Hyperthymésie - capacité de projection temporelle même dans le futur pour ce cas rapporté

[Jodie]

Je cite https://sciencepost.fr/cette-francaise- ... roublante/, parce qu'il y a tellement de pub que cela donne le tourni, donc :

Cette Française de 17 ans voyage mentalement dans le temps avec une précision troublante
par Brice Louvet
2 septembre 2025, 17 h 44 min

Imaginez pouvoir revivre chaque instant de votre enfance avec une précision photographique, ou anticiper l’avenir comme si vous l’aviez déjà vécu. C’est la réalité quotidienne de TL, une lycéenne de 17 ans dont le cerveau défie notre compréhension de la mémoire humaine. Son cas, récemment documenté par des chercheurs, révèle l’existence d’un phénomène neurologique aussi fascinant qu’énigmatique : l’hyperthymésie.

Un don caché depuis l’enfance
L’histoire de TL commence par un secret. À huit ans, lorsqu’elle évoque pour la première fois sa capacité à « revivre » son passé, on l’accuse de mentir. Cette réaction pousse la fillette à dissimuler son extraordinaire faculté pendant près d’une décennie. Pourtant, derrière cette apparence de lycéenne ordinaire se cache un cerveau aux capacités stupéfiantes.

L’hyperthymésie, le trouble dont souffre TL, touche moins d’une centaine de personnes recensées dans le monde. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas d’une mémoire générale supérieure. Les personnes hyperthymésiques ne retiennent pas mieux les leçons d’histoire ou les formules mathématiques. Leur particularité réside dans une mémoire autobiographique d’une précision époustouflante, capable de conserver et de restituer les moindres détails de leur existence personnelle.


L’architecture mentale d’une mémoire extraordinaire
TL décrit son univers mental comme une vaste bibliothèque organisée. Dans sa « grande pièce blanche », chaque souvenir trouve sa place selon un système de classification personnel : les vacances d’un côté, la vie de famille de l’autre, les moments entre amis soigneusement étiquetés. Les objets personnels, comme ses peluches d’enfance, portent des annotations invisibles précisant leur provenance. Les photographies et documents sont archivés dans des dossiers mentaux d’où elle peut les extraire à volonté.

Cette organisation n’a rien d’artificiel. Elle découle naturellement du fonctionnement particulier de son cerveau, créant une cartographie intime de son existence. Mais le plus troublant reste sa capacité à adopter différentes perspectives : TL peut revivre un événement à travers ses yeux d’enfant ou l’observer comme un spectateur extérieur, analysant ses propres réactions passées avec le recul de l’âge.


Quand l’avenir devient souvenir
Si la mémoire exceptionnelle de TL impressionne déjà, sa capacité à « voyager » vers l’avenir défie carrément les lois de la temporalité. Lorsque les chercheurs lui demandent d’anticiper des événements personnels futurs, ses projections présentent un réalisme saisissant. Elle ne se contente pas d’imaginer : elle éprouve un « profond sentiment de pré-expérience », comme si ces moments à venir étaient déjà gravés dans sa mémoire.

Cette particularité bouleverse notre conception traditionnelle du temps psychologique. Comment le cerveau peut-il traiter l’avenir avec la même vivacité que le passé ? Les mécanismes restent mystérieux, mais l’existence même de ce phénomène ouvre des perspectives fascinantes sur le fonctionnement de la conscience temporelle.


Une énigme familiale
L’histoire de TL ne se limite pas à son cas isolé. Plusieurs membres de sa famille présentent des particularités cognitives remarquables : synesthésie, oreille absolue, autant de traits qui suggèrent une prédisposition génétique aux capacités neurologiques exceptionnelles. Cette constellation familiale de dons cognitifs renforce l’hypothèse d’un substrat biologique commun, peut-être une variation dans l’architecture cérébrale transmise héréditairement.

Un territoire scientifique inexploré
L’étude de TL, publiée dans la revue Neurocase, constitue la première évaluation complète d’une hyperthymésie incluant les capacités de projection temporelle. Les tests menés par l’équipe de recherche confirment l’authenticité de ses souvenirs d’enfance et la richesse extraordinaire de ses reconstructions mentales.
Ce cas unique soulève des questions fondamentales : comment la mémoire autobiographique influence-t-elle notre perception du temps ? Existe-t-il d’autres formes de voyage mental temporel ? Le cerveau de TL pourrait-il détenir des clés pour comprendre les mécanismes de la conscience et de l’identité personnelle ?

Alors que les neurosciences progressent dans la compréhension du cerveau humain, des cas comme celui de TL nous rappellent que notre organe le plus complexe recèle encore d’innombrables mystères. Cette adolescente française, avec sa machine à remonter le temps mentale, nous offre un aperçu fascinant des capacités insoupçonnées de l’esprit humain.



***
J'ai trouvé particulièrement intéressant la partie titrée : Quand l'avenir devient souvenir.

Le lien vers l'étude dont il est question : https://www.tandfonline.com/doi/full/10 ... 0#abstract

[LoutredeMer]

Moui... Je ne vois pas bien la distinction entre des souvenirs d'enfance que possède chacun de nous et un "don" extraordinaire pour le passé... et le futur...

[Dominique18]

Intéressant article qui comporte cependant des envolées lyriques peu en phase avec une approche scientifique rigoureuse.
Ce que l'auteur ne dit pas, ou escamote, laissant la porte ouverte au "merveilleux":

https://www.afis.org/Quand-la-memoire-d ... un-fardeau

...Selon M. Van der Linden *, on ne sait pas encore si c’est parce qu’ils ont des structures cérébrales particulières que les hyperthymétiques ont une mémoire autobiographique prodigieuse ou si c’est leur mémoire autobiographique prodigieuse qui a entraîné des changements dans les régions cérébrales. La mémoire autobiographique implique un large réseau neuronal. Un souvenir autobiographique ne se situe pas dans un endroit particulier du cerveau, mais il est distribué dans toute une série de régions cérébrales, les régions du lobe temporal, certaines régions hippocampiques, certaines régions de l’insula. On ne connaît pas encore le rôle précis de ces différentes régions dans la production des souvenirs autobiographiques extrême...

...En 2013 et 2015, deux études conduites par Lawrence Patihis, spécialiste des distorsions de la mémoire et des faux souvenirs à l’université de Portsmouth (Grande-Bretagne) puis à l’UCI, se sont intéressées plus particulièrement aux personnes récemment identifiées dotées d’une HSAM, dont les souvenirs reviennent automatiquement et continuellement, envahissant leur présent, sans qu’elles utilisent, comme l’hypermnésique S. V. Cherechevski, des procédés mnémotechniques particuliers [9, 10]. L. Patihis justifie ainsi ce choix : la HSAM « est une capacité récemment identifiée qui a été difficile à expliquer avec la science de la mémoire existante ». Les études concluent que les hyperthymétiques peuvent aussi avoir de faux souvenirs et leur mémoire peut être manipulée, ce qui en fait une mémoire « normale » à cet égard, suggestible, malléable et susceptible d’intégrer des « souvenirs » d’événements fictifs.

Les chercheurs ont utilisé un matériel composé de vingt listes de mots liés entre eux par associations d’idées selon le paradigme expérimental DRM (Deese-Roediger et McDermott). Les participants voient ou entendent des listes de mots (par exemple soleil, citron, canari, or, tournesol, jonquille, paille, œuf, etc.) associés à un mot-thème non présenté (ici, jaune) désigné par le terme de « leurre critique ». Lorsqu’on demande ensuite aux participants de reconnaître les mots présentés parmi des leurres, les sujets reconnaissent à plus de 50 % avoir étudié le mot-thème alors qu’il n’a jamais été vu, révélant ainsi le phénomène de fausse reconnaissance associative. Ces épreuves se sont déroulées en deux sessions espacées d’une semaine avec vingt personnes possédant une mémoire exceptionnelle et trente-huit témoins appariés selon l’âge et le sexe. Les auteurs précisent : « Les matériaux du paradigme de la désinformation ont été présentés sous forme de diaporamas photographiques, de textes narratifs avec quelques éléments trompeurs, et de tests de mémoire et de source. »

Les personnes hyperthymétiques se sont montrées aussi sensibles à une fausse mémoire que les témoins. Elles reconstruisent leurs souvenirs en utilisant le groupement associatif, comme cela a été démontré par une tâche de liste de mots, en incorporant des informations d’événements postérieurs, comme le montrent les tâches de désinformation. Les résultats suggèrent également que les mécanismes de mémoire reconstructive qui produisent des distorsions de la mémoire sont basiques et répandus chez les humains, et qu’il est peu probable que quiconque soit immunisé [9, 10].

À l’égal de Jill Price, les autres personnes dotées d’une HSAM disent que c’est un fardeau de ne pouvoir faire de tri entre les souvenirs, les bons et les mauvais. Dans son essence, la mémoire est sélective et reconstructive. Nous la modifions pour que les souvenirs soient en phase avec notre identité jusqu’à la parsemer de faux souvenirs ; les hyperthymétiques n’y échappent pas. Loin d’être ordonnée comme une bibliothèque, la mémoire ressemble plus à un capharnaüm, ses ressources pour nous jouer des tours sont inépuisables !

Les chercheurs ont mis en évidence plusieurs éléments. Cette faculté, l'hyperthimésie, est étrange, très rare dans la population humaine (une trentaine de cas connus, identifiés scientifiquement), et conduit effectivement à bien des interrogations quant au fonctionnement du cerveau. La mesure et la prudence restent de mise, d'autant qu'un seul cas est cité, d'après l'article de Sciencepost, ce qui n'est guère représentatif.

"Voyager" dans la mémoire de son passé, c'est une chose.
Prétendre pouvoir le faire dans l'avenir, comment le suggèrerait Brice Louvet dans Sciencepost ("Voyage mental dans le temps") en est une autre, qui remettrait en cause l'état des connaissances actuel en physique (cf. derniers posts d'ABC à ce sujet).
Ceci étant, ce genre de fonctionnement mental est troublant.
À suivre...

* Martial Van der Linden, professeur de psychologie à l’université de Genève et spécialiste de la mémoire

[Jodie]

"Voyager" dans la mémoire de son passé, c'est une chose.
Prétendre pouvoir le faire dans l'avenir, comment le suggèrerait Brice Louvet dans Sciencepost ("Voyage mental dans le temps") en est une autre, qui remettrait en cause l'état des connaissances actuel en physique (cf. derniers posts d'ABC à ce sujet).
Ceci étant, ce genre de fonctionnement mental est troublant.
À suivre...

Bonjour Dominique effectivements on a pas beaucoup de détail concernant cette capacité à pouvoir vivre à l'avance son futur personnelle. Je retrouve toujours la même phrase, cette fois sur Doctissimo : ''Lorsqu’on lui demande d’imaginer un futur possible, elle en décrit les lieux, les ambiances et les émotions avec autant de précision qu’un souvenir déjà vécu. Les chercheurs parlent cette fois de "pré-expérience" . Un phénomène où l’on vit mentalement un événement futur comme si on l’avait déjà traversé.''

https://www.doctissimo.fr/psychologie/m ... 406157.htm

[Jodie]

Moui... Je ne vois pas bien la distinction entre des souvenirs d'enfance que possède chacun de nous et un "don" extraordinaire pour le passé... et le futur...

Bonjour LoutredeMer,

Il ne s'agit pas de la même chose, je te suggère cette acticle que je viens de relayer :

https://www.doctissimo.fr/psychologie/m ... 406157.htm

[LoutredeMer]

Il ne s'agit pas de la même chose, je te suggère cette acticle que je viens de relayer :

https://www.doctissimo.fr/psychologie/m ... 406157.htm

Mais où est l'étude Jodie? Moi j'ai des souvenirs de la crèche et je peux anticiper des situations. Et je fais aussi de fausses (et de vraies) reconstructions. Comme plein de gens je suppose.

[Dominique18]

....
Bonjour Dominique effectivements on a pas beaucoup de détail concernant cette capacité à pouvoir vivre à l'avance son futur personnelle. Je retrouve toujours la même phrase, cette fois sur Doctissimo : ''Lorsqu’on lui demande d’imaginer un futur possible, elle en décrit les lieux, les ambiances et les émotions avec autant de précision qu’un souvenir déjà vécu. Les chercheurs parlent cette fois de "pré-expérience" . Un phénomène où l’on vit mentalement un événement futur comme si on l’avait déjà traversé.''
....

Le point positif est que le cas de cette lycéenne, à priori plutôt unique, offre des perspectives et des pistes de recherches originales, dans le sens où cette situation peut contribuer à bousculer l'état des connaissances actuel, non pas en le remettant fondamentalement en cause, mais en élargissant le champ des possibilités.
Ce qui dépasse l'étude de l'équipement cérébral des individus et interroge quant à la constitution du vivant. À rapprocher des recherches en éthologie (quand les budgets alloués suivent...) qui réservent bien des surprises, dont certaines intrigantes.

[nikola]

Si son style d’écriture et ses scénarios sont bons, elle pourra devenir une autrice de science fiction.

[Dominique18]

Si son style d’écriture et ses scénarios sont bons, elle pourra devenir une autrice de science fiction.

C'est une possibilité future, pourquoi pas...
Par contre, sauf erreur de ma part, il n'a pas été fait mention, dans les sources, de fatigue cérébrale, de saturation mentale, dues à ce fonctionnement particulier du cerveau, et des complications éventuelles inhérentes à cet état.
Y a-t-il eu constat à ce niveau ou pas ?
Dans la même voie, qud se produit-il au niveau du sommeil, par rapport à des personnes lambdas ?