Si, les risques sanitaires potentiels liés à la modification du régime alimentaire des herbivores ont été signalés par la communauté scientifique (et pas uniquement par des écolos hystériques) il y a longtemps déjà. D'autre part, la transmission inter-espèces (animal -> homme) est bien documentée pour toute une série de maladies infectieuses (psittacoses, anthrax, toxoplasmose, ...). De même, l'utilisation des antibiotiques en pratique vétérinaire est fortement corrélée avec la présence de traces d'antibiotiques dans l'eau des nappes phréatiques et des cours d'eau des régions d'élevage et l'augmentation des germes résistants. Tous ces indices auraient dû induire les pouvoirs publics à plus de circonspection face aux affirmations lénifiantes de l'industrie bovine.
Le manque de confiance du public envers les scientifiques est alimenté par le sentiment, pas faux, qu'il y a collusion avec les lobbys et les gouvernements. Chaque mise au jour d'un rapport non publié (et il y en a qui dorment dans les tiroirs de nombreux bureau) alimente cette perception. Le public est dans l'impossibilité de savoir si le rapport en question a été retenu du fait des scientifiques ou de leurs commanditaires. Pas étonnant (et pas si irrationnel que cela) que la défiance s'installe alors.
Les gouvernements européens ont tous joué sur la xénophobie et le nationalisme étroit pour soutenir l'élevage local et justifier de demi-mesures et d'information tronquée ("regardez les vilains frenchies qui voulaient interdire notre boeuf, c'est eux qui ont plus de problèmes maintenant"; "l'ESB s'arrête aux frontières de l'Italie"). Maintenant que le public peut voir que tous les pays sont touchés, pourquoi feraient-ils confiance aux politiciens ? D'accord, le risque est très surévalué, mais il est réel et le traitement imbécile de ce fait par les pouvoirs publics apporte les conséquences logiques (si pas forcément intelligentes).