Postée par Ch.Bertrand , Oct 16,1999,10:32 | Index | Forum |
Votre discussion me ramène au temps de mes études en littérature... cela dit sans arrière pensée.
Le cas des X-Files est un bel exemple de ruban de Moebus, car dans le fond, toute la question est de savoir qu'est-ce qui détermine quoi, ou qu'est-ce qui, de façon prédominante, détermine quoi.
Dans le domaine socioculturel, il arrive que l'on peut clairement identifier la cause, ou la cause prédominante, immédiate, et l'effet ; par exemple, tel délinquant, par ailleurs déjà prédisposé à la violence, posera un geste violent inspiré d'un film d'horreur (qui devient la cause prédominante).
Les X-Files sont loin de se prêter à une analyse aussi fluide : on a d'un côté une production culturelle, de l'autre une société, et il est ardu de voir laquelle détermine l'autre : il manque un intermédiaire, un médium. En d'autres temps, cet intermédiaire eut été tout bonnement Dieu...
Lucien Goldmann, dans Pour une sociologie du roman, et surtout avec Structures mentales et création culturelle, semble avoir identifié cet intermédiaire, et si mon souvenir est bon (mais je simplifie sûrement sans le savoir), c'est simplement l'idéologie, une instance idéologique.
De ce point de vue, X-Files et la société ne se déterminent pas l'un ou l'autre, ils sont tous les deux l'expression d'une idéologie latente. Ainsi, ce serait sans doute davantage en attaquant cette idéologie, en proposant une autre idéologie, qu'en proposant une série anti-X-Files, que l'on pourrait juguler la réaction psychosociologique de paranoïa qui en ressort.
(Mais je ne veux pas suggérer qu'une série anti-X-Files serait inutile...).
S'il y en a un sur ce forum qui voudrait analyser plus le phénomène X-Files à la lumière des explorations de Goldmann, Structures mentales et création culturelle est aux Éditions Anthropos (coll. 10/18).
Ch. Bertrand
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