J'ai créé une autre enfilade car le sujet me paraît trop sérieux pour rester dans celle de Iti.
Oula, là je t'arrête tout de suite. T'es en train de méchamment t'emmêler les pinceaux. Tout d'abord, lorsque je parle du non mesurable, il s'agit de tous les ressentis psychiques (sentiments compris) et pas seulement de l'art. J'ai besoin d'un peu plus réfléchir sur la question pour savoir si ce que je dis s'applique réellement à TOUT ce qui est non mesurable/subjectif. En tout cas, une chose est sûre, ça s'applique à l'art.adhemar a écrit :Bon, ok, on peut continuer le débat, sans Iti, je suis toujours preneur.
Là, je ne suis pas vraiment d'accord. Le savoir théorique ne découle pas que de l'intuition. La construction d'un savoir théorique est infiniment plus complexe. Enfin, soit, passons.Ghost a écrit :C'est l'éternel problème de l'intuition et du savoir théorique. Je rappelle à cet effet que ce dernier ne peut découler que du premier... 8) (toujours pour le non mesurable, bien sûr - je sais qu'ici les répétitions sont nécessaires).
Là où j'ai du mal à te suivre, c'est quand tu dis que le doute est un handicap. Le matérialisme méthodologique / scepticisme est un outil, qui te permet de réaliser un certain nombres de choses. C'est un outil qui est indéniablement très puissant, mais qui ne sert à rien si tu l'utilises pour quelque chose à laquelle il ne sert pas. Utiliser le scepticisme pour évaluer la qualité d'un riff, c'est comme se servir d'un tournevis pour manger des spaghettis.
Le but d'une oeuvre d'art, c'est de te faire partager et ressentir des émotions. On est donc obligatoirement dans le domaine de la subjectivité. Le but du scepticisme, c'est d'établir des vérités objectives. Bref, je ne vois pas du tout l'intérêt d'utiliser ce dernier pour évaluer une oeuvre d'art.
Comment veux-tu qu'on apprenne un art si on n’établit pas un enseignement précis avec les règles et les critères qui vont permettre de l'exercer? Et comment ces règles sont établies si ce n'est en analysant D'ABORD ce qui est réputé être esthétique ou fonctionner? Ce n'est qu'ensuite qu'on parle d'une oeuvre faite dans les règles de l'art.
Ce qui est encore plus important pour notre discours c'est que l'art évolue. Et comment évolue-t-il selon toi? Tout simplement en décortiquant et en analysant ce que les artistes les plus doués créent. On sait que la création est belle ou rencontre une bonne approbation dans un milieu particulier et on va analyser sa construction pour en tirer les enseignements.
Ensuite, évidemment, les artistes moins doués qui vont s'essayer à tel ou tel style de musique ou qui voudront créer sans avoir une bonne assurance et bien, tout simplement, pourront douter de ce qu'ils sont en train d'exécuter. Donc, "le matérialisme méthodologique / scepticisme" dont tu parles est un outil qui peut très bien servir en art. Ca me parait évident et je ne pense pas qu'il faille encore plus élaborer.
Mais cet outil servira à qui? Tout simplement aux moins bons/doués, ceux qui ne sont pas sûrs! En musique ce seront ceux qui entendent "mal" (l'oreille musicale est relative) ou qui ressentent mal le rythme etc...
Mais comme rien n'est simple, il existe plusieurs niveaux de conscience:
- Tu peux être conscient toi-même que ce que tu fais est faux tout en n'ayant pas le don nécessaire pour te débrouiller tout seul. Tu vas donc faire appel à un maître.
- Ou alors tu es totalement inconscient que ce que tu fais est faux (ce que disait vaguement Denis dans un autre post) et tu t'enfermes dans ta conviction.
- Tu es conscient que ce que tu fais est juste et que tu apportes quelque chose de nouveau. Cela doit se vérifier en pratique et à ce moment là tu n'as besoin de personne.
Pour tout ce qui est subjectif et conditionné aux ressentis nous devons être capable nous même dévaluer notre capacité à être dans le juste ou dans le faux ou alors nous devons faire confiance aux experts... Sinon quoi? Ben sinon tu restes dans le faux!
Peut-être commences-tu à comprendre la porté d'une telle analyse?
Si, tout comme le sceptique moyen, tu insistes à ne regarder qu'exclusivement ton nombril en disant: "Ce n'est pas la quantité qui fait la vérité", t'as 99 chances sur 100 d'être dans le faux! Le fait de vous occuper exclusivement de l'objectif, de refuser d'objectiver le subjectif et de ne pas faire confiance à ceux qui ont un réel talent et qui ressentent, vous laisse tout simplement dans l'erreur. Je précise que ceux qui ont un réel talent doivent être en mesure de le démontrer en pratique. Ce n'est probablement pas mon cas en spiritualité mais j'ai un profond respect pour certains religieux qui possèdent naturellement un énorme talent que je sais apprécier. Et ça va beaucoup plus loin...
Maintenant, pour répondre à la question principale et pour conclure, le doute est un handicap (mais nécessaire*) lorsqu'on ne possède pas de talent. En d'autres termes, c'est un manque d'assurance, un frein à la créativité et à l'apprentissage intuitif, tout en étant un outil nécessaire pour les moins doués. Lorsqu'on possède un talent (reconnu) il n'y a plus de raison de douter (encore une fois je précise que nous somme dans le domaine du subjectif et de "ce qui est sensé ne pas être mesurable").
Cordialement
Ghost
* C'est peut-être cette nuance la clé...