Bleu: "Dans ce cas, votre repère semble reposer seulement sur le principe de réalité"
Seulement? C'est un bien grand mot, je ne serai pas humain si cela était vrai. Disons le plus souvent possible: ce principe m'apparait comme la seule possibilité que nous ayons de ne pas tourner en rond dans des discussions vaines, et de résoudre de véritables problèmes. Il devrait être à la base, aussi, je pense, de toute éthique (ou morale). Marcher sur les pieds d'un être invisible peut difficilement être considérer comme "mauvais", le faire sur un être humain (non consentant) peut l'être.
Pour répondre à votre 2, disons qu'effectivement, la résolution des besoins matériels (je cherche à rester général) et, indirectement, les plaisirs (ou déplaisirs) qu'on en tire seraient les bases que je vois à l'éthique. Comme Florence, l'absence de cette résolution entraine des spectacles que je trouve "mauvais": misère, famine, ...
Bleu: "C'est, en effet assez difficile à démontrer, mais contestez vous vraiment la réalité de cette coincidence?"
Je consteste la causalité seulement. Je peux très bien imaginer que la religion ait émergé du besoin d'ériger des règles de plus en plus complexes pour la vie en société. La religion a souvent joué un rôle de ciment social (en plus de devenir une drogue :-) ). Mais, je ne pose aucun jugement, je ne suis pas assez versé dans l'histoire des religions pour cela. Simplement, je pense que le surnaturel est superfétatoire à l'établissement d'un code de valeur éthique.
Si on base ce code sur la dignité de la vie humaine (et, de son environnement, elle en est indissociable) et que l'on rend responsables les autres humains de son application, à quoi sert Dieu dans tout ça? Qu'on y réfère ou non, le résultat sera le même. L'intervention invisible d'un être invisible ne change strictement rien au déroulement des choses. Après tout, en quoi est-ce différent de ce que toute l'Histoire enseigne: des humains établissant des règles pour d'autres, en ce protégeant plus ou moins derrière les divinités invisibles? Bien sûr, on ne peux pas lire l'histoire en éliminant la religion - qui a servi de motif à de très nombreuses actions humaines, bonnes ou mauvaises -, ça ne veut pas dire que la religion est une obligation.
Bleu: "L'histoire ne nous a pas donné d'exemple de société ayant contruit un discours éthique en dehors du discours religieux"
A moins que la remarque de Manu sur les grecs ne soit parfaitement justifiée? Mais, l'histoire ne nous a pas donnée d'exemple de science structurée avant le 17ème siècle, ni de nécessité absolue de maintenir un temps de paix qui soit long qu'au 20ème. Peut-être que votre phrase ne changerait pas si on disait "... ne nous a pas encore donné..."?
Jean-François