Mutations et bactéries
Publié : 10 déc. 2003, 18:58
Un nouveau pamphlet sur le site des créationniste du Québec. En fait, une traduction (souvent approximative) d'un article sur la résistance aux antibiotiques.
Le défaut principal de la thèse développée tient en la construction d'un magnifique épouvantail. L'auteur tente de ramener l'évolution à l'acquisition de résistances à de nouveaux antibiotiques. En omettant de signaler que cette analogie à des limites, dont les biologistes sont parfaitement conscients. Il est amusant de constater que le texte se résume à "oui, des mutations peuvent entraîner de la résistance aux antibiotiques mais ce type de mutations est très différent de celui qui serait à l'origine de l'évolution". Et, évidemment, il n'y a aucune démonstration de ce qui vient après le "mais". Juste une affirmation.
D'autres parties sont faibles. En particulier, on notera des références douteuses (celle à Bowden, sur le cas de bactéries "ressuscitées" qui seraient résistantes à des antibiotiques m'apparaît très douteuse) et des citations décontextualisées (évidemment, c'est un texte créationniste). Certaines affirmations sont franchement ridicules et dénotent d'une incompréhension de l'évolution associée à une incapacité à sortir d'un mode de raisonnement téléologique (pour ne pas dire carrément théologique). Par exemple:
"Primo, les mutations responsables de la résistance bactérienne aux antibiotiques ne surviennent pas suite à un besoin de ces organismes". Comme si l'évolution "survenait suite à un besoin des organismes". Comme si les poissons décidaient un beau jour de se faire pousser des pattes et des poumons pour aller se promener sur la terre ferme. Vision vachement naïve des choses.
On notera quand même une contradiction importante d'avec le discour de Julien (je souligne):
"Les mutations peuvent se produire de multiples façons, et peuvent affecter des gènes individuellement ou des chromosomes entiers (Futuyma, op. cit., p. 136). En plus, les mutations peuvent être théoriquement réparties en trois catégories : (a) les mauvaises; (b) les neutres; et (c) les bonnes.
Certaines mutations produisent de profonds effets. Elles peuvent drastiquement altérer la structure de certaines protéines essentielles que l’organisme en devient sévèrement diminué et incapable de survivre. D’autres mutations peuvent causer dans la protéine des changements qui n’affectent pas du tout sa fonction. De telles mutations sont adaptative- ment neutres, c-à-d., elles ne sont ni meilleures ni pires que la forme originale du gène. Enfin, d’autres mutations sont décidément avantageuses (Futuyma, op. cit., p.136)."
Va-t-il y avoir réaction? Moi, j'y vois l'érosion d'un autre grand pan de son château de carte pseudo-scientifique.
Jean-François
Le défaut principal de la thèse développée tient en la construction d'un magnifique épouvantail. L'auteur tente de ramener l'évolution à l'acquisition de résistances à de nouveaux antibiotiques. En omettant de signaler que cette analogie à des limites, dont les biologistes sont parfaitement conscients. Il est amusant de constater que le texte se résume à "oui, des mutations peuvent entraîner de la résistance aux antibiotiques mais ce type de mutations est très différent de celui qui serait à l'origine de l'évolution". Et, évidemment, il n'y a aucune démonstration de ce qui vient après le "mais". Juste une affirmation.
D'autres parties sont faibles. En particulier, on notera des références douteuses (celle à Bowden, sur le cas de bactéries "ressuscitées" qui seraient résistantes à des antibiotiques m'apparaît très douteuse) et des citations décontextualisées (évidemment, c'est un texte créationniste). Certaines affirmations sont franchement ridicules et dénotent d'une incompréhension de l'évolution associée à une incapacité à sortir d'un mode de raisonnement téléologique (pour ne pas dire carrément théologique). Par exemple:
"Primo, les mutations responsables de la résistance bactérienne aux antibiotiques ne surviennent pas suite à un besoin de ces organismes". Comme si l'évolution "survenait suite à un besoin des organismes". Comme si les poissons décidaient un beau jour de se faire pousser des pattes et des poumons pour aller se promener sur la terre ferme. Vision vachement naïve des choses.
On notera quand même une contradiction importante d'avec le discour de Julien (je souligne):
"Les mutations peuvent se produire de multiples façons, et peuvent affecter des gènes individuellement ou des chromosomes entiers (Futuyma, op. cit., p. 136). En plus, les mutations peuvent être théoriquement réparties en trois catégories : (a) les mauvaises; (b) les neutres; et (c) les bonnes.
Certaines mutations produisent de profonds effets. Elles peuvent drastiquement altérer la structure de certaines protéines essentielles que l’organisme en devient sévèrement diminué et incapable de survivre. D’autres mutations peuvent causer dans la protéine des changements qui n’affectent pas du tout sa fonction. De telles mutations sont adaptative- ment neutres, c-à-d., elles ne sont ni meilleures ni pires que la forme originale du gène. Enfin, d’autres mutations sont décidément avantageuses (Futuyma, op. cit., p.136)."
Va-t-il y avoir réaction? Moi, j'y vois l'érosion d'un autre grand pan de son château de carte pseudo-scientifique.
Jean-François