Aujourd’hui l’idée de tradition et la référence aux autorités a acquis une importance jamais égalée dans l’histoire de l’ésotérisme. Surtout depuis René Guénon, sans doute l’ésotériste le plus sérieux, le plus intègre, le plus cultivé et le plus important de notre siècle. Il a écrit beaucoup d’ouvrages très polémiques contre la parapsychologie, le spiritisme, la théosophie (du moins la forme moderne de la théosophie, celle de H.P. Blavatsky), disant qu’il valait mieux retourner à des formes de spiritualités validées par la tradition plutôt que d’en inventer de nouvelles. Guénon défendait l’idée de l’existence d’une “tradition primordiale”, très ancienne, qui aurait donné naissance à toutes les religions, mais dont l’on ne pourrait plus trouver que quelques bribes à travers les plus vieux textes hindous et égyptiens, ainsi qu’à travers certaines très vieilles sociétés iniatiques qui auraient conservé une partie de l’ancienne vérité par une longue filiation et transmission de maître à élève des vieux secrets... Là, l’argument d’autorité se mue en argument d’ancienneté et pousse l’absurdité jusqu’à ses dernières limites. Alors, la connaissance est tellement lointaine et innaccessible que l’intuition tend à être considérée comme le meilleur moyen pour l’atteindre et la reconstituer...
Et tout à l’opposé de cette vision des choses, se trouvent les courants qui au contraire s’inspirent de la science et tentent de l’imiter, comme chez les raëliens où les scientologues, et qui n’utilisent la tradition ésotérique que comme une référence parmi d’autres, une connaissance qui nécessite d’être réformée et réinterprétée surtout pas grâce à l’intuition mais plutôt sous l’éclairage de la science moderne - ou de leur idée de la science, qui est bien peu orthodoxe.
G.