Il y a dans ton message des pistes et des débuts d’idées qui partent dans tous les sens mais qui n’arrivent finalement nulle part, comme une tentative d’exploration du tout début de chaque chemin possible avant un voyage. Tout ça m’a rappelé ce dont il était question avant, par rapport à levi-strauss et giordano bruno. Comme si tu avais avant tout cherché un système de toutes les pistes de réflexion possibles sur une question.
En fait, dans cette optique, par rapport à dieu et à l’idée de dieu, on pourrait dire qu’il doit être imaginable de créer un système permettant de former l’ensemble de tout ce qui peut être pensé, mais que cet ne recouvrira certainement jamais entièrement (et débordera par endroits) l’ensemble des réalités possibles, que l’on peut qualifier dès lors d’inconnaissable. A partir de là, par prudence, aucune idée ne devrait être éliminée, ni celle de dieu ni une autre, aussi ridicules soit-elles.
Je veux dire l’idée de dieu ne présume rien ni de l’existence de cette entité ni même de la possibilité de son existence, mais cette idée est un facteur de diversité qui en tant que tel est générateur de créativité, donc positif. En détruisant cette idée nous détruisons un élément qui pousse à la réflexion.
On peut critiquer les excès générés par les comportements entraînés par certaines idées; mais toutes les idées, scientifiques ou religieuses, peuvent être dénaturées et entraîner des excès, des dangers et des crimes. Il est facile de soutenir des vues scientistes en critiquant les crimes de la religion quand on parle de crimes qui ont eu lieu à une époque ou la science n’existait pas et ne peut donc être elle-même critiquée...
Pour moi même les idées qui nous apparaissent les plus néfastes, comme le racisme, ont droit de cité, y compris dans la science : à condition que ces idées ne prétendent pas restreindre les autres idées. Les conséquences morales n’ont aucun intérêt (pas de conscience dans ma science, merci).
Tu parles souvent de Bachelard, permet moi donc de citer mon propre modèle épistémologique, Feyerabend, et de dire avec lui que : tout est bon.
Quant à l’utilitarisme omniprésent dans les sciences de ce siècle, on peut l’appliquer aussi aux croyances. Par exemple, en tant que membre de l’Union Rationaliste, je suis profondément énervé et affligé par la croyance en l’astrologie. Mais en tant qu’astrologue je trouve cette croyance utile, car rentable. Donc, tout est bon, même l’astrologie.
Pour ne pas rester sur cette conclusion, très douteuse d’un point de vue strictement logique, je terminerais par une belle citation pleine d’espoir de Bernardo, le serviteur de Zorro :
«...mhh...», puis il ajouta avec un sourire enigmatique «...mhh, mhh...». Ensuite il baissa les yeux et eut, probablement, une pensée profonde.
Que ces paroles puissent t’éclairer.