Oui, et ça fait un peu penser à quelqu'un qui critiquerait le système électrique d'un édifice moderne tout en vivant dans une grotte.
À part ça, il me semble (attention, disque rayé) qu'il pourrait être utile de démarquer l'effort intellectuel d'améliorer la démarche naturaliste de celui d'étudier le language (et je dis démarquer, et non pas séparer parfaitement, alors, on relaxe). Jusqu'au "positivisme" on a pensé que seulement le premier existait, et il me semble que maintenant on tend à l'erreur opposée. Si on ignore l'effet du language, on tend à "naturaliser" un peu n'importe quoi, la frontière entre l'interprétation et l'empirique reste floue. Mais en supposant simplement que tout est language, on se retrouve avec un système qui s'auto régularise et une logique qui ne peut expliquer comment un vaccin fait disparaître une maladie (et Baudrillard, pour qui la guerre du Golfe n'a pas eu lieu).
Il faut évidemment garder à l'esprit que le language colore toute explication scientifique, qui se fait, après tout, uniquement à partir de métaphores (à part l'articulation mathématique, là où elle s'applique). Mais justement, la conscience des limitations du language est la plus importante parade contre le phénomène. Une "bonne" science réussit à séparer la métaphore de l'objet, en partie en multipliant les hypothèses (ça c'est *mon* hypothèse, un genre de "triangulation" constante). Au contraire, une "mauvaise" science continue de discourir sur l'image, par exemple, la loi des similaires et les "similimum" en homéopathie; tout ça ne tient debout qu'en maintenant l'absence d'hypothèses testables.