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Appel d'avis scepticisme/rationalisme


Postée par decroix rené , Jun 01,1999,05:43 Index  Forum

Strucure de l'appel : une situation venue d'occupations personnelles est briévement exposée ; ce texte n'a pas été écrit pour le forum, mais je ne l'ai pas réécrit / cette situation se propose en introduction à la question générale qui est posée, en attente d'avis, si envie d'avis il y a . La question est accompagnée d'une remarque concernant l'une des alternatives.
Cette présentation s'est voulue très ouverte, et en particulier les attaches de la question à l'illustration ne sont pas imposées : elles demeurent à la discrétion du lecteur, qui éventuellement pourrait conclure qu'il n'y en a pas. J'ai essayé de tenir compte, sans les enfermer dans une évocation explicite, de quelques grand traits ou tendances que j'ai cru déceler dans l'ensemble des débats du forum.
Enfin, il est certain qu'il y a ici recherche d'aide pour mes tentatives actuelles.

Question:
Le septicisme peut-il être considéré comme inscrit dans un chemin dirigé vers le (ou un) rationalisme ?
(Question symétrique : le scepticisme peut-il être au service de l'irrationnel ? )
Remarque, pour les réponses plutôt positives (à la question principale) :
dans ce cas il reste entendu que a) sur un chemin il s'en trouvera pour s'être arrêté ici ou là , éventuellement en décrétant qu'à cet endroit est le bout du chemin ; b) tout chemin a ses ouvertures sur des chemins de traverse : il s'en trouvera pour les avoir choisis ; ceci ne devrait pas correspondre à la négation de l'existence du chemin principal . Autrement dit cette suggestion se résume à : va et vient entre le global et le détail , tel que je l'utilisais précédemment .

Situation proposée, dans l'espoir dans recevoir d'autres (il n'est pas nécessaire de connaître les auteurs utilisés pour raccrocher à la question générale ; du premier paragraphe on peut ne retenir que la dernière ligne, qui est un lieu commun) :
Si la théologie catholique a été très accueillante pour Mircea Eliade, si même on pourrait plutôt dire qu'elle fut très empressée à se faire accueillir par Mircea Eliade, on aura pu noter qu'elle prit, dans ce mouvement même, la précaution de ne pas adopter Jung , le compagnon d'Eranos, en même temps. Eliade lui-même du reste n'a pas manqué de replacer le psychologisme jungien à un étage inférieur par rapport à son herméneutique. Face à cette observation, il est intéressant de placer le cas Drewermann. Cet enfant terrible du catholicisme, qui sera condamné par l'Eglise, avait repris résolument à son compte la zone jungienne de l'univers éliadien, et de plus on peut le voir rejoindre un Gilbert Durand dans sa critique adressée à une rationalisation du religieux, une rationalisation théologique, critique là comme ici incluse dans un énoncé plus générale sur la faute occidentale constituée par un primat dédié à la raison.
Il y a en tout cela source de bien des confusions, à partir de cette confusion simple entre la raison et un décor de raison. Le rationalisme qui est ici reproché à la théologie n'est pas, n'a jamais été un rationalisme : nous y restons au stade de la systématisation, qui pour être une marche vers le rationalisme n'en est pas pour autant un rationalisme ( sauf à ramener le rationalisme à une taxinomie greffée de quelques engrenages et munie d'une manivelle...) . Cette même remarque vaudra lorsque nous essaierons de comparer appareil religieux et appareil judiciaire ( en rappelant le constat bien ancien et à notre avis toujours aussi valable de M. Weber) : dans les deux cas un formalisme d'apparence rationnelle pourrait sembler n'avoir d'autre finalité que de préserver le règne d'un irrationnel des plus prospères.

De cette illustration à la question :
Si le sceptique entreprend de recevoir les discours produits par les acteurs mentionnés -- personnes ou appareils -- il aura sans doute à distinguer d'une part entre la logique interne du système de propositions et la valeur des prémisses -- ou prémices -- du sytème, d'autre part entre le système et ses applications , pour la logique qui les relie . Cette mise en oeuvre nécessite-elle ou non une visée a priori rationaliste (pas seulement rationnelle dans son instrumentation, comme un algorithme est rationnel, mais rationaliste dans l'intention .)

Très sincérement : si personne n'accroche, ce n'est nullement un problème : ce sera un résultat aussi significatif qu'un autre, et je n'en aurai nulle peine.
A bientôt, même pour parler d'autre chose.


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