Le titre est plus pompeux qu'il ne dévoile véritablement le roman (c'est du A. Nothomb, après tout). C'est un petit roman de quelques centaines de pages pas trop tassées, au ton généralement humoristique. C'est une biographie (très) romancée retraçant les premières années d'une enfant de diplomate belge au Japon. C'est le diplomate de père qui, un jour et par hasard, se retrouve à apprendre le kabuki auprès d'un vénéré senseï. Cela n'est qu'un point accessoire du roman.
Evariste: "on peut ne rien comprendre à une pièce musicale ou à une chanson et tout de même en ressentir de très profondes émotions"
Le chant d'un canari, les croassements de grenouille par une belle nuit d'été dans un bocage, la vision d'une fleur fraiche éclose sur laquelle la rosée perle ou de canetons se dandinant derrière leur mère sur une route sur laquelle la circulation s'est (quasi-religieusement) arrêtée pour les laisser passer, la caresse d'un tissu soyeux... Autant de sensations auxquelles nous ne "comprenons" rien et qui ne nous sont pas liées culturellement mais qui peuvent nous émouvoir (pas tous, pas toutes), non? Pourtant, tout s'explique par notre "vécu", par ce que notre cerveau a retenu, a enregistré au cours de notre vie et qu'il nous restitue, "analogiquement", en chargeant la situation actuelle d'un contenu "émouvant". Comment? On ne le sait pas exactement mais les choses ne sont pas simples. C'est en partie pour cela que je trouve idiote la dichotomie "gattigénienne" de réflexion/création. Elle hyper-simplifie les choses pour les faire entrer dans le cadre stricte de sa théorie des "dons/esprits".
Jean-François
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