Julien a écrit :Votre propos tente de minimiser l’importance spécifique de Giardia comme un intermédiaire p/e « populaire » et très documenté. Selon Nature, l’impact de cette découverte n’est pas aussi banal que le spectaculaire étudiant en paléontologie le décrit.
Oh non, ce n'est pas banal car
Giardia était un exemple très célèbre d'eucaryote sans mitochondries. Comme il lui manque plusieurs autres caractères eucaryotes (un péroxisome, par exemple) et qu'il est clair que sa lignée a divergé des autres eucaryotes extrêmement tôt, son cas était même très célèbre.
Maintenant, on sait que la divergence de
Giardia n'a pas eu lieu aussi tôt qu'on aurait pu le penser : ses ancêtres ont eu des mitochondries, qui se sont transformées de manière étonnante. Ça ne change pas grand-chose à mon argumentation, pour deux raisons : premièrement, il existe plein d'autres eucaryotes dont il est clair qu'ils ne possèdent pas de mitochondries. Leur existence (qui résulte probablement de pertes secondaires) montre clairement qu'un eucaryote
peut se passer de mitochondries, donc que des étapes intermédiaires sont possibles (je rappelle que la théorie de l'évolution nécessite qu'elles aient existé et laissé des traces si elles sont fossilisables). Deuxièmement, il s'agissait d'une donnée négative (l'absence d'un organite spécifique). Or, les données négatives sont toujours délicates à manier en sciences et cette falsification ne me surprend pas trop. La plupart des données qui appuient l'évolution sont
positives. Les reptiles mammaliens ne sont pas intermédiaires parce qu'ils "leur manque" des caractères de mammifères (ce serait faible, comme argument) mais parce que leur mâchoire, leur crâne, leur squelette locomoteur... ont une configuration qui est
connue et qui est intermédiaire entre reptiles et mammifères. Il existe un gradient parfait de telles configurations qui apparaît dans l'ordre chronologique et qui relie les reptiles aux mammifères. C'est une donnée positive. Les arcs branchiaux des poissons sans mâchoires et les mâchoires des autres poissons (qui sont des structures adultes totalement différentes) dérivent des mêmes structures embryonnaires, c'est une donnée positive. L'Australie est peuplée de marsupiaux et les autres continents de placentaires, c'est une donnée positive. Tous les gènes donnent les mêmes phylogénies animales, c'est une donnée positive. Vous voyez où je veux en venir : l'argument implicite consistant à se dire "Puisque cet argument-là a été falsifié, pourquoi les autres ne seraient-ils pas aussi fragiles ?" ne tient pas. Ce sont les données négatives qui sont faibles et la plupart des arguments pour l'évolution sont positifs.
Évidemment, l’évolution prédit tout ; augmentation ou diminution de l’information génétique. Très efficace comme théorie.
Non-argument. L'évolution
ne peut pas marcher autrement qu'avec des diminutions d'information. Et ce n'est pas parce que vous n'êtes pas content qu'elle prédise ces diminutions qu'elle prédit
tout (toujours cette difficulté à faire la différence entre le particulier et le général, ou entre "absence de a" et "opposé de a"...) JF a donné des exemples de données que non seulement elle ne prédit pas, mais qui la falsifieraient (je suis le premier à laisser tomber l'évolution le jour où elles sont découvertes).
« bien du mal » !! Là, je suis tordu de rire. La perte d’information génétique ne « relève » d’aucune théorie !! Elle relève de l’observation ou de la génétique. On a comprit que les mutations pouvaient inactiver des gènes et on a aussi compris que l’ADN des organismes vivants comportant des gènes qui semblent inutiles. Ces faits sont parfaitement et merveilleusement en accord avec la théorie créationniste.
Sauf que vous ne connaissez pas l'argument spécifique que j'invoque, tout simplement : la perte de la synthèse de la vitamine C chez les grands singes (incluant l'homme). Comme par hasard, ce caractère est restreint à ce groupe dont tous les membres sont étroitement apparentés. C'est un exemple de concordance des phylogénies (dont j'ai parlé plus haut). En plus, les autres mammifères sont capables de synthétiser cette vitamine : l'évolution exige donc une perte d'information ici. La synthèse en question nécessitant plusieurs protéines, il est nécessaire qu'au moins certaines d'entre elles soient présentes dans le génome de tous les grands singes sans s'exprimer. Si ce n'était pas vrai, l'évolution serait falsifiée. Or, c'est le cas. Les grands singes ont des régimes alimentaires très différents, vivent dans des milieux différents et ne sont pas soumis aux mêmes pressions sélectives : ces données prouvent sans le moindre doute que ces trois espèces ont eu un ancêtre commun.
D’une part, la complexité a toujours été le résultat d’une création intelligente. Il n’y a pas de mauvaise interprétation ici, c’est le constat le plus rationnel qui soit. Tout l’avancement scientifique pointe dans cette direction.
Hum, je vous rappelle que vous avez été incapable de donner une définition de "complexité" qui n'inclue pas d'objets émergeant clairement sans intervention intelligente, comme les étoiles ou les volcans.
Et puis, ce n’est que depuis le dernier siècle (et encore) que l’on a multiplié par 1000 les données en biochimie et en biologie cellulaire ; données qui n’étaient pas disponibles au moment où la théorie darwinienne prit son envol. Depuis ce temps, les scientifiques créationnistes se régalent des découvertes qui s’accumulent parce qu’en fait les opérations complexes de la cellule reposent sur des systèmes irréductibles (ceci étant vrai même pour les cellules les moins complexes).
Oh, l'irréductibilité n'a jamais été définie de façon claire. Behe a proposé deux définitions successives. La première ne prouvait rien. Il l'a reconnu (eh oui) et l'a remplacée par une seconde. Qui est intestable, elle.
Comme la théorie créationniste le prédit, ces organismes sont apparus indépendamment et ils ont pu dégénérer après la création mais absolument pas acquérir de nouvelles fonctions biologiques.
De plus, s’ils sont apparus indépendamment, ils devraient afficher des caractères uniques.
Ils "devraient" ? Je suis désolé, des êtres vivants apparus indépendamment peuvent afficher des caractères communs (vous vous souvenez des poupées russes ? elles sont toutes identiques, et pourtant elles ont été créées indépendamment). Et si les êtres vivants dérivent d'un ancêtre commun (par évolution), alors ils
doivent avoir des caractères spécifiques. Vos prédictions sont de plus en plus floues : "les êtres vivants ont des caractères uniques" ! Ca teste quelle théorie ? Quelle est la théorie qui ne le prédit pas (et est réfutée par ce fait) ? Quelle est la théorie qui serait logiquement incompatible avec les données opposées (et serait donc falsifiée si ce n'était pas le cas) ? La réponse est "aucune" dans les deux cas. Association d'idées floues, comme d'habitude.
“Malaria and Giardia, therefore, have evolved (sic) repertoires of molecular motors that differ dramatically from one another and from most other eukaryotes. These unique motor inventories no doubt reflect the unique cell biologies and life cycles of these organisms.”
Allez, un peu de logique :
- dans le cadre de l'évolution, la branche de Giardia a divergé le plus tôt des autres eucaryotes
- dans ce cas, elle est nécessairement très différente moléculairement des autres eucaryotes
Hop, prédiction vérifiée sur la congruence des phylogénies. Cette prédiction serait falsifiée s'il existait un caractère complexe, codé par de nombreux gènes, qui serait dispatché au hasard au sein des branches d'une phylogénie (dans un groupe où les transferts de gènes n'existent virtuellement pas). Si l'évolution n'est pas vraie, il est inconcevable qu'aucun cas de ce genre n'existe. Bah on constate que ça n'existe pas.