Dans ce cas précis, pour justifier vos jugements péremptoires et arrogants. Sinon, vous pouvez bien dire ce que vous voulez, ça sera toujours de l'insulte gratuite.
Les arguments que vous qualifiez de "convaincants" n'ont pas convaincus grand monde. Moi, je ne trouve pas anormal que vous n'ayez jamais répondu à mon objection: pourquoi prenez-vous la musique (plus précisément l'interprétation musicale) pour l'ensemble de la création artistique? D'accord, parce que, là, vous parlez de ce que vous connaissez le mieux. Mais, la musique n'est qu'un art parmi d'autres. Et, je peux vous dire que le mythe de la "création ad nihilo", même s'il a tenu longtemps, a été très fortement remis en question pour la littérature du moins. En fait, pour tous les arts, on peut retracer les liens entre l'oeuvre et la culture de l'artiste. On peut voir que le lieu social, les lectures, les événements, etc. inspirent l'artiste, souvent à son insu. Je me souviens d'une sculpture de Rodin représentant Victor Hugo tendant l'oreille à une muse (je me souviens plus du titre de l'oeuvre, moi je l'avais rebaptisée "Parle plus fort, j'ai une banane dans l'oreille"; faut la voir pour comprendre). Ben, cette vision de l'artiste totalement détaché de tout et tirant la "substantifique moelle" de son oeuvre dans une démarche créatrice pure, ça n'existe pas, ça n'a jamais (et pour cause) été montré. Le contraire, l'inspiration à partir de l'entourage, ça, ça été souvent démontré.
En fait, je pense que vous basez toute votre théorie du "don spirituel" sur l'art le plus impalpable qui se puisse. L'interprétation musicale ne laisse pas de traces tangibles, à moins d'enregistrer toutes les interprétations d'une oeuvre, de la première à la dernière. Ce qui ne peut se faire (allez donc enregistrer les fois où l'artiste fredonne ou a fredonné cet air sous la douche). Vous ne savez donc généralement rien de ce que qui est sous-jacent à l'oeuvre. Vous ne connaissez presque rien de ce que l'artiste a vécu et retenu et qui pourrait entrer dans ce que vous appelez une "création spontanée". C'est donc l'art qui permet l'évaluation la plus subjective qui soit (et pourtant, en art, la subjectivité, c'est important), au contraire de ceux pour lequel on obtient un produit matériel et les esquisses nécessaires: partition, livres, peintures, etc. Mon problème n'est pas tellement avec vos observations, elles sont certainement intéressantes, mais avec l'extrapolation que vous faites avec. Vous allez toujours chercher des explications qui n'en découlent pas forcément. Par exemple, il est certain que l'"émotion" (ça demanderait à être défini, mais je crois qu'on peut s'entendre sur un sens courant) entre dans le processus créatif, mais ça ne veut pas dire ipso facto qu'il existe un don de l'émotion. Le saut que vous faites dans le raisonnement ne découle pas de l'observation de base. C'est pourquoi, il est impossible d'adhérer à votre raisonnement.
Gene: "Il ne peut y avoir « interprétation » (c.à.d. réflexion) s?il n?y a pas d?abord « création ». Ainsi J?en déduis que la création de l?univers a été spontanée et non réfléchie (avec un Dieu ou sans un Dieu mais, surtout, avec une FORCE créatrice)"
Autre exemple de raisonnement bancal et de gouffre entre "faits" et conclusion. Je ne soulève que quelques points, je n'ai pas envie de disserter sur tout les problèmes de votre raisonnement*: il est fautif, d'une part, parce que dans votre ordre, vous auriez dû placer l'émotion avant la création. Dans le même ordre d'idée, le fait que vous détachiez création et émotion suggère que l'émotion est une composante de la création et qu'il y en a d'autres; je pense que la réflexion - telle que vous la présentez - peut très bien être une de ces composantes. Fautif, toujours, parce que vous égalisez interprétation avec réflexion sans justifier ce point. Enfin, il n'y a que vous pour ne pas voir l'absolu ridicule de la conclusion: rien, absolument rien ne permet d'extrapoler sur la naissance de l'univers à partir du fait que quelqu'un manifeste un certain talent pour la chanson. C'est non seulement idiot, mais ça enlève de la crédibilité à vos observations. Observations qui, elles, pourraient être juste si elles n'étaient pas aussi teintées d'a priori...
C'est ce type de raisonnement fautif (aucun lien entre faits et théorie") qui guide la fin de votre message. C'est le retour du chapeau invisible: votre théorie vous est personnelle et qu'on la suive ou qu'on ne la suive pas n'a aucune importance pour comprendre les faits. Normal, il n'y a aucun rapport qui a jamais été fait entre "esprits" et "créativité", ni aucune démonstration de l'"héritabilité spirituelle" des émotions, ni... Pire, parce que vous voulez adapter vtre théorie aux faits, vous êtes forcé de chercher des justifications dans la dénaturation des choses. Je suis parfaitement d'accord avec Bill pour dire que les soi-disant "régression" est plus la manifestation de la suggestibilité des hypnotisés que de l'expression d'une quelconque réalité "métempsychotique" (c'est joli, non, comme terme ;-) ).
Gene: "Seb oserait prétendre que sa bouillabaisse (pour rester polis) a une valeur musicale équivalente à des ?uvres de grands maîtres ?"
D'abord, je ne crois pas que Sebastien le ferait, il semble avoir plus d'humilité que vous. Ensuite, pourquoi sa (leur, celle de son groupe) production ne pourrait pas, un jour, être considérée comme une "oeuvre maîtresse"? La bouillabaisse, pour peu qu'on aime le poisson, c'est absolument délicieux. Et, je vous signale que la "bouillabaisse" des idées, c'est probablement le moteur principal de la création. Je vous conseille vivement la lecture de "Des hommes, des Dieux et des extraterrestres" de W. Stoczkowski. C'est un livre érudit, très bien écrit et passionnant. Vous verrez comment on retrace la genèse d'une création "pure". En fait, je remercie Gaël de me l'avoir conseillé et je le conseille à mon tour à tous ceux qui sont intéressés à comprendre comment se propage et se métamorphose certaines idées ésotériques.
Gene: "Qu?est-ce qu?on apprend ou qu?on peut étudier ?
L?harmonie, le rythme, la mélodie, l?interprétation, l?improvisation et la CREATIVITE"
Je souligne. Si la créativité peut s'apprendre, comment fait-on la distinction entre créativité innée et créativité apprise?
Gene: "Quel rapport avec Seb ?... A part la révolte, les émotions sont quasiment nulles"
Sébastien n'est pas un littéraire, ce forum n'est pas un lieu d'expression de sentiments. Vous ne savez pas grand choses de ce dont parlent ses chansons, et vous ne semblez même pas voir qu'elles parlaient beaucoup de perception/relation amoureuse, pour ne prendree qu'un exemple (mais qui revenait de manière quasi-obsessionnel, parce que Sébastien y voyait un procédé stylistique humoristique, j'imagine). Vous avez jugez rapidement et, à votre habitude, beaucoup interprété dans le sens qui vous convenait. En plus, je pense que ce vous reprochez à Sébastien a été la réalité de votre propre apprentissage. Il y a certainement eu un temps ou vous avez vu les choses presque éxactement comme lui les a vues.
Gene: "Mais il faut avoir un minimum de respect pour l?incroyable quantité d??uvres créées ainsi qu?un minimum de culture musicale pour être capable d?avoir un jugement objectif"
Moi, j'aime bien certaines des chansons des Beatles mais je n'irait pas dire qu'il existe ce qu'on pourrait appeler un "jugement objectif" en art. Ca se baserait sur quoi, un jugement objectif de la qualité? Ca ne vous apparaît pas un peu contradictoire "objectif" et "qualité"? Beaucoup de personnes n'aime pas Mozart, et alors? Ca fait d'elles des ignares en musique? Ca m'étonnerait parce que parmi elles il y a certainement des musiciens connus (j'ai oublié le nom d'un musicien qui disait en entrevue trouver chiant Mozart). N'oubliez pas, aussi, que beaucoup d'oeuvres reconnues sont considérées comme des chefs-d'oeuvre parce qu'elles valent chères, tout comme certains artistes ne doivent leur popularité que parce qu'ils savent se vendre. Et, tant pis pour l'objectivité.
Gene: "Je ne sais même pas pourquoi je fais ça..."
Parce qu'il toujours intéressant de confronter des idées. Pour la voyante, parce que cela ferait vraiment avancer les choses...
Jean-François
* Auquel je n'adhère pas. Je répète que je trouve stérile votre manière de procéder. Vous partez de votre théorie pour essayer à tout prix de lui coller les faits, ce qui sera toujours possible jouant sur les mots, tordant le cou à la logique, etc. Je trouverai plus normal de procéder à l'inverse ce qui demanderait en premier lieu de renoncer à votre histoire de "réflexion c. création".