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Re:Probabilités subjectives


Re: Probabilités subjectives -- Denis
Posted by Stéphane , May 27,2001,09:46 Index  Forum


Vous avez raison, évidemment. Toutes les preuves ne sont pas aussi «probantes». Il n'y a que les zozos pour confondre indice, exemple, illustration et preuve. Mais je ne vois pas vraiment où vous voulez en venir. Une «certitude» scientifique c'est pas un «feeling». Ou bien une théorie est suffisamment solide pour être utile (au sens large, pas nécessairement technologiquement), ou bien elle ne l'est pas. Évidemment, à l'usage il pourrait s'avérer qu'elle est moins résistante qu'on l'avait cru. On jette donc à la poubelle et on recommence. Mais quand on l'utilise, c'est qu'on a la certitude qu'elle est valable, c'est-à-dire qu'elle réflète la réalité correctement. Le fait que cette certitude peut être temporaire ou en fait fondamentalement «incertaine» n'est qu'une facette de la méthodologie de base. Faut pas confondre «certitude» et «foi» ici. Un corollaire de ceci étant justement que les millions de propositions qui vous viennent spontanément à l'exprit sont certainement *fausses* jusqu'à preuve du contraire.

Les scientifiques, dont Séb, aiment bien dire que la science progresse de façon linéaire (donc que notre certitude s'étend progressivement). Par exemple, qu'Einstein «complète» Newton en élargissant notre connaissance à différents contextes. Kuhn est allé beaucoup trop loin dans la direction contraire, prétendant qu'une «révolution scientifique» jettait tout ce qui précédait à la poubelle. C'est vrai seulement si on prend des exemples historiques où en fait le paradigme scientifique en général n'était pas encore très clair.

Personnellement je prendrais une position différente, mais ce n'est qu'une interprétation et je ne vous la présente pas comme dogme. Il me semble clair que la gravité d'Einstein, bien qu'on puisse la comprendre comme «complétant» celle de Newton dans les cas limites, change tout de même profondément notre conception du monde (et ça, en physique. En bio par exemple les transformations sont encore plus éclatantes). Il faut donc accepter que toute certitude scientifique est essentiellement temporaire -- ce qui n'enlève rien à son utilité explicative ou technologique (ni à sa supériorité écrasante sur les autres formes de «connaissance»). Il y en a pour qui ceci cause une crise existentielle. Pas moi.


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