Ah l'aveu... Mais la honte c'est d'être obligé de se cacher ! D'ailleurs on les appelle (affectueusement) honteuses entre nous celles qui ne sont pas encore sorties du placard.
Un jour, j'avais 14 ou 15 ans, ma mère m'attrape à la cuisine et me dit gravement "tu aurais pas quelque chose à me dire?". Je n'étais que vaguement sûr de son sous-entendu et j'ai dit "non, rien". Par la suite j'ai insisté dans mon non-aveu. Je n'ai rien fait de mal donc j'ai rien à avouer. S’il y a une chose dont je puisse être fier dans ma vie et pour laquelle je pense avoir eu de l'intelligence, c'est de ne rien avouer à personne à ce sujet sans rien cacher. A 16 ans c’est honorable.
Car je ne voulais pas me cacher non plus. Le faire savoir c'était aussi un moyen d'être lisse et sans prise comme le monolithe de Stanley Kubrik. Pas de doute donc pas de ragot. J'ai choisi d'envoyer tout le monde paître en agissant "normalement". Ça demande quand même une dose de courage autant que d'inconscience mais c'est payant. J'ai jamais été emmerdé au lycée en disant "faut que j'y aille mon mec m'attends dehors". Pourtant c'était ma façon de le dire aux gens et à chaque fois il fallait que je prenne mon courage à deux mains pour que ça sorte. "How to say it" dit Randi. Moi je ne vois que cette solution. Agir normalement même si ça va être tout sauf normal dans un premier temps soyons honnête.
Mais ce courage je l'ai eu grâce à un couple qui vivait leur vie normalement et que j'avais croisé dans mon adolescence. Un beau modèle de vie. Et à eux ça avait demandé encore plus de courage puisqu'ils étaient de la génération précédente... Mais la génération montante ne manque pas d'écueils malgré ce que l'on pense.
Finalement, la seule qui n'a pas bien compris au début c'est ma mère malgré que j'ai claqué la porte à 18 ans pour poser mes fesse chez un mec. Un jour elle a tenté une discussion à propos d'une vie plus normale. Alors pour lui mettre les points sur les "i" je lui ai gueulé "mais maman tu comprends rien! j'aime me faire enculer!". Et depuis tout va très bien. Comme quoi un dessin vaut mieux qu'une longue explication, depuis elle n'a jamais plus retenté l'expérience (et je vous rassure elle va très bien, pas d'arrêt cardiaque ayant conduit à une hémiplégie, ni de convulsions épileptiques - les gens peuvent entendre quand on sait leur parler avec tact et finesse

).
Par la suite on se rend compte de l'avantage de ce genre de vie sans compromis mais c'est un autre sujet et autant en garder pour une autre fois ça fera deux fois plus de raison pour un moteur de recherche de trouver un sujet avec "bite", "enculer", "Foutre" et "pédé" sur le forum sceptique(1). Vous voyez je pense à vous. (Je suis déchainé, j'avoue).
Bref, je comprends que Randi soit obligé d'en parler avant que ça sorte et se retourne contre lui. Car ça se passe comme ça chez Mac Donalds' country. Par contre ça a un intérêt car Monsieur Randi est un modèle. Oui, comme ce couple dans mon passé, ça change quelque chose de savoir que Randi est pédé. A la différence de certains ici, pour moi ça fait une grosse différence qu'il l'aie dit.
Non parce qu'il faut voir les modèles qu'on se tape(2) et qu'on se tapait à l'époque ! Roland Barthes, Foucault, Genet et même Cocteau & Jean Marrais, quand t'es fils de gendarme oud e charcutier, c'est pas ce qui vient à en premier à l'esprit quand on pense pédé. C'était plutôt la "cage aux folles" et on se reconnaît pas toutes dans ça. Et quand bien même on a une âme de Drag Queen et qu'on se rêve un futur chez Michou (ou que plus tard on a compris que c'était une façon de faire un doigt d'honneur aux coincés du cul que de faire la folle) on a le droit de savoir qu'autre chose existe. Les hétéros ont tout un tas de modèles, nous c'est celui de l'émasculé. La société nous veut à une place bien gentiment et surtout nous apprécierait légèrement diminués qu'on ne fasse pas concurrence aux "vrais mâles". En gros on ne peut pas avoir le corps, la sexualité et l'esprit. En général on nous propose un rôle de frivole, de faible ou de potiche... comme les femmes!
Et puis bon la solidarité c'est bien mais je vais casser un peu les copines, les pédés sont comme les autres, c'est pas toujours la fine fleur de quoique ce soit et ces folles consuméristes arrivent très bien à concurrencer les beauf (Chantal Goya fut tendance chez les pédés trentenaires, ben ça c'est de la culture dis donc...). Ca fait donc un bien fou d'avoir un exemple comme Randi. C'est comme un phare sur un océan de merde. Un double phare du scepticisme et de la sexualité. Qui nous montre qu'on peut avoir une bite, un cerveau et une dignité (et une barbe) si on s'en donne la peine.
J'allais commencer un message convenu en disant que c'était moche ce pays des USA tout ça pas bien les vilains puritains mais finalement tout ce que j'ai envie de dire après avoir lu son billet c'est "MERCI Randi".(3)
L
(1) Greem m’a tuer sur ce coup avec son «Il avait pour habitude de se recouvrir d’excrément tout les week-end, en brandissant son pénis imbibé sur des petits coussins en soie avec marqué dessus "Get Your Bad Mother Fucker", le tout, sur un fond de Wagner ? » Mais j’aurais mis merde et bite à sa place. C’est français aussi.
(2) (non mais avant que je débranche la télé (2005) qui étaient les modèles gays à la télé? Cette truie de Magloire et ce décérébré de Steevy Boulay de Loft Story chez Ruquier. Je plains la jeune génération quand même ).
(3) Et je l'appréciais déjà beaucoup avant.
PS : Désolé Lady Gaga je n'ai pas pu faire durer le suspense sur notre possible histoire d'amour lycanthropique plus longtemps à cause de Randi. Tant pis, à défaut nous serons copines comme cochonnes si tu veux bien.
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