Salut Denis,
Denis a écrit :Radio Canada a écrit :Pour survivre, il faut avoir certaines forces, certaines qualités: des habiletés physiques, de la force, de l’équilibre, du courage, de l’intelligence, de la mémoire, des connaissances, des sens bien développés, être capables de bien communiquer et aussi la capacité de séduire… pour se reproduire!
Ça rétablit un peu l'affaire. Ça montre que le mot
"fort" doit être pris au sens large~figuré. Les plus forts sont ceux qui ont la plus grande probabilité de survivre (et de se reproduire) dans un milieu donné. Pas nécessairement les plus costauds.
Ça ne rétablit pas l'affaire. Tu interprètes le darwinisme de la manière que je reproche à ce communiqué.
Le darwinisme ne dit pas que les plus intelligents ont systématiquement plus de chance de survivre que les moins intelligents (et d'ailleurs, qu'est-ce que l'intelligence), ni que ceux qui ont une meilleure vue (sens bien développé) ont une meilleure chance de survivre que ceux qui en ont une moins bonne!
Le darwinisme parle des mieux
adaptés. Si les conditions du milieu requièrent une bonne vue, alors ceux qui ont une bonne vue survivront (globalement, en plus grand nombre). Et le darwinisme concerne surtout les traits qui sont génétiques et héréditaires, et dans une moindre mesure, transmissible par éducation.
Il est facile de concevoir en pensée des exemples, ou d'en puiser dans certaines anecdotes, où l'intelligence dans une société donnée n'est pas un facteur qui facilite la reproduction biologique, donc ni à la survie d'individus ayant ce niveau d'intelligence, pour peu héréditaire qu'il soit. Imaginons une personne ayant beaucoup de succès académique du fait d'une intelligence accrue, au point de devenir si occupé par ses études prestigieuses qu'elle en néglige ses relations sociales, et finit par ne pas se trouver de partenaire avec qui avoir des enfants. Alors qu'une intelligence ordinaire, moyenne, semble plus encline à mener un style de vie normal et à socialiser davantage, donc à rencontrer quelqu'un avec qui il est possible de se reproduire.
Imaginons également un séducteur qui a tellement de succès avec ses conquêtes qu'il décide de mener à jamais ce style de vie, à cause du plaisir que cela lui procure. Il ne veut pas se stabiliser avec aucune fille, et prend ses précautions pour en mettre aucune enceinte, afin que rien ni personne ne vienne lui enlever son
hobby favori. La contraception, mécanique, chimique ou autre, ne date pas d'hier.
Le courage.. Il y a surement eu une époque où des gens courageux sont morts avant les autres, étant plus téméraires, plus volontaires! Les
lâches qui sont restés derrière ont pu se reproduire. Bon nombre de courageux sont morts à la guerre, à la chasse, en navire, ou en escaladant l'Everest à 20 ans. Des lâches, morts de faim peut-être? Oui. Mais les
raisonnablement courageux ont surement survécu en plus grand nombre.
Bref, Darwin parle d'adaptation. L'adaptation dépend d'une combinaison de facteurs, et non seulement en
plus (+). Car plus n'est pas toujours mieux. Avoir
plus d'intelligence et d'acuité visuelle, ou
plus de capacité de séduction et de talents artistiques qu'une autre sous-espèce, ne garantit en rien la facilitation de la reproduction.
Je ne critiquais pas que le
fort puisse faire référence aux muscles et à
être costaud.
Fort fait référence à la performance. Fort en maths.. fort en ceci, en cela. Or, être fort n'a pas d'impact clair et direct sur la possibilité de se reproduire au cours de sa propre vie, ce qui devrait mener à la survie d'une espèce sous-espèce.
Pensons aussi à l'homme ou femme d'affaire, fort en stratégie, intelligence, etc.. qui ne veut pas d'enfants, par peur que ça ralentisse ou nuise à sa carrière.
Je ne dis pas qu'être fort est un désavantage non plus. Mais ça a peu d'effet sur la survie dans la société telle qu'elle est depuis plusieurs années, et même, au temps de Darwin. La clé est dans le mot "adapté". Ça ne sert à rien d'appliquer statiquement les conditions du néolithique pour étudier l'évolution de l'homme. Les conditions évoluent en même temps que l'homme. Adapté en -2005, et adapté en 2005, impliquent des qualités différentes. Et il y a toute une variation entre les pays, régions, climats.. donc spatiale et temporelle, des critères d'adaptation.
Denis a écrit :Moi, le titre de cette émission ne me scandalise pas.
Moi non plus? Qui a dit ça? Je ne m'objecte pas contre cette émission ni son titre, mais contre la vulgarisation approximative faite sur le site de Radio Canada et dans les communiqués de presse. Dans ce message comme dans le prédécent.
Denis a écrit :Au contraire, si ça peut entrer l'idée de la sélection darwinienne dans la culture populaire, j'y vois plus de bien que de mal.
Que le darwinisme mal compris soit introduit dans la culture populaire n'est pas a priori une bonne chose. Il peut être parfois difficile de corriger, de redresser quelque chose qui est croche. Il y a beaucoup de gens qui pensent que le darwinisme est applicable à l'échelle d'une vie et qu'elle concerne les individus (et non les espèces); certains confondenr le darwinisme avec la maxime 'What doesn't kill you only make you stronger', certains confondent le darwinisme avec la théorie désuète de Lamarck, il y a également des tenants du darwinisme social, etc; qui se pensent presque tous légitimés par la science. À plusieurs égards, on est encore dans le noir, non par obscurantisme, mais par malinformation et manque d'attention.
Certains gens n'ont plus vraiment l'habitude de lire en détail, ni la capacité garder des opinions non-polarisées en têre. Ils veulent trancher. On conteste quelque chose; ils pensent qu'on se scandalise. On questionne une définition, ils pensent qu'on conteste un titre d'émission

Comment peut-on espérer promouvoir la pensée critique et rigoureuse, si à la fois on ramène tout à des
camps, à des
pour ou contre, etc.
Quel bien peut faire l'introduction du darwinisme dans la culture populaire?
Si tu considères que le darwinisme est reconnu comme l'ennemi du créationnisme, et ainsi juges qu'il est bon de l'utiliser à toutes les sauces, je ne suis pas d'accord. Un darwinisme bâtardisé, ou le créationisme, je ne veux ni l'un ni l'autre. Car de toutes façons, un darwinisme bâtardisé peut devenir une faille qu'exploiteront les créationnistes.