Salut Jean-François Chez nous , en France, il est tard, mais je viens de lire ton message et je voulais tout de suite répondre un peu, parce que je crois que dans sa briéveté il exprime du trés important. Le ton de cette réponse croit -- et donc je peux m'être trompé -- correspondre au "derrière les mots" , si j'ose dire, de ton intervention. Et de ce fait, elle est en je et tu . Les envolées lyriques, comme tu dis, je croyais m'en être gardé depuis quelque temps : ta remarque ne peut être que salutaire. Un bémol toutefois : est-il possible d'être passionné sans , peu ou prou, se laisser aller parfois à quelque lyrisme ? D'où la question subséquente : y-a-t'il contradiction entre scepticisme et passion ? Ou bien cette autre : le scientifique est-il forcément un être sans musique ? En lien avec ces envolées, tu te demandes : "déformation professionnelle ?" Alors en ce qui me concerne la réponse est simple : ma profession, c'était d'essayer au mieux d'enseigner un peu de mathématiques et de physique, or cela me passionnait , et j'étais donc lyrique, utopiste sans doute et tout et tout, et en fin de compte je me suis fait virer : tu vois, le lyrisme c'est pas toujours l'envolée, quelquefois c'est le casse gueule. Tu évoques aussi le duel à deux, avec des spectateurs attentifs. C'est bien je crois ce qui m'a le plus interpellé. Encore une fois c'est peut-être à tort, mais je pense que ce sont des circonstances tout à fait ponctuelles, anecdotiques, qui ont provoqué cette réflexion. A mon avis, il n'y a pas pas bijection entre la fréquence , le volume, des interventions, les réactions qui s'expriment -- et non pas qu'elles suscitent, ce qui est différent-- et ce que produit le forum qui, du haut de ma toute petite expérience que j'en ai à ce jour, me semble être un lieu quand même assez exceptionnel . Un lieu peut bien être exceptionnel, il n'en sera pas moins le lieu ordinaire de l'humain, et chacun de nous s'y présentera avec l'ordinaire partagé, espérons-le pas tous en même temps : peu importe si, comme le voudrait particulièrement me semble-t-il une maison des sceptiques, nous savons que nos mouvements d'humeur rencontreront la raison de l'autre. Au moment d'envoyer cette brève et intempestive improvisation, je me demande si je n'ai pas été encore un peu lyrique : mais en tout cas, c'est trés cordialement , ceci sans rien enlever à cette belle phrase de Bachelard ( il se trouvera bien, à force, un sceptique pour me dire que j'idôlatre religieusement Bachelard) : "si on ne se contredit pas, on ne pense pas" (c'est de mémoire, mais je ne dois pas être loin.) Il y avait un PS dans ton message, je vais en mettre un aussi . PS : je crois pouvoir essayer d'être admis aux côtés de Stéphane et toi pour cette position que tu définis ainsi : donner plus d'importance aux faits qu'aux grandes théories holistiques. Je souscris à deux mains. Néanmoins je crois beaucoup à la nécessité de maintenir la confrontation rationnelle -- ce qui en étant encore utopiste voudrait aussi dire fraternelle, bien que sans concession d'amabilité formelle -- avec ceux qui voient les choses autrement. A bientôt.