Suivi

Indo-européens


Re: Re:Re:Re:multiple -- decroix rene
Postée par Gaël , Jun 03,1999,13:54 Index  Forum

Marija A. Gimbutas est une archéologue balto-américaine qui étudie les indo-européens. Elle a écrit de nombreux articles depuis la fin des années 60, et elle est souvent considérée aujourd’hui comme la plus grande spécialiste de la question. Il est assez étrange que tu ne la connaisses pas, c’est peut-être parce que ses travaux ne touchent que de loin au domaine de la mythologie - et aussi parce qu’à ma connaissance elle n’a jamais été traduite en français (toutefois si tu veux la bibliographie en anglais je pourrais te la procurer). Toutefois dans le petit “dictionnaire des religions” de Eliade et Couliano, on trouve plusieurs références à Gimbutas, aux chapitres “religions de la préhistoire” et “religions indo-européennes”. De même dans l’excellent bouquin de Colin Renfrew “l’enigme indo-européenne” (en Champs/Flammarion), qui développe une théorie soutenant que les indo-européens n’ont jamais existé, tu pourras trouver beaucoup d’explications sur la théorie de Gimbutas puisque le travail de Renfrew se développe dans son opposition à celui de cette archéologue. Pour Renfrew, les indo-européens, loin d’être de puissants guerriers nomades conquérant des pays entiers sur leurs chevaux, étaient en fait de paisibles agriculteurs sédentaires qui n’ont jamais envahi quoi que ce soit et qui ne savaient même pas monter à cheval.
En gros les théories de Gimbutas se rapprochent de celles de Gordon Childe, et comme lui elle place le berceau des indo-européens dans les steppes de russie méridionale. Elle est très sérieuse et a une grosse maîtrise du matériel archéologique; mais il reste que toutes les théories sur les indo-européens ressemblent à des palais fondés sur des sables mouvants. C’est dans ce sens que je parlais de l’aspect douteux des théories qui ont cours dans ce domaine, je ne voulais pas mettre en cause l’aspect idéologique qui est assez souvent lié, bien que dans ma ville (Lyon) le sujet soit assez chaud étant donné que notre “Institut Indo-Européen” est un repaire de fachos dont le directeur - ou le fondateur, je ne suis plus trop sûr - n’est autre que Bruno Gollnisch...

Pour le reste, merci pour tes explications. Et à mon avis tu as raison sur la question du rite, que tu places comme le moins mauvais moyen d’unifier les comportements dont nous parlons. J’ai toujours pensé que le rite gagnait à être formulé dans les termes de Konrad Lorenz, en voyant dans l’origine des comportements rituels une tendance déjà l’oeuvre chez l’animal, celle qui consiste à ressentir une satisfaction à la réalisation parfaite d’un geste codifié, conditionné; et l’appétence pour le type de situations où ce geste peut être réalisé. Sans doute sur ce réflexe animal peut se greffer la petite amélioration humaine, qui consisterait comme tu le dis dans certains cas à modifier légèrement le geste, pour exprimer son individualité, mais en restant dans le cadre d’une structure prédéterminée. Et, dans le cas de la corrida, l’identification à laquelle tu penses permet aussi d’utiliser cette interprétation.
Comme toi, je ne trouve pas cette idée incompatible avec l’univers d’Eliade, et encore moins avec celui de Jung. Il me semble même que tout cela va bien ensemble... Et puis après tout K. Lorenz n’a-t’il pas lui aussi participé joyeusement à l’horreur ?