"Le résultat de cette campagne d'hystérie est qu'une véritable chasse aux sorcières s'est installée en France. Chaque jour, des citoyens accusés de faire partie d'un mouvement jugé sectaire perdent un emploi, un contrat, leur droit de garde des enfants dans une affaire de divorce, se voient refuser un prêt bancaire, deviennent en quelque sorte des sous-citoyens."
Que les mesures anti-sectes soient parfois bancales et floues c'est un fait. Que la description et le catalogage des sectes et de leur membres soient une affaire délicate l'est aussi. Que la définition juridique de secte, ainsi que celle du "délit de manipulation mentale" ne soit pas des plus explicites est aussi vrai. Mais, ce que je remarque c'est que l'hystérie - s'il doit y en avoir - est plutôt du côté des "sectes" qui dénigrent par tous les moyens le "nouveau moyen-âge inquisiteur" français (et allemand). Plus spécialement en poussant des gouvernements étrangers (surtout les USA) à s'ingérer dans le processus démocratique de pays qui ont décidé d'accroître leur "méfiance" envers les groupes et groupuscules sectaires. Comme d'habitude, du côté $cientologie et consort, on préfère accuser que de ce remettre en question; c'est pratique, ça permet de détourner le regard de leurs propres (et nombreuses) dérives, cachées derrière le paravent passe-partout de la "spiritualité". On préfère ne pas voir que la liberté de culte n'est pas vraiment remise en cause mais que c'est plutôt les dérives illégales qu'ont adoptées, parfois systématiquement, certaines "nouvelles religions".
Bref, c'est du pathos de victime imaginaire qui fait bêler haut et fort les "nouvelles religions". Plus particulièrement les sectes les plus visées par ces mesures, qui sont aussi les plus puissantes financièrement, et aussi celles qui ont la réputation de frauder et d'exploiter le plus leurs adeptes.
Quant à l'article, il est évident qu'il est de très mauvaise foi. Une affirmation comme celle-là: "La loi mentionne explicitement que l'exercice illégal de la médecine et l'exercice illégal de la pharmacie pourront être pris en compte pour la dissolution. Ainsi, non seulement pourront être visés tous les groupes qui pratiquent une recherche religieuse ou spirituelle mais aussi tous les groupes qui prônent le recours aux médecines alternatives" cherche à faire mal paraître le gouvernement français plutôt que de respecter la réalité. Non, les "médecines alternatives" ne sont pas interdites par la loi. Ce qui est interdit, c'est d'utiliser ces moyens pour asujettir les adeptes, ainsi que de risquer leur vie. Ce qui est aussi interdit, c'est que quelqu'un puisse se prétendre "médecin" en n'ayant aucune notion de médecine. Ceci est illégal, même lorsqu'une quelconque "spiritualité" n'est même pas mise en cause.
Je ne parle même pas du ton pathologique du début à la fin: "liberticide", "rendre criminelle toute pratique intense basée sur la foi" (ben oui, ben oui), "laïcité de combat visant à exclure du champ public tout ce qui peut de près ou de loin se rapporter à une religion, s'acharnent à détruire la réputation d'une multitude de groupes spirituels et religieux minoritaires" (snif!), "Une véritable machine de propagande a été créée", etc.*
De plus, en ne montrant pas qu'il existe une véritable discussion sur le sujet (entre autre avec les religions traditionnelles), cet article présente la France sous un jour autoritaire qui ne cherche qu'à la mettre au pilori. Un autre article du Québec Libre sur le sujet est déjà moins biaisé ( http://www.quebecoislibre.org/000304-9.htm ), bien qu'aussi tendancieux.
De plus, peu de chose est dit sur ce mouvement anonyme: "Coordination des associations et particuliers pour la liberté de conscience" responsable de ce manifeste. En cherchant un peu, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une manifestation de "l'omnium des liberté", rassemblement des principales sectes visées par la loi française. Si cela est, il ne s'agit certainement pas d'un article objectif représentant l'état des choses dans la lutte contre les sectes (qui sont discutables, d'accord), mais d'un pur pamphlet déguisé, masqué pour on ne sait trop quelle raison. Si les sectes concernées n'avaient rien à se reprocher, pourquoi n'agiraient-elle pas plus ouvertement?
Tout ça pour dire que la présentation faite ici du problème est un immense épouvantail qui ne vise qu'à donner une vision biaisée et partiale du problème. Ce n'est pas un texte d'analyse, et ce n'est pas une vision objective des choses.
Jean-François
* J'adore cet exemple:
"Des associations « anti-sectes » militantes et partisanes, financées quasiment exclusivement par les pouvoirs publics, s'emploient à rendre tous les groupes étiquetés comme sectes responsables des quelques déviances relevées ici ou là et à créer ainsi un immense danger qui, en fait, n'existe pas. Par les généralités qu'elles fabriquent, elles sont devenues de véritables machines à colporter les rumeurs [...]. Ces associations bénéficient d'un traitement complaisant de la part des médias, toujours avides de titres racoleurs."
Pour l'"immense danger qui... n'exite pas", s'il est vrai que "immense" est un bien grand mot, le "danger" et les déviances sont bien réelles. Quant aux "rumeurs", on peut voir les enquêtes menées par l'ADFI (Association pour la Défense des Familles et de l'Individu) auprès d'anciens adeptes etc. Quant aux "titres racoleurs", c'est un procédé que ne dénigre pas les sectes-victimes, quand elles le peuvent (i.e., voir aux USA).
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