Cartaphilus a écrit :Bonjour scepitque.be,
Dans votre message de présentation, vous demandez :
Combien de sceptiques se sont demandés quelle serait leur part de réflexe et de raison dans une situation qui exigerait d'eux de mettre leur conviction d'"être" rationnel vraiment en péril ?
Pourriez-vous expliciter cette question ? Qu'est-ce qu'une "situation qui exigerait de mettre [ma] conviction d'"être rationnel vraiment en péril ?"
Des situations extrêmes qui remettent l'individu non plus dans la capacité d'entité pensante dans un cadre confortable, mais devant des choix, très pragmatiques et primaires, ou sa propre existence, elle-même, ou celle de proches, ou même celle de parfaits inconnus peut être remise en cause. Mais même sans aller jusque là, il y a des situations où l'on ne contrôle pas grand chose, et où le bagage acquis vous laisse sans expérience, donc sans référence, nu comme un enfant qui vient de naître.
Je crois que dans ces conditions, nos valeurs personnelles ont peu de poids. Alors, il y a peu du héros au lâche, ou de l'entité pensante et rationnelle à l'animal. Toute objectivité devient caduque et nous sommes livrés à nos plus bas instincts.
De la même manière, parler de catégories d'individus est loin de refléter le vécu de ses individus. Les médias nous livrent tous les jours des informations sur des catégories de personnes. Si on parle de celle des sans papiers, par exemple, la catégorie efface la réalité de ce qu'elle est sensée décrire. Lorsque l'on dit "les six millions de juifs" assassinés dans les camps, cette catégorie vide de contenu la réalité de ces six millions d'individus. Lorsque l'on dit "les musulmans", "les catholiques", ou "les croyants", ce ne sont plus les individus dont on parle, mais d'un concept abstrait que l'on assimile à la réalité.
Une discussion, dans un forum, nous met dans une situation confortable où nous ne risquons pas grand chose, sauf le ridicule. Comme le ridicule ne tue pas, peu de gens comprennent la différence entre une discussion abstraite et la réalité de ce dont on parle.
J'espère avoir éclairci ce que cette phrase pouvait avoir d'énigmatique pour vous.
Cartaphilus a écrit :Je ne cherche pas le "rapport de forces" - comme vous suggérez ce que pourrait être d'emblée la motivation de vos éventuels contradicteurs - simplement un éclaircissement ; merci de me répondre.
Ai-je prétendu que votre motivation est de rechercher le rapport de force ? Certainement pas. Je demande, et je l'explique dans ma présentation, que justement, ce n'est pas ce que je recherche. On perd beaucoup de temps, dans les forums, à faire des procès d'intention à ceux qui s'expriment. Ce n'est pas moi qui ait besoin de contradicteurs, c'est ce que j'exprime qui en a besoin, de la même manière qu'il nécessite également un travail à décharge. Je pense que le scepticisme est un outil approprié à la réflexion, encore faut-il que celui qui s'en revendique assume à la fois la charge et la décharge, sinon, effectivement, la discussion n'est qu'un rapport de force, et c'est la finalité du débat qui y perd beaucoup.
Voilà et bien à vous.