Je voudrais exposer un cas réel qui, je crois, montre qu'un peu de probabilités nous éloigne du jeu, mais que celles-ci ne peuvent balayer complètement son attrait.astro11111 a écrit :J'ai toujours dit ( mais qui veut entendre..) que la lotterie, c'est le reflet de l'illogisme des gens.. Je m'explique. Les gens qui misent à la lotterie - du moins une grande partie d'entre eux - Ont pour philosophie de joueur que ca vaut la peine de jouer, parce que ca coute juste 1$ pour une chance de gagner 1 million, 5 millions, 20 millions.. Mais ils ne prennent même pas en compte le pourcentage de chances de gagner ( et aussi le fait que souvent, les gros lots sont partagés en plusieurs personnes ayant le même numéro de ticket ). La plupart ne savent probablement même pas de combien elle est, leur probabilité.. 1 chance sur 14 million de gagner.. mais ils n'en tiennent pas compte. Tout ce qu'ils prennent en compte, c'est 1$ contre 20,000,000$. Si la chance de gagner était de 1 sur 100 millions, ils joueraient quand même. 1 sur 1 milliard, encore. 1 sur 1 Trillon, une très grande partie joueraient quand même. Parce qu'encore, pour eux, ca serait simplement 1$ contre 20 millions de dollars. Et c'est ca que je trouve un peu ridicule..
Je participe à une loterie de groupe avec 10 personnes depuis deux ans. Mon bilan à date est négatif (-160$). Il pourrait être pire, mais nous avons faits de petits gains entre temps.
En jouant hebdomadairement pendant 20 ans, les chances que le groupe gagne le gros lot une fois est de 1/1345 (voir note en bas de message*).
Soyons à la fois optimiste :
-le groupe finit par gagner le gros lot (1 chance sur 1345)
et pessimiste :
-le gros-lot est seulement de 1 million cette semaine là
-cinq autres billets à travers le pays sont gagnants
-c'est après 19 ans et 51 semaines de jeu, et nous n'avons rien gagné en chemin, donc il m'en a coûté 3120$ au total
Eh bien, le montant rapporté sera de 20 000$ (1 million divisé par 50). Suffisamment pour me renflouer et me procurer un gain total de 17000$.
D'un autre côté, considérons ce qui se passe si je ne joue pas.
Mes collègues jouent. Ils utilisent la mise automatique, les gens paient leur billet à l'avance et la personne désignée (toujours la même) se rend toujours acheter les billets le vendredi après-midi vers la même heure. Le fait que je joue ou non n'a aucun effet sur les combinaisons qui nous sont attitrées. Bref, si je travaille au même endroit pendant 20 ans et que ce groupe de loterie persiste, j'ai une chance sur 1345 qu'un jour ils m'arrivent sous le nez avec un gain net de 17 000$ ou plus, chacun. J'aurai de mon côté ajouté ce 3800$ à mes investissements; il aura pris de la valeur (disons 10% par année) pour atteindre 9000$ après 20 ans.
Le risque du déplaisir causé par le fait de savoir que j'aurais pu gagner si j'avais joué n'est pas à prendre à la légère. En ne jouant pas, je risque 1/1345 de me mordre les lèvres et de m'en vouloir immensément. En jouant, je risque 1344/1345 de perdre des petits montants à chaque semaine. Bref, je risque soit 1/1345 de PERDRE** 16 000$ ou plus (!), ou bien je risque 1344/1345 de PERDRE 9000$ ou moins. Jusque là, on peut dire qu'il est rationnel de choisir le risque 1/1345 de perdre le plus gros montant. Mais il faut aussi considérer ceci : le non-gagnage est subit (apprendre la nouvelle qu'on aurait pu gagner 16 000$ peut -être dévastateur), tandis que la perte de 9000$ est graduelle (3$ par semaine). Il faut considérer le facteur humain de douleur psychologique. Qu'est-ce qui est moins douloureux ? Et qu'est-ce qui apporte le plus de plaisirà court et à long terme ?
*
nombres de combinaisons possibles:
N = !49 / !43 / !6 = 13 983 816
nombre de combinaisons dont possède le groupe chaque semaine:
n = 10
chance de gagner le gros lot lors d'un tirage :
q = n/N = 5 / 6991908
nombre de semaines en 20 ans (tirages) :
s = 52*20 = 1 040
chance de ne PAS gagner le gros lot lors d'un tirage :
p = 1-(q) = 6991903 / 6991908
chance de ne PAS avoir gagné le gros lot après s semaines:
p^s = (6991903 / 6991908)^1040
chance de gagner le gros lot après s semaines:
1 - p^s = 1-(6991903 / 6991908)^1040 = 1 / 1345
**
Dans ce cas-ci, on peut parler de perte car si le groupe gagne, on sait qu'on aurait gagné si seulement on avait joué. Ce n'est pas le cas de toutes les loteries de groupe.
La rationnalité exprimée par deux trois formules, je n'y crois pas. On peut dire du jeu pathologique qu'il est grave, dangereux, à éviter, etc. Je suis d'accord. Aussi suis-je d'accord qu'il est plus important de bien se nourrir que de gaspiller son argent au jeu.
Mais dire que le jeu réflète l'illogisme des gens m'apparait plus comme un jugement personnel qu'une observation rationelle.
Est-ce que sauter en bungee est un reflet de l'illogisme ? Il ne reste rien après le saut, et on court une chance non nulle de mourir. Est-ce que dépenser 1000$ pour un mets raffiné dans un restaurant haut-de-gamme est logique ou non? 24 h après le repas, il ne reste pas grand chose de ce repas. Si le jeu procure un plaisir (je dis bien "si"), ce plaisir est tout aussi valable que les plaisirs mentionnés ci-haut, tout aussi transitoire.
Le seul problème que je vois est celui des superstitions. Jouer au Bingo, OK. Jouer au Bingo avec un petit éléphant en ivoire porte-bonheur.. non.