté, et ce avec acharnement en raison des haines encore accrues à l'occasion de ce conflit (en raison des très nombreux morts et blessés dans tous les camps). La percée fulgurante de l'IA et des possibilités d'armes autonomes intelligentes qu'elle ouvre n'arrange rien. Cette percée augmente le besoin de vigilance vis à vis de ce nouveau risque.
Comment parvenir à maîtriser ces risques ? Je n'en sais rien, mais une chose me semble sûre, la mobilisation de l'humanité dans son ensemble pour un retour vers la stabilité et vers une paix juste dans le monde passe, en fait, dans une large mesure, par une guerre idéologique, une guerre contre la désinformation et une guerre des valeurs. Il nous faut choisir les bonnes.
Qui exploite et radicalise les (res)sentiments d'appartenance à des fins politiques ?
Les ressentiments de cette nature (sentiment d'appartenance bafoué) sont d'ailleurs souvent entretenus et amplifiés par une propagande ou une habile manipulation des opinions publiques de nombreux pays :
- parfois à des fins de politique interne visant à maintenir au pouvoir un gouvernement s'inventant des ennemis externes pour expliquer et excuser l'échec de sa politique ou pour pousser une population dans une direction de prédation répondant à un objectif de grandeur nationale sans respect du droit international (une grandeur nationale perçue, par certains dirigeants, comme une extension de leur égo)
- parfois à des fins d'accès au pouvoir au sein d'un pays en renforçant la rancœur de telle ou telle communauté afin d'en recueillir les faveurs électorales...
...ou encore dans le but de provoquer un effondrement économique et social afin d'accéder au pouvoir sur fond de conflits sociaux violents favorisés par une situation sociale et économique fortement dégradée utilisée comme outil d'accès au pouvoir. - parfois à des fins politiques et/ou militaires d'accès aux ressources d'un pays en exploitant ou créant un ressentiment vis à vis d'un pays partenaire.
Différents exemples ont montré qu'il est parfois possible d'éviter un bain de sang malgré des tensions qui auraient logiquement du y conduire :
- la disparition de l'apartheid sans bain de sang en Afrique du sud grâce à l'action de Nelson Mandella
- la suppression de la ségrégation raciale officielle en Amérique grâce à l'action du pasteur Martin Luther king
- l'accès de l'Inde à l'indépendance grâce au Mahatma Gandhi
Qu'y pouvons-nous ?
Comment, individuellement, pouvons-nous contribuer, par de petites actions personnelles et choix de valeurs appropriés, à inscrire nos modes d'action et de communication dans une direction favorable au respect mutuel malgré des différences de valeur, de culture, d'appartenance, de croyances sans toutefois se retrouver victime d'une trop grande générosité (ou d'une naïveté dangereuse) ??
Il me semble que la question mérite une attitude de recherche des valeurs et attitudes à privilégier dans ce but, une approche plus bénéfique que celle consistant à dire : "Laisse tomber, il n'y a rien à y faire, le combat pour éviter le pire est perdu d'avance !"
Je ne crois pas à cette hypothèse défaitiste. La propager serait irresponsable car favorisant l'immobilisme, le refus de nous remettre en question et le "succès" de sa prédiction. Nos actions et nos messages ont une portée plus large que celle que nous voyons car nous vivons dans un monde très interconnecté. A mon sens, comme il n'est pas possible de multiplier les priorités sous peine de manquer leurs objectifs nous devons, à mon sens, privilégier ces 2 priorités vitales que me semblent être :
- la préservation de notre biosphère nourricière,
- le choix de valeurs, priorités, comportements et actions tendant à réduire le risque d'une explosion des tensions actuelles en un conflit mondial dévastateur et meurtrier.